Ce qu’ignorait la majeure partie de la clientèle du Friendly Fire – et ce n’était pas plus mal – c’était que le stand disposait d’un véritable coffre-fort. Ou en tout cas, d’une pièce bien renforcée dont la porte d’accès était tout ce qu’il y avait de plus blindé. Elle se trouvait en réalité juste derrière la réception, et son accès était à moitié dérobé, ce qui faisait que la plupart des gens ne le remarquaient pas le moins du monde. La porte n’était d’ailleurs pas « juste » un peu cachée : y accéder demandait à la fois une carte d’accès, et un code rentré sur un pavé numérique. Et si dans les 30 secondes qui suivaient une ouverture de la porte, un bouton situé à l’intérieur du coffre n’était pas pressé, la gérante du stand recevait directement une alerte sur son téléphone. Et après tout, c’était bien normal : on n’était jamais trop prudent avec ses biens.

Surtout quand les biens en question étaient des fusils, pistolets, et munitions en quantités suffisante pour équiper un petit régiment et lui permettre de guerroyer pendant un petit bout de temps. Et non, la salle blindée n’était pas remplie à ras bord de monnaie sonnante et trébuchante, même si sa propriétaire l’aurait souhaité … Mais le stand disposait en revanche d’un arsenal conséquent, et même si une bonne partie de ce dernier était rangé directement au niveau de la zone de tir dans des casiers individuels renforcés, il y avait toujours les armes qui demandaient de l’entretient voir des réparations, les surplus pour les jours de forte affluence, les flingues ou fusils qui avaient été fortement utilisés et pouvaient peut-être subir un nettoyage / une révision complète de routine … Sans compter des boites et des boites de balles qui s’empilaient sur les étagères, mais partaient à une vitesse folle.

Puisque Samuel, l’autre employé du Stand, était aujourd’hui présent pour tenir l’accueil, Kathleen en avait profité pour faire l’inventaire, et s’était en conséquence « enfermée » dans la pièce renforcée pour se faire une idée de ce qui s’y trouvait. Elle aurait pu faire ça pendant un jour où le stand était fermé, histoire de faire l’inventaire puis de descendre directement au stand pour faire l’entretient des armes qui en avaient le plus besoin … Maiiiis, les jours où le stand était totalement fermé étaient, quelque part, ses jours off à elle, et elle avait besoin de les garder les plus détendus et relaxant possibles. Sans compter qu’après une à deux heures à compter des boites et des fusils et à tiquer des carrés sur son calepin, en général, elle n’avait aucune motivation pour se mettre à faire de la mécanique, ce qui rendait la tâche –d’habitude un minimum fun- encore plus pénible.

Cependant, alors qu’elle avait déjà passé une bonne demi-heure à vérifier que les chambres des fusils d’assaut n’étaient pas encrassées, la demoiselle aux multiples bras sentit son téléphone vibrer dans sa poche. Sortant de la pièce renforcée, dont les murs ne faisaient pas bon ménage avec les communications téléphoniques, elle décrocha en voyant le numéro de son père sur l’écran. Père qui … S’excusa aussitôt : il avait renommé la voisine pénible à qui il avait prêté ses outils (et qui devait les lui rendre depuis deux bonnes semaines) « karen », et son doigt avait appuyé sur le mauvais contact à appeler. La jeune femme rigola de bon cœur, lui souhaita bon courage pour récupérer son bien, et retourna dans la salle blindée dont elle activa de nouveau l’interrupteur … Sauf qu’elle resta dans le noir. Clic clic clic. Non, toujours pas la moindre augmentation du nombre de lux sur les murs à l’intérieur de la pièce. Montant sur la chaise en plastique au centre de la salle et se servant de son téléphone comme lampe torche improvisée, la tireuse dévissa l’ampoule, et en examina le filament … Brisé. Ça faisait un joli petit bruit de tintement quand elle le secouait, aussi. Et … Et autant elle avait assez de munitions pour s’en remplir une baignoire et s’immerger dedans (même si ce style de bain ne laverait probablement pas grand-chose, au contraire), autant elle n’avait plus d’ampoules de ce style. Soupirant, elle ferma la porte blindée pour la laisser se verrouiller. Elle avait un truc de prévu dans la soirée, mais du coup en attendant, elle se retrouvait avec une petite heure de temps libre. Elle pouvait passer chez elle, prendre sa liste de courses « brico », puis faire un trajet en voiture pour racheter des ampoules, un peu de peinture, et autres produits d’entretien … Ou elle pouvait de façon totalement irresponsable procrastiner un peu et juste descendre se défouler un peu sur sa cible. Un débat interne intense sur le sens du devoir, des responsabilités, de la maturité et de la vie d’adulte s’engagea dans la tête de la tireuse, qui …

Se retrouva environ 20 secondes plus tard un étage en dessous, à enfiler son propre casque anti-bruit, et à sortir sa cible métallique. Vu qu’elle ne tirait pas à balles réelles dessus – ses projectiles laissaient une légère trace à l’impact, qui restait assez longtemps pour que la tireuse puisse se faire une idée de sa précision – elle ne l’endommageait pas excessivement, et pouvait donc s’en servir encore et encore, contrairement aux cibles papier qu’utilisaient les adhérents. S’approchant d’une des tables de tir vides, la tireuse appuya sur le bouton permettant de faire revenir les cibles accrochées, se mit sur la pointe des pieds pour suspendre la sienne, et … Entendit qu’on l’interpellait. Retirant son casque avec deux mains alors que les autres lâchaient la cible, elle se retourna en clignant des yeux vers le client qui venait de lui parler, puis vers le distributeur, puis vers le client à nouveau. Un jeune homme, aux cheveux extrêmement clair. Plutôt beau gosse en son genre. La tireuse ne se souvenait pas de l’avoir croisé, mais elle avait dû avoir son fichier sous le nez à un moment ou un autre, parce que son visage était familier … Bref, trêve de tergiversations, il y avait un problème à résoudre.

Bien sûr ! D’ailleurs je crois que je vois le souci d’ici …

Une barre chocolatée coincée entre la vitre et le « ressort » de fer blanc dans lequel il était habituellement stocké. Rien de bien inhabituel pour la tireuse, qui fourra deux mains dans les poches de son short en traînant ses bottes de combat délassées jusqu’à la machine, lâchant un soupire audible et même quelque peu exagéré.

Hors donc, tu décides une fois encore de braver mes clients et de leur refuser leur dû, hmmm ? On en a déjà discuté à plus d’une reprise mon p’tit pote, tu ne me laisses pas trop le choix.

La tireuse cala un de ses pieds contre la base de la machine, et saisit les deux coins supérieurs de deux de ses bras. Puis, tendant un maximum les fesses vers l’arrière en levant un peu sa jambe libre, elle pesa de tout son poids pour faire baculer la machine toute entière vers l’avant. Elle dû tendre les deux bras vers l’arrière pour avoir un effet de levier suffisant, mais une fois que le fond de l’appareil se décolla du sol, la chute fut brève et contrôlée, la tireuse posant son second pied à terre dès qu’elle eut un angle satisfaisant. La manœuvre se révéla … Insuffisante pour faire tomber la barre convoitée. La dentue lâcha un soupire … Et mit une bonne claque avec une de ses mains libre sur le flanc métallique de l’appareil. Le « Bang » sonore et la vibration qui l’accompagnait (surtout la vibration en fait) firent chuter la barre chocolatée, au soulagement de la tireuse. Cette dernière déplia lentement sa jambe arrière pour reposer l’appareil sur ses bases aussi doucement que possible, puis se frappa les mains l’une dans l’autre une fois fini pour chasser la poussière qu’elle avait récolté. Il n’y en avait pas énormément, mais elle était tout de même assez contente de porter ses mitaines de cuir. Saisissant d’une autre main la barre chocolatée dans le distributeur, elle la tendit à son acheteur avec un grand sourire.

Et voilà pour vous m’sieur ~ Elle tourna la tête vers le distributeur, prenant un air sévère. Et que je ne t’y reprenne plus, toi. Je t’ai pas viré en faisant les rénovations, ne me donne pas de raisons de le regretter … Ooooh, et il faut que j’appelle le mec qui doit te remplir, aussi. Ayant réalisé cette info bien plus sérieuse entre ses deux phrases, la tireuse avait changé d’expression pour une plus informelle et appropriée … Qu’elle garda en se tournant de nouveau vers son jeune client. Oh, au fait, ne dites SURTOUT PAS à mes employés que je viens de faire ça. J’veux dire, Samuel est sympas, et sûrement pas trop maladroit … De ses mains … Maiiiis je préfère ne pas avoir un agent d’accueil de l’épaisseur d’un pancake. Et puis bon, c’est mes machines, je préfère quand c’est moi qui les maltraite, tout ça ~

Revenant vers la partie du stand où les gens s’alignaient devant des tables pour tirer sur les cibles, la tireuse ne coupa cependant pas la conversation avec le jeune homme, le laissant lui répondre avant d’enchaîner. Après tout, lorsqu’elle « tenait » le stand, elle n’avait pas énormément de temps à consacrer à ses clients : là, au contraire, elle pouvait se permettre de tailler un peu le bout de gras, voir qui venait vider des munitions dans ses cibles, ce genre de choses.

Kathleen Jones, au passage. J’veux dire … Je pense que tu m’avais reconnue comme étant la propriétaire de ce fin établissement, mais j’aime bien m’introduire convenablement, aussi. Et toi, comment t’appelle-tu ? Ça fait longtemps que tu viens tirer ici ? Je n’ai pas souvenir de t’avoir déjà croisé, ce qui est rare vu que j’ai bossé seule pendant quelques semaines et que je devais absolument tout gérer …

Presque sans y penser, la tireuse secoua légèrement ses deux bras supérieurs. Les tatouages de pistolets à silex qui s’y trouvaient s’illuminèrent, et brusquement, les deux formes lumineuses quittèrent la peau rouge de la dentue pour rejoindre ses mains, et s’y « solidifier » sous la forme de véritable pistolets … D’un modèle un peu unique et au look très agressifs. D’un côté, il y avait ça, de l’autre, il ne restait plus sur les avant-bras de la tireuse que le contour de ses flingues.

Enfin, j’aurais eu beaucoup plus de chances de te croiser en faisant l’accueil que la compta, bien sûr, ha ha … Mais justement, c’était moi qui faisait l’accueil tout le temps quand le stand était ouvert, quoi.

Ça marche, « Kyle ». Même si bon, entres nous, « Jung-Kyle Lee » c’est loiiiiin d’être le prénom le plus compliqué à prononcer, pour l’américain lambda … Enfin, je pense. D’un autre côté, « Kyle » c’est vrai que ça fait très couleur locale, donc ça peut être un plus, avec certaines personnes … enfin dans tous les cas, c’est toi qui vois comment tu veux qu’on t’appelle, bien entendu.

La tireuse ne précisa pas qui étaient ces personnes particulières, ni ce qu’elle pensait d’eux … Mais il faut dire que ça n’avait rien de très reluisant ni même poli, du coup, c’était peut-être mieux. Après tout, même après une évolution et transformation complète de la société pour passer vers un monde où l’humain « lambda » pouvait posséder des capacités insignifiantes ou extraordinaires, il restait de vieux relents de racisme ici et là dont presque n’importe qui pouvait être victime. Ils étaient rares … mais l’intégralité de la population n’avait pas encore été vaccinée contre la bêtise, donc bon.

Ironiquement, le jeune homme semblait dans la même situation que la tireuse : trop pris par le travail pour avoir du temps à lui, lui permettant de pratiquer un bon coup. Enfin, dans son cas à elle, elle pouvait toujours se débrouiller : elle vivait à deux pas et possédait littéralement l’endroit. Trouver de la motivation n’était pas très dur, dans ces conditions. Surtout vu son alter. Mais c’était sa situation à elle, et elle comprenait très bien qu’il n’ait pas trop pu passer. Faisant un moulinet ou deux avec un de ses pistolets à silex – ce qui était très dangereux vu que la poignée était terminée d’une lame – elle nota sans trop de mal que … Visiblement, le jeune homme avait les yeux rivés sur elle. Ou plutôt, sur ses armes : il semblait fasciné. Clignant des yeux, mettant un instant à saisir ce qui l’intriguait tant, et ricana un peu, gênée.

Ah, oui, heu … He, c’est vrai que ça doit faire un petit choc … Mais malgré mon look … Enfin, je veux dire, mon apparence n’a pratiquement aucun rapport avec mon alter. Qui me permet de faire apparaître des flingues. Ceux-là, je les appelle les dugly, c’est des pistolets à sileeeeeey …

La grande tireuse avait froncé les sourcils en se penchant sur le côté, fusionnant sa phrase précédente avec une altercation, destinée non pas à Kyle mais à la personne derrière lui. Un nouveau. Et elle ne pensait pas ça parce qu’elle ne connaissait pas sa tête à lui non plus, ou parce qu’il utilisait une arme qui n’appartenait pas au stand … Il avait littéralement, à la fin de sa série de tirs, posé son revolver sur le comptoir, rappelé sa cible, et s’était mis à faire tourner l’arme sur elle-même pour passer le temps.

Dude, c’est un flingue ça, pas une toupie blanche sur laquelle ya marqué « dranzer » …
De quoi j’me mêle ? C’est mon flingue, j’en fais ce que j’en veux … Et en plus, il est déchargé, donc bon.

Faisant s’évaporer les pétoires qu’elle avait en main – ou plutôt, les changeant en particules lumineuses qui réintégrèrent ses tatouages – la tireuse contourna Kyle-Jung Lee pour se placer à côté de la personne qui lui avait répondu, et lui entourer les épaules d’un bras. Sans trop lui laisser le choix, elle la força légèrement à pivoter à 90° pour lui permettre de voir un des murs du stand, sur lequel étaient marquées 4 règles d’utilisation des armes à feu que quasiment n’importe quel policier ou militaire avait dû entendre plus d’une fois dans sa vie.

Ouiiii, mais tu vois, c’est mon stand, et non, les gens n’y font pas ce qu’ils veulent, surtout avec des armes à feu. Au passage, tu vois les règles là-bas ? Surtout la 1, 2, et la 4 ? « une arme doit toujours être considérée comme chargée », « ne jamais pointer ou laisser pointer une arme vers quelque chose que l’on ne veut pas détruire », « être sûr de sa cible et de son environnement » ? Tu viens de faire une triplette à jouer avec ton feu comme comme ça. Et si je t’y reprends, je vais tout de suite chercher ton dossier d’adhésion pour le passer dans la déchiqueteuse, compris ?
Mais il était pas chargé j’vous dis, j’ai tiré 6 coups juste avant ! Yavait pas de risque.
Si tu veux je peux aussi contacter le shérif Moore pour lui demander son avis sur la question, je suis sûre qu’il sera tout à fait d’accord avec ton point de vue. Ou qu’il te fera sauter ta licence de port d’arme. Peut-être. Probablement ? La rouge relâcha son client et haussa les épaules, tandis que ses deux autres mains venaient se fourrer dans les poches de son short.
bon, bon … J’ferais attention à plus faire ce genre de choses avec mon pistolet. Vous êtes contente ?
Revolver. Mais c’était tout ce que je demandais oui, merciiiii ~

S’éloignant du jeune homme, qui de son côté renonça à continuer à tirer et se contenta de se diriger vers la sortie, la tireuse le regarda monter l’escalier en colimaçon jusqu’au rez-de-chaussée, avant de soupirer une fois qu’elle entendit la porte légèrement claquer. Puis, elle se tourna de nouveau vers Kyle-Jung Lee, pointant la direction dans laquelle le jeune homme était parti.

pfouuuu … Je sais pas qui leur permet d’acheter des pétoires, aux gens comme lui, mais ça me soulagerait vraiment s’ils se montraient un peu plus sélectifs … Même si après tout, les permis de port d’arme existent pour ça, donc je peux pas vraiment mettre le blâme sur le vendeur non plus. C’est p’têt le fait d’avoir une mère dans l’armée qui me met autant à cheval sur les règles … mais d’un autre côté, t’imagines le jour où il fait ça alors qu’il reste une balle ou deux dans le barillet ? Et puis c’te réponse, « j’ai un flingue je fais ce que je veux avec », l’irresponsabilité … ‘Fin bref. Désolée d’m’être interrompue pour ça … Heum, de quoi on discutait, déjà ?

HRP:

Boarf, du courage … J’travaille pas dans une supérette ou un hyper-marché quelconque. Les scènes que j’ai pu voir en allant faire mes courses … Encore que le pire ça doit être la réparation et le service après-vente. Mais bon. Dans tous les cas j’ai la chance de pouvoir m’en débarrasser vite-fait.

Accrochant deux pouces dans les poches de son short pour laisser ses deux mains inférieures se reposer, tandis qu’elle haussait les épaules et levait les paumes vers le ciel pour marquer à quel point tout cela ne l’affectait pas tant que ça, la tireuse eut un petit soupire amusé. Il y avait des jours comme ça, avec des gens comme ça, qui faisaient des idioties … Comme ça aussi. Le fait que sa mère soit militaire fut un point qui semblait intéresser le jeune homme, un peu à la surprise de Kathleen. Après tout, ce n’était pas si peu commun que cela … Encore que ? Le marchand d’armes enchaîna en parlant de son propre paternel, faisant une réflexion à laquelle la tireuse ne pouvait s’empêcher de ricaner.

A tout hasard, ce serait pas le propriétaire précédent du stand ? Un peu âgé, grognon, du style à accompagner ses remontrances d’un bon coup de pied au cul pour « guider » les gens vers la sortie ? Soupirant d’amusement en repensant à celui qui, fut un temps, avait été son ami et son patron, la tireuse enchaîna sur un ton plus sérieux. Enfin, je bave sur Chip, mais je sais qu’il a bon fond. Et au moins, avec lui ça filait droit. Mon père aussi d’ailleurs, vu qu’il tient son propre stand, mais lui il ferait plutôt un discours moralisateur pendant 20 minutes. Le côté ancien héros, je suppose … Enfin bon, chacun ses méthodes. Quant à ma mère, yep. Elle est même tireuse d’élite des forces spéciale, pour être exacte. Va savoir ce qui m’a orienté vers une carrière pareille après ça …

Un petit sourire, deux pas pour retourner à l’endroit d’où elle tirait quelques instants plus tôt, et la grande demoiselle reprend ses armes à feu presque sans le réaliser. Il faut littéralement que son interlocuteur lui rappelle le sujet pour que ces deux flingues qu’elle tient en main lui reviennent en mémoire comme étant ce dont ils discutaient, avant cette brève, mais marquante interruption. La jeune femme enchaîna la discussion sans problème cependant, se contentant de pencher la tête sur le côté. Qu’on lui pose des questions sur elle-même, après tout, ce n’était pas si désagréable … Et c’était bien mieux que les remarques sur son physique.

Riiiight, mon alter. Et yupe ! J’ai un pistolet ou fusil par tatouage.

Relevant ses bras inférieurs et les écartant pour montrer l’intérieur de ses avant-bras, la tireuse exposa ainsi deux tatouages supplémentaires. « Tatouages » qui, contrairement à ceux des bras supérieurs, étaient encore « pleins », et donc entièrement noirs, là où les bras du haut n’avaient plus que les contours des deux pistolets à silex. Autre point notable : ces deux armes-là étaient différentes. La première s’illumina légèrement, se changeant en particules dorées brillantes qui s’envolèrent de façon fluide vers la main de la tireuse pour y former une sorte de … Mini-télescope à poignée ? Très gros viseur ? C’était un peu difficile à déterminer, comme ça.

Enfin, je dis ça, mais je sais pas si ça se classifie comme pistolet, ça … C’est ma lunette. Permet de voir loin, et aussi … Une pression sur la détente, et la rouge balançait un rayon d’énergie pure, qui partit en ligne droit de l’arme, comme un laser. Peu bruyant et peu puissant, le tir percuta la cible de la jeune femme en pleine tête : elle arrêta la projection continue d’énergie au bout de quelques instants de démonstration. D’être extrêmement précis. Pas de recul, quasi-aucune balistique à prendre en compte, et le projectile le plus rapide et à la meilleur portée de mon arsenal. Enfin. « Projectile ». Elle marqua les guillemets avec les doigts de sa main libre, avant de faire disparaître l’étrange lunette, qui réintégra son bras. L’instant d’après, de l’autre côté, c’était un genre de fusil à pompe qui sortait de son tatouage respectif pour se mettre dans la paume de la tireuse … Même s’il n’avait pas de pompe, mais un levier, comme les vieux fusils de western. Et ça, c’est mon petit calibre 12 personnel. Qui tire, comme toutes mes armes, des … Projections d’énergie, plutôt que de vraies balles. Mais je préfère ça comme ça. Moins dangereux. Et puis t’imagine l’enfer si je devais manger 40 kilos de viande par jour pour refaire mes stocks de fer ? J’deviendrais végétarienne en deux minutes …

« Rangeant » son fusil sans l’avoir actionné, la démone posa ses mains sur ses flancs, sans faire attention aux deux autres qui tenaient toujours ses pistolets. Elle ne visait bien sûr personne avec, et heureusement. Pour le fusil à chevrotine, ce n’était pas étonnant qu’elle n’ait pas fait de démo : même si une véritable arme de ce style pouvait rester précis jusqu’à environ une trentaine de mètres, ici … On était sur une dispersion bien plus grande. Et puis, les tirs auraient pu aveugler un ou deux des autres clients qui étaient toujours en train de tirer.

Tiens, d’ailleurs, qu’est-ce que le tiens te permet de faire, au juste ? Ton alter. Je veux dire, si tu en as un, bien sûr… En moyenne on a 4 chances sur 5, mais sait-on jamais.