Après sa mission à New York, laquelle avait été suivie d’une balade en ville et d’une découverte pour le moins incongrue, la petite tueuse s’était … « approprié » un voilier de plaisance, sur lequel logeait désormais sa dernière connaissance. 42. Une cyborg apathique, laconique, et physiquement brisée. Quant à son esprit … difficile à dire. Il ne restait pratiquement aucun souvenir à la jeune femme ayant subis toutes les « augmentations » biomécaniques dont elle était dotée. Rien que des fragments d’images, de sons … Des informations générales sur quelques sujets. Et l’accès à une base de donnée supposée contenir toutes les informations dont elle avait besoin pour devenir une mercenaire compétente. Des numéros de contacts, d’individus précis. Des dossiers entiers sur des organisations criminelles, contenant leurs modes de fonctionnement, leurs historiques, parfois même les localisations de leurs infrastructures ou l’identité de certains de leurs membres. Parmi ces organisations se trouvaient celles qui avaient lancé le « projet » dont faisait partie Vergetelheid, qui était presque aussi vieux que l’apparition des alters. Verget’ en était le « sujet numéro 13 », une dénomination qui avait été sa seule identité pendant des années. 42, elle … et bien. La dernière itération en date.

Et elle n’était pas en très bon état.

Son organisme n’avait pas eu le temps de proprement récupérer des opérations qu’elle avait subi, lorsqu’elle n’était pas encore « activée ». Et les prothèses qui remplaçaient ses membres n’étaient pas calibrées correctement. Pas du tout, à vrai dire. De la même façon que le cerveau empêchait en général les muscles de déployer leur force maximale afin de les empêcher d’endommager l’organisme, ou de s’endommager eux-mêmes pendant un effort intense, les bras et jambes métalliques de la jeune femme étaient supposés être limités dans la force qu’ils déployaient et dans l’amplitude des gestes qu’ils pouvaient effectuer. Mais à l’heure actuelle, cette retenue n’existait pas. Les connexions nécessaires entre le cerveau semi-cybernétique et les membres métalliques n’étaient pas faites. Et la cyborg bougeait lentement, tremblante et faible, évitant à tout prix de déployer une force qu’elle ne percevait pas, et maîtrisait encore moins. Et à chaque fois qu’elle le faisait tout de même, ses chaires en payaient le prix.

Tout n’était pas négatif, ceci dit. Primo, parce que la cyborg était parfaitement autonome. Encore plus que Vergetelheid à ses débuts, à vrai dire : elle savait préparer plusieurs plats cuisinés, gérer l’endroit où elle vivait, rythmer son quotidien d’activités dans ses cordes. Et même si elle était lourdement handicapée par son état, elle avait un atout qui compensait intégralement : son alter. Ce dernier, consistant à produire des champs de force qu’elle pouvait manipuler à sa guise, remplaçait les mains dont elle ne pouvait se servir. Et même si le « serpent » qui servait de queue à la cyborg (et qui contenait un super-ordinateur) n’était pas alimenté, cette dernière avait des capacités cérébrales se rapprochant de celles d’une machine de calcul, lui permettant sans mal de modéliser des formes et de les déplacer dans l’espace en les maintenant de façon constante. Lorsque la petite cornue débarqua sur le voilier d’ailleurs, une tasse de thé était en train d’être remplie d’eau bouillante, puis se mit à flotter d’elle-même jusqu’au double lit, au fond de l’intérieur du navire. La démone observa la chose en lâchant un soupire de fatigue, s’arrêtant à quelques mètres de … Son amie ? Sa connaissance ? Sa protégée ? Leur relation n’était pas encore tout à fait claire.

Hey.
Tu mets de l’eau partout.
Quelqu’un a volé la barque que j’utilise pour te rejoindre … Ou elle s’est décrochée. Je suis venue à la nage.

La cyborg ne réagit pas. Les lentilles rouges qui lui tenaient lieux d’yeux étaient inexpressives à un point désagréable … Mais même si elles avaient eu des sourcils articulés, la petite tueuse n’était pas sûre qu’ils auraient servi. Se mettant en tailleurs à même le sol en se frictionnant les bras, la naine l’observa se pencher sur sa tasse, qu’elle maintenait grâce à son alter, et en prendre une gorgée ou deux. Remarquant son intérêt, la cyborg pencha la tête sur le côté … Puis pointa la tasse d’un doigt entièrement métallique. La petite russe hocha la tête. Sa congénère se tourna vers le coin cuisine, où des mains invisibles se mirent en mouvement, prenant un autre mug, un autre sachet, du sucre, et la bouilloire pour préparer une autre tasse fumante, qui voleta jusqu’à la tueuse. Cette dernière se saisit cependant de l’anse lorsqu’elle fut à portée, et plaqua ses deux mains autour du récipient en soupirant.

Au moins l’eau n’est pas crade, mais qu’est-ce qu’elle est froide … enfin. L’hiver, je suppose. Comment tu te sens ?
M̸̹̱̝̯̎̒̾̊́̓̃̍̃͝i̶̡̗̒̆́̎͑͂͝s̴̖̙̭͑̈̒͂̀͊ȩ̷̛̖́͆̀̂̑̅̎̕͠r̷͚̻͇̲͕͔̀a̸͉̣̺͔̘͓͌͛͂͛́͂́͗͝b̶̖̥̯̝̣̖̝̯̓̔̌̀́̑͐̕͝ͅl̵̪̙͚͈̘̻̾͊͌͂e̴̹͓̊.
… Et beh au moins c’est franc. Toujours la fatigue chronique et les bras et cuisses qui font atrocement mal ?
Un hochement de tête répondit, mais pas seulement. Ma tête et mon dos aussi. Je c̵̣̟̟̠̳͍̙̃̅̓i̶̢̛̛̛̤͕̬̥̺̅̈́͑͝c̷̢̙̩͙̞̩̑̀́͗́͂͘ͅạ̶̖̠̦̲͇̗̥̩̔ṭ̷̛̩̮͈͉̩̐͌̏̅̈́͜ͅr̷̦̗̱̪̝̦͚͚̥͑̆̏i̵̠͔͉̳̼̻̽̇͛̌̂̆̓s̵̡̪͈̼̎͜͝é̴̞̺̣̼̫͈̣̀͗̋͗ lentement.

La petite tueuse lâcha un soupire. Elle ne savait pas si c’était le ton désincarné qu’elle employait, ou la façon dont sa voix, quelque chose de théoriquement « naturel », pouvait dysfonctionner ainsi, mais discuter avec 42 la mettait toujours légèrement … Mal à l’aise. Pas comme si elle était en danger ou menacée d’une quelconque façon. Elle n’avait juste aucune idée de ce que pouvait bien ressentir la jeune femme requin en blouse. Si elle ressentait quoi que ce soit … Ceci dit, si elle ressentait effectivement quoi que ce soit, ça ne devait pas être glorieux, vu son état. Le bon côté, c’était que la russe s’était déplacée jusqu’ici justement pour remédier à cela.

Et bien tu as de la chance … Je prends une des serviettes de ta salle de bain pour me sécher, je finis ça, et on va voir quelqu’un qui pourrait t’aider un minimum.

Un hochement de tête silencieux en guise de réponse. Soufflant par son nez quasi inexistant, la petite tueuse poussa le sol d’une main pour se relever, déposa son mug sur la table, puis se dirigea vers la porte qui séparait la cabine de la pièce d’eau. En soit, elles avaient eu de la chance en prenant ce bateau : il n’était pas assez gros pour attirer l’attention, mais il restait spacieux et confortable. Clairement fait pour pouvoir y vivre des jours, voir des semaines sans avoir à se rendre à terre, même si c’était conseillé si on voulait manger de la nourriture un tant soit peu fraiche et se dégourdir les jambes. La petite tueuse, le lendemain même de leur retour de New York, avait également pris le temps de faire de grosses réserves de nourriture et autres, qui avaient rempli les placards du navire et permettaient à 42 de rester à bord et s’économiser le plus possible. Sans compter que cette habitation flottante et isolée permettait de tenir son existence secrète. La petite rousse avait peut-être aidé à libérer New York, mais elle n’en était pas encore au point où elle ferait confiance aux autorités … Surtout avec un cobaye illégal, d’un projet tout aussi illégal, qui détenait des informations cruciales sur nombre de sujets sensibles. A moins que 42 ne le demande expressément pour sa propre survie, la police, mais également les hôpitaux ou services publics généraux étaient prohibés.

Avant même que la petite tueuse n’ait fini de se sécher –ses cheveux prenaient un certain temps-, le bateau avait déjà été mis en route par la télékinésiste, qui le fit s’approcher doucement du rivage. Elle s’arrêta à une ou deux dizaines de mètres du rivage de la promenade azur, préférant éviter de s’échouer sur le rivage artificiel. L’endroit était désert … Il n’allait pas le rester longtemps, mais elles ne comptaient pas trop traîner non plus. La nuit était déjà tombée sur starfish, hiver oblige, même s’il n’était en soit que 6 heure et des poussières. Montant à l’avant du bateau, la tueuse soupira … Elle venait de se sécher, pour retourner dans l’eau. Mais alors qu’elle réfléchissait à si elle allait sauter ou pas, la voix monotone de la cyborg l’arrêta.

Je peux te transporter jusqu’au rivage.
Hm … Je n’aime pas trop être déplacée. Tu peux juste me faire une chemin sur lequel marcher ?
Douloureusement.
La petite tueuse, un peu perplexe, se retourna vers sa camarade. Cette dernière semblait sérieuse. Comme d’habitude. … Bon, va pour une plateforme qui bouge, ou quelque chose … Mais ne vas pas trop vite. Et rappelle-toi, je fais plus de 200 kilos.

En temps normal, elle aurait contesté avec un peu plus de véhémence. La tueuse détestait être déplacée par un alter. Les petits malins parmi ses adversaires l’ayant jeté contre des murs ou dans le vide étaient trop nombreux à son goût. Mais en temps normal, elle ne discutait pas avec quelqu’un dont le crâne se mettait à saigner si elle se concentrait trop. Et son corps semblait déjà la faire assez souffrir comme ça. Se tournant, la rousse vit une plateforme circulaire d’environ un mètre de diamètre se former devant elle, et avec un léger soupire, elle posa le pied dessus. Elle transféra progressivement son poids du bateau au support, et une fois sa seconde jambe levée, elle tâtonna un peu pour la poser. Marcher sur quelque chose d’aussi visible que du verre au-dessus des eaux sombres à la tombée de la nuit était déplaisant au possible. Achevant de se caler en utilisant sa queue comme troisième appui, elle tourna la tête pour faire signe à la cyborg. Cette dernière la fit avancer bien trop brusquement et trop vite à son goût, mais la mercenaire se retint de dire quoi que ce soit, et sauta simplement à terre dès qu’elle put. Même le sable lui paraissait plus stable. Quelques instants plus tard, flottant au-dessus des eaux, la cyborg la rejoint, mais elle ne se posa pas, préférant éviter de se remplir les articulations de grains de sable humide. Dirigeant la marche, la petite tueuse se mit en route.

Dès qu’elles rejoignirent les immeubles, la petite tueuse trouva le plus proche bâtiment, et l’escalada pour se rendre sur son toit. Elle préférait se déplacer ainsi. 42 n’eut pas vraiment de mal à la suivre … Surtout dans la mesure où elle était obligée de soulever son serpent en permanence avec son alter, de toute façon. Le reste de son corps ne faisait pas une si grande différence. Sautant de toit en toit, la naine parcouru quelques centaines de mètres avec sa camarade, jusqu’à arriver à leur destination … Une boutique, dans une petite rue peu fréquentée du centre-ville. La cornue n’eut pas trop de mal à descendre en calant ses griffes osseuses entre les briques, tandis que 42 lévita lentement jusqu’au sol. Sans attendre qu’un passant ne les repère, la petite cornue ouvrit la porte et pénétra dans l’établissement, suivie d’une 42 qui avait les mains fourrées dans les poches. Observant un peu le décor sans pour autant s’y attarder bien longtemps, la tueuse miniature se dirigea immédiatement vers le comptoir / la caisse du magasin, attendant que la personne qui tenait ce dernier ne sorte de l’arrière-boutique, ou ne se montre, si elle ne l’avait pas encore vu. Elle pointa ensuite un pouce tranchant vers 42 par-dessus son épaule.

Hey. C’est toi « la voisine » dont on m’a donné les coordonnées ? On aurait besoin de tes services … Et si possible, discrètement.

Le duo avait probablement un côté surréaliste. D’un côté, une tueuse minuscule et démoniaque, blasée au possible. De l’autre, une cyborg inexpressive à l’appendice caudal monstrueux mais semblant inactif.

Là où Vergetelheid s’était focalisée sur l’objectif, cherchant avant tout à voir la vendeuse dont elle avait entendu parler pour régler leur souci, 42 s’était ... laissé distraire. Ses deux yeux vides observaient les étagères, les bocaux, les plantes encore en pot aux vertus supposées curatrices, les poudres un peu suspectes et autres ... La cyborg ne portait pas de jugement sur ce qu’elle voyait. Elle n’avait aucune affection particulière pour l’industrie pharmaceutique, les médecins et les soins « classiques » ... Tout comme elle ne se sentait pas particulièrement émue par les méthodes de traitement alternatives, les soins présentés comme « traditionnels » et « plus naturels ». Elle ne savait pas si son absence de parti-pris était dû au fait que sa mémoire personnelle était quasiment vierge, ou si même avant de devenir ce qu’elle était, elle n’en avait déjà rien à faire. Ne restait qu’un intérêt réduit, une curiosité née de l’attente de quelque chose de plus passionnant. Ça, et le fait qu’elle allait probablement prendre un des médicaments présents dans cette boutique. Pas un de ceux qu’elle étudiait, mais ...

Vergetelheid ne fut pas spécialement surprise de voire une autre petite demoiselle à corne, même si la coïncidence était amusante. Mais là où la rousse semblait sortie d’un mythe européen la présentant comme un diablotin, un démon de basse extraction, la « voisine » avait plus l’apparence d’un yōkai, un esprit malicieux et surnaturel du folklore japonais. Quel style de créature très précisément, difficile à dire : même après y avoir passé plusieurs années, Vergetelheid n’avait pas très bien retenu toutes les entités plus ou moins fantastiques qui existaient au pays du soleil levant. Elle n’avait cependant aucun doute sur le fait que la voisine ne lui inspirait naturellement pas une très grande confiance ... Le fait qu’elle vendait des poisons jouait sûrement un peu dans cet avis purement subjectif. Et quand bien même : ce n’était que l’impression que donnait son faciès, pas un fait avéré sur lequel la tueuse allait se baser pour la juger. Après tout, elle-même ne pouvait pas prétendre avoir l’air d’un petit ange.

On aurait besoin d’un mélange un peu particulier. Un produit qui serve à la fois d’antidouleur, de tonifiant, et d’aide à la cicatrisation. Ou plusieurs drogues compatibles les unes avec les autres, peu importe.

Croisant les bras sur son torse en regardant autour d’elle, la démone jeta un oeil à la rue, encore visible derrière 42 et la vitrine de la boutique. Déserte. Non pas qu’elle soit extrêmement inquiète, mais bon. Elle s’attarda un instant sur une étagère, mais revint rapidement vers le comptoir. 42 compléta sa requête en saisissant, grâce à son alter, un bocal qu’elle fit flotter jusqu’à son visage, scrutant le produit violet qui remplissait le bocal de verre.

Pas le genre de substance que vous vendez ĺ̶̢̟̝̱̣͈͜į̶̗̰̥͇͙̣̣̬͐́̀͒̍͌̓́͂͝b̵͖̭͑̾͗̈́̿r̷̺̰̘̳̖̍̿̚͝e̷̺͍̘̗̓m̶̧͍̳͔͎̳̥̱̲͛͜͝ȩ̴̲̼͉͔͈͊͊̋͆̎͜͠n̴̛̺̮̲̭̞̮̼͖̗̔̈͛͛͘͝ț̵̢̯̖̯̱̪̰̭́̓̆̋́̅͌͝.
Hm, oui. On cherche ... Disons, ce que prescrirait un chirurgien après avoir extrait de la moelle épinière. Ou un vétérinaire qui veut sédater un cheval.
Et un chirurgien.
Et un … attends, quoi ?

Fronçant les sourcils, la petite démone se tourna vers sa comparse, qui reposait ce qu’elle étudiait à sa place … sans y toucher. Se tournant vers la petite tueuse et la vendeuse, la cyborg posa ses yeux rouges sur la première, penchant la tête.

J’ai b̴̭̖̽̀̆e̶̺͛̓s̸̝̽̃͆̍̋̚͝o̸̤̣̝̭̰̩͕̝̬̎ͅi̵̙̹̗̮̙͔̞̓́͒̆n̷͉̾͐̉̍͝͝ d’être opérée.
Depuis quand ?
La cyborg redressa la tête. Un certain temps. Cette tournure de phrase fit plisser les yeux à la mercenaire … Mais même elle était suffisamment fine pour deviner que cette formulation vague sous-entendait « depuis que tu m’as sortie de ma cuve », sans pour autant donner d’information à la vendeuse de poisons à côté d’elles.
Tu aurais pu être plus claire à ce sujet, c’est ni gratuit, ni facile à trouver les chirurgiens qui opèrent … Des gens comme nous.

« nous » ne sous-entendait bien entendu pas que la cornue et la semi-artificielle étaient si semblables que cela d’un point de vue physique, juste … les criminels, en général. Il n’y avait rien de secret au fait que les truands, presque plus que les honnêtes gens, avaient besoin de médecins … « spécialisés ». Le genre qui n’irait pas parler aux autorités des blessures par balle d’un patient. Qui accepterait de traiter des blessures non conventionnelles … et d’être payé sans qu’il y ait la moindre trace de facture. Leur existence était purement logique. Le souci … C’est qu’ils ne courraient pas les rues, et que la petite tueuse ne connaissait personne qui remplissait cette fonction, à starfish. Elle n’avait pas besoin des services de ce genre de praticiens, en règle générale …

Il faudrait que tu sois opérée quand ?

La cyborg resta muette et immobile, un instant. Un instant trop court pour être réellement inquiétant, mais trop long pour ne pas être malaisant. Un instant au terme duquel elle se rapprocha simplement du comptoir, ses pieds mécaniques claquant légèrement sur le parquet tandis que le gigantesque serpent derrière elle, immobile, semblait suspendu à des fils invisibles au-dessus du sol. Finissant à côté de la petite tueuse, qui devait faire bien 40 centimètre de moins qu’elle, la cyborg ferma un poing. D’un geste rigide, mécanique, elle le leva, son avant-bras tremblant légèrement … Puis elle l’abattit sur le comptoir, non loin de la caisse. D’une part, elle laissa une marque très visible dans la surface de bois. Et d’autre part … La manche retroussée de sa blouse se mit aussitôt à se teindre au niveau du coude. Rouge sombre. La démone roula des yeux dans ses orbites, soupirant à cette démonstration qu’elle ne pouvait s’empêcher de trouver un brin mélodramatique.

« Le plus tôt possible », très bien, très bien … mais j’ai vraiment aucune idée de qui contacter pour ça. Se tournant une fois de plus vers la voisine, et s’appuyant d’un coude sur le comptoir, la mercenaire désigna sa compagne d’un pouce. Et vous ? Vous avez un client qui achète beaucoup d’anti-douleur, de trucs de soin et autres fournitures médicales ? Ou qui vous a tout simplement dit qu’il était médecin … Mais pas le genre « réglo » ? Jetant un œil au coude de 42, qui commençait à goutter progressivement, la cornue retint un soupire supplémentaire. Oh. Et il faudrait un bandage, ou de quoi éponger, aussi.