Un blob ovoïde aux bords irréguliers, incolore, translucide : telle serait la description d’Asteroid s’iel était né·e sans faculté de façonner sa forme. Mais plus encore que n’importe quelle fashionista, l’apparence du métamorphe est le reflet de sa volonté. Iel se contente de volumes simples et de courbes épurées qui lui sont plus personnels. Son allure est à rapprocher de celle d’un personnage de cartoon, lisse et rond. Son catalogue n’en est pas moins étendu, de la bouille la plus adorable aux déferlements tentaculaires les plus terrifiants.

Quelques invariants demeurent. Iel s’embarrasse par exemple rarement de jambes, et leur préfère le bas du corps ondulant d’un serpent. S’iel peut sans mal adopter les contours d’un humanoïde filiforme de plus de trois mètres, sa taille idéale ne se situe pas à plus d’un mètre soixante-dix. Enfin, sa coquetterie la plus commune réside dans les deux paires d’ailerons qu’iel arbore de chaque côté de la tête, et parfois complétés par le prolongement de son crâne en une courte queue. Cette disposition facilement reconnaissable, à l’image d’une étoile de mer, lui vaut son surnom d’Asteroid.


Au-delà de son allure, c’est son caractère qui intimide. Le plus notable est son rapport à la violence, souvent sa première réponse à un problème. Iel est redoutablement agressif·ve vis-à-vis des personnes qu’iel sait également capables d’en faire usage. Non seulement iel éprouve du plaisir à se battre, mais iel considère comme un devoir de terroriser ceux qui lea menacent. En matière de conflit, l’hésitation lui est une sensation étrangère, sans être une brute imbécile : s’iel se sait en infériorité, iel est capable de ruse ou de retraite.

Car l’on ne rassemble pas autour de soi sans quelques qualités qui suscitent l’estime. La loyauté est sa valeur première, et c’est quelque-chose qu’iel sait faire ressentir. Entrer dans son cercle d’ami·e·s, intégrer le gang, c’est s’assurer d’être défendu·e sans compromission contre l’extérieur. C’est le confort de vous fier à quelqu’un qui donne l’impression de toujours savoir quoi faire, et d’être incroyablement déterminé·e à agir.

Iel exhibe au quotidien une personnalité attachante, facétieuse, inspirante tout particulièrement lorsqu’iel est en colère. Iel est ouvert·e aux idées nouvelles, mais d’une attitude plus réservée et méfiante vis à vis des étrangers. Iel est ainsi charismatique sans être extraverti·e, préférant exercer son influence sur un nombre réduit de proches plutôt que s’adresser aux foules.
   

Le Trou est un lieu caché, dont l’origine remontent aux communautés homosexuelles underground. C’était dans ce morceau de souterrain abandonné, connecté aux égouts de New York, que toute sorte de personnes ont pu vivre clandestinement ce qu’elles ne pouvaient être au grand jour. Même si depuis les mentalités ont évolué, le Trou n’a jamais perdu son statut d’emblème de la marginalité aux États-Unis. Bien des années plus tard, c’est « Maman », une ancienne artiste de cabaret, qui reprend le club. Au-delà des rénovations, elle fait du Trou une véritable place forte pour les mouvements intellectuels contestataires.

« Maman », ou Laura Salinger de son nom civil, n’est pas que la mère métaphorique de tous les clients du club. Elle aussi la mère d’Asteroid, né·e Ariel Pom Salinger. Son autre parent n’est tout simplement pas connu, car à l’époque de sa conception la vie sentimentale de Maman était trop agitée pour le déterminer. Du moins, c’est ce qu’elle lui a toujours dit, et personne n’est venu réclamer le rôle officiellement. Né·e sans sexe déterminé, Ariel n’a, même plus jeune, à aucun moment choisi de genre, et son entourage n’avait aucun désir de lea conformer, d’où l’usage du pronom neutre (« they/them »).


De manière générale, iel n’a pas été poussé·e à se plier aux bonnes mœurs, bien au contraire : iel n’a, entre autres, jamais mis les pieds à l’école. Outre les lectures du soir de sa mère, son éducation a été assurée par les militants hébergés par le Trou. Dans tous les domaines, iel a baigné dans des idées politiques fortes et souvent violentes, qui se sont ancrées profondément en lui. Le reste, iel l’a appris dans le milieu agité de la nuit, auprès de plusieurs générations de clubbeurs.

Avant les bouleversements récents, Asteroid était, sous le pseudonyme de « 1000 YEUX CURIEUX », ce qu’iel s’amusait à appeler un·e vidéaste indépendant·e. Bien sûr, ses œuvres filmiques étaient assez spécialisées. Certaines étaient purement mercantiles, d’autres plus audacieuses connurent un écho mineur dans des expositions d’art contemporain. Iel trouvait en effet quelques avantages à son alter pour obtenir des angles de vue intéressants avec le minimum de matériel, d’autant qu’iel était capable seul de manipuler et surveiller plusieurs caméras à la fois.


Mais c’est pendant l’isolement de New York qu’Asteroid a véritablement trouvé sa voie. Alors que les rues devenaient de moins en moins sûre, les clients du nightclub se faisaient plus rares. Il devient important pour la communauté de se protéger, et de trouver des moyens de subsistance. C’est épaulé par Maman elle-même que lea métamorphe a formé une milice d’autodéfense. C’est grâce à cette bande, ironiquement baptisée le « Gang Bang », en réaction aux acolytes de Big Bang à l’origine de la situation, que son entourage a pu survivre dans des conditions décentes.

Avec la réouverture de la ville, la composition du gang a évolué. D’organisation de survie indispensable, elle est devenue une force politique et économique, centrée autour du Trou et de ses activités. Les membres qui n’avaient d’autres intérêt que d’être protégés se sont dispersés et ne sont plus que des sympathisants. Il ne reste aujourd’hui autour d’Asteroid qu’un noyau dur d’une dizaine d’altérés, parmi les plus actifs de l’époque de l’isolement ou nouveaux. Ensemble ou séparément, ils veillent à repousser les autres bandes de leur territoire, à protéger le fragile écosystème de la nuit, et finalement, combler à leur manière le vide laissé par les héros.
     
   

À part quelques films, Asteroid n’avait rien accompli de notable avant la fermeture de New York. Depuis, iel a fondé un gang, aidé quelques personnes, et énervé pas mal de monde.Iel est une personnalité du Trou, la boîte de sa mère, et de son milieu queer marginal. Iel est connu des autres criminels qui agissent en bande. Dans le difficile contexte actuel, ses activités, qui demeurent dans la zone grise entre illégalité et relative moralité n’ont jamais attiré l’attention d’un quelconque héros.Asteroid est littéralement son alter, et iel ne se pose donc pas vraiment la question de la maîtrise de ce dernier. S’iel s’entraîne, c’est davantage comme une pratique de gymnastique que comme un domaine à part entière.Pour des raisons évidentes, iel ne possède pas de vêtement, ni n’utilise de matériel particulier. Iel n’emploie presque jamais d’arme à feu. Iel possède plusieurs appareils photo mais ne les transporte que rarement. Asteroid cherche d’abord à protéger les siens, mais son objectif est aussi d’étendre l’influence de son gang. Dans ses rêves les plus fous, iel pense pouvoir créer une société auto-gérée au cœur même de New York, sans police et sans héros.

Réduire le nombre de héros paraissait une bonne idée en apparence mais ceux qui restaient ne demeuraient pour lui qu’une aristocratie à laquelle iel était plutôt hostile. Iel ne faisait pas non-plus confiance au gouvernement pour les contrôler. Cependant son engagement politique était alors modéré et ne dépassait pas le slogan AHAB, « All Heroes Are Bastards ».La nouvelle situation allait être l’occasion de créer des sociétés meilleures. Avec l’effondrement du système héroïque, iel se sentit alors en mesure d’influencer le cours du monde à un degré dont iel n’aurait jamais pu rêver. Parallèlement, de grands dangers planaient sur ses proches, et c’est sur cet aspect qu’iel s’est concentré·e en premier lieu.L’Asteroid du présent est très différent·e est très différent de cellui d’il y a encore un an. En vérité, iel est plus épanoui·e que jamais, mais iel n’ignore pas que c’est loin d’être le cas de tout le monde. L’école représente à peu près tout ce qu’Asteroid déteste : discipline, méritocratie, ordre moral. Ceux qui en sortent ne sont pas forcément infréquentables, mais ils ne sont pas aidés.