Panique. C'était le terme qui résume le mieux la situation actuelle. Yemeng, recroquevillée les genoux contre sa poitrine dans un coin d'une ruelle. Elle n'était pas non plus en proie à la folie, simplement elle ne savait pas comment réagir à la situation. Chiya et Mary sont à la fois ses hôtes et parasites, à la fois des colocataires et amies. Aussi loin qu'elle se souvienne, jamais elle ne s'était retrouvée seule. Mais ici c'était différent car Bigtree a la capacité particulière d'annuler l'activation des alters. Aussi, bien qu'un peu tard, la jeune fille c'était rendu compte qu'elle ne pouvait plus communiquer avec ses compagnes.

Elle pensait que tout se passerait bien, même sans alter la petite était plutôt athlétique et pouvait s'enfuir face au danger. Sans compter sur son katana tout noir qui montrait bien qu'elle ne rigolait pas et dissuadait en général les petites frappes. Elle ne devrait pas avoir peur, même seule, mais le soucis n'est pas le lieu, mais plutôt l'absence. Où qu'elle se serait trouvée à ce moment précis, sans ses amies, elle aurait paniqué tout pareil. Sans le savoir, sans s'en rendre compte jusqu'ici, elle était grandement dépendante des connaissances de Mary et du sang-chaud de Chiya. Être seule était devenu trop dur et elle se cachait maintenant en espérant trouver le courage de sortir de cette zone maudite.

Qui plus est dans sa situation semblable à un chat dos au mur, elle serait prête à attaquer à vue quiconque tenterait de l'aborder. Il fallait dire qu'elle ressemblait à une victime facile, si on faisait fi de son arme. Et dans ce quartier les gens sont souvent bien mieux armés qu'elle, c'est ce qu'elle a pu constater de ses maigres investigations dans les sous-sol du quartier cauchemardesque. Elle s'était engouffrée assez loin car on lui avait dit qu'elle trouverait dans cette région des gens capables de lui répondre. C'est en voulant demander une confirmation dont elle ne se rappellerait même plus désormais qu'elle finit par comprendre la situation. Elle se mordillait maintenant l'ongle de son pouce, à réfléchir par elle-même sans passer par Mary elle devenait parano et incapable de prendre une décision.

Des hommes s'approchaient alors. Trois être précis, et armés, mais pas menaçants, aussi la jeune fille les laissa avancer assez pour discuter.

- Hey, salut. On nous a vaguement prévenu qu'une gamine et un sale type nous cherchaient, tu serais pas la première par hasard ? Parce que le boss aimerait beaucoup savoir ce qu'on lui veut. Alors tu peux lever ton petit cul et nous suivre, ou te barrer qu'on ne revoit plus ta gueule.

Elle était comme pétrifiée, défiant l'homme d'un regard froid et menaçant. Pourtant, sans l'aval de Chiya, elle se sentait incapable de bouger, incapable de gagner … Incapable ...

Il faisait sombre et il était donc difficile de discerner des détails dans l'environnement. Mais pas besoin d'en voir beaucoup pour comprendre que la jeune chinoise avait à faire à une bande de brutes. Il valait mieux ne pas les énerver, car malgré qu'elle soit équipée, sans Chiya pour la guider, elle n'était pas certaine de savoir comment se battre. Elle tenta de rester froide et stoïque au vu de la situation, prête à les accompagner. Car oui, mine de rien, elle était venu pour enquêter et donc avait grandement besoin de plus d'informations. D'autant qu'elle pourrait aussi en profiter pour trouver la sortie de cet enfer.

- Je vous suis.

Elle lâcha ces quelques mots avec un ton glacial et détaché, pourtant son cœur lui battait à mille à l'heure. Au fond d'elle, la panique lui dictait quoi faire, se mêlait à l'ambiance. Elle se leva avant de prendre la direction désignée par les hommes. Heureusement ils n'avaient pas tenté de la désarmer, sûrement avaient-ils confiance en eux, ou peut-être veulent-ils juste éviter de la mettre en colère ? Quoi qu'il en soit Yemeng se rassurait comme elle pouvait en caressant la garde de son arme.

Après un voyage dans les dédales souterrains, sûrement pour la perdre encore davantage, on la fit entrer dans un hangar. On la fit s'asseoir sur le seul mobilier de la pièce, une chaise. Enfin, pas exactement car une deuxième chaise juste à côté était déjà occupée par un homme à la chevelure blanchit malgré son jeune âge. Il arborait notamment de remarquable lunettes de soleil, qu'il n'avait pas mit sur le bout de son nez, compréhensible au vu de la lumière tamisée en ce lieu. L'entrée était grande ouverte, donnant sur la rue, mais autour d'eux, une dizaine de bandits armés de revolver leur barrait la route, les encerclait pour être précis.

En face d'eux, une porte jusqu'alors fermée laisse passer une homme à la carrure solide, pour ne pas dire qu'il était gros. Mais grand aussi, ce qui le rendait particulièrement intimidant, sans parler de sa barbe très virile qu'il gratte d'une main luisante parée de bijoux et joyaux. Il s'approche des deux comparses assit et élève une voix rauque et assurée, gardant néanmoins une certaine distance avec ses interlocuteurs.

- Les enfants n'ont pas cours aujourd'hui à ce que je vois. Passons les civilités, qu'est-ce que vous voulez à mon commerce les cloportes, et répondez vite ...

Bien qu'elle essayait de garder un visage inexpressif, la sueur perlait au front de la jeune fille et elle commençait presque à trembler. Elle serra plus fort la garde de son épée pour se calmer. Elle espérait que l'homme à ces côtés allait répondre en premier, lui laissant le temps de reprendre un peu de consistance, et surtout trouver une réponse adaptée ...