Cette nuit, Mathilda était de sortie. Ou plutôt, WitchyMe l’était. Avec sa tenue de sorcière aussi délicate qu’élégante, on pourrait facilement penser qu’elle se rendait à un bal chic. Ce n’était en tout cas pas son masque qui allait aider à plaider le contraire. Cependant, la vraie raison de sa venue dans les rues de Starway était évidemment tout autre. En effet, elle avait récemment accepté une offre et tout laissait à croire qu’elle allait devoir commettre ses méfaits dans ce quartier. Forcément, un repérage préalable s’imposait, surtout que ce n’était pas le meilleurs coin de Starfish pour des activités criminelles.

Mais ce n’était pas ça qui allait arrêter la vilaine, bien au contraire. Elle marchait même totalement à découvert. Certes la densité de piétons passé minuit n’était pas le même qu’en pleine journée, mais elle restait tout de même assez importante pour qu’il y en ait quelques-uns qui changent de trottoir à la vue de la sorcière, peu rassurés par cet accoutrement. Cette désinvolture lui avait déjà attiré des soucis plus d’une fois, mais il fallait croire qu’elle en redemandait. Ca semblait même lui plaire, d’une certaine façon.

Mais voilà qu’elle quittait les grands axes pour passer dans une rue bien plus étroite et discrète, signe qu’elle se rapprochait de sa destination. C’est après quelques bifurcations qu’elle tomba sur une mauvaise surprise. Deux jeunes adolescents, dont la nature des activités à cette heure de la nuit ne faisait que peu de doute, étaient plantés là en plein milieu de cette rue sombre. Ces rues étaient supposées être désertes à cette heure de la nuit, et elle préférait qu’elles le restent pour les jours à venir. Ce petit trafic qui ne payait pas de mine à premier abord risquait bien de lui compliquer son travail. Evidemment, elle allait prendre les choses en main directement. Elle s’approcha des deux gosses en les fixant, ne laissant que peu de doute au fait qu’elle venait pour eux.

"Les enfants, à cette heure vous devriez être au lit. Je vais devoir appeler vos parents."  

Elle avait un ton de voix attentionné, presque maternel. Bien entendu ses intentions étaient loin d’être pacifiques et elle le faisait simplement pour se moquer d’eux. Elle se doutait également qu’ils n’allaient pas coopérer bien sagement, c’est pourquoi une ombre, son alter, commençait déjà à se répandre au sol, trahie par l’éclairage lointain. Et comme elle pouvait s’y attendre, elle put apercevoir un petit couteau sortir de la poche de l’un d’entre eux. Celui-ci semblait ouvrir la bouche pour parler mais fut soudainement coupé par une main venant serrer sa gorge. En effet, l’ombre de la sorcière était assez proche des deux délinquants pour en faire sortir deux bras et viser leurs gorges, les plaquant contre le mur par la même occasion.

"Ce n’est pas poli de vouloir répondre. Mais je vais être plus claire, je ne veux plus jamais vous voir ici, allez jouer ailleurs, compris ?"

Une fois de plus, sa voix ne semblait pas menaçante du tout, ce qui contrastait avec ses mots et ses actes. L’un des deux adolescents semblait plus effrayé que l’autre, celui au couteau, dont l’expression affichait plutôt de la colère. Facile de deviner à partir de ce portrait qui était le meneur. En parlant de portrait, WitchyMe sortit son téléphone de son sac à main et pointa la caméra de celui-ci sur ses deux victimes, qui essayaient tant bien que mal de se défaire de ce bras leur serrant la gorge.

"Allez un petit sourire pour les réseaux sociaux mes chéris"

Clic. Le son produit par le téléphone ainsi que le flash ne laissait aucun doute sur le fait qu’elle les ait réellement pris en photo, ce qui avait pour effet de renforcer l’expression de chacun des deux.

"C’est parfait, vous allez faire fureur sur Ukato !"

La sorcière ne comptait pas leur faire de mal outre mesure, mais elle comptait tout de même faire durer ce désagrément suffisamment pour leur faire comprendre, surtout au petit rebelle du duo.

La soirée était bien avancée, ou plutôt avait-elle fait place à la nuit, encore jeune. Comme a chaque fois qu’il ne trouvait pas le sommeil, et qu’il se refusais à ses pilules, Numéro Un était de sortie, a faire son travail dans les rues calmes d’une ville plus paisible qu’elle n’en avait l’air.
Le jeune homme s’habillait une fois de plus d’un énième costar, toujours incapable qu’il fut de trouver un costume de héro lui plaisant.
Déambulant dans les rues, il leva les yeux au ciel, pensif. Pourquoi cette histoire de costume l’agaçait tant ? Sur Ukato, les quelques personnes qui faisaient des commentaires sur lui semblaient trouver cet aspect sobre appréciable.
« Un costume donne son identité à beaucoup de héros ; il est un pilier de ses actes. De ce qu’il est. De ce qu’il représente. » Lui avait-on dit un jour. Le jeune homme inspira longuement.
Une identité. Voilà quelque chose qu’il avait bien du mal à trouver. C’était peut-être ça qui bâtais de l’aile, chez lui.
Qui était-il finalement ? Numéro Un. C’est cet homme qu’il voyait, lorsqu’il regardait dans un miroir. Mais Numéro Un disait être Samuel Dubois, lui-même storyteller. C’était à cette figure de héros que le jeune homme s’identifiait le plus, entre ces deux visages. Pourtant, le storyteller n’avais comme différences avec Samuel que ses activités, et Samuel passais de l’un à l’autre comme bon lui semblais.
Numero Un s’interrompis dans sa marche, et observa le ciel un moment, avec un soupir mélancolique.
Et Nathanaël dans tout ça. Où était-il ?
Cette question perturba plus le héros qu’il ne l’aurait cru. Nathanaël. Maintenant qu’il y pensait, il avait l’impression que cet enfant n’avait jamais quitté la maison de passe. Que s’il y retournait, maintenant, il l’y verrait toujours, le regard vide, brisé par les substances et les pervers. Attendant d’être sauvé, trop affaiblis pour penser même à la vengeance...
Numero Un frissonna. Son regard laissait paraître la lueur craintive qu’ils cachaient généralement derrière son assurance et ses sourires. All Might l’avait beaucoup inspiré, dans sa manière d’être un héros. Comme beaucoup d’autres, il cachait sa terreur, son envie de fuir, et ses questions derrière un masque de puissance et d’héroïsme. Le jeune homme fut pris d’un discret tremblement, faisant à peine attention à la sorcière qui le croisait.
Nathanaël secoua la tête, et Numéro Un repris sa marche. Parce que Numéro Un au moins, savait ce qu’était Numéro Un.

Son attention tiqua. Une sorcière ?
Le héros se retourna, observant sourcil levé une belle jeune femme a la démarche gracieuse s’éloigner. La demoiselle ne passait pas inaperçue, tant par son élégance que par son accoutrement. Et ce fut ce dernier qui fit frissonner Numéro Un. Soit cette personne aimait se déguiser, soit elle était dans son costume d’héroïne… Ou de vilaine.
N’appréciant pas l’idée de laisser cette femme passer sans avoir répondu à cette question, Numero un lui emboîta le pas, raffermissant sa poigne sur le sabre enroulé dans un tissu blanc qu’il tenait dans sa main depuis un moment.
Ce soir, il était relativement bien équipé, et si son sabre l’accompagnait, comme toujours, il avait aussi eu la présence d’esprit d’enfiler ses collant sous son pantalon de costars.

Il suivit la jeune femme jusqu’à une ruelle peu engageante, au coin de laquelle il se cacha, ne souhaitant pas vraiment être repéré.
Discrètement, s’assurant de ne pas être vu, Numéro Un jeta un œil dans la ruelle, et la situation le laissa perplexe. Les agissements, le costume… à vrais dire, impossible de dire si elle était une héroïne un peu extrême, ou une vilaine préparant un sale coup.. Au moins, l’idée du simple hobby était écartée.
Numero un sortis de sa cachette après que la demoiselle eût pris une photo de ses victimes. Ça, il n’aimait pas, quoi qu’on en dise.
« Tu a raison. » Commença-t-il en s’avançant calmement dans la ruelle, son arme sous le bras, et ses mains dans les poches. « Et tu sais quoi ? je suis certain qu’une photo de toi derrière les barreaux leur plairait encore plus, à tes follower. Tu veux qu’on essaye ? »