My story
histoire
- Les parents:
Mère : Elizabeth Jones. Née en 2053 aux États-Unis, orpheline de mère. S’enrôle à 18 ans dans l’armée, où on lui diagnostique des troubles émotionnels profonds s’apparentant à une apathie quasi-totale. Remarquée par ses supérieurs pour son alter de création, son professionnalisme et son talent au tir, elle est très rapidement promue et devient tireuse d’élite. Un de ses traits distinctifs est d’utiliser un fusil anti-char dont l’utilisation lui est grandement facilité par son physique ... Particulier.
Alter : Création. Elizabeth peut fabriquer n’importe quel type d’objet, du moment qu’elle en connaît forme et composition, et qu’elle peut le faire sortir de la paume de ses mains.
Traits distinctifs : Cheveux blancs en raison d’un incident l’ayant terrifié à 5 ans. Possède 4 bras, qui semblent hérités de l’alter de son père.
Basé sur le personnage « Nafuka » de l’artiste « Hetza ».Père : Erick Kovalski. Né en 2041 en Europe de l’est, émigre aux États-Unis dans sa jeunesse avec ses parents. Parvient très vite à devenir un héros populaire dans la ville de Seattle grâce à son investissement acharné. Malgré son apparence terrifiante, c’est un individu très gentil, et son histoire (« un rêve américain sur pattes ») permet à la presse de très bien le vendre dans ses jeunes années, mais la refonte du système met un coup de frein à sa carrière. Son look démoniaque lui porte la poisse dans sa vie amoureuse.
Alter : Erick peut produire des globes d’énergie lumineuse, qu’il peut « tirer » à grande vitesse. Les globes explosent à l’impact. La puissance, la vitesse et le nombre de globes créés / lancés peuvent être modulés par Erick, et impactent sa fatigue physique.
Traits distinctifs : Possède une peau rouge vif, des crocs surdéveloppés qui poussent jusque sur son visage, et des yeux entièrement noirs. Fait plus de deux mètres de haut, très large d’épaules.
Beaucoup d’enfants naissent de parents qui s’aiment depuis le lycée, se sont mariés, et ont décidé de « passer le cap suivant ». D’autres, comme Billy Jones... Naissent de ce qui aurait à la base dû être une aventure d’un soir, durant laquelle le préservatif a cassé.
Lors d’une permission qu’elle avait passé dans la ville de Seattle, la mère de Billy Jones, Elizabeth Jones, avait un peu bu avec un homme à l’apparence monstrueuse, mais à la personnalité charmante, et ils avaient passé la nuit ensemble. Environ 3 mois et demi plus tard, lorsqu’un test médical confirma définitivement qu’elle était enceinte, la jeune femme était déployée à l’étranger, et ne put revenir au pays qu’un mois plus tard, où il était alors trop tard pour tenter un avortement. Elle dédia donc plusieurs semaines de permission et de congé maternité à la recherche du père de son enfant, ce qui fut quasiment sans succès ... Jusqu’à environ 2 jours avant l’accouchement.
Elle découvrit qu’il était, dans la vie de tous les jours, un héros de seconde zone opérant surtout en banlieue de Seattle : Erick Kovalski, plus connu sous le pseudonyme « Hellish light ». Le jour de la naissance, il fut contacté via son agence, et se rendit à l’hôpital le plus rapidement possible, ce qui ne l’empêcha pas d’arriver en retard. Elizabeth avait alors d’ors et déjà donné les noms « Billy » et « William » à son enfant, qui ... Avait hérité aussi bien des 4 bras de sa mère que de l’apparence terrifiante de son père. Les deux parents discutèrent pendant plusieurs heures, et finirent par trouver une solution qui leur convenait à tous deux.
Dans la mesure où il n’avait jamais eu grand espoir de fonder une famille, mais qu’il le désirait ardemment, Erick aurait la garde de Billy, et profiterait de l’occasion pour mettre un terme à sa carrière super-héroïque, que le système ultra-compétitif mettait de toute façon de plus en plus à mal. Elizabeth, de son côté, n’avait absolument aucune fibre parentale, et craignait presque que son caractère « particulier » ne fasse plus de mal que de bien. Elle allait continuer sa carrière de militaire, mais s’engageait à soutenir Erick financièrement et à rendre visite aux deux garçons dès qu’elle en aurait la possibilité. Erick acheta à l’aide de sa fortune personnelle un stand de tir en bordure de la ville, fit révoquer sa licence de héro, et éleva donc son fils majoritairement seul.
L’enfance de Billy ne fut pas « triste », mais pas particulièrement heureuse non plus. D’un côté, son apparence monstrueuse rendit ses échanges avec les autres enfants très compliqués, voir douloureux. De l’autre, sa mère était souvent absente, et même lorsqu’elle était là, elle se montrait involontairement froide et détachée. Pourtant, les efforts conjoints de ses deux parents permirent très tôt au petit garçon de réaliser qu’ils l’aimaient profondément, et leurs encouragements le poussèrent à continuer d’essayer de se faire des amis, lui permettant de développer une personnalité positive et extravertie. Un autre point que le petit réalisa rapidement était que sa mère, pragmatique à l’extrême, donnait souvent des conseils particulièrement pertinents. Son père, de son côté, était peut-être plus « normal » et aussi un peu moins intelligent, mais il faisait néanmoins tout son possible pour lui enseigner ses valeurs morales et comment être une bonne personne.
L’alter de Billy se dévoila de façon très tardive, alors qu’il a environ 6 ans, et de façon ... Problématique. Un beau jour, au beau milieu de l’après-midi, la maitresse de Billy appela son père pour le prévenir que son fils venait de faire apparaître un pistolet et de tirer une boule d’énergie sur un de ses camarades. L’alter de Billy n’étant pas encore très développé et donc peu puissant, l’incident n’eut pas de conséquences disciplinaires, d’autant plus que la « victime » était clairement identifiée comme une des méchantes fortes têtes de la classe, qui ne manquait jamais de blagues sur les « monstres à 4 bras ». Ceci étant, Billy fut ausculté par un spécialiste, qui donna le pronostic suivant. Un tatouage était apparu sur le bras du petit, qui semble lié à son pistolet. D’autres viendraient sûrement avec l’âge, lui donnant accès à d’autres armes à feu. Globalement, le pouvoir lui permettrait donc de « faire apparaître » des armes un peu comme sa mère, et de tirer une variante des projectiles d’énergie de son père. Le développement tardif et « spécifique » de l’alter venait probablement du fait qu’Elizabeth et Erick appartenaient tous-deux de la sixième génération depuis l’apparition des alters. Lorsqu’Elizabeth fut mise au courant des détails de l’accident et de l’alter de son fils, quelques semaines plus tard, elle remarqua que le pistolet à silex permettait aussi de tirer de vraies balles ... Et enjoignit aussitôt Erick à faire sécuriser d’autant plus l’accès aux munitions du stand de tir.
Les années passèrent, et la prédiction du médecin se réalisa : un fusil à pompe à levier, puis une lentille de combat apparurent sur les bras de Billy, suivis à ses 9 ans de plusieurs balles de sniper sur sa cuisse gauche. Outre cela, si Billy était de moins en moins stigmatisé pour son apparence, il avait cependant toujours quelques problèmes avec beaucoup des garçons de sa classe, avec lesquels il passe de moins en moins de temps. Le problème principal était que son apparence, dès qu’une partie de « héros contre vilains » commençait, le plaçait automatiquement dans le camp des méchants, ce qui avait tendance à l’énerver. D’autres raisons, moins problématiques mais parfois tout aussi récurrentes, étaient par exemple les préférences de Billy pour certains types de dessins animés plutôt que d’autres, son refus presque maladif de se couper les cheveux ... Ou son choix de carrière, « princesse de conte de fées », sur une des fiches de présentations de début d’année.
Alors qu’il avait 8 ans, sur le chemin du retour lors d’une sortie cinéma mère-fils, il vit sa mère casser la figure à deux poivrots qui voulaient les racketter. Si la mère comme le fils s’en sortirent au final sans heurt, Billy se mit en revanche à reproduire l’attitude d’Elizabeth, et à se battre assez régulièrement à l’école. Malgré ce problème disciplinaire, ses résultats scolaires restèrent excellents et lui permirent même de sauter une classe, et pour ses 10 ans, ses parents s’arrangèrent pour lui obtenir une licence de tir spéciale lui permettant d’utiliser son alter dans le cadre sportif. En pratique, il commença donc à s’entraîner avec son alter dans le stand de tirs de son père, se découvrant très rapidement une passion. Il se trouva dès lors un objectif puéril, mais très motivant : devenir un grand héros comme son père avant lui afin de prouver à tous ses détracteurs qu’ils avaient tord.
Quelques mois avant ses 12 ans, Billy fit cependant une confession à son père. Plus les années passaient, et plus le jeune garçon se sentait ... et bien. Pas vraiment comme un garçon. La chose n’avait, pour Billy, rien d’une révélation subite et causée par un élément précis ... C’était, au contraire, une accumulation
massive de petits détails de sa vie, qu’il s’agisse du quotidien ou de certains cas précis, qui lui donnaient de plus en plus cette sensation de ne pas être venu au monde dans le bon corps, et de ne pas vraiment être ce qu’ « il » voulait. Erick fut, bien entendu, stupéfait à cette annonce, et visiblement pas très emballé ... Mais il demanda juste à son fils un peu de temps. Une semaine de silences étranges, de questions disparates et un peu hasardeuses, parfois de légère « négociations » s’écoula, sans que le père ne parvienne à affronter le regard de son enfant et à lui donner un avis qu’il n’arrivait pas à fixer ... Puis, las de cette ambiance désagréable, il finit par demander à Billy d’attendre la prochaine permission de sa mère, qui tomberait pour son anniversaire, afin qu’ils puissent en parler tous les trois et prendre une décision. Et peu importe ce que cette décision serait, il resterait toujours, pour Erick, un enfant formidable qu’il aimait profondément. Dans la mesure où son fils se jeta dans ses bras avant qu’il puisse ajouter quoi que ce soit, l’ex héros se demanda si c’était bien la peine de préciser qu’il n’était pas emballé à l’idée de voir son enfant faire ce genre de changement ... Puis s’en abstint purement et simplement.
La réaction d’Elizabeth fut ... Aussi calme, pragmatique, et expéditive que d’habitude, malgré le caractère exceptionnel de la situation. Elle lâcha que ça ne changeait presque rien à ses yeux, et donna son accord total pour que Billy fasse une transition ...
à condition qu’il soit sûr. Et afin de s’assurer de cela, elle proposa la chose suivante. La fin de l’année scolaire viendrait dans deux ou trois mois, à peine : durant les congés d’étés, elle et Billy partiraient en vacance à un endroit qu’ils n’avaient jamais visité avant, où il aurait le droit de s’habiller et de se comporter comme une demoiselle autant qu’il le voulait.
Si ce premier test était concluant, les parents entameraient des démarches administratives, et feraient en sorte que Billy vive sa dernière année de collège en tant que fille. Si cette partie-là se passait bien aussi, alors ils se renseigneraient plus avant pour les traitements médicamenteux et autres. Devant l’insistance de Billy cependant, elle laissa entendre qu’elle avait entendu parler de traitements « bloqueurs de puberté », qu’il aurait l’autorisation de prendre jusqu’à ce qu’ils soient fixés. Après tout, il n’y avait dans l’arbre généalogique d’Erick ou Elizabeth personne qui avait commencé à devenir excessivement poilu de façon précoce (ni même personne de particulièrement velu en général), mais mieux valait éviter de tenter le diable de tout ruiner. La semaine qui suivit fut ... Spéciale. Billy la passa dans un état euphorique tel qu’il en rata complètement deux contrôles, qui furent d’ailleurs les premiers où il avait moins de 12 depuis très longtemps. Il n’y accorda cependant pas la moindre trace d’importance, pressé chaque jour de rentrer passer du temps avec sa mère. Le soir avant qu’elle ne retourne à la base militaire où elle était affectée, elle lui fit un autre cadeau, qu’elle avait trouvé avec Erick. Deux nouveaux prénoms. « Kathleen » et « Sarah ». Billy les adopta aussitôt, demandant à ses parents de systématiquement l’appeler ainsi désormais. Erick commença donc à chercher un spécialiste à même de prescrire un traitement a son fils ... Qu’il allait devoir s’habituer à appeler « sa fille », au rythme où allaient les choses.
Le reste de l’année s’écoula beaucoup trop lentement, mais finit par passer. Les deux semaines de vacances qu’il passa au canada avec Elizabeth furent un succès si retentissant que la première chose que fit « Kathleen » en rentrant ... Fut de brûler la moitié de sa garde-robe dans le jardin. Ce qui, bien sûr, déplût à tout le monde (parents comme voisins), mais donna une excuse pour acheter plus de robes ou de vêtements ... « féminins » en général. Lorsque la nouvelle année commença, Kathleen fut « ré » introduite auprès de son ancienne classe. Les réactions furent variées, mais dans l’ensemble, rien qui fit descendre la jeune démone de son petit nuage. Ses ami(e)s eurent besoin d’une période d’adaptation, mais finirent par la félicité d’avoir sauté le pas. Ses ennemis ... Apprirent de la pire façon possible qu’Elizabeth avait clandestinement donnée quelques cours de self-défense à sa fille pendant les vacances, ce qui la rendait encore plus dangereuse. Et de façon générale, l’année se passa sans incident majeur, si on excepte un bras cassé lors d’une séance d’accrobranche, et quelques moments gênants lorsque les cours d’éducation physique se passaient à la piscine.
Kathleen quitta le collège avec d’excellentes notes qui, combinées à l’historique de ses deux parents et à son alter relativement utile en combat, lui ouvrirent sans difficultés les portes de Starwall. Elle entama le cursus héroïque avec un excellent score à l’examen d’entrée, et un nom de héros déjà prêt : Vermillion. Son apparence devint subitement drastiquement moins problématique vu son cursus, et elle passa de « rebelle intello mais bagarreuse » à « première de la classe » en l’espace de deux ou trois semaines. Dans la mesure où l’école se trouvait à l’autre bout du continent par rapport à la maison de son père, elle résida à l’internat dans une chambre double, mais cela ne lui posa aucun problème majeur, sa camarade de chambre étant une troisième année qui n’était que très rarement là. Elle commença également la même année à suivre un traitement hormonal qui, s’il demanda peut-être quelques ajustements de dosages, ne sembla pas lui poser de problème grave. L’année de seconde se passa sans événement particulier, à part peut-être un rapprochement avec sa colocataire sur la fin de l’année ... Mais ce dernier ne mena pas très loin : sa camarade de chambre (qui s’appelait aussi Elizabeth, même si elle détestait son prénom) préféra qu’elles restent « très bonnes amies » et gardent simplement le contact. Cela allait rendre leur séparation moins douloureuse : une fois son diplôme en poche, elle comptait retourner en Arizona avec son jumeau, avec qui elle avait déjà une place de réservée dans une agence.
Plusieurs mois s’écoulèrent, et au milieu de la seconde année cependant, un incident survint alors que Kathleen et son père étaient à New York durant un week-end de trois jours. Les deux individus à l’aspect démoniaque assistèrent en direct à la fin d’un braquage, et à la fuite des criminels qui en étaient à l’origine dans un SUV noir. Si Erick n’eut d’autre réaction que d’attendre la police, sa fille en revanche mit un genou à terre, invoqua et combina ses armes ... Et tira au sniper sur la voiture, crevant deux pneus d’une seule balle. Le véhicule fit une embardée et partit s’encastrer dans un poteau, empêchant les criminels de fuir : quelques instants plus tards, ils étaient cernés et arrêtés. Si l’histoire aurait pu sembler aussi parfaite que dans ces récits où les jeunes héros agissaient d’instinct pour sauver la situation, en pratique ... La balle tirée par Kathleen avait terminé sa course à travers deux autres voitures stationnées, occasionnant énormément de dégâts, sans parler du poteau. De plus, le cadre du tir, qui s’était fait dans une avenue très passante en pleine journée, était excessivement dangereux, et c’était pratiquement un miracle qu’elle n’ait pas blessé quelqu’un en tirant, en modifiant la trajectoire de la voiture, ou tout simplement en forçant des criminels armés à s’arrêter en pleine rue. Cerise sur le gâteau, un des malfrats arrêtés était le neveu d’un politicien de premier ordre de l’état de New York, mais cela, elle ne l’apprit que plus tard ...
En revanche, dès le mardi suivant, elle fut convoquée par le directeur de l’académie au milieu du cours, et ce dernier lui expliqua que son action, sans la moindre couverture ou justification en tant que « héros », avait été brave ... Mais lui avait coûté sa place dans la filière héroïque. En vertu de ses excellentes notes et du caractère noble de son action, elle était autorisée à rejoindre le cursus management de l’académie. Ce dernier lui faciliterait énormément la création ou gestion d'une agence pour héro et lui permettrait de rester dans le milieu, c’était là le seul « cadeau » qu’on pouvait lui faire. Kathleen fut dévastée par cette nouvelle. Elle se présenta en classe le lendemain matin, et fut introduite à ses « nouveaux » camarades, même si elle en connaissait certains ... Mais au premier cours de l’après-midi, elle fut marquée absente, et on signala sa disparition le lendemain matin, dans la mesure où elle n’était même pas revenue à sa chambre.
Son père, qui était rentré en avion après l’incident et avait été informé de ses conséquences par téléphones, trouva sa fille en larme sur son perron le mercredi soir. Elle avait traversé le pays pour revenir à la maison en stop et en train. Il téléphona à l’académie, fournit un mot d’excuse pour qu’elle soit absente le reste de la semaine, et passa les jours suivants à la réconforter. Elizabeth, qui par chance était de repos à ce moment-là, fit deux heures de voiture pour passer quelques heures avec sa fille également, dès qu’on la prévint par téléphone. Bien entendu, aucun des deux parents n’était enchanté à l’idée de payer un billet d’avion pour renvoyer la jeune femme à Starwall, mais lorsqu’elle laissa sous-entendre qu’elle ne comptait pas y retourner, ils lui répondirent tous les deux de ne pas prendre de décision aussi idiote et extrême sur un coup de tête. Lorsque la discussion se calma ceci dit, Erick laissa entendre que peut-être, si elle préparait un dossier assez correct, elle pourrait se rendre à l’académie Campbell, qui la formerait en tant qu’héroïne ... La solution n’était en rien séduisante pour la jeune femme, mais elle se laissa aller à l’envisager. Lorsqu’elle demanda à sa mère si « au pire », elle ne pouvait pas envisager de s’engager dans l’armée aussi lorsqu’elle serait majeure, Elizabeth lui répondit aussitôt par la négative. Certes, son alter était adapté et elle avait des compétences, mais un milieu aussi extrême serait vraisemblablement bien trop terrible pour elle ... Sans parler du fait que les soldats n’étaient pas des « héros ». Juste des gens à qui on donnait des ordres, lesquels impliquaient parfois de tuer d’autres personnes.
Résignée mais sévèrement déprimée, Kathleen rentra à New York le dimanche suivant, et reprit ses études avec un entrain particulièrement diminué, qui se ressenti cruellement dans ses notes, en plus des lacunes qu’elle avait déjà dans certaines matières à cause du changement tardif de filière. Elle commença à préparer un dossier pour entrer à Campbell, mais quelques semaines après l’incident, elle reçut une lettre ... spéciale. Cette dernière venait du politicien dont le neveu avait, grâce à Vermillion, été emprisonné ... Même s’il avait été relâché par la suite « faute de preuve ». Ledit politicien félicitait la jeune femme pour son action d’éclat et sa droiture morale, et exprimait son sincère regret vis-à-vis du fait qu’elle n’ait pas pu poursuivre son projet de carrière à cause de ce geste ... Il l’encourageait cependant à garder cet état d’esprit, et à devenir, peut-être, une héroïne d’un autre genre : une policière, pompière, secouriste, ou une autre carrière qui lui permettrait à elle aussi de venir en aide à des gens au quotidien. Il parla un peu de lui-même, de sa carrière politique et de l’influence qu’il disposait, de tout le bien qu’il essayait de faire pour ses concitoyens, et l’encouragea à se trouver sa voie de la même façon ... Mais la jeune femme ne fut pas dupe.
Elle relut la lettre une dizaine de fois, même si elle n’en avait pas besoin pour confirmer son impression première, et comprendre entre les lignes le message caché qu’il lui laissait... Ici, il était fait mention du fait qu’il était ami avec plusieurs généraux, qui devaient prendre des décisions difficiles, comme envoyer des hommes en détachement à l’étranger et sur des fronts difficiles pendant parfois des années. Là, qu’il connaissait bon nombre d’hôpitaux et de cliniques, et qu’il avait « eu vent » de son suivi médical, de tous les efforts qu’elle avait fourni pour sa transition, et de la difficulté que l’administration pouvait représenter ... A un autre endroit encore, il évoquait la carrière héroïque de son père, admirable « malgré les quelques cas légèrement troubles qui avaient parsemé sa carrière et peut-être aidé son choix de départ en retraite anticipée ». La conclusion de la lettre ? Qu’il était certain que les quelques jours que son neveu avait passé en prison lui avaient mis du plomb dans le crâne, et que c’était grâce à elle : il lui en était reconnaissant, car il aimait profondément le jeune homme et aurait eu horreur de le voir faire de plus graves bêtises encore ... En gros ? Si elle s’obstinait à vouloir devenir un héros, sa mère serait affectée au front le plus loin et le plus dangereux possible. Des « affaires louches » de la carrière de son père seraient déterrées et exposées au grand-jour, pouvant potentiellement l’envoyer en prison. Elle verrait ses possibilités de faire un traitement hormonal correct s’amenuiser, voir disparaître. Et il voulait qu’elle ne touche plus jamais au moindre cheveu du criminel qu’il considérait comme un fils.
La menace avait beau ne pas être marquée de façon si claire, c’est ainsi qu’elle l’interpréta ... Et avec une profonde déchirure au cœur et à l’orgueil, elle préféra enterrer définitivement son projet d’enfance plutôt que de risquer un tel bras de fer. Elle ne parla de la lettre à personne, ne fit plus aucune mention d’un « potentiel retour chez les héros », et demanda même à son père de se débarrasser de son costume, qu’elle avait laissé à Seattle. Il refusa, et elle n’insista pas. Ceci dit, cet incident eut tout de même d’autres conséquences : déprimée et désorientée, elle laissa ses notes chuter de façon si vertigineuse qu’on lui refusa d’emblée le passage en troisième année, et qu’elle avait le choix entre retourner à Seattle, ou faire des efforts draconiens pour se rattraper et faire une autre seconde année, une qui serait correcte cette fois. Elle choisit la seconde option avec l’accord de ses parents, et passa une bonne partie de l’été seule à New-york et à Starfish, à se balader dans les rues lorsqu’elle ne faisait pas des stages de remise à niveau.
Elle trouva d’ailleurs lors d’une de ses balades un vieux stand de tir situé sur Starfish, qu’elle se mit aussitôt à visiter de façon régulière. D’une part, utiliser son alter pour se défouler physiquement lui faisait un bien fou, et à côté de ça, le vieux propriétaire adorait voir la jeune femme tirer avec ses armes, trouvant qu’elle y mettait un entrain « qui manquait à beaucoup de jeunes ». Elle devint très rapidement amie avec le vieux monsieur, qui, comme il n’avait pas énormément de clients, pouvait se permettre de passer de longues et chaudes journées d’été à lui enseigner ce qu’il savait sur les armes à feu « classique », ainsi que sur les siennes. C’est d’ailleurs à cette période que les pistolets à silex de Kathleen changèrent d’apparence, une lame se formant au bout de la crosse, et des dents au milieu de cette dernière. Discutant longuement avec le propriétaire, Chip, elle finit par lui raconter toute l’histoire du braquage qui avait mal tourné, et de la lettre qu’elle avait reçu par la suite ...Le vieil homme s’était frotté la barbe pendant quelques temps, puis avait fini par dire à la jeune femme que « pour ce que son avis valait », elle avait prit la bonne décision. Il rajouta cependant que si elle continuait à se morfondre et à laisser ses résultats chuter comme ça, il allait lui-même se ramener sur le campus pour lui botter le cul. Ce qui ne manqua pas de la faire rire, mais la motiva effectivement à se reprendre en main.
Son redoublement fut, au soulagement général, une réussite. Elle ne revint pas au sommet de la classe comme en filière héroïque, mais parvint d’une part à obtenir une moyenne plus que décente, et d’autre part à signer un contrat avec Chip. Ce n’était que pour un travail à temps partiel après ses cours, qui n’était ni très bien payé, ni très enrichissant, mais c’était un bon moyen de continuer à fréquenter le stand sans – trop – dépenser d’argent, et son père était content de voir qu’il avait réussi à lui transmettre une autre idée de carrière que celle de héros. Cela donna également à la jeune femme un pécule suffisant pour lui permettre de payer elle-même son traitement hormonal, ainsi qu’une adhésion à un club d’arts martiaux, auquel elle continuait de se rendre régulièrement. En pratique, elle n’eut donc pas énormément de temps pour elle durant ses deux dernières années de lycée, mais lorsqu’elle en sorti avec un diplôme (avec une petite mention) en poche, elle avait déjà un travail qui l’attendait, une idée d’où elle voulait vivre, et l’air plus radieuse et féminine que jamais.
Elle passa les deux ans suivantes à obtenir un diplôme en gestion, tout en travaillant à temps partiel pour Chip. Durant cette période, elle rénova lourdement le vieux stand de tir pour attirer plus de clients (ce qui fonctionna plutôt bien), continuant les arts martiaux sur le côté, et s’entraînant bien entendu à tirer dès qu’elle en avait l’opportunité. Le vieil homme était si satisfait du travail de Kathleen qu’il finit par lui expliquer absolument tout du fonctionnement du stand, des aspects légaux et juridiques aux achats de munitions et de nouvelles armes, en passant par la gestion mensuelle du budget et des licences, ou tout simplement du maintient à flot de petite entreprise indépendante comme la sienne. Lorsqu’elle obtint son diplôme, il lui vendit le stand pour une bouchée de pain, et prit sa retraite pour partir finir sa vie en Floride, un peu plus près de ses petits enfants, de sa ravissante belle-fille et de son « con de gamin ». La jeune femme profita du départ d’un locataire non loin pour se prendre un appartement quasi au-dessus de son stand, où elle célébra son 20ème anniversaire une fois avec ses parents, et une autre avec quelques vieux amis du lycée ou de licence. Cette période marqua également le point auquel elle reprit une ancienne mauvaise habitude qu’elle avait presque fait disparaître ... Cogner des abrutis lorsque cela lui paraissait plus pertinent que d’essayer de les raisonner ou d’en tirer des excuses. Ce qui n’était pas forcément rare, à vrai dire. Si elle n’eut jamais de gros problème suite à cela, quelques uns de ces pugilats lui valurent de passer la soirée en cellule de dégrisement, et d’en être quitte pour une belle amende à la sortie. Ce qui, au final ... Ne lui fit pas le moins du monde changer de comportement.
Une de ces soirées faillit mal tourner, cependant. Alors qu’elle avait eu 23 ans depuis peu, Kathleen décida de se rendre dans un night-club assez connu de Paradice, où elle passa une soirée agréable, rencontrant au passage une demoiselle charmante avec laquelle elle tenta de se rapprocher ... Mais alors qu’elles conversaient, un homme très bien habillé mais sans manière vint les interrompre, et proposer à la demoiselle sa compagnie, « plutôt que celle d’une bête de foire ». Kathleen l’envoya naturellement voir ailleurs de façon fort peu polie, lui proposant même la pointe de sa chaussure pour l’aider si besoin : l’homme répondit en jouant du pan de sa veste pour dévoiler la crosse d’une arme à feu. Une seconde plus tard, un pistolet à silex était dirigé vers son entrejambe, l’autre vers son visage, les deux bien entendus dissimulés un minimum des regards, mais parfaitement visible pour l’homme. Il eut besoin de quelques instants pour contenir son énervement, mais finit par simplement donner l’avertissement suivant. Il allait sortir rejoindre quelques amis, puis revenir. S’il quand il revenait, il voyait le moindre croc, la soirée allait
très mal se terminée. Dès qu’il fut hors de vue, Vermillion se dirigea vers la sortie, accompagnée de la demoiselle. Elles échangèrent les numéros à l’entrée de la boite, et la jeune femme rentra chez elle ... Tandis que Kathleen, elle, se dirigea vers sa voiture, défit ses cheveux, enfila sa veste qui était sur la plage arrière, enfila la protection respiratoire qu’elle utilisait pour refaire la peinture du stand, et ... patienta. Elle eut une petite demi-heure pour réfléchir sur la mauvaise idée qu’elle avait eu. Au terme de cette dernière, elle vit l’homme de tout à l’heure, effectivement accompagné de plusieurs « amis » tout aussi chiquement fringués que lui, monter dans une voiture et partir. Elle mit le contact, et les fila le plus discrètement possible.
Lorsque la voiture qu’elle suivait s’arrêta, elle continua son chemin, notant mentalement l’adresse. Dans les jours qui suivirent, elle se renseigna sur le bâtiment, et y revint à une ou deux reprises ... Une « laverie automatique ». Dans laquelle, elle eut l’occasion de le voir de loin grâce à sa lentille, se retrouvaient régulièrement des gens chiquement vêtus. Sur une période de peut-être 3 semaines, lorsqu’elle ne travaillait pas ou n’était pas occupée, la jeune femme se postait sur un toit du quartier, et observait ... Et lorsqu’elle pensa avoir obtenu assez d’informations sur les flux de personnes dans le bâtiment, elle passa à l’action. S’introduisant par une fenêtre un jour où il n’y avait presque personne, à une heure à laquelle il n’y avait personne, elle fouilla un peu le bâtiment, assomma chaque garde sur lesquels elle tomba de la façon la plus discrète possible, et ... Trouva deux planques d’armes et une de drogue. Ainsi qu’une montagne de documents plus ou moins compromettant. Utilisant le téléphone d’un des gardes, elle contacta les autorités « anonymement » pour leur demander de venir le plus vite possible, prétextant qu’un fou menaçait de tuer trois personnes dans le bâtiment. Puis, elle envoya un SMS à tout le répertoire « professionnel » du garde, parlant d’une urgence. Et elle quitta la scène en vitesse pour rejoindre le toit qui lui servait de poste d’observation. Si la police comme les membres du gang furent tous relativement confus lorsqu’ils arrivèrent sur les lieux, il n’y eut aucun échange de coup de feu ... En revanche, des arrestations commencèrent
très rapidement à se faire, et le lendemain soir, lorsque la jeune femme à 4 bras se posa devant sa télévision pour le journal du soir, ce dernier relata comment un coup de fil anonyme avait mené à une arrestation de masse dans le quartier Paradice, et au démantèlement partiel d’un gang local.
Ce qui, cela allait sans dire, encouragea Kathleen à ressortir ce qu’il restait de son vieux costume du placard, à le remettre à neuf, et à le garder sous le coude, des fois qu’elle ait d’autres opportunités de jouer la vigilante ici et là. Ce qui, à n’en pas douter, allait se produire de plus en plus, surtout après l’effondrement. Pour le moment ? Ni la police, ni les héros officiels n’ont réussi à la pincer ... Et qui sait combien de temps cela durera. En attendant, elle s’est acheté une petite radio qu’elle a trafiquée pour recevoir les fréquences de la police, a un œil vigilant sur Ukato, et ... Passe la majeure partie de ses journées dans son stand de tir, en centre-ville.