Girls just want to have fun

Dix-sept heures. La sonnerie qui annonce la fin des cours retentit. Les élèves saluent leur professeur. Du moins, ceux qui sont polis et bien-élevés. Puis ils quittent la salle de classe à leur rythme. Certains y restent pour faire leurs devoirs en groupe, d'autres regagnent aussitôt leur chambre, au sein des dortoirs, afin de s'y reposer suite à cette longue et fatigante journée. Aussi étonnant que cela puisse paraître, Irina avait opté pour la seconde option, n'ayant que très peu dormi la nuit dernière.

De ce fait, une fois qu'elle fut bien arrivée dans sa chambre, l'étudiante s'affala sur son lit de tout son poids plume. Elle s'étira ensuite, avant d'inspirer puis d'expirer lentement, réconfortée de retrouver son petit nid douillet. Malheureusement pour elle, un élément perturbateur vint mettre un terme à cette pause pourtant bien méritée. « Mais quelle chiffe molle ! » débuta Sarina, d'un ton exaspéré. « Tu comptes vraiment passer le restant de la journée à ne rien faire ? » interrogea-t-elle, en espérant évidemment une réponse négative.

Les remarques fusaient. La voix de sa jumelle résonnait dans sa tête, encore et encore. Il était impossible pour Irina de s'en défaire. « Fous-moi la paix ! » rétorqua-t-elle alors. « Tu ne peux pas savoir ce que ça fait d'être fatiguée puisque t'es morte. » poursuivit-elle. « Comment oses-tu ?! » s'étonna Sarina. « Pour ta gouverne, il n'y a que mon corps qui est mort. Mon esprit, lui, est toujours bel et bien présent. Sale garce. » fit-elle remarquer avec une forte insistance.

« Comme si je n'étais pas au courant. » répliqua la brune avant de soupirer, plutôt agacée. « Bref. Je vois que deux agressions en une semaine ne te dissuade pas de t'entraîner plus régulièrement. » constata Sarina par la suite, changeant de sujet. « Que te faut-il de plus ? » demanda-t-elle. « Quand on y repense, tu as été sacrément faiblarde, même si tu t'en es sortie. » provoqua-t-elle, soulignant sa remarque par un insupportable rire sarcastique.

Irina attrapa un oreiller, le collant aussitôt sur son visage comme pour essayer de ne plus entendre sa jumelle fortement irritante. « Heureusement que tu n'étais pas seule cela dit, sinon tu serais probablement aussi morte que mon corps, à l'heure actuelle. » fit-elle d'un ton ironique. « Tant que tu ne te décideras pas à t'entraîner plus souvent, je contin- » poursuivit-elle encore une fois avant d'être subitement interrompue. « Très bien. C'est bon. Tu as gagné. Mais maintenant, FERME-LA ! » clôtura-t-elle froidement.

Les deux sœurs poursuivirent leurs chamailleries pendant de longues minutes, le temps qu'Irina se prépare. « Et essaie de ne pas te faire agresser, ENCORE UNE FOIS ! » s'exclama Sarina avant que la brune claque la porte de sa chambre, la ferme à double tour, puis parte en direction du centre-ville. Par chance, les transports en commun étaient disponibles à toute heure de la journée, ce qui allait considérablement lui faciliter la tâche pour arriver rapidement à sa destination.

Ainsi, une fois sur place après un trajet fort sympathique, Irina se déplaça à travers les rues du centre-ville avec une aisance étonnante. En effet, elle savait déjà où est-ce qu'elle comptait se rendre pour s'exercer : un petit club où, auparavant, elle s'entraînait de plus en plus fréquemment avec son père, quelques temps après la mort de sa mère. Suite à cela, il souhaitait faire d'elle une véritable guerrière, bien qu'elle n'ait pas hérité - comme sa sœur jumelle - de l'incroyable combativité de son père.

Lorsque l'étudiante arriva devant les portes de la bâtisse, d'innombrables souvenirs lui revinrent en tête, qu'ils soient bons comme mauvais. Puis, prenant son courage à deux mains, elle ouvrit aussitôt les portes avant de pénétrer dans le bâtiment. « C'est fou. Après toutes ces années, ça n'a pas changé. » se fit-elle la remarque. « Tout comme toi ma petite Irina. » compléta une mystérieuse voix étrangement familière pour la brune qui se retourna vivement vers celle-ci. « Ernest, c'est vous ! Je n'y crois pas, ça fait si longtemps. » s'exclama-t-elle avec surprise, tout en allant enlacer sa vieille connaissance.

Ils échangèrent longuement avec un large sourire aux lèvres, tous deux heureux de s'être retrouvés. « Mais dis-moi, qu'est-ce qui t'amène par ici ? » interrogea le vieil homme avec curiosité. « Une soudaine envie de me dégourdir un peu, à vrai dire. Cela fait si longtemps que je ne me suis pas exercée. » lui répondit-elle alors simplement. « Est-ce qu'il y aurait encore un cours pour moi, s'il vous plaît ? » demanda-t-elle. « Bien entendu ma petite Irina ! Il me semble que le dernier de la journée vient à peine de commencer. Suis-moi. » informa-t-il avant d'emprunter un long couloir.

Rapidement, ils arrivèrent devant une porte que le vieil homme ouvrit sans se poser de questions. « Excuse-moi d'interrompre ton cours Jim, mais il y a une élève de dernière minute. C'est une ancienne amie à moi. » expliqua-t-il brièvement, ne voulant pas plus retarder le cours. « Aucun problème ! On commençait justement à s'échauffer. Tu peux aller te changer, les vestiaires sont là-bas. » indiqua l'éducateur en pointant du doigt une énième porte. Puis, remerciant Ernest, la jeune fille se précipita dans les vestiaires pour se changer, enfilant une tenue adéquate afin d'être beaucoup plus à l'aise.

Une fois qu'elle fut de retour, prête à s'exercer, elle se présenta à Jim. « Enchanté Irina. Tiens, ça tombe bien que tu sois là d'ailleurs. Ils étaient en nombre impairs et il faut travailler en binôme pour le moment. J'étais en train de m'échauffer avec cette fille, tu n'as qu'à prendre ma place. » informa-t-il en lui montrant la fameuse personne d'un signe de la tête. Acquiesçant, l'étudiante s'avança alors aussitôt vers celle qui allait être son binôme. « Salut ! Excuse-moi de te déranger, j'espère que tu n'y vois aucun inconvénient, mais on doit s'échauffer ensemble à présent. Je m'appelle Irina. » résuma-t-elle d'une douce voix et avec une politesse exemplaire. « Alors, par quoi souhaites-tu commencer ? » demanda-t-elle, tout en affichant un sourire chaleureux sur son visage.

Tenue d'Irina :

Codage par Libella sur Graphiorum

Plus d’un mois et demi. Depuis l’effondrement. Kathleen n’avait pas été à même de s’entraîner depuis cette date … Même si ce n’était en rien de sa faute : les évènements l’en avaient simplement empêché. En premier lieu, elle avait (depuis un petit bout de temps) prévu de fermer son stand de tir pendant deux semaines afin de réaliser quelques travaux. Mais l’effondrement l’avait un peu secoué, et son unique employée de l’époque avait démissionnée pour retourner vivre chez sa mère, dont le mari (le père de son employée du coup) était un … ancien héros, du coup. Les deux semaines de travaux s’étaient changées en un mois, et pas des moins intenses. Puis, lorsqu’elle avait rouvert, la tireuse avait eu à gérer un peu plus de travail que ce dont elle était capable, ce qui ne l’avait pas vraiment laissé dans un état où elle pouvait pratiquer la boxe thaïlandaise après le boulot. Surtout quand elle finissait de traiter toute la logistique que requérait son établissement à minuit.

La situation s’était un peu améliorée lorsqu’elle avait pu recruter quelqu’un : un jeune blond un peu particulier, mais non moins volontaire qui avait rapidement permis à la tireuse d’alléger son emploi du temps et de faire des nuits plus longues. Tant et tant, à vrai dire, qu’elle avait même pu envisager de reprendre le sport de façon régulière. Le problème était que … Le soir où elle avait finalement eu l’énergie d’y aller, elle n’avait pas vraiment pu s’entraîner. Un message scotché à la porte vitrée indiquait que les cours étaient suspendus jusqu’à nouvel ordre, eeeeet la demoiselle à 4 bras s’était souvenu du fait que son professeur avait une fille qui était devenue une héroïne. Le reste de la soirée s’était déroulée d’une façon assez peu appréciable, mais quelques jours plus tard, la rousse avait de nouveau cherché à se dérouiller les muscles, et cherché un club en ville qui lui permettrait de se défouler sans forcément avoir à s’inscrire tout de suite. Non pas qu’elle était sur la paille, mais environs 200$ rien que pour l’adhésion annuelle, plus les assurances, plus la visite médicale obligatoire, sans compter le reste, sachant qu’elle était déjà enregistré ailleurs et avait déjà payé ces sommes … bon.

Heureusement, le net lui offrait tous les renseignements dont elle avait besoin, et après quelques dizaines de minutes de recherche sur Ukato, elle avait réussi à noter quelques adresses intéressantes, avec les heures et numéros de téléphones associés. Le lendemain, durant sa journée de travail, elle avait utilisé le téléphone de la réception du stand pour contacter les numéros qu’elle avait noté, et éventuellement rayer de la liste ceux qui ne répondaient pas à ses critères. Elle ne se sentait pas spécialement mal de faire cela pendant qu’elle bossait au stand vu que d’une, elle était sa propre patronne et ne pouvait pas vraiment se faire taper sur les doigts, et que de deux, absolument personne ne vint l’interrompre, prouvant l’un dans l’autre qu’elle pouvait très bien faire ce genre de choses pour s’occuper sans que ça dérange. Sans parler du fait que ce téléphone et l’entreprise qui payait pour lui appartenaient. Du côté de ses recherches, ce n’était pas bien compliqué : elle cherchait des sessions d’entraînement auxquels elle pouvait participer après ses heures de travail, qui ne demandaient pas obligatoirement une adhésion annuelle (mensuelle pouvait passer), et dont les profs et membres n’étaient pas transphobes. Une des secrétaires eut l’honnêteté de lui avouer que le professeur de sa salle était quelque peu machiste, et qu’il y ait des chances qu’il ne voit pas d’un bon œil une personne transgenre … Une autre l’insulta avant de raccrocher, ce qui ne perturba pas plus que ça la tireuse, mais lui tira un léger soupire fatigué. Elle raya deux ou trois autres adresses dont les informations n’étaient pas à jour, ce qui réduisit son choix entre deux adresses. Par souci de praticité, elle sélectionna la plus proche, à laquelle elle pouvait se rendre dès la fin d’après-midi pour le dernier cours.

La journée, bien entendu, se déroula sans incident particulier, jusqu’à 16h45, heure à laquelle une dame assez enrobée fit irruption en tenant par la main son fils de 12 ans. Si l’apparence de Vermillion la fit un instant hésiter, elle se renfrogna et se décida néanmoins à avancer pour faire entendre ce qu’elle avait à dire. Kathleen tenta d’entamer la discussion d’un « bonjour ~ » à la fois enjoué et amical, mais la réponse vint sous la forme d’un torrent de vociférations tellement hostiles et remontées que la tireuse en plaqua (littéralement) ses oreilles pointues contre son crâne. De ce qu’elle réussit à décrypter ceci-dit, le mari de cette charmante dame avait appelé le stand en demandant si son fils de 14 ans – qui était du coup assez petit pour son âge – pouvait venir faire une séance d’initiation au tir. Une demande que la gérante du stand avait refusé, même si le père était d’ors et déjà client et avait une licence. Elle avait également refusé qu’ils empruntent ou louent une arme, même pour une journée, et le père avait fini par se résigner et raccrocher. La harpie qui se trouvait de l’autre côté du comptoir, par contre ? Pas vraiment, semblait-il. Et 25 minutes de discussions ne suffirent pas à lui faire changer d’avis.

Mais puisque je vous dit que Jackson est un garçon responsable qui ne posera pas le moindre problème !
Et je n’ai aucun doute sur le sujet madame, mais ça ne change rien au fait qu’il n’a pas l’âge d’avoir une licence de port d’arme. La seule exception serait pour s’il pratiquait le tir sportif, ce qui n’est pas le cas, puisque vous voulez lui faire faire une initiation, un service que le stand ne propose même pas.
Et pourquoi ne le propose-t-il pas, hein ? Vous êtes « trop bien » pour apprendre à mon garçon à tirer !?
Au contraire, je n’ai aucune qualification en ce qui concerne l’enseignement de notions de tirs, même si en théorie, je pourrais parfaitement lui expliquer les bases.
Et bien faites-le !
Sauf que je ne peux pas, d’une part parce que je suis supposée finir dans … Ah, non, avoir fini depuis 5 minutes, et aussi parce que cela ne fait pas partie de mes attributions. Détournant son regard de l’horloge pour le poser sur la dame à nouveau, Kathleen remarqua qu’elle cherchait visiblement à avoir le même teint de peau qu’elle, et rajouta avec un sourire. Je suis vraiment désolée, je ne règlemente pas comment marche le stand. Enfin…-
Très bien ! Dans ce cas, appelez-moi votre manager, jeune fille ! Peut-être que lui, il saura me dégotter un employé avec un peu plus « d’attributions » que vous !
Elle, vous voulez dire ? Mais très bien, très bien … KATHLEEEEEEEN ?

La tireuse recula le fauteuil dans lequel elle était assise en estimant l’espace qui la séparait du mur derrière elle, et … Fit un tour sur elle-même, avant de se lever et de tendre la main par-dessus le comptoir.

Bonjour ! Kathleen jones, manager du stand, que puis-je faire pour vous ?

Si la plaisanterie fit éclater de rire Jackson, elle n’eut en revanche pas le même effet sur la mère, dont la teinte de rouge s’éloigna de la nuance sombre de la tireuse pour se rapprocher d’un violacé tout aussi inquiétant. Retirant sa main et la levant – ainsi que trois autres – en signe de paix, la jeune femme repris sans laisser transparaître son propre amusement dans sa voix. Il n’était pas question de jeter encore plus d’huile sur le feu.

Plus sérieusement, comme vous venez de le constater, nous n’avons pas énormément d’employés, et je ne peux pas en forcer un, qu’il s’agisse de moi ou de l’autre hôte d’accueil, à descendre en salle de tir pour se consacrer pleinement à votre fils.
ET POURQUOI CA ?
Parce que nous ne sommes jamais présents au stand en même temps, et que quelqu’un doit tenir l’accueil. Donc si nous lui donnions des cours et que quelqu’un se présentait, nous serions forcés de le laisser seul ou en compagnie d’une tierce personne, ce qui peut être très problématique : s’il se produit le moindre incident pendant que Jackson est en bas, c’est le stand qui est responsable de l’avoir laissé utiliser ses armes, et nous ne pouvons pas nous le permettre. La tireuse vit très bien que sa tirade n’avait pas vraiment calmé la dame, mais cette dernière gardait la même expression crispée, et ne répondit pas tout de suite. Finalement, elle lâcha un long soupire, et croisa les bras.
Très bien. Dans ce cas, je désire parler à la personne propriétaire de ce stand de tir.
Le cerveau de la tireuse s’arrêta un instant, avant de lâcher un « oh bordel de m- » qui ne transparu en rien dans son sourire. Le fait que son visage soit partiellement couvert de dents aidait. Heum … Très bien … Une minute.

Kathleen sortit son téléphone de sa poche, et nota un numéro sur un post-it. Lorsqu’elle décolla se dernier et le tendit à la dame, cette dernière le lui arracha presque des mains, et fit demi-tour brusquement en ordonnant à Jackson de la suivre d’un ton sec. La tireuse soupira, et fit un clin d’œil à Samuel, son seul autre employé, qui était arrivé quelques instants plus tôt. L’invitant à s’installer en lui souhaitant bonne chance pour les deux dernières heures, elle sortit de derrière le comptoir, et sentit son téléphone vibrer dans sa poche. Sortant du stand, elle le tira, et décrocha avec le sourire le plus large du monde.

Oui alloooo ~ ?
La voix dans le combiné marqua une pause, avant de vociférer avec un léger écho dû à la proximité des deux portables. Mais … C’est encore VOUS ?
Kathleen Jones, unique actionnaire et par conséquent propriétaire du Friendly fire, oui ~ Je peux faire quelque chose pour vous aider ?

La harpie raccrocha, et l’instant suivant une voiture démarrait et s’engageait dans la rue avec une conduite … nerveuse. Rangeant son téléphone dans sa poche et soupirant de satisfaction d’avoir réglé le problème – pour l’instant - , la tireuse se dirigea vers sa propre voiture au pas de course, vérifia que son sac était bien dans le coffre, et monta pour démarrer et se mettre elle-aussi à rouler. Ces enfantillages lui avaient coûté un temps précieux, et même si le club n’était pas loin, elle avait perdu toute la marge de manœuvre qu’elle aurait dû avoir pour s’y rendre. Se garant non loin du bâtiment où elle devait se rendre, elle sortit de sa voiture, traversa la rue, et se rendit rapidement à l’accueil pour s’inscrire au dernier cours du jour, qui allait commencer dans à peine deux minutes. Point positif de son léger retard : elle ne trouva personne dans le vestiaire des filles, et pu se changer rapidement, mais seule.

Après avoir enfilé une brassière adaptée, un débardeur moulant dont elle avait agrandi les manches et un short de sport, la tireuse rentra dans le dojo, saluant les différentes personnes présentes. L’entraîneur, Jim, salua nouveaux comme anciens arrivants, et commença le cours par quelque chose de classique : l’échauffement. Une nouvelle élève arriva après quelques minutes, accompagnée d’un … Responsable ? La tireuse ne fut pas capable de dire, et reprit son échauffement des épaules, qui lui prenait un peu plus de temps qu’aux autres. Lorsque vint le moment d’échauffer les quadriceps, ce qui demandait d’avoir un partenaire pour se tenir en équilibre, l’entraîneur remarqua qu’ils étaient en nombre impaire … Et s’approcha de Kathleen, cherchant à se montrer accueillant avec cette nouvelle dont le sourire ravageur ne lui avait pas forcément attiré beaucoup de partenaires. Un instant plus tard cependant, ce fut la dernière arrivée qui sortit des vestiaires, et que Jim ré-orienta vers la rousse, qui pencha la tête avant de sourire. Du moins. Son équivalent d’un sourire. Ce n’était pas forcément aisé à décrypter quand on n’avait pas l’habitude, raison pour laquelle elle tendit aussitôt une main à Irina.

Me déranger ? Pas le moins du monde ~ Et on avait déjà fait le haut en grande partie, là tout le monde fait les quadriceps, puis les mollets et les talons. Pose ta main sur mon épaule, et ne t’inquiète pas, je ne mords pas. Du moins, tant que le prof ne nous le demande pas, maiiiis j’pense qu’il y a peu de chances. Elle ricana un peu, elle-même venant doucement poser la main sur le kimono de la demoiselle – qui faisait une bonne tête de moins, mais bon – et leva une jambe pour coller son talon à sa fesse. Oh, et t’en fais pas pour le reste de l’échauffement, je connais les mouvements par cœur, je pourrais te montrer ce qu’il faut faire.

Si la tireuse avait bonne mémoire, sur Ukato, ils expliquaient que le programme général consistait en 10-15 minutes d’échauffement, suivi de 20 minutes pour effectuer deux ou trois exercices en duo durant lesquels le prof passait parmi les élèves et donnait des conseils. Rien de bien compliqué : reproduire un geste ou une prise en se corrigeant mutuellement. Ensuite, divers ateliers selon les préférences et les envies des gens … Même si ce n’était pas forcément le point sur lequel se focaliser : dans l’immédiat, elle pouvait déjà changer de jambe, et faire un peu connaissance avec la jeune femme face à elle.

Oh, je m’appelle Kathleen, au passage. Ou Kat’. Ou mimi, c’est au choix ~ C’est la première fois que je viens, l’endroit où je vais d’habitude est fermé en ce moment, à cause de l’effondrement. Et toi ?

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Au loin, Irina n'avait pas vraiment prêté attention au physique de la jeune femme que l'entraîneur, Jim, avait désigné pour être sa partenaire durant l'échauffement et, probablement, pour le reste du cours. Elle avait seulement relevé une carrure imposante ainsi qu'une couleur de peau et de cheveux plutôt atypiques. Puis, se rapprochant pas à pas, elle constata que cette dernière semblait être dotée de trois bras... Non, deux paires de bras, donc quatre plus précisément. Cela dit, les mutants n'étaient pas des êtres rares de nos jours. Après tout, on en avait tous forcément un dans notre entourage : que ce soit notre dentiste, notre patron, notre psychologue ou même le boulanger au coin de la rue.

De ce fait, la brune ne porta pas plus d'attention que cela quant à l'apparence particulière de sa charmante camarade. Surtout qu'elle n'en était pas moins extrêmement sympathique. En effet, elle accueillit chaleureusement l'étudiante avec ce qui devait probablement s'apparenter à un sourire. Ne parvenant pas à savoir exactement, Irina se contenta de rire un peu bêtement et, sûrement, nerveusement aussi. La mutante lui expliqua alors ce qu'elle avait - plus ou moins - raté en arrivant en retard, en prenant soin de la rassurer concernant le fait de la déranger.

Puis, aussitôt, elles passèrent à l'exercice suivant : se tenant, tant bien que mal, l'une à l'autre afin de pouvoir étirer certaines parties, certains muscles de leurs jambes de la manière la plus efficace possible. Sa partenaire lui proposa même de lui montrer les autres exercices afin de s'échauffer convenablement, dans les meilleures conditions qui soient. L'adolescente acquiesça alors par un hochement de tête, accompagné d'un large sourire. Elle était vraiment très gentille. Comme quoi, il ne fallait pas se fier aux apparences. D'ailleurs, il existait même un proverbe parfait pour exprimer cela : ne jamais juger un livre à sa couverture.

« N'empêche qu'elle est quand même vachement- » débuta Sarina, d'un ton sarcastique, avant d'être subitement interrompue. « Ferme-la ! » fit-elle sèchement, à l'attention de sa sœur jumelle. Suite à cela, Irina poursuivit aussitôt la conversation avec sa partenaire afin de ne plus prêter attention à la voix insupportable du parasite qui vivait perpétuellement dans son esprit. « Kathleen ? C'est très joli ! J'aime beaucoup. » complimenta-t-elle, toujours aussi souriante. « Je vois. L'effondrement... C'est vraiment une sale histoire. » enchaîna-t-elle, d'un ton moins jovial que précédemment.

Mais ne tenant pas plus que cela à poursuivre la discutions à ce sujet, la demoiselle vint répondre à la dernière question que lui avait posé Kathleen. « Je venais assez souvent avec mon père quand j'étais plus petite. » informa-t-elle. « On est vite devenus de vrais habitués. » Elle leva les yeux au ciel un instant, puis soupira. « Il voulait faire de moi une vraie guerrière. » ajouta-t-elle, d'un ton plutôt moqueur. « Faut croire qu'il a échoué. » clôtura-t-elle en ricanant, un peu gênée. « Et toi, où vas-tu habituellement ? » interrogea-t-elle avec curiosité, prête à changer d'exercice à tout moment.

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Ouiiii, moi aussi ! Ma mère l’a choisi avec mon père, c’est probablement mon cadeau d’anniversaire préféré !

La jeune femme aux (très) longs cheveux roses cligna une ou deux fois des yeux en se rendant compte que … personne n’avait un tel enthousiasme pour son prénom. On pouvait l’apprécier, ou au contraire le détester à cause de trop nombreuses blagues faites avec, on pouvait le trouver un peu daté ou trop excentrique, OU au contraire on pouvait trouver qu’il correspondait à sa personnalité, être satisfait parce qu’un individu illustre avait le même … Mais les gens étaient rarement à ce point satisfait d’avoir reçu tel ou tel prénom. Lequel venait dans l’immense majorité des cas de leurs parents. Quant à l’anniversaire … Est-ce que la naissance était « l’anniversaire zéro » ? Non, bref, c’était définitivement une réaction étrange de sa part lorsque le contexte n’était pas expliqué et … et il fallait juste espérer qu’Irina ne réfléchirait pas trop à ce qu’on venait de lui dire. Ecoutant ce que la jeune femme avait à répondre, la tireuse grenat haussa les épaules, lâchant un ricanement amusé sans être moqueur alors qu’elle laissa un de ses pieds tomber à terre pour relever l’autre jusqu’à sa fesse, et le bloquer d’une main.

Eh, le mien voulait au contraire que j’arrête de me battre … Manque de pot, j’ai pris quelques mauvaises habitudes à ma mère, et ça s’alignait plutôt bien avec ce que je voulais faire dans la vie. Même si j’ai changé de projet de carrière, ça fait du bien de faire un peu de sport … Et d’habitude, sur la troisième rue, pas loin de la Windson bank. C’est un petit club sans prétention, et avec du moins bon matos qu’ici … Des tatamis moins neufs, surtout … Mais l’ambiance y est excellente, et en 5 ans, on a le temps de se familiariser avec l’entraîneur et sa façon de bosser. Du coup, quand en prime ça ne le gêne pas d’adapter un peu ses exercices pour les cas particuliers dans mon genre, pour moi c’est parfait ~

Il n’y avait pas vraiment besoin qu’elle détaille ce qu’elle entendait par « cas particuliers » : pendant qu’une de ses mains tenait son pied et que l’autre était posée sur l’épaule d’Irina pour maintenir un équilibre plus ou moins stable, les deux qui restaient étaient en train de s’échauffer les poignets en entrelaçant les doigts et en effectuant des mouvements plus ou moins circulaires et cycliques. L’entraîneur interrompit cependant ce qu’elles faisaient en claquant dans ses mains et en demandant à l’ensemble du groupe de passer aux chevilles et aux genoux, avant de lui-même démontrer les gestes à effectuer. Si les genoux demandaient de se mettre dans une position spécifique et de faire bouger plus ou moins le corps entier, les chevilles pouvaient simplement se faire debout et sans trop forcer, aussi Kathleen en profita pour montrer à Irinia les échauffements à effectuer au niveau de la nuque et des poignets : ils étaient faciles à effectuer en même temps.

Lâchant un ou deux commentaires amusés sur comment ce genre d’exercices réalisés en parallèle l’avaient aidé à devenir très adroite de ses 4 membres supérieurs en même temps, la tireuse montra ensuite discrètement à sa jeune camarade ce qu’elle devait rattraper comme mouvements, pendant que l’entraîneur avait fait se taire tout le reste des individus présents pour leur expliquer la séance du jour : l’auto-défense, quels étaient les gestes essentiels dans certaines situations, et surtout, quel état d’esprit avoir face à un individu agressif. Sans surprise pour la tireuse, qui écoutait d’une oreille, le prof recommandait en premier lieu de chercher à tout prix à désamorcer toute potentielle bagarre, car ces derniers ne se terminaient jamais bien, et qu’il y avait de bien plus gros risques que ce que les gens réalisaient. Le souvenir de difficultés à se servir de certaines de ses mains, parfois pendant des jours, juste à cause de la douleur se rappela à l’esprit de l’infernale … Qui l’en chassa, et chercha plutôt à se concentrer sur la demoiselle en kimono face à elle, pendant qu’elle lui montrait les gestes pour proprement s’étirer les épaules et les muscles du dos.

Tiens, au passage …, demanda-t-elle à voix basse, je veux pas me montrer indiscrète ou quoi, mais … Tu as dit que tu venais souvent avec ton père quand tu étais petite ? C’est … Plutôt inhabituel. Surtout qu’à t’entendre, la baston c’est pas trop ton délire au final … Il avait des raisons particulières d’essayer de t’entraîner ? Ou bien c’était jus-
Tiens, la nouvelle justement, Kathleen … c’est bien ça ? Au lieu de bavarder, puisque tu as déjà fait ces échauffements, viens ici.
… eh, tu me dira tout à l’heure.

Lâchant un petit clin d’œil à Irina, la dentue se détourna pour traverser le groupe d’élèves et se placer là où le prof l’invitait à se mettre, face à lui. Dans la mesure où il se mit en garde, la jeune femme en fit de même, bien que sa pose à elle soit différente … 4 bras voulait dire qu’elle pouvait protéger bien plus de zones à la fois, en les positionnant correctement.

Bien, on va faire une petite démonstration pour maîtriser un adversaire qui tente de frapper au visage. Tu vas jouer le rôle de l’agresseur en décomposant lentement ton attaque pour que tout le monde, y compris moi, puisse analyser posément le geste et la parade.
Patate dans la tronche en slow-mo, reçu 5/5.
Pfff, avec sa tête, elle est faite pour le rôle de l’agresseur.

Kathleen, qui s’était préparé à lancer son attaque, se figea un instant … Puis laissa tomber ses poings en se redressant, pivotant le torse pour faire face au type qui avait dit cela, le pointant du doigt. Visiblement il s’était cru plus discret que ça.


Alors d’une, c’est pas parce que j’ai cette tête que j’suis sourde, et de deux, j’en ai un peu ma claque des remarques comme celle-là, parce que tu te crois p’têt malin mais j’en reçois TOUS LES JOURS des –
La tireuse s’arrêta dans sa tirade lorsque le prof lui posa une main sur le bras, geste qui la reconnecta un peu à la réalité. Ce n’était pas à elle de régler ça. Tu vois les paroles qui sont accrochés sur le mur, là-bas ? « Respect, ouverture d’esprit, honneur » et tout le reste ? Les bases spirituelles des maîtres d’arts martiaux ? C’est pas juste un poster avec un portrait pour faire joli. Ce sont de vrais préceptes que j’aimerais qu’on respecte tous ici, surtout les uns envers les autres.

Le sermon continua pendant quelques instants, mais la tireuse n’écoutait plus. Ses yeux noirs étaient descendus et s’étaient – même si c’était impossible à distinguer – perdus dans le vague. Elle n’avait pas demandé un coup en traître au moral comme ça … Maintenant, elle espérait juste pouvoir balancer un coup de poing mollasson, être mise à terre ou en clef de bras par l’instructeur, et retourner avec sa partenaire faire des exercices isolés … Et ne plus être le centre d’attention. Elle se fichait même de si le sale type allait s’excuser ou pas.

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Un prénom comme cadeau d'anniversaire ? C'était une façon de voir les choses. Si tant est qu'on apprécie celui qui nous a été attribué. Cependant, Irina ne s'attarda pas plus longtemps à ce sujet, d'autant plus que sa partenaire vint aussitôt parler d'autre chose concernant son père puis son club de sport habituel. La jeune fille hocha la tête de haut en bas comme pour dire qu'elle comprenait bien ce dont elle était en train de lui parler. « Oui et puis une fois qu'on devient une habituée, c'est de plus en plus difficile de s'en détacher après. »

Par la suite, Jim interrompit l'échauffement pour réunir les binômes devant lui. Et, tandis qu'il expliquait en quoi allait consister ce cours, Kathleen vint reprendre sur un sujet qu'elles avaient précédemment abordées. Mais elle ne fut pas suffisamment discrète et le professeur vint l'interrompre avant de lui demander de servir d'exemple au lieu de discuter. L'adolescente ricana brièvement en plaçant une main devant sa bouche afin d'étouffer les moindres bruits perturbateurs.

Suite à cela, alors que la démonstration allait enfin avoir lieu, un rigolo de service ne put s'empêcher de faire une remarque déplaisante concernant le physique de sa nouvelle connaissance. Et, bien qu'il se voulait discret, cela provoqua une réaction immédiate - et compréhensible - de la part de Kathleen. Quel crétin ! Irina n'en pensait pas moins, mais elle se retint d'intervenir, laissant Jim le rappeler à l'ordre à sa façon. De son côté, le blagueur de mauvais goût se contenta de grogner dans sa barbe qu'il n'en avait rien à faire et qu'il ne voulait plus assister au cours en présence d'un monstre de toute façon.

Observant Kat' du coin de l’œil, la brune eut un pincement au cœur. Personne ne méritait un tel traitement, sauf peut-être ce mal-élevé... De ce fait, alors qu'il allait se diriger vers les vestiaires, Irina vint placer ses mains derrière son dos, laissant ses fils blancs - fins et discrets - se mouvoir lentement sur le tatami jusqu'aux pieds de sa cible. Ainsi, ils se tendirent devant ses chevilles pour le faire trébucher. Rapidement, elle fit en sorte que ses fils se rembobinent dans le bout de ses doigts avant que quelqu'un ne les remarquent. Suite à quoi, elle s'avança d'un pas. « Elle a un physique atypique, mais elle au moins elle sait tenir sur ses deux jambes, contrairement à certains. »

Sa provocation fit rire les autres élèves du groupe, allant du simple ricanement aux éclats de rire des plus jeunes. Au passage, elle afficha un air satisfait lorsque l'homme à terre vint la dévisager. Gêné et humilié, le perturbateur manquant fortement d'ouverture d'esprit se releva et quitta donc l'établissement en moins de temps qu'il n'en fallut pour le dire. C'était une bonne chose de faite. Restant souriante, lorsqu'elle croisa le regard insistant de Jim, elle comprit qu'elle avait été repérée. De ce fait, elle se contenta de lui offrir son plus beau sourire plein d'innocence, ce à quoi il répondit en levant simplement les yeux au ciel, affichant un très léger rictus.

« Bon, trêve de plaisanteries ! Poursuivons s'il vous plaît. » interrompit Jim en tapant dans ses mains  à plusieurs reprises pour attirer l'attention générale. De son côté, Irina s'approcha de Kathleen, déposant une main bienveillante sur son dos. « Ça va aller ou tu préfères t'arrêter là pour aujourd'hui ? » lui proposa-t-elle de sa douce voix angélique, le tout accompagné par un sourire qui se voulait le plus réconfortant possible.

Codage par Libella sur Graphiorum

Elle avait beau être – et ce n’était pas juste son avis, mais bien des commentaires qu’elle avait reçu à de nombreuses reprises durant ses études ou de la part de ses proches – une jeune femme intelligente … La tireuse ne comprenait pas. C’était tout simplement un mystère, pour elle, qu’on puisse prendre plaisir à faire du mal à son prochain. Car c’était un peu de cela qu’il s’agissait, ici, n’est-ce pas ? Sinon, pourquoi est-ce que le type aurait lâché qu’il ne voulait pas « bosser avec un monstre » quand on l’avait repris sur son attitude, qu’il devait au fond de lui-même savoir déplorable ? Elle ne saisissait pas. Faire une plaisanterie sur le dos de quelqu’un, passe encore … Quand la cible pouvait en rire aussi. Mais attrister, énerver ou juste … émotionnellement maltraiter un autre individu, comme ça ? La jeune femme à quatre bras portait trop de cicatrices émotionnelles provoquées par des situations similaires pour pouvoir saisir l’intérêt. Elle avait été la cible de trop de commentaires de ce style, de railleries, et autres interactions insupportables. Son égo avait pris trop de coups pour s’en remettre sans séquelles, sans parler de sa confiance en elle-même, et de son affection pour ce physique qui lui attirait tant de misères, même si elle n’avait pas demandé à naître avec.

Ceci dit, le gros « TUMP » provoqué par la chute de 90 kilos en kimono se vautrant sur un tatami la tira de ses sombres réflexions, la faisant même un peu sursauter au passage. Regardant autour d’elle, elle vit l’autre lourdaud qui s’était ramassé à quelques mètres, puis entendit Irina le railler à son tour avant qu’il ne quitte la salle, la queue entre les pattes. La surprise du moment, couplée à la satisfaction – il y en avait une bien sûr, un peu coupable, mais présente – de voir l’arroseur arrosé réinitialisèrent l’état émotif de la tireuse infernale. Pour un peu, se sentir soutenue ainsi lui donna presque envie de sourire. Et la main d’Irina dans son dos fit plus que lui donner envie : elle soupira légèrement par le nez en sentant ses dents de réarranger d’une façon un peu particulière sur son visage.

Hey, quoi, c’était juste un pauvre type … C’est à cause des gars comme lui que j’fais du sport de combat à la base, alors he. Qu’il aille apprendre à un dinosaure à marcher sur une balle, moi je reste ici ! Avec toi. Ces deux mots supplémentaires ne sortirent pas de la bouche de la tireuse, mais ils traversèrent son esprit, et y restèrent même pendant quelques secondes. Levant une main pour se masser l’arrière de la tête, la dentue se tourna vers l’instructeur … Mais il avait visiblement décidé de ne pas la brusquer, et avait appelé quelqu’un d’autre pour sa démonstration d’exercice. La jeune tatouée en profita donc pour se pencher vers Irina, continuant sur un ton plus discret. Mais merci, Irina … ça me touche, ce que tu as fait. Vraiment. Même si bon, le coup de la chute c’était un peu puéril, maiiiiis très satisfaisant.

Rigolant cette fois assez doucement pour ne pas se faire une fois de plus repérer par l’instructeur – dont la bienveillance était sûrement reliée à la patience, comme pour tout humain normal – la tireuse s’éloigna un peu du groupe avec son binôme, et commença à répéter l’exercice qui venait d’être montré. Comme elle s’y était attendue, il s’agissait d’un geste de défense des plus basiques : détourner un crochet vers la gauche en utilisant le tranchant de la main droite – ou inversement, passer l’autre main sous le bras de l’adversaire pour la poser au niveau du ventre, glisser une jambe derrière les appuis de l’adversaire et se servir des deux bras (en relevant un peu celui qui avait dévié l’attaque) pour le faire chuter à terre en pivotant tout le torse à la fois. C’était sans délicatesse, demandait une bonne dose de réflexes pour être exécuté correctement, et sur le béton ça devait faire mal … Mais c’était un peu le but. Comme l’avait expliqué Jim, cette tactique avait certes des inconvénients par rapport à des prises plus « douces » … Mais dans un monde où certains pouvaient se changer en liquide, disposaient d’une force surhumaine ou pouvaient changer des parties de leur corps en arme blanche, parfois, « claquer le crâne d’un type sur le sol était plus sûr que d’essayer les méthodes de maîtrise conventionnelles ». Si les élèves pouvaient éviter de se donner un trauma crânien ceci-dit, l’instructeur n’était pas contre.

Durant l’entraînement en grande partie silencieux, la tireuse ne put s’empêcher de noter à nouveau un détail : la jeune femme avec laquelle elle s’entraînait aussi avec une petite … Particularité, d’autant plus visible lorsqu’elle se faisait renverser sur le dos et que ses cheveux ne la masquaient pas. Elle ne commenta pas, et ne se focalisa même pas dessus : en soit, elle avait remarqué cela dès qu’elle avait vu Irina pour la première fois … Mais d’un autre côté, après la remarque du petit malin de tout à l’heure et la réaction qu’avait eu Irina, cette différence physique était perceptible sous un tout autre angle. Et même si elle ne le formula pas à haute voix, la tireuse aux multiples bras ressentit une certaine … Satisfaction. A savoir que quelqu’un pouvait sûrement la comprendre. Et se serrait les coudes avec elle. Qu’elle ait agit parce qu’elle pouvait un peu comprendre Kathleen ou juste parce qu’elle était une bonne personne ne changeait pas grand-chose. Ça ne retirait bien au bienfondé de l’action de la triclope, aux yeux noirs de la tireuse. Mais ça lui donnait envie de passer plus de temps avec la brune, bien plus que la petite heure vingt que le cour leur laissait. Sans parler du fait que c’était compliqué de discuter en basculant sur le sol de façon disgracieuse. Après sa six ou septième chute, la tireuse se frotta un peu l’arrière du crâne, se redressant avec un ricanement.

Et beh, si j’avais voulu me retrouver avec le dos en miette, je serais juste allée au chiropracteur moi … Ou alors j’aurais téléphoné à mon père et essayé de supporter son humour le plus longtemps possible. Ha ha. Get it ? Parce qu’il est lourd, et que supporter … oh mon dieu, je lui bave dessus alors que je suis pareille, ha ha ha, le pauvre. Hey heum, je me disais … Levant une main pour marquer une pause dans l’exercice alors que deux bras se croisaient sur le ventre de la tireuse et que sa dernière mimine venait masser sa nuque, la grande demoiselle pencha la tête sur le côté. J’étais pas motivée pour quitter le cour juste après la remarque de l’autre imbécile, plus tôt, mais heum … J’me disais … Demandais si ça te tentait de … D’aller chopper un truc à manger, après, quelque part ? Toutes les deux ? Et potentiellement avant la fin prévue de la leçon ?

Ricanant un peu, mais cette fois bien plus parce qu’elle n’était pas trop à l’aise avec ce genre de choses, la tireuse tourna le crâne pour regarder les autres étudiants, puis l’apprentie héroïne à côté d’elle à nouveau. Même en kimono de combat, elle la trouvait ravissante. Même en ne l’ayant vue que dans cette tenue, d’ailleurs …

J’veux dire, ça a rien à avoir avec Jim ou quoi hein, je pensais juste … heum. Prendre une douche. Et j’ai de … Grosses … Difficultés à le faire quand il y a du monde. Du coup, je préfère soit partir 20 minutes avant, soit 20 minutes après. Mais vu qu’ici je suis loin d’être habituée … J-je veux dire, si ça te dérange pas d’aller manger quelque part avec moi, aussi, hein, je veux pas te forcer. Heum … Et heu, ce sera … Serait sur ma note, aussi. Tu as l’air d’être encore étudiante, donc bon, autant t’éviter de faire des dépenses pour rien, et … Et ça me fait plaisir, et …. Et je suis terriblement mauvaise à çaaaaaa, j’suis désolée, haha … haaaaa. Mais bon, qu’est-ce que tu en penses ? On fait juste un duel rapide et on décolle ?

HRP:

Girls just want to have fun

La réponse de Kathleen la fit sourire et la rassura : elle ne se laissait pas facilement abattre. Après tout, c'est important d'être fort psychologiquement lorsque l'on a des différences, des particularités physiques hors du commun. Irina le savait, bien qu'elle n'ait vécu que très peu de situations similaires, son troisième œil sur son front étant un élément facile à camoufler grâce à ses cheveux, ou même avec un bandeau par exemple. Pour sa nouvelle connaissance, en revanche, il lui semblait difficile de cacher quoi que ce soit. La vie ne devait pas être facile tous les jours, la preuve étant l'incident d'aujourd'hui.

« Je préfère ça. » fit-elle avant de ricaner brièvement. « Je t'en prie ma belle, ça m'a fait tout autant plaisir, je t'assure. » vint-elle lui murmurer discrètement, suivi d'un vif clin d'œil complice. Au final, il n'avait eu que ce qu'il méritait.

Suite à cela, ce fut le moment de reprendre le cours : les mouvements à exécuter avaient été montrés et expliqués. À présent, il était temps de les mettre en pratique. Les divers binômes s'éparpillèrent donc aux quatre coins de la salle, sur le tatami, tous prêts à se donner à fond. « À nous deux ! » lui lança-t-elle sur un ton assez provocateur avant de s'élancer vers elle. La brune commença en étant celle qui attaque puis, après plusieurs répétitions, fut l'attaqué avant qu'elles ne décident finalement d'intervertir, à tour de rôle, après chaque mouvement.

De ce fait, elles s'exercèrent longuement, intensément avec force et passion. On pouvait tout de suite deviner qu'elles avaient ça dans le sang et que ce n'était pas leur première fois, ni pour l'une, ni pour l'autre. Puis, à la suite d'une énième chute, Kathleen vint prendre la parole, marquant ainsi un temps de pause durant lequel elles purent toutes deux reprendre leur souffle. « J'espère que je n'y vais pas trop fort. » fit-elle avec inquiétude, un peu gênée. « Même si je me doute que ce n'est pas avec ma force de mouche que je vais te faire mal. » poursuivit-elle avec une touche d'humour avant d'écouter toujours aussi attentivement ce qu'elle avait à lui dire.

« Bien sûr ma belle, avec plaisir ! » lui répondit-elle avec un sourire des plus chaleureux et rassurants. « De toute façon, le tatami qui empeste l'odeur des pieds, ça ne m'avait pas manqué tant que cela, je dois bien l'avouer. » lui marmonna-t-elle avec sincérité, tout en levant les yeux au ciel un court instant. « Je voulais seulement m'assurer que je n'avais pas perdu la main. » poursuivit-elle calmement. « Et il s'avère que non, donc ça me va très bien, héhé ! » ricana-t-elle ensuite.

La femme aux quatre bras se confia aussi à elle concernant une étape "post-training" : la douche. Elle ne voulait guère partager ce moment avec les autres et cela pouvait se comprendre après l'incident de tout à l'heure. Au passage, cela arrangeait bien les affaires d'Irina également. Elle qui était -quelque peu- pudique, si elle pouvait éviter de se retrouver avec une quinzaine de personnes sous les douches, cela lui convenait à la perfection. « Aucun problème, on partira un petit peu avant dans ce cas. » rassura-t-elle, souriante, avant de s'accroupir vivement.

Kathleen n'oublia pas d'insister sur le fait que c'était elle qui l'invitait et que, par conséquent, elle comptait bien payer pour lui éviter toutes dépenses inutiles. Si elle savait... Irina n'était pas extrêmement riche, pas encore, mais elle n'était nullement à plaindre. En effet, la fortune familiale, qui lui avait été léguée à sa majorité, atteignait une somme plutôt correcte pour ainsi dire. « Oh, ne t'en fais surtout pas pour ça ! Les dépenses inutiles ça me connaît bien. » ajouta-t-elle, toujours sur une note d'humour, en tirant bêtement la langue.

« J'en pense que c'est une excellente idée. » À ses mots, Irina vint se redresser sur ses jambes. « Comme on dit : après l'effort, le réconfort. N'est-ce pas ? » interrogea-t-elle jovialement, en s'étirant un peu. « Donc on l'aura bien mérité, héhé ! » conclut-elle simplement. « Mais avant cela... » Aussitôt, l'adolescente vint exercer une souplesse arrière des plus réussies, le bout de ses orteils ne manquant pas de frôler le visage de sa nouvelle connaissance. Elle enchaîna ensuite avec une seconde, puis se plaça en position de défense : les bras au niveau de la poitrine et les deux poings serrés. « En garde ! »

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Oh noooooon, c’est pas ça. Enfin, je veux dire. Ah. Zut. Non tu n’as pas une force de mouche, mais surtout, ce n’est pas toi qui me fait mal, c’est juste que la terre est basse … D’autant plus lorsqu’on fait deux têtes de plus que le reste de la population.

Ricanant de façon gênée, la tireuse se laissa aller à songer qu’elle exagérait peut-être un peu en surévaluant sa taille à ce point … Les gens aux US étaient, pour certains d’entre eux, assez grands, et s’approcher du mètre 90 n’était en soit pas si exceptionnel. Bon, il y avait certes moins de femme que d’homme de cette taille, mais qu’y pouvait-on ? Chassant ces pensées un peu parasites (et surtout parfaitement futiles) de son esprit, la tireuse enchaîna sur son invitation à quitter un peu en avance le cours, ainsi qu’à aller déjeuner quelque part. A son grand plaisir, Irina accepta plus que volontiers les deux invitations, en profitant même pour confesser que l’idée de s’éloigner de l’odeur d’orteils en sueur ne la dérangeait pas tant que ça. La façon dont elle s’éloigna de Kathleen via une paire de pirouettes prit légèrement cette dernière de court, et elle eut d’ailleurs elle-même un mouvement de recul pour éviter le pied qui s’était un peu trop approché de son visage à son goût. Non pas qu’elle l’aurait touché, mais tout de même.

Eh … J’ai rien contre les prises de risque, mais fais attention ma grande … J’ai le visage qui peut faire quelques dégâts, si on le percute un peu trop fort.

Un de ses ongles noirs vint taper contre ses canines nombreuses et larges, dont les bouts étaient bien plus tranchants que la moyenne. Pour une raison qui la dépassait un peu, la mutation qu’elle avait hérité de son père –et qui courait depuis au moins une génération supplémentaire dans la famille- rendait ses crocs bien plus acérés que la moyenne … Et nombre de gens s’étaient écorchées de façon assez mauvaise les poings en voulant frapper la tireuse au visage. Non pas qu’elle regrette, dans leur cas. Pour celui d’Irina, au contraire …

L’instinct de la tireuse prit à moitié le pas sur sa réflexion, et elle se baissa sur ses appuis tout en disposant ses bras d’une façon qui lui était propre : deux proches du corps, presque en garde, tandis que deux autres étaient plus écartés, lui offrant de la liberté de mouvements et des opportunités d’attaque. C’était une position presque logique vu son physique : elle ne pouvait pas vraiment « faire comme si » elle n’avait que deux membres antérieurs et assumer une pose classique. Enfin, elle pouvait, et elle l’avait fait, lors d’interventions en tant que vigilante. Mais ici, ce n’était pas la peine de cacher qui elle était, ou de ne pas utiliser ses avantages naturels. Un autre avantage naturel dont elle disposait en combat était ici évident : sa taille. Elle devait facilement faire une ou deux têtes de plus qu’Irina, et son allonge s’en retrouvait naturellement supérieure, lui permettant de frapper sans forcément se mettre en danger.

Sauf que … Cherchait-elle vraiment à frapper ? Elles n’avaient pas vraiment défini les règles, le style ou la façon dont fonctionnerait la potentielle issue de ce duel. Bon, ça ne s’annonçait d’office pas comme un concours de patates : aucune des deux n’avait le look de grosse brute qui allait avec ce genre de méthodes. Un style de lutte / judo, donc ? Problème : là où la lutte pouvait –sûrement- se pratiquer plus ou moins dans n’importe quelle tenue, celle de la tireuse était tout, sauf adaptée à du judo, contrairement à celle d’Irina … Mais autant prendre avantage de ce fait. Et puis au pire, si ça lui coûtait son débardeur … Elle en avait plein d’autres.  Et puis, ça collait plutôt bien avec l’exercice qu’elles avaient appris quelques instants plus tôt.

Reculant légèrement en se baissant sur ses appuis, la grande tireuse bondit vers l’avant pour réduire la distance qui la séparait de son adversaire, et chercha à la feinter pour la déstabiliser. Des années et des années à s’entraîner majoritairement à tirer n’avaient pas laissé la pistolera avec un physique surdéveloppé, mais elle restait bien plus vive que la moyenne, et la façon qu’elle avait de lancer ses avant-bras pour les rétracter aussitôt produisait l’effet voulu : elle arrivait à rendre son adversaire confuse sur ses intentions, et ce sans même réellement porter un coup … Même si elle s’arrêta brusquement, et leva les deux mains à plat, deux autres se déployant pour tenir le kimono de la jeune femme et … L’empêcher de faire un pas de plus en arrière.

Whooooops. Heum. Pardon Jim.
Les filles, j’ai pas de souci si vous voulez vous affronter un peu, tant que ça reste dans le cadre des entraînements. C’est le cas, bien sûr … ? L’instructeur reçut à minima un hochement de tête empressé, et souffla par le nez, amusé. Dans ce cas, je ne veux pas de coup de poing, pas de frappe trop puissante avec les jambes, vous arrêtez si l’une d’entre vous saigne pour une raison X ou Y, et on évite les prises de force et de neutralisations qui mettent trop les articulations à l’épreuve. Vous savez, la base pour qu’on ait pas à appeler d’ambullance.
Aucun problème, reçu 5 sur 5 chef.
Et trouvez-vous un coin à l’écart, histoire de ne pas rentrer dans quelqu’un d’autre.

La rouge n’eut aucun changement de teinte au niveau du visage, mais elle se sentit néanmoins plutôt gênée d’être mise devant sa bêtise comme ça … Elle aurait dû prévenir Irina qu’elles se trouvaient non loin d’un autre duo, que l’instructeur était en train de conseiller sur leurs postures respectives. Prenant sans trop y réfléchir la main de la jeune triclope, la demoiselle à 4 bras la tira doucement mais prestement vers une autre zone de la salle plus dégagée, où elles auraient plus d’espace pour laisser libre court à leurs pulsions combattives. Une fois rendues, la rouge se remit en place, adoptant rapidement la même position qu’avant en retrouvant son sérieux. Une fois certaine que son adversaire était bien prête elle aussi, elle repassa à l’offensive, employant une tactique similaire à la précédente … Même si son objectif était bien différent. Très rapidement, elle parvint à se saisir du kimono d’Irina, histoire d’effectuer une manœuvre des plus « simples » : chuter sur les genoux en se poussant vers l’avant, et faire basculer leur centre de gravité à toutes les deux pour que son adversaire lui passe littéralement par-dessus la tête, avant de continuer sa rotation jusqu’à se retrouver étalée sur le dos. Là, la tireuse roulerait aussitôt pour peser, avec ses hanches, sur un bras de l’héritière Waldorf, avec son torse sur le sien, et avec deux de ses bras sur l’autre bras d’Irina, neutralisant ses membres et donc, en théorie, elle.

Enfin, ça, c’était le plan, et c’était en supposant qu’elle y parvienne : à voir si ça allait marcher de façon aussi simple. En général les duels d’arts martiaux n’étaient pas si long que ça, donc bon, qui sait …

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« Promis, j'éviterais de m'en approcher de trop près. » fit-elle à l'attention de Kathleen, en tirant un peu bêtement la langue, alors que cette dernière la mettait généreusement en garde concernant ses crocs qui ne pouvaient guère passer inaperçus. Il est vrai qu'elle n'y avait pas vraiment prêté grande attention lors de son mouvement précédent. Avec sa chance légendaire, Irina aurait très bien pu se blesser avant même que leur duel ait démarré et cela ne l'aurait même pas étonnée. Elle avait l'habitude d'avoir la poisse depuis quelques temps.

Quoi qu'il en soit, le mal ne s'était pas produit et les deux nouvelles connaissances étaient maintenant prêtes à se livrer bataille. La brune essayait tant bien que mal de ne pas se laisser impressionner par la taille de son adversaire, mais il était difficile de faire abstraction d'un détail aussi... imposant. Elle commençait à se demander si cela avait été une bonne idée d'accepter un duel et doutait même d'avoir la moindre chance de prendre le dessus face à sa camarade mutante. Malgré cela, en parallèle, elle essayait de se convaincre que tout était possible dans la vie, alors pourquoi pas ça ? « Approche ! » provoqua-t-elle, tandis qu'un léger rictus se dessinait peu à peu sur son visage, tout en lui faisant signe de se rapprocher avec sa main.

Aussitôt, Kathleen bondit vers elle et débuta une répétition de feintes, faisant mine de vouloir la frapper sans jamais aller jusqu'au bout. Irina ne savait pas vraiment où est-ce qu'elle voulait en venir en faisant cela, restant un peu perdue en position défensive, prête à esquiver ses coups même si elle n'essayait pas vraiment de l'atteindre ainsi. Puis, subitement, son adversaire stoppa chacun de ses mouvements, élançant seulement deux de ses quatre mains pour attraper le kimono de l'apprentie héroïne. Par réflexe, elle tenta d'attraper ses poignets pour l'arrêter juste à temps et contre-attaquer, mais sa force et sa vitesse étaient telles que ses membres l'avaient déjà empoignée. « Bien joué, mais ce n'est pas encore f- » débuta-t-elle avant de s'interrompre pour écouter l'intervention de Jim.

De ce fait, elles s'exécutèrent et s'éloignèrent, quelque peu, du groupe qui continuait de s'exercer chacun de leur côté, également en binôme pour la plupart. Une fois suffisamment éloignées, Irina et Kathleen se replacèrent à une certaine distance avant de reprendre leur duel. La mutante vint réitérer sa technique précédente, mais cette fois-ci, la brune ne comptait pas se laisser surprendre aussi facilement. À l'approche de sa camarade, elle prit son élan afin d'exécuter avec souplesse un saut périlleux qui, aussi étonnant que cela puisse paraître, fut réussi à la perfection. La demoiselle vint ensuite atterrir derrière son adversaire qui semblait avoir anticipée sa retombée.

En effet, Kathleen parvint tout de même à attraper son kimono et à la mettre au sol avant de la neutraliser aussitôt avec des mouvements précis. Décidément, elle n'avait pas affaire à une débutante. Loin de là ! Malheureusement, il allait lui être difficile de se dégager d'une telle emprise. Sauf si, peut-être... Rapidement, une idée farfelue lui vint à l'esprit. Comme on dit : à situation désespérée, mesure désespérée. Mais avant tout, il fallait qu'elle attire son attention. « Très bien, je ne vais pas avoir le choix, je crois. » débuta-t-elle d'un ton tristounet, jouant simplement la comédie. « Je vais devoir... Hmm... Comment dit-on déjà ? » s'interrogea-t-elle. « A... A-Aban... Abando... » poursuivit-elle pendant plusieurs longues secondes, en espérant lui faire baisser sa garde, à un moment ou un autre.

Pendant ce temps, Irina libéra discrètement les mêmes fins et discrets fils blancs, qui lui avaient permis de faire tomber l'enquiquineur de tout à l'heure, du bout de ses dix doigts. Ces derniers vinrent longer lentement le tatami jusqu'aux zones les plus sensibles du corps humain : pieds, aisselles, cou, ventre, etc. « Maintenant ! Guili-Guili no Jutsu ! » s'écria-t-elle avec un nouveau sourire plein de malice. Ses fils se mirent alors à caresser plus ou moins délicatement les différentes parties du corps de Kathleen citées précédemment. À présent, il ne lui restait plus qu'à prier pour que celle-ci se révèle être chatouilleuse ou, à minima, gênée par ce genre de sensations.

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Mimi, même si elle avait –beaucoup plus qu’elle ne désirait réellement l’admettre- une expérience assez solide des situations de combats et de bagarre, n’avait pas l’habitude qu’on lui saute littéralement par-dessus de la façon suivante. Les poivrots avec lesquels elle se mettait de temps à autres sur la gueule n’étaient clairement pas assez athlétiques pour réussir un exploit pareil, et souvent, ils avaient quelques milligrammes d’alcool en trop dans le sang pour, aussi. Lorsqu’elle avait fait des exercices d’affrontement à Starwall, il lui était arrivé de voir des gens faire des mouvements très peu pratiques pendant les entraînements : saltos, roues, atterrissages avec le genou au sol, (celui-ci était terriblement mauvais pour les articulations du poignet ET du genoux), et la liste pouvait continuer à s’allonger. Un truc de jeune héros voulant un peu frimer en même temps qu’il se battait, en général. Est-ce que c’était le cas d’Irina ? Elles n’avaient pas abordé le sujet, mais c’était possible … Comme il était tout simplement possible, malgré son manque de fibre guerrière, que la jeune femme fasse très attention à son physique et / ou soit une assez bonne sportive. Réussir un salto de la sorte en était une preuve, d’ailleurs. Mais cette question de carrière mise à part, les deux jeunes femmes étaient en duel, et ce genre de pensées parasites n’allaient pas aider la rouge à gagner.

Pivotant sur ses appuis sans trop de mal, la tireuse profita de ce que son adversaire se réceptionnait pour … Se propulser à côté d’elle, l’attrapant au passage. Laissant sa propre inertie, la gravité et le manque de stabilité des appuis d’Irina faire le plus gros du travail, elle tracta son adversaire au sol, la faisant habilement rouler pour la désorienter avant de s’installer sur elle. C’était le souci avec les saltos : beaucoup d’énergie dépensée pour se propulser et faire un mouvement rapide, mais très mauvaise perception de l’environnement pendant la rotation, réception prévisible, et généralement nécessitant une ou deux secondes pour donner à l’oreille interne le temps de se remettre d’équerre. Profitant aussitôt de son avantage, la tireuse se mit dans une position plus ou moins conforme à ce qu’elle avait imaginé à la base : elle n’était du coup pas trop en mesure de voir les mains d’Irina, mais qu’est-ce que cette dernière pouvait faire ? A moins d’une super force ou d’une souplesse de serpent, elle allait difficilement pouvoir se libérer … Ou si elle avait les membres élastiques. Ou la capacité de se téléporter. Ou … bon, les options étaient nombreuses en fait, mais dans la plupart des cas, elle était cuite.

Eeeeeet c’est pour ça que les saltos il vaut mieux les réserver pour quand on est hors de portée ma jolie, sinon on te met la main dessus trop aisément ~ Mordant à pleine dents (métaphoriquement parlant) dans la petite comédie d’Irina, la tireuse haussa un peu les épaules, commençant à lui répondre sans se douter du piège qu’on lui tendait. Barf, j’ai juste profité d’une petite bévue. On peut faire la revanche si tu veuuuUUUUUX !

La tireuse, qui à l’origine reposait – sans peser de tout son poids pour autant, tout de même – sur son adversaire vaincue, se tendit et souleva son torse de façon fort peu naturelle, se tordant et contorsionnant légèrement pour échapper à la sensation surprenante et étrange qui l’assaillait à de nombreux endroits. Si la tireuse n’était la plupart du temps pas très vêtue, c’était parce qu’elle avait souvent chaud, et pas parce que sa peau sensible lui rendait désagréable le port de vêtements intégraux (comme c’était le cas chez certains). Et même si elle n’était pas par nature extrêmement tactile, elle avait un sens du toucher tout à fait dans la norme. Après, était-elle chatouilleuse ? Ca, ça dépendait des endroits … Sauf que quand des caresses légères mais bien perceptibles étaient appliquées à autant de zones de son corps en même temps, c’était difficile d’ignorer la chose. Se plaquant une main sur les crocs pour s’empêcher de pouffer, et tentant un maximum de maintenir sa posture, la rousse regarda derrière elle, voyant les fils qui se faufilaient partout … Et de sa main libre (c’était pratique d’en avoir 4), elle se saisit d’autant de câbles qu’elle put d’un coup, les coinçant entre ses doigts pour les empêcher de continuer à nuire.

Hey, c’est de la triche ça ! Tu me vois utiliser mon alter moi ? La remontrance aurait sonné bien plus sévère si la tireuse n’avait pas eu l’air sur le point d’éclater de rire. Si c’est comme ça, tu vas voir ce que tu vas voir !

Se redressant de sa position en relâchant tous les fils qu’elle tenait, la tireuse pivota pour se mettre sur ses genoux, et … Se mit aussitôt à chatouiller de ses 4 mains Irina. Ce n’était pas aisé : la jeune femme portait un vrai kimono robuste et épais, là où la tireuse n’était pas très couverte, entre son short et son débardeur … Mais en lieu de fils, elle avait 4 membres supérieurs avides de revanche, et même si le kimono offrait une bonne protection, il avait eu tendance à être quelque peu ouvert lorsque la tireuse avait tiré dessus de tout son poids, un peu plus tôt. Visant donc sans hésiter les zones dénudées du ventre, du cou, et bloquant les poignets d’Irina pour l’empêcher de se venger, l’écarlate s’employa à lui faire regretter amèrement son attaque en traitre en lui faisant subir des sévices tout à fait similaires (en tout bien tout honneur, bien entendu), jusqu’à … Ce qu’elle n’entende un raclement de gorge grave, et ne relève les yeux. Jim, à nouveau. Qui tirait une moue à mi-chemin entre l’amusement et la lassitude. Ce qui, se dit la mutante, était tout de même une drôle de combinaison d’émotions à afficher en même temps : respect pour le prof. Ce dernier inspira profondément, puis lâcha un soupire.

Les filles, si vous n’arrivez pas à rester sérieuses pendant mon cour, je suis désolé … Mais j’aimerais éviter que tous les autres élèves prennent exemple sur vous.
Oh, heum … On a fait le duel hein … ?
Et c’était plutôt pas mal. Bonnes techniques dans les deux camps. Irina, n’hésites pas à te montrer plus agressive. Si on te feinte, ripostes au lieu de simplement esquiver. Ce qui s’est passé juste après le duel en revanche …
On s’est peut-être un peu emportées … Désolée.
Tout comme moi les filles. Vous êtes les bienvenues pour revenir un de ces jours, mais pour aujourd’hui vous n’avez pas l’air d’humeur assez sérieuse.

Se relevant avec une expression assez peu fière, et tendant deux mains opposées à Irina pour l’aider à se relever, la tireuse garda la tête basse en passant à côté de l’instructeur, qui les accompagna du regard jusqu’à ce qu’elles aient rejoint la porte du vestiaire. Enfin, elle n’était pas sûre qu’il continuait à les regarder alors qu’elle tenait la porte à Irina, puis rentrait derrière elle, mais elle était presque sûre de sentir le poids de son jugement sur ses épaules, qui s’envola lorsque le battant fut refermé. Et presque aussitôt après, elle ne put s’empêcher de pouffer dans sa main, s’appuyant avec les fesses contre la porte pour se pencher vers l’avant.

Hehehe … ça doit bien faire depuis le collège que j’ai pas été virée d’un cours … Et jamais de sport, en plus ! A part ceux de piscine, ça je participais pasmaisc’estautrechose. Se calmant un peu, la tireuse se redressa un peu, s’appuya sur le bas du dos, et soupira. Aaaah … Enfin, au moins, il n’avait pas l’air trop fâché. Et puis, ça nous arrange, vu qu’on comptait partir dans tous les cas … Mais attention, je retiendrais, le coup de la fausse capitulation, hein ?

Dressant un index vers Irina comme pour donner un air sérieux à son avertissement, elle se mit rapidement à ricaner une fois encore, et laissa tomber sa main en se mettant à marcher. Revenant à son sac de sport, elle saisit le bas de son débardeur pour le retourner et le retirer, avant de le faire glisser le long de ses cheveux. Elle prit ensuite la peine de défaire ces derniers – ce n’était pas bien compliqué-, de les faire rentrer dans une sorte de gros bonnet qui lui éviterait de mouiller quoi que ce soit pendant sa douche, puis de retirer sa brassière … Et de se tourner à moitié vers Irina. Plus pour vérifier si cette dernière regardait dans sa direction qu’autre chose.

Oh, heum … Tu … Voudras qu’on aille manger où ? Pizza, burger, un chinois à volonté p’têt ? J’en connais un pas loin … Oh, je vais juste check la tronches des douches une minute, je reviens.

Marchant pieds nus –normal en sortant du dojo- sur le carrelage des vestiaires, la tireuse prit un virage … Et grimaça. Les douches se trouvaient juste à côté de la pièce où tout le monde pouvait se changer … Eeeeet elles étaient communes : 6 pommeaux accrochés à deux murs face à face. Marchant un peu plus loin, la tireuse vérifia … Ah, il y AVAIT une douche individuelle. Avec un papier sur la porte. Hors-service. La rousse se frappa le visage d’une main, en visant bien sûr le front pour éviter de se faire mal. Retournant du côté des douches communes, elle en alluma rapidement une pour tester l’eau … au moins, cette dernière ne mit qu’une trentaine de secondes à chauffer à un niveau acceptable, c’était toujours ça. Retournant au vestiaire après avoir fermé l’eau, la tireuse lâcha un léger soupire en posant son vêtement sur / dans son sac. Sortant une large serviette, elle prit quelques instants pour réfléchir à la marche à suivre … Puis se l’enroula autour du torse, couvrant son ventre, son bassin, ses cuisses et même une partie de ses genoux. Et ensuite seulement elle se permit de retirer son short et sous-vêtement, pour retourner à la douche, défaire sa serviette, l’accrocher à l’entrée … Et quasiment rester collée au mur alors qu’elle lançait l’eau. Non pas qu’elle semblait à l’aise dans cette position ou même placée de façon optimisée par rapport au jet d’eau … Mais elle n’avait pas l’air d’avoir envie de montrer sa face avant. Pas quand elle était nue, en tout cas.

Et beh … C’est idiot, dans la mesure où on est pas restées toute la durée du cours, même loin de là … Mais ça fait quand même du bien, l’eau chaude, ça détend … Ah … ah, meeeerde, je crois que j’ai oublié mon gel douche chez moi. Tu en aurais à me passer ?

Girls just want to have fun

Tandis que son annonce d'abandon factice lui avait parfaitement permis de faire baisser sa garde à son adversaire, sa technique un peu particulière - quant à elle - eut également l'effet escompté puisque la mutante relâcha quelque peu son emprise sur la brune. Malheureusement, ce fut seulement durant un court laps de temps qui ne lui permit pas de se dégager suffisamment. De ce fait, elle se retrouva encore en mauvaise posture lorsque la femme aux quatre bras usa de l'ensemble de ces derniers pour se venger en neutralisant ses fils, dans un premier temps. Puis en l'immobilisant, avant de la chatouiller longuement en retour. Beaucoup moins discrète, Irina ne manqua pas d'exploser de rire bien trop bruyamment, attirant donc - de cette façon - l'attention des autres participants ainsi que celle de l'instructeur qui vint aussitôt intervenir à leur égard afin de les rappeler à l'ordre.

Plutôt honteuse suite à cela, Irina baissa les yeux au moment où Jim et Kathleen échangèrent quelques brèves paroles, ses joues arborant une teinte de plus en plus rouge, presque écarlate. Cela dit, l'étudiante ne se souvenait pas de la dernière fois qu'elle avait pu rire aux éclats de la sorte. En effet, sa vie était bien plus rythmée par ses études en tant qu'apprentie héroïne ainsi que par son entrée un peu prématurée dans le monde des affaires et de la mode en particulier. Quoi qu'il en soit, il était maintenant temps pour les deux nouvelles connaissances de tirer leur révérence afin de laisser les autres s'exercer dans une atmosphère beaucoup plus sérieuse. Dans un sens, cela les arrangeait grandement. Après tout, elles avaient prévu de quitter le cours un peu plus tôt, dans le but d'éviter que l'étape des douches ne se révèle trop longue et complexe ou trop gênante.

En moins de temps qu'il n'en fallut pour le dire, elles se retrouvèrent rapidement dans le vestiaire destiné aux femmes. Lorsque la porte se referma derrière elles, la brune poussa un soupire des plus audibles avant de s'avachir un peu vulgairement sur l'un des nombreux bancs présents dans la pièce. Sa posture nonchalante, ainsi que le fait qu'elle eut aussitôt desserré la ceinture de son kimono en arrivant, vint dévoiler un petit peu plus son ventre et sa poitrine. « Moi, ce que je vais retenir, c'est que ça a parfaitement bien fonctionné et que tu n'y as vu que du feu, héhé ! » déclara-t-elle, en se redressant sur ses jambes, avant de ricaner et de lui adresser un clin d'œil amical.

Puis lorsque la mutante commença à se déshabiller, l'adolescente fit de même, faisant donc aussitôt tomber son kimono qu'elle ramassa afin de le plier soigneusement, avant de le ranger dans son sac de sport personnel. « Sympa le bonnet... » lui lança-t-elle afin de la taquiner un peu, avec un large sourire. De son côté, l'étudiante de la Campbell Academy avait pris soin d'emporter avec elle tout son précieux matériel, dans le but de pouvoir sécher sa chevelure après la douche et de pouvoir également se refaire une petite beauté. Ce n'était pas très pratique à transporter, certes, mais c'était le prix à payer afin de parvenir à rester classe et élégante en toutes circonstances.

« C'est une excellente question. » répondit-elle lorsque la femme aux quatre bras vint l'interroger sur l'endroit où elle souhaiterait dîner, une fois à l'extérieur. « Je ne sais pas trop, à vrai dire. Toutes tes propositions me donnent envie. » précisa-t-elle, avant de passer une serviette autour de sa fine silhouette de mannequin. De ce fait, elle se mit à y songer un peu plus sérieusement lorsque Kathleen s'éloigna un court instant, jetant un coup d'œil aux douches. De son côté, elle avait beau y réfléchir, la brune ne parvint pas à se décider, restant longuement indécise. Bref. À présent, il était temps d'aller se doucher. Après tout, peut-être que les bienfaits de l'eau chaude allaient l'aider à faire enfin un choix quelconque... Qui sait ?

S'emparant de son gel douche ainsi que d'un shampoing, après avoir également retiré ses sous-vêtements qu'elle laissa traîner vulgairement, Irina se dirigea vers les douches. Au passage, elle accrocha sa serviette à l'entrée, tout comme sa camarade juste avant elle, remarquant d'ailleurs cette dernière prendre place sous l'un des pommeaux accrochés au mur. La brune ne manqua pas de remarquer que Kathleen semblait être plutôt pudique, celle-ci lui tournant le dos constamment. Compréhensive, et plus ou moins dans le même état d'esprit, l'étudiante alla se placer sous le pommeau de douche à côté du sien. « Oui, bien sûr ! » répondit-elle lorsque sa nouvelle connaissance vint lui demander si elle n'avait pas du gel douche à lui dépanner pour cette fois-ci.

De ce fait, l'adolescente écarta sa main droite de l'eau qui s'écoulait en continu, libérant alors - du bout de ses doigts - quelques fils blancs qui s'enroulèrent autour de son gel douche. Par la suite, elle jeta un coup d'œil vers l'arrière afin de les diriger vers la mutante, conservant ainsi une certaine distance afin de ne pas la mettre mal à l'aise. Lorsque celle-ci l'eut récupéré, Irina se contenta de rester immobile sous l'eau chaude, profitant donc de ses bienfaits apaisants. Plaçant sa longue chevelure - qu'elle avait détachée au préalable - vers l'arrière, avant de fermer les yeux, elle laissa l'eau s'écouler sur son doux visage. Cela lui procurait tant de bien. Quoi que l'on en dise, la douche était et resterait le meilleur moment de la journée.

Par la suite, l'apprentie héroïne récupéra son gel douche d'une quelconque façon que ce soit. Après s'être soigneusement lavée les cheveux en usant de son shampoing, elle s'attarda donc beaucoup plus sur le reste de son corps, frottant tantôt délicatement, tantôt un peu plus fort certaines parties. Bien évidemment, elle prit également quelques courtes minutes pour profiter encore un peu de l'eau chaude avant de la fermer, allant ainsi récupérer sa serviette avec laquelle elle commença aussitôt à s'essuyer. Une fois sèche, elle l'enroula une nouvelle fois autour d'elle, avant de se diriger vers ses affaires personnelles. Elle commença par se revêtir de sa tenue de civil, qu'elle portait à son arrivée, puis déballa toute sa panoplie qui allait lui permettre de se refaire une beauté pendant que Kathleen terminait sa toilette, si tant est qu'elle n'avait pas fini avant elle.

Dans un premier temps, Irina se sécha longuement les cheveux à l'aide d'un - comme son nom l'indique - sèche-cheveux afin de ne pas attraper un coup de froid en mettant un pied à l'extérieur du bâtiment. Une fois cette étape terminée, elle les brossa précautionneusement jusqu'à ce qu'ils soient le plus lisses possibles, les attachant ensuite en une sympathique queue-de-cheval. À présent, il ne lui restait plus qu'à ajouter une touche assez discrète de maquillage sur ses lèvres, ses joues ainsi que le contour de ses yeux, sans oublier quelques bijoux ici et là, et le tour était joué : elle était enfin prête. Si pour elle ce processus était une routine dont elle avait l'habitude et durant lequel il lui arrivait de ne pas voir le temps passer, cela pouvait paraître plus ou moins long pour les personnes qui l'attendaient.

Lorsqu'elles furent prêtes à s'en aller, l'une comme l'autre, le duo se dirigea vers la sortie, non pas sans avoir récupéré toutes leurs affaires et saluer une dernière fois Jim ainsi que ce bon vieux Ernest pour Irina qui le connaissait depuis quelques années déjà. Puis aussitôt, elles se retrouvèrent dehors. La fraîcheur était bel et bien présente - faisant même regretter à la brune de ne pas avoir enfilé une couche de vêtements supplémentaire - et la nuit avait commencé à tomber. « Je dois t'avouer que je n'ai pas vraiment réussi à me décider. » déclara-t-elle en prenant le temps de s'étirer un peu afin de faire craquer certaines de ses articulations. « Du coup, je te suis. Surprends-moi, héhé ! » ajouta-t-elle avec un large sourire, son sac de sport plus ou moins lourd sur l'épaule, prête à marcher autant qu'il le faudra afin de rejoindre le restaurant ou le fast-food de son choix.

Tenue d'Irina :

Codage par Libella sur Graphiorum