1h23 − Galeries malfamées
Les galeries malfamées s'illustraient comme l'endroit idéal pour les personnes impliquées dans le crime, notamment celles qui se situaient plus ou moins en bas de l'échelle. Ce lieu sinistre était principalement fréquenté par des petites frappes ; les plus gros poissons se trouvaient certainement ailleurs, loin du terrain. Un environnement loin d'être inconnu aux yeux de l'aîné ; il le fréquentait souvent et adorait être mis au courant des nouvelles croustillantes. Néanmoins, il était conscient du danger. En effet, personne n'était à l'abri de faire face à des malfrats en quête d'argent ou de violence purement gratuite. De nombreuses bandes sévissaient et les règlements de compte ne manquaient pas à l'appel. Lorsque que Nolan devait vagabonder au sein de ce monde souterrain, il prévoyait deux choses. La première était son arme de poing ; il n'était pas capable d'utiliser son individualité extraordinaire, alors il fallait se munir d'un quelconque moyen de pression. La seconde : la présence de son mentor, Ronnie. Fidèle soldat de son paternel, il était relativement connu auprès de la délinquance locale ; de quoi assurer une protection non-négligeable. Une fois les deux conditions réunies, le jeune homme pouvait circuler de manière relativement libre et sereine.

Aujourd'hui, il comptait rendre visite au petit dernier de la fratrie. Nolan avait la fâcheuse habitude de ne jamais prévenir, il adorait faire des petites surprises. S'il avait beau ne pas avertir ses petits-frères de ses arrivées prochaines, il arrivait toujours à les localiser. Là encore, il pouvait remercier Ronnie qui bénéficiait d'un petit réseau d'information capable de mettre la main sur la plupart des personnes que l'aîné souhaitait rencontrer. Bien évidemment, cela était possible, car la majorité ne cherchait pas à se cacher, ou que l'Arthfæl possédait suffisamment d'information pour faciliter les recherches.

Il ne fallut pas plus d'une vingtaine de minutes pour que le duo mette la main sur Ethan.
Comment vont les affaires, petit-frère ? Nolan n'entretenait pas la même relation avec ses deux-frères. Là où il aimait provoquer et taquiner Keegan, il accordait bien plus de sérieux et d'attention au petit dernier. Quant aux affaires, la question qu'il venait de poser n'était pas bateau ; il voulait tout savoir, notamment l'organisation actuelle de son petit trafic d'armes à feu.

Galeries malfamées

Le bruit d’une arme qu’on charge. Ethan venait d’insérer un chargeur dans son beretta 96 pour se rendre dans les bas-fond de Starfish, les galeries malfamées de Bigtree. Il n’était pas rare que le rouquin prenne son arme lorsqu’il sortait, cependant, dans le cas présent, c’était une nécessité. Pourquoi ? Il se rendait dans le quartier Bigtree, et dans se quartier, impossible de compter sur son alter. Une protection supplémentaire était donc nécessaire, même s’il était malin. Là-bas, il devait rejoindre son… Hum. Comment pourrait-on dire dans les milieux autorisés ? Collaborateur, oui, disons cela ainsi. Pour son trafic, celui qui se fait appeler Denver dans le milieu, a rapidement eu besoin d’un intermédiaire. Il n’a pas cherché très longtemps. Une des ses connaissances qui allait en classe avec lui, à peine plus âgé, travaillait comme dealer pour Keegan, c’était parfait. C’est ainsi que Maximilian Parker, dit Sparkx, en est venu à subordonner Ethan.
S’il lui avait donné rendez-vous là-bas, c’est tout sauf pour une bonne nouvelle pour le rouquin, qui rageait en tentant de réfléchir à comment renverser la situation. Une fois arrivé sur les lieux, il fit le point avec Sparkx, et c’était exactement ce qu’il craignait qui était en train de se produire. Accroupis au sol, la tête entre les mains, il jurait en tentant de trouver une solution. Sparkx savait qu’il ne valait mieux pas trop parler au benjamin des Arthfæl quand il était dans cet état. Heureusement, le destin allait peut-être nouveau lui sourire. Il fut sorti de son énervement par la voix de son aîné. Il était là ? Hem, et si ce n’était pas une si mauvaise chose se demanda Ethan. Il se redressa :

Pas comme je le souhaiterais actuellement… Soupira-t-il.

Il regarda Ronnie, le fidèle subordonné de son père qui aidait Nolan. Même si Ethan préférait donner de bonne nouvelles à ses frères, et en particulier, leur montrer ses réussites, il n’était pas du genre à leur masquer ses échecs en les assumant pleinement. Mais montrer ainsi ses failles a d’autre que la famille, aussi proche en soit-il, ça l’était parfois moins, il se ne sentait pas à la hauteur dans ses moments-là. Son côté perfectionniste le poussait toujours à être assez dur envers lui-même, ses proches le savaient.

Il y a un type. Un ruskov, je sais pas comment il se démerde, mais ça fait deux fois qu’il nous carotte des ventes. J’ai tenté de lui tendre un traquenard, mais il a su. Sparkx a remonté la piste d’un client qu’on a eu il y quelque temps à plusieurs reprises, les fuites viendraient de lui. Mais il est comme nous en pire ce type, c’est un vrai fantôme, il est toujours masqué. Mais peu importe. C’est le ruskov qui compte, c’est lui qui a récupéré les clients… En vendant à perte. C’est pas net.

Le nouveau soupir d’Ethan était équivoque, il avait du mal à contenir son agacement.

Qu’est-ce que je dois faire à ton avis ?

De ses yeux clairs, Ethan pourfendaient ceux de son frère, il ne lui demandait pas forcément une aide technique, mais surtout des conseils.

Les affaires ne se déroulaient pas comme Ethan le souhaitait. Une nouvelle à la fois bonne et mauvaise pour Nolan. Mauvaise dans le sens ou cela agaçait naturellement son petit-frère tout en le mettant dans une position de difficulté ; il risquait de perdre une belle source de revenue. Bonne dans le sens où cela le poussait à intervenir afin de fournir une assistance de taille au petit dernier. Pour celui qui désirait protéger sa famille, quitte à se mettre en danger lui-même, l'événement tombait à pic. Le jeune prit rapidement ses aises, au même titre que son acolyte. Tous deux se focalisèrent sur le principal concerné, parfois sur son associé, accordant une oreille plus qu'attentive aux détails fournis par le rouquin.

Un russe lui avait donc dérobé des armes et ce à deux reprises. Voilà un problème qui méritait une réelle attention. Le crime russe était tout aussi conséquent que le crime italien ; l'ennemi était à prendre au sérieux. L'individu était sans doute intégré au sein d'une organisation bien plus imposante que la piètre bande que les trois frères menaient ensemble. Mais c'est ce qui rendait l'histoire plus belle. Ce qui rendait le combat plus spectaculaire. Un requin attendait sagement que les poissons se mettent à nager pour les engloutir.

Nolan se permit d'avoir une conversation plus intime avec Ronnie ; il lui expliquait simplement d'entamer des recherches après le départ. Si quelqu'un pouvait se renseigner au maximum, c'était bien lui. Il se dirigea ensuite vers son petit-frère, le décoiffant littéralement, un grand sourire aux lèvres. Tu fais des envieux ? Que c'est agréable à entendre. Il paraissait toujours aussi amusé par la problématique actuelle. Tu dois avant tout t'organiser. Tu ne peux pas te permettre de continuer tes affaires avec une main d'œuvre aussi mince. Il est important de s'entourer, de compter sur des gens loyaux qui assureront en cas de pépin. Bénéficier d'une équipe plus conséquente permettait d'avoir une meilleure défense et de mettre en place une riposte au plus vite. Nous nous occuperons de ton russe en temps et en heure. Qu'est-ce que tu sais sur lui ? Il était temps de se consacrer à la vedette.

Nolan s’était toujours érigé en véritable grand frère protecteur à l’égard de ses frères, bien sûr, il n’avait pas la même façon de procéder avec les deux, puisqu’ils étaient différents, mais jamais Ethan n’avait pas trouvé une main tendue de la part de celui-ci. Cela n’avait pas de raison de changer avec le temps. Après avoir parler avec son propre acolyte, il s’approchant d’Ethan pour le décoiffer comme il en avait coutume depuis qu’il était enfant. Par la même occasion, Nolan s’attira les foudres de son cadet, qui n’était pas vraiment d’humeur à ce genre de chamaillerie. Il connaissait sans doute suffisamment le plus petit pour le savoir, mais ce n’est pas vraiment cela qui l’arrêtait, espérant peut-être faire descendre la pression que le rouquin s’adresser à lui-même.

Je suis plus un gamin tu sais !!

Dans un premier temps, le blond essaya de rassurer le rouquin, en tentant de lui faire voir le verre à moitié plein, plutôt qu’à moitié vide. Après tout, si ce russe s’intéressait à ses affaires, au point de voler de la clientèle, c’était qu’il l’enviait. Puis, il en vint finalement à prodiguer ses conseils, afin de trouver une solution avec le benjamin.

Hm.

Ethan écoutait attentivement son aîné. Relativisant sur le russe, il donnait cependant de quoi parfaire sa défense.

Je vois… Mais tu connais ma propension à la méfiance ! Tu proposes quoi pour trouver des gens loyaux dans ce milieu… ? Surtout qui ferait confiance à des gosses comme nous. Max a beau être plus vieux que moi il a jamais que le même âge que Keegan, ça reste un gosse pour ceux du milieu !

Trop réfléchir était parfois un handicap, et c’était certaine un frein pour Ethan. Bien sûr, c’était aussi ce qu’il l’avait amené là, mais il se retrouvait coincé, et était en proie au doute. Nolan lui demanda plus de détail concret sur le russe.

Je ne sais pas grand-chose, il vient du quartier est. Comme je disais, la seule chose qu’a trouvé Sparkx, c’est qu’il y a un lien entre lui, et un client qui est venu plusieurs fois, celui que je t’ai décrit comme être un fantôme. Plusieurs personnes ont confirmé qu’un type correspondant à son signalement a été signalé entrant dans un bâtiment d’une des petites mains du russe, et à plusieurs reprises.

Ethan redressa son bras, et passa sa main sur Véga, la montre qu’il avait totalement transformé en mini-ordinateur portatif.

Cependant, il y a peut-être quelques choses. Il tendit son bras pour montrer à son frère. Avec Sparkx, j’ai pu obtenir le numéro du deuxième client qu’il nous a pris. J’ai piraté son téléphone, on peut le suivre où on veut… Je ne sais pas si ça donnera grand-chose, mais ça vaudrait peut-être la peine de mettre quelqu’un sur le coup ?

Il y avait quand même une chose qui tracassait Ethan, peut-être encore parce qu’il pensait trop, mais c’était ça son utilité au sein de la famille.

Pourquoi il vend à perte ? J’ai beau avoir retourné le problème dans tous les sens, c’est forcément à perte alors pourquoi et c'est quoi son plan ?

Ce n'était plus un gamin. Il disait vrai. Mais quoi qu'il arrive, il restait son petit-frère adoré, peu importe l'âge. Nolan agissait comme une mère qui voyait son fils au cours de ses premières années.

Ethan s'interrogeait sur la question de potentiel associé ; ce qui était normal, Nolan était pareil. Il faisait aussi preuve d'une immense méfiance, penchant même vers la paranoïa. Si cela s'illustrait potentiellement comme un défaut, la sûreté des affaires et de sa propre personne étaient plus ou moins assurés. Il suffit de trouver les bonnes personnes. Dans un premier temps, sache que l'âge est un détail qui peut être futile pour certain. Du moment que les crapules en question touchent le pognon qu'ils veulent, inutile de chercher plus loin que le bout de leur nez. La seule problématique était de réussir à contenir l'avidité de ses pions. Si tu trouves que l'âge est un frein, associe-toi avec un trentenaire. Un vétéran du milieu qui fera office de transition entre toi, tes hommes et le terrain. Le jeune homme accorda un regard complice à son mentor de toujours. Ça tombe bien, il en connaît un. Un ours qu'on surnomme Big Sam. Il bossait avec Ronnie et papa. Depuis l'incarcération du vieux, le nounours a quelques difficultés qu'il n'avait pas auparavant. Big Sam pouvait être le Ronnie du rouquin. Un gaillard comme celui-ci ne pouvait qu'accepter la proposition, d'autant plus qu'elle venait d'un de ses amis. À vrai dire, il était déjà d'accord ; il ne restait plus que la confirmation du petit dernier de la famille. Pour finir, Nolan légua une liste à son frère. Elle contenait plusieurs identités, des pseudos, le tout accompagné d'une courte description et des faits d'armes. File à la rencontre de ces gars, demande au petit con de t'accompagner, ça peut aussi lui servir. Une pierre deux coups, il aidait à la fois le benjamin et le cadet.

Un client qui offrait des renseignements concernant son fournisseur. Ce n'était pas impossible, encore moins rare. Dans la société actuelle, les crapauds − les informateurs, balances − se faisaient nombreux. Que ce soit pour aider les forces de police ou les organisations rivales. Remarquable. Tu penses mettre qui sur le coup ? Là encore, il proposait indirectement l'aide de Ronnie. La dernière question restait la vente à perte. Nolan leva son index. Il ne débourse aucune somme dans la récupération de tes armes. Donc il peut se permettre de vendre à un prix cassé. Puis son majeur. Il n'en a rien à faire du bénéfice qu'il peut tirer et t'attaque personnellement afin de t'écarter et s'approcher dangereusement du monopole. Le deuxième point semblait le plus logique à ses yeux.

Nolan avait rétorqué qu’il suffisait de trouver les bonne personnes, mais c’était plus facile à dire qu’à faire pensait au même moment le benjamin. Sauf que son frère avait une idée derrière la tête. Une fois qu’il l’eut rassuré concernant leur âge, il lui indiqua que s’il n’y avait que ça, il fallait trouver un trentenaire. S’il ne connaissait pas son frère, il aurait pu de nouveau se dire que c’était plus facile à dire qu’à faire et en rester là. Mais il connaissait son aîné, et celui-ci semblait le connaitre tout aussi bien. Sans doute avait-il même déjà envisagé la réaction de son petit frère, avant même que ce dernier ne le fasse. Ethan eu un faible soupir, accompagné d’un rictus. Nolan avait réussi a changé son humeur. En accordant un regard à Ronnie, il fit part de ce qu’il avait en tête à Ethan. Un ami de leur père, prêt à les aider. Ethan se contenta d’acquiescer pour donner son accord, et récupéra ce que lui donnait son frère. Des identités accompagnées d’un pédigré, une sélection de l’aîné pour ses deux petits frères. Une liste de potentiels nouveaux « collaborateurs » pour Keegan et Ethan que Nolan leur recommandait. Il proposait aussi que le « petit con » et lui, aille à leur rencontre ensemble pour les sélections. Cela fit à moitié rire Ethan que son frère use de ce surnom pour évoquer le pyromane.

J’vais faire ça, ouais. Merci. Je pensais aussi récompenser la loyauté de Sparks.

Du coin de l’œil, il avait adressé un regard à celui qu’il citait était qui était en plein rangement de l’installation qu’il avait mis en place pour ses ventes. Ni son pseudo, ni son nom, n’inspirait franchement la peur dans le milieu, il était surtout vu comme un dealer influent. Cela étant, l’aide qu’il avait apporté aux affaires d’Ethan était bénéfique, et c’est pourquoi il se sentait en quelque sorte redevable.
En ce qui concerne le client qu’avait piégé Ethan, le plus grand se montra content une nouvelle fois de ce qu’avait fait son petit frère. La pudeur de ce dernier l’empêchait de demandait directement de l’aide à Ronnie pour cette filature, mais son frère lui facilitait la tâche.


Est-ce que Ronnie pourrait s’e ncharger ? Et éventuellement, et s’accompagnant de Sparks, il pourra apprendre des choses, non ? Et puis, on ne sait pas ce qui pourrait se passer, je voudrais pas qu’il tombe dans un guêpier seul par ma faute.

Le rouquin eu un mouvement d’arrêt, une idée supplémentaire venait de lui venir. Il se retourna et fit quelques pas vers Sparks. Entre eux, une malette que ce dernier venait finir de ranger. Ethan l’ouvrit, et y récupéra ce qu’il cherchait.

Je sais que tu as déjà ce qu’il te faut et que c'est pas grand chose, mais on est jamais trop prudent, dit-il en tendant une arme et un chargeur.

Il savait bien que Ronnie avait déjà le nécessaire, mais une arme de secours c’était toujours utile.

Tu penses qu’il veut juste essayer de nous déstabiliser alors… Qu’est-ce qu’on doit faire dans ce genre de cas ? Je le refroidirais bien pour lui apprendre le respect mais il ne faut pas que je sois impulsif et je doute que ça te plairait non ?

Le fait que l'acolyte du rouquin accompagne Ronnie dans les recherches ne dérangeait absolument personne. Cela était même une bonne idée, offrant l'occasion à un petit poisson d'observer les faits et gestes d'un vétéran dans le milieu. Nolan interrogea son fidèle bras-droit du regard ; l'accord était donné. Si le plus vieux était relativement silencieux, le blond savait pertinemment qu'il allait imposer des règles au jeune Max. Ce qui était plus que normal, sans des règles et des conditions, difficile de bien faire le travail. D'autant plus que l'ancien souhaitait sans doute ne pas être dérangé, malgré une présence extérieure. Faisons ça, oui. Il accompagnera Ronnie, après-tout, il est celui qui possède les informations les plus intéressantes. Il n'allait pas qu'être spectateur ; il avait aussi une carte à jouer, si ce ne sont plusieurs.

Nolan croisait les bras, se laissant un moment de réflexion. La réaction logique face à un tel affront était l'extermination de la menace ; logique. Néanmoins, ça ne pouvait pas être aussi facile que ça. Fort heureusement, il n'était pas le genre de garçon impatient. Non, si cette guerre devait dix ans, tant pis. Ce n'était qu'un prix à payer afin d'atteindre la victoire. Non, il ne veut pas que nous déstabiliser. Il veut nous effacer du marché. Mais il est joueur et sait comment fonctionner. En effet, l'individu qui s'attaquait à la fratrie n'était pas un piètre gaillard. Un adversaire de taille, qui allait pimenter le quotidien des trois garçons. Nous allons le refroidir, oui. Mais ça ne sera pas notre première action. D'une part, ce n'était pas marrant, d'une autre, il fallait le temps nécessaire pour préparer des expéditions punitives. Nous allons d'abord réunir des hommes, car nous partons à la guerre. Nous allons nous renseigner sur notre adversaire, afin d'attaquer là où ça fait mal, tout en évitant de nous attirer les foudres de quelqu'un d'autre. Il posa ses deux mains sur sa crinière rayonnante. Après l'avoir suffisamment infligé de dégât, nous l’achèverons. Impossible de retenir son sourire diabolique après être arrivé à une conclusion pareille.

Bien évidemment, tout ce processus était loin d'être une tâche facile. La patience s'illustrait d'ores et déjà comme le meilleur allié des deux frères. Tu sais si notre vieux a déjà eu des problèmes avec des russes ? La question méritait d'être posée ; et si cette déclaration de guerre était la conséquence d'un antécédent entre l'hostile et le paternel des Arthfæl ?

Ethan acquiesça de façon brève, c’était aussi son avis, et c’était bien pour ça qu’il avait proposé la présence de Maximilien.

J’ai envoyé les coordonnées de traçage sur ton téléphone Max. Prends une autre arme si tu veux aussi. Je pense que le mieux et que vous partiez dès maintenant, indiqua le rouquin, en cherchant le regard approbateur de son frère. Je me chargerais de finir de ranger le matos, merci mec.

Alors que les deux associés des deux frères, quittaient ces derniers, le temps du point concernant le russe arrivait. Les premiers mots de Nolan surprirent Ethan, qui haussa un sourcil, mais compris bien vite que l’avis de son frère était encore plus ferme que le sien. L’autre avantage de l’aîné était son expérience par rapport au benjamin, il commençait à très bien connaitre les rouages de sa profession, si illégale soit-elle. Ethan rigola en entendant son frère reprendre ses propres mots, mais repris vite son sérieux, pour écouter le plan du blond. C’était pragmatique, simple, et réfléchi. Il faudrait bien sûr développer tout cela, mais il n’y avait pas de doute sur l’ossature général du plan, Nolan avait convaincu le plus jeune, qui le montra d’un mouvement de tête.

Si c’est une guerre, il n’y a plus de temps à perdre, conclu Ethan. Qu’est-ce que je dois faire pour me rendre utile ? D’ailleurs, on ferait peut-être mieux de tailler vite fait pour parler de ça dans un coin plus sûr.

En attendant de décamper, Ethan termina de ranger les mallettes d’armes. Il était fin prêt à décoller, il montra à Nolan deux des mallettes pour qu’il s’en charge et pris les deux dernières.

Des russes… Hum. C’est possible, mais ça remonte à loin je crois. Il faudrait demander à maman, ou à Ronnie. Il me semble bien que j’ai entendu papa en parler une fois.

Les deux frères arpentaient les galeries malfamées de bigtree sans perdre de temps, bientôt ils en seraient sortis. Ils se dirigeaient à l’ouest de Starfish. C’était là qu’ils habitaient, à Paradise mais aussi là où la famille possédait un local servant à leur activité, semblable à un entrepôt, celui-ci servait de cuisine au cadet, et d’atelier au plus jeune. Durant sa marche, Ethan tentait de se rappelait.

Je crois bien que c’était vers la naissance de Keegan. Une famille un nom de ruskov, genre Slova non non, plutôt Slowi-quelque chose. Ça te dit pas quelques choses cette histoire ?

Même chargés de leur mallettes, les frères avançaient vite, arrivés devant une porte, Ethan posa l’une des mallettes, et pianota sur le digicode, un son électrique retentit. Il ouvrit la porte d’un coup de pied la retenant quelques instants de son coude pour que Nolan passe. Ils seraient définitivement plus tranquilles ici, et pénétrèrent dans les profondeurs du bâtiment.

La rencontre devenait plus familiale et privée avec le départ des deux autres hommes. La réaction qu'avait Ethan concernant la possible déclaration de guerre força un sourire sincère sur le visage de Nolan. Il appréciait la réaction de son petit-frère qui semblait prendre conscience des événements à venir. Comme il l'avait si bien dit, il ne fallait pas perdre de temps. Néanmoins, il ne fallait pas non plus se précipiter au risque de commettre une erreur idiote. Dans une telle situation, un mauvais pas était plus qu'un frein autre chose. Dès lors, il était difficile de rebondir convenablement sans constater de bien tristes conséquences. Ce que tu dois faire pour te rendre utile... Tu dois simplement faire ce que je t'ai demandé. Après quoi, tu feras en sorte de t'exposer le moins possible. Il ne disait pas ça pour rien. Dans ce milieu, les soldats qui formaient une équipe s'illustraient comme des pions. Celui qui dirigeait les troupes ne devait absolument pas tomber. S'il chutait, c'était la fin, car il était peu probable que les hommes de main cherchent à se venger. Alors il était impensable de s'exposer et de se mouiller comme un mercenaire. L'aîné ne donna pas d'explication et ce volontairement, espérant que le petit dernier comprenne de lui-même.

Les deux frères quittèrent les galeries malfamées pour se rendre dans un lieu plus propice au calme, afin de mener une conversation bien plus tranquille. Le rouquin avait un fragment de souvenir quant à la question posée par son grand-frère. Nolan préféra ne pas répondre jusqu'à que cela lui revienne et ce fut finalement le cas. Slowinski. Tout était bien plus clair, désormais. Ce qui arrivait au jeune trafiquant d'armes n'était pas anodin. Les deux transactions dérobées étaient bien le fruit d'une vengeance personnelle. Le père des trois frères était très impliqué avec les plus grosses organisations. Il entretenait de bonne relation avec la pègre italienne et les organisations russes. Néanmoins, il eut quelques problèmes lorsqu'il était en position de faiblesse. Concrètement, ses acolytes de l'Est cherchèrent à le doubler plus d'une fois. Maintenant qu'il était coincé entre quatre murs, les malfrats pouvaient aisément s'attaquer à la relève qui manquait sérieusement d'expérience. Ils n'ont jamais réussi à avoir le vieux. Alors ils veulent mettre la main sur ses fils. Pitoyable. Pitoyable, certes. Mais c'était la loi du plus fort. Tu te souviens de Viktor ? Le vieux en parlait souvent. Une brute de deux mètres. C'est sans doute lui qui est derrière tout ça. Viktor était très souvent mentionné par leur père. Et ce n'était jamais des mentions positives.

Ethan appréciait la fermeté dont avait fait preuve son frère pour lui répondre. Pour le benjamin cela signifiait une chose assez simple, c’était comme une réponse à son comportement qu’il avait eu lorsqu’il était venu à sa rencontre. Oh non, il était loin de le considérer encore comme un gamin. Bien sûr, ça resterait toujours son petit frère, et il ferait tout pour le protéger, mais, il était prêt à entrer dans la cours des grands. Ethan rangea ses mallettes dans un emplacement vide, il déchargea son frère et fit de même.

J’espère que tu vas secouer le gros con pour qu’il se ramène, on a du pain sur la planche.

Finalement, le grand blond c’était remémoré le nom du russe en question : Slowinski. Oui c’était ça, le visage du rouquin s’illumina en l’entendant. Le grand développa ses souvenirs. Un nom complet, parfait, ce serait peut-être suffisant, un rictus satisfait emprunt les lèvres du plus jeune.

Oh putain lui...

Ethan ne se souvenait de l’avoir vu qu’une fois dans sa vie mais ça lui avait suffi plutôt. Quoique désormais, il avait très envie de le revoir, mais mort plus que vivant. Il tira à lui une chaise haute à roulette, devant une sorte de poste de contrôle, il se jucha dessus et se rapprocha du clavier, faisant craquer ses doigts. Plusieurs écrans devant lui, à droite, il s’agissait d’une retransmission en direct de caméra devant et autour du bâtiment probablement. Ethan brancha Véga sa montre à la tour d’unité centrale à côté de lui, et se mit à pianoter sur le clavier de son ordinateur à une allure folle.

Viktor Slowinski, voyons ce qu’on peut apprendre sur toi petite pouriture.

Devant le rouquin, progressivement sur chaque écran, le curriculum vitae du type en question s’affichait. D’autres noms russes, des activités illicites, des informations personnelles, tout était en train d’y passer.

Hum, il est né en cinquante, soit deux ans après papa. Il a une fille, Irina, ho ho elle est de septante-sept… Voyons à quoi elle ressemble… Ouah…Tu vois ce que je vois, indiqua Ethan, taquin envers son frère… Tenté ?

N’en restant cependant pas là, le rouquin continua ses recherches.

Hum bon, visiblement, il travaille avec son neveu, Yuri Slowinski, qu’il considère comme son propre fils, c’est lui qui serait appelé à le remplacer dans le business d’après ce que je comprends… Et puis, il y a ce type, là, Igor Nikiforov, ça te parle ? Ça a l’air d’être son homme de main privilégier, il est de la même génération que lui. Qu’est-ce que tu en penses ?

Keegan était naturellement de la partie. Les deux frères ne pouvaient pas négliger une puissance de feu aussi conséquente que celle du pyromane. Lorsqu'il fallait régler un quelconque différend en démontrant une force de frappe digne de ce nom, il était le candidat parfait. Évidemment. Mais tu iras le voir toi-même pour la petite tâche. Je dois le voir pour autre chose encore. Une triste affaire avec certains de ses concurrents dans le milieu des stupéfiants. Nolan avait besoin de son petit-frère pour éteindre définitivement un groupuscule qui le dérangeait sérieusement depuis peu. D'autant plus, cela permettait aussi au cadet de s'approcher doucement mais sûrement de son objectif ; le monopole.

Finalement, le benjamin se rappela du concerné. Et il ne perdit pas de temps pour donner des informations capitales. Il avait la même tranche d'âge que leur paternel, affirmant la relation qu'ils devaient entretenir auparavant. Une fille relativement jolie pour laquelle Nolan dessina un sourire sur son visage ; il était bel et bien tenté. Mais sachant qu'il comptait anéantir son père, elle n'allait pas le voir du même œil. Quoi qu'il arrive, elle restait un moyen de pression non-négligeable. Tu sais si elle a des affaires en ville ? Nous pourrions commencer par en attaquer une. Cela servirait de message. Un neveu qui pouvait être aussi ciblé et pour finir un certain Igor ; un Ronnie aux origines russes. Igor, ça ne me dit rien. Bon travail sinon, mais il nous faut plus que ça. Je suppose que le travail de terrain rapportera bien plus. Nous devons impérativement savoir dans quoi nous allons nous lancer. Il fallait d'abord faire face aux pions avant de s'attaquer au roi. Et Nolan voulait justement savoir la main d'oeuvre dont disposait leur ennemi.