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Un vieux téléphone à clavier se mit à vibrer comme un damné, se déplaçant de lui-même sur les lattes du plancher. Un grognement fatigué, et une main griffue émergea du matelas et du tas de couettes qui se trouvait juste à côté. Tâtonnant à deux ou trois reprises, les griffes d’os finirent par entourer l’objet de tout ce raffut, et se refermèrent dessus en laissant des entailles profondes dans le bois. Une autre main émergea pour tirer sur le câble du chargeur et le débrancher, et la tête de la petite tueuse émergea finalement, luttant à ouvrir les yeux … Pour finalement appuyer sur le bouton vert.

Ouais, quoi ?
Et bien bonjour à toi aussi ! J’ai l’impression que je te réveille, mais t’en fais pas ça vaut le coup. Écoutes Ver’, j’ai reçu une info qui devrait VRAIMENT t’intéresser, de la part d’une de mes sources dans la police. Enfin une source qui a un contact dans la police. Bon, c’est un jeune gars pas super sûr de lui, il a un peu hésité avant de contacter qui que ce soit et il tenait vraiment à être payé au moins 5000$, mais franchement je pense que s’il s’était débrouillé pour appeler plus tôt il aurait pu demander plus. 5000$ qui viendront de ta poche, au passage, vu que l’info n’intéresse que to-
Ok, ta gueule deux minutes. La petite tueuse se massa les yeux. Elle aurait pu se montrer un brin plus diplomatique, après réflexion… enfin, tant pis. écoutes, hier soir j’ai eu un job consistant à jouer les gardes pendant un deal fumeux entre deux boss mafieux à Paradice, et ces connards ont décidé de jouer au poker jusqu’à 6 heures du matin. Donc soit tu me dis pourquoi tu m’appelle en genre. Deux phrase, max, soit je me rendors au bout du fil.
Bon, j’allais y venir de toute façon. Il faut que tu dégages définitivement de ton appartement, et prompto.
… Why ?
Les flics savent où tu vies et ils ont mis en place toute une opération avec de gros moyens pour t’arrêter, d’ici … hmm, je dirais que tu as une dizaine de minutes.
Un genre de râle de déplaisir, de frustration et de fatigue emplit l’appartement pendant quelques instants … Puis la naine cornue éjecta sa couette d’un coup de queue puissant et se leva pour se diriger vers son armoire. 2500$ pour lui, 4000 pour toi. 10 minutes de marge c’est vraiment trop peu pour mériter un cent de plus.
Hey, si je ne t’avais pas prévenu, tu te serais probablement réveillée en taule. Oh, d’ailleurs, tu veux peut-être enfiler un masque à gaz.
Et comme tu m’as prévenu bien à la bourre, je vais probablement laisser les trois quarts du fric accumulé dans cette planque derrière moi … Heureusement que j’ai pas des masses d’équipement. Une seconde. La petite berserk, qui avait temporairement calé son téléphone entre son crâne et son épaule, saisit ce dernier pour le poser sur une table … Et enfiler le haut d’une de ses combinaisons de combat. Ces dernières étaient plus chères et plus difficiles à trouver que n’importe lesquelles des vêtements civils qu’elle avait. Tirant la fermeture éclair dans son dos vers sa nuque, elle reprit le téléphone de l’autre main, se dirigeant vers un placard dans lequel elle se mit à fouiller pour en sortir un sac de sport rempli d’argent. Un masque à gaz ? De quoi on parle, lacrymo ?
un genre de somnifère ultra puissant. Aucun déploiement de sniper ou quoi, on cherche juste à te coffrer « dans les règles ».
… J’ai dû gagner des points de bonne conduite à New York. Ou alors un homme politique veut m’avoir sous la main.
Donc tu me fais un virement de 10000$ pour le tuyau ? ‘Faut aussi que je file deux-trois billets à l’indic’ qu’est allé voir le policier.
pfff … Ok. Si je m’en sors. Sinon je m’assure de détruire mon téléphone avant et blablabla.
T’es ma meilleure cliente, Ver’.
Hm.

La tueuse raccrocha et glissa le téléphone dans la manche qui lui recouvrait de la moitié du biceps à la main. Fouillant encore un peu dans ses affaires, elle dégotta la protection respiratoire de chimiste que lui avait fournie le docteur sérum, il y avait quelques semaines de cela, pour un casse qu’il avait organisé. Elle prit une profonde inspiration … Puis tira sur les lanières de caoutchouc pour mettre le masque en place. La vitre de plastique n’était pas impeccablement propre, et le masque n’était pas vraiment prévu pour une personne cornue, ce qui rendait son port inconfortable, mais la petite démone ferait avec. Jetant deux ou trois dernières affaires dans son sac de sport, qui commençait à être plein à craquer, la tueuse soupira. Saisissant un autre sac, elle l’ouvrit, jeta le premier dedans, et referma les deux. Ça n’empêcherait pas une balle de traverser le tissu synthétique, mais au moins elle avait un peu plus de chances d’éviter de répandre ses affaires dans toute la ville si un des sacs était endommagé. Elle passa la lanière du sac par-dessus son épaule pour le mettre en bandoulière, et se saisit de son barret gun, qui reposait contre le mur, canon vers le haut. Vérifiant rapidement si elle avait des chargeurs de secours qui traînaient, et en fourrant un ou deux dans la poche externe de son sac pour qu’ils soient faciles d’accès, la tueuse regarda une dernière fois sa planque.

Elle n’avait jamais fait grand-chose de l’endroit. En particulier à cause des problèmes d’humidité et d’isolation. Elle s’était juste installée un coin pour dormir, une télévision avec une petite cinémathèque, de quoi cuisiner, et le reste … Réserve de bouffe, réserves de fringues, réserves de fric. Dont elle devait abandonner une bonne partie, si elle voulait pouvoir se déplacer rapidement. Et elle allait probablement avoir besoin de ça … Elle se retint de soupirer pour ne pas remplir son masque de buée, et s’approcha d’une fenêtre. « 10 minutes » … à peine. La rue en contrebas était déjà déserte, à l’exception de deux ou trois fourgons banalisés, et de voitures de police, à quelques dizaines de mètres. Des officiers se mettaient en place, encerclant le bâtiment … Mais ils n’allaient pas vraiment en avoir besoin. La petite tueuse pivota, et se dirigea vers une des portes qui lui permettait de sortir de la pièce.

Il y avait souvent, dans les situations de combat, une sorte de … Calme avant la tempête. Pas toujours. Parfois, une fusillade commençait si brusquement qu’aucun témoin extérieur, et parfois même certains des participants, ne la voyait venir. Parfois, les adversaires lançaient l’affrontement sans plus de cérémonie, et plongeaient directement dans l’action. Mais là, cet étrange instant de battement avant le feu de l’action se produisait. Le monde semblait légèrement tourner au ralenti. Les forces de police observaient la petite terroriste, qui les étudiait en retour. Chercher à prédire qui ferait le prochain mouvement, de quoi il s’agirait. Le doux bruit des quelques gravats qui avaient percuté le sol aurait presque pu sembler insignifiant. Puis, subitement, le battement toucha à sa fin, et le temps se remit normalement en marche pour tous et toutes, à commencer par le centre d’attention de la journée. Jambes écartées, position basse pour assurer sa stabilité tout en lui permettant de bondir hors de portée d’une éventuelle attaque, la tueuse cessait de se contenter d’observer son environnement et ses adversaires. Il n’y eut aucune démarcation nette entre la première situation et la suivante … Sauf dans son esprit.

Voir des câbles d’une belle couleur verte qui avaient empêché une grande majorité des débris d’écraser ou percuter qui que ce soit n’était pas « surprenant » aux yeux rouges de la tueuse, qui avait vécu trop d’expériences différentes pour encore se laisser déstabiliser par quelque chose de ce genre. Quelqu’un disposait de fils résistants et visiblement collants, visiblement . Capacité originale, pénible si quelqu’un s’en servait sur elle. Pas grand-chose à dire de plus. L’information était déjà traitée et passée à l’arrière-plan de son esprit. A côté de ça, même si elle s’était pris une balle en plein visage un peu plus tôt, on ne semblait pas immédiatement tenter de la fusiller, ce qui était agréable. Remplacer les balles par du gaz n’était bien sûr pas vraiment préférable, mais cette alternative la laisserait avec moins de bleus à la fin de la journée, peu importe l’issue des affrontements.

Ceci étant dit, même si elle ne pouvait pas prétendre avoir « apprécié » le tir en pleine tête, il avait eu un bon côté. Il avait, conjointement avec la chute qu’elle venait de réaliser, permis de réveiller totalement la petite tueuse. Elle aurait largement préféré une nuit de sommeil complète, mais en attendant, ses 5 sens étaient fonctionnels et sur le qui-vive. 5 sens comprenant bien sûr l’ouïe. Quelqu’un courait sur le béton à quelques mètres derrière elle, puis prenait appui sur la silhouette particulièrement endommagée de la fourgonnette dans laquelle elle était tombée pour sauter par-dessus. Ce n’était pas très dur à entendre, dans la mesure où le métal tordu avait crissé lorsqu’on s’était appuyé dessus pour bondir. Pivotant vers la direction dont provenait l’assaillant, la mercenaire n’eut même pas besoin de voir qu’il avait son arme en main pour bondir sur le côté afin de se mettre hors de portée. Aucune chance qu’il n’effectue une manœuvre aussi risquée uniquement pour s’assurer de sa position, information dont tout le monde dans la rue disposait.

Cependant, alors qu’elle était en l’air et regardait le tir qu’elle venait d’esquiver, la tireuse sentit un cisaillement désagréable lui entourer les jambes et couper son élan. Au lieu des trois ou quatre mètres qu’elle comptait faire, elle toucha de nouveau terre après à peine un et demi. Baissant très rapidement le regard pour vérifier ce qui venait de se produire, la mercenaire fronça un peu les sourcils en voyant un certain nombre de câbles blancs, qui avaient commencé à se resserrer autour de ses mollets et cuisses. Pour arrêter 215 kilos en plein vol, ils devaient être solides … Ou alors c’était leur nombre. Bon point pour elle : sa pose jambes écartées et son mouvement au milieu de la manœuvre avait fait qu’on n’avait pas pu les lui entraver correctement. Double bon point pour elle : la « balle » que lui avait tiré le blond qui venait de lui passer au-dessus avait percuté l’endroit où elle se trouvait un peu plus tôt … Et du coup, les fils. Mais au lieu de les trancher ou quoi que ce soit, la munition utilisée par le héros forma une sorte de … « sphère » très irrégulière de mousse, qui se mit à gonfler et à changer de couleur extrêmement rapidement. Englobant encore plus de câbles. La mercenaire eut un petit sourire intérieur en repensant à la nuit blanche qu’elle venait de passer, qui avait consisté, pour une bonne partie, à limer et aiguiser ses griffes en attendant la fin d’une interminable partie de poker.

Dis ça à ce qui est relié à ces fils.

Tordant le bout de sa queue pour en faire un crochet, elle réunit les câbles et les mis sous tension. Puis, d’un balayage du bras devant elle, elle les trancha avec le dos tranchant de ses griffes, et fit un autre bond en arrière en pivotant sur elle-même pour commencer à courir. Pas en ligne droite. Elle ne put faire que deux mètres qu’un autre tir la força à rouler à terre, sans quoi il lui aurait percuté le visage. Ne marquant pas la moindre pause, elle força sur une jambe pour changer sa trajectoire et faire un mètre dans un sens, puis dans un autre, avançant en zig zag avec une certaine irrégularité. Elle avait presque littéralement un mur de policiers face à elle, et même s’il était tentant de foncer tel un bélier, elle ne tenait pas à se faire encercler par une dizaine d’alters inconnus.

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Jamais on avait pu voir la petite oni aussi radieuse depuis son arrivée à Starfish, et pour cause elle venait d'être rejointe par celle qu'elle pouvait considérer sans faute comme sa meilleure amie, Samarilla. La jeune femme rosée, toute aussi cornue mais un peu plus grande qu'elle ne contenait clairement pas sa joie non plus à papouiller la cheffe de gang par moments qui lui semblaient opportuns, tandis qu'elles faisaient le tour de l'établissement scolaire pour le présenter à l'embrasée. Le reste se passa de manière plus conventionnelle et se termina à partager un lit d'étudiant pour deux, mais ce n'était guère un souci pour autant. Mana était cependant clairement plus matinale que sa comparse du fait de son métabolisme acharné, et se contenta d'observer dans la pénombre du matin son amie l'ayant rejoint ici, près de New York, comme si elle craignait que ce rêve ne s'évapore hors de sa vue à tout moment. Mais cela n'arriva pas et Samarilla finit par se réveiller à son tour, rougit un peu en voyant sa cheffe la regarder ainsi de si bon matin avant de lui déposer un petit baiser sur le front, entre ses cornes. Une attention qui donna une petite moue à la petite oni, avant qu'elle ne s'attendrisse quelque peu.

Mais une fois réveillées, il fallait maintenant se lever. La journée était libre aujourd'hui, aussi prirent-elles le temps de se préparer et se doucher dans la grande salle de bain commune de l'étage, avant de finalement déguerpir en ville. Quitte à se lever tôt, autant aller déjeuner en plein air à une terrasse sympathique. De toute façon les plans de la journée étaient simples, faire du repérage à Starfish pour peut-être débuter bientôt un recrutement et un gain d'influence selon le quartier choisi. New York était bien évidemment une autre cible de choix pour s'installer, mais valait mieux commencer par le plus proche aujourd'hui. Évidemment étant donné le mode de vie des deux gangsters féminines, valait mieux éviter tout ce qui était bobo chic et tout le tintouin, elle n'aurait que trop peu d'influence sur les fils à papa. En tout cas elles avaient fini en centre-ville pour se restaurer un minimum, assises à une terrasse assez petite mais largement suffisante pour accueillir deux adolescentes. D'autant plus qu'il n'y avait pas grand monde, cela aurait pu paraître étrange mais la petite cornue était trop occupée à manger un donut ou deux pour réellement s'en soucier. Elles passèrent un certain temps ensemble à cette terrasse, à discuter de tout et de rien.

" Et tu n'as toujours pas trouvé de copain ici ? "

" ...Combien de fois devrais-je te dire que ça ne m'intéresse pas. "

" Oui c'est vrai, après tout tu m'as déjà, moi ~ "

" Pfff si tu le dis ... Tu es incorrigible, Sam. "

Répondit-elle entre deux bouchées, un peu de chocolat au coin des lèvres que la rosée vint nettoyer de son index taquinement, faisant arquer un sourcil à la cheffe de gang face à elle. Bref une scène très calme et surtout insouciante de ce qu'il se déroulait réellement dans les environs, si proche d'elles...

Fait amusant : l’alter de Vergetelheid avait progressivement transformé son nez … à cause du nombre de coups de poing dans la figure qu’elle avait encaissé. Ce qui ne voulait pas dire qu’il avait disparu. Elle avait des cavités nasales, des narines – extrêmement fines mais présentes et fonctionnelles – et un genre de coussin de tissus sur la majeure partie du visage qui permettait d’encaisser les chocs, même si cela restait désagréable au possible. Tout cela pour dire que, bien qu’il soit un peu atrophié au bénéfice d’une protection faciale, Vergetelheid avait toujours un sens de l’odorat. Et ce dernier était l’explication principale de pourquoi elle préférait largement les toits aux égouts. Pour un déplacement rapide et sans ennuis, c’était à la fois moins anxiogène, plus rapide, moins contraignant, et ça sentait meilleur.

Ce qui donnait une raison de plus à la petite tueuse pour détester les flics. Lui forcer la main à descendre là où on balançait les déjections, eaux usées et autres déchets de nature suspecte, c’était criminel. Mais aussi indispensable. Sauter de toit en toit était rapide et pratique, certes … Mais il n’y avait rien de plus prévisible qu’une cible se déplaçant par bonds, il n’y avait qu’à voir la chasse au pigeon d’argile pour s’en convaincre. Dans les égouts, au contraire, les couloirs étaient étroits (enfin, la partie sur laquelle on pouvait marcher l’était), tournaient ici et là, et tout était sombre : en somme, un contexte affreux pour une équipe d’intervention équipée d’armes à feu.

En vertue du fait qu’elle n’en avait plus rien à faire des chutes depuis bien longtemps, la rousse se laissa tomber en chute libre dans le conduit se trouvant sous la plaque dégoût, tombant ainsi sur une demi-douzaine de mètres avant de percuter le sol avec un « boum » étouffé. S’éloignant de quelques pas afin de ne pas rester directement sous le puit de lumière, la tueuse souleva la sangle qui tenait son fusil en bandoulière dans son dos, et prit ce dernier en main pour viser l’endroit par lequel elle venait de débarquer. Elle préférait éviter de buter du flic aujourd’hui … Mais une balle dans la cuisse n’a jamais tué personne, du moment que d’autres unités à proximités prennent le temps d’évacuer le blessé vers un hôpital, n’est-ce pas ? Ceci étant, elle compta mentalement jusqu’à 10, sans voir personne. Autant éviter de donner à ses adversaires le temps de l’encercler parfaitement. Se détournant en remettant son fusil dans son dos, elle se mit à courir dans les longs couloirs, dont le centre était rempli d’eaux usées qui s’évacuaient mollement vers la mer. A peine tourna-t-elle à une intersection qu’elle entendit un cri derrière elle, suivi par quelqu’un qui visiblement descendait à sa poursuite. Quel timing … Et quelle idée. Ce genre d’entrées fracassantes était parfait pour se prendre un très mauvais coup … D’une part, le terrain dans lequel s’était lancée sa poursuivante (ou son poursuivant à la voix très peu virile) lui était inconnu. Ensuite la personne cherchait visiblement à minimiser la distance entre elle et une professionnelle du corps à corps capable de pulvériser des briques avec son front. Et enfin, corps à corps mis à part … La  naine ne l’avait pas mis en avant, mais personne n’avait remarqué qu’elle avait un flingue servant à trouer un camion, son pilote, et une partie de la remorque ? Ce n’était pas comme si l’arme était nouvelle, en plus.

Se questionnant sérieusement sur ce qui passait par la tête de certains individus –sans avoir la moindre idée de ce qui avait « motivé » Irina à prendre une décision pareille- en continuant à courir, la petite brute passa deux, trois intersections et virages en tout genre. Elle entendait des talons (encore quelqu’un qui privilégiait l’esthétique au pratique en combat, très malin) qui claquaient sur le sol, avait entre-aperçu quelque chose ressemblant à des câbles électriques qui illuminaient le premier couloir, et … Des tirs. Quelqu’un noyait les égouts avec encore plus de gaz soporifique. La petite tueuse regretta un peu de s’être montré plus tôt, et d’avoir perdu son masque. Ceci étant … Une solution pour cette gênante poursuivante lui vint en tête. Et ladite solution était possible grâce au fait qu’elle n’avait plus de masque à gaz, ce qui était une bonne chose.

Lorsqu’Irina arriva sur la position où se trouvait Vergetelheid deux ou trois dizaines de secondes plus tôt, position qui se trouvait d’ailleurs juste sous l’avenue Edison, elle put remarquer deux choses. Primo : pas de petite brute. Secondo, les affaires de la petite brute, par terre juste à côté de l’échelle qui permettait de remonter à la surface. Enfin, son sac de sport et son arme à feu, il n’y avat aucune trace de ses vêtements … Ironiquement, le fusil était posé en travers du sac, de façon à pointer la direction dont venait la jeune apprentie héroïne. Peut-être un genre de message, ou d’avertissement pour la prochaine fois …

Ou juste une distraction. La petite brute n’avait pas quitté les lieux, n’était pas dans le tunnel vers la sortie, et ne s’était pas juste délestée pour courir plus vite. Elle avait simplement retiré tout ce qui craignait trop l’eau, et s’était immergée dans l’eau des égouts avec une envie énorme d’en ressortir aussitôt. Pourtant, là, dix ou vingt centimètres sous la surface de l’eau trouble et sombre, elle observait et écoutait. L’eau rendait cela difficile : entre le peu de lumière qui filtrait à travers la grille au-dessus, et la vitesse de propagation des sons qui était augmentée à un point qui les déformait, les humains n’étaient pas faits pour ça. Pourtant, il n’était pas impossible de se faire une idée générale de la position de quelqu’un sur la berge. Assez pour que, en restant entièrement immergée aussi longtemps que possible et en se décalant un peu si besoin, la petite brute puisse brusquement bondir hors de l’eau nauséabonde, directement sur l’héroïne téméraire. En raison de la quantité de gaz que cette dernière avait balancé, la petite brute se retint un maximum de reprendre directement son souffle, et se contenta d’attaquer Irina d’un seul geste : un coup de griffe, balayant les airs pour venir attaquer son visage … Et rayer, trancher, détruire la plaque de plexiglass qui formait une barrière hermétique entre son faciès et l’air ambiant. Ses griffes d’os étaient bien assez résistantes pour cette tâche, et elle avait largement la force pour, aussi. La seule question était si l’héroïne allait se prendre une claque capable de lui arracher la tête, « juste » un coup de griffe qui allait rayer son équipement sans la blesser (ou alors un sale torticolis), ou le rater tout court … Mais la mercenaire faisait son possible pour que ce ne soit ni la première, ni la dernière option. Ce n’est pas parce que la tueuse était une criminelle qu’elle adorait tuer, même les gens aux comportements un peu suicidaires.

Percutant le mur à la fin de son saut, la naine cornue se propulsa vers ses affaires, se pencha pour les ramasser … Et ne put s’empêcher d’expirer. Ce qui lui donna aussitôt envie d’inspirer. Saisissant les lanières de tissus synthétique en faisant son possible pour résister à ses poumons qui commençaient à la brûler, elle se replia sur elle-même, et partit vers le haut comme un boulet de canon. Elle aurait pu rester, détruire le lance grenade de sa poursuivante et potentiellement lui casser une jambe pour la dissuader de la suivre, mais elle avait vu une autre silhouette mouvant dans les ombres. Mieux valait disparaître dans un autre tunnel, même si ce dernier était vertical. Saisissant le barreau de l’échelle lorsqu’elle arriva au pinacle de son saut, elle prit le temps de poser un pied sur un autre barreau en-dessous pour se stabiliser, se ramassa sur elle-même une fois de plus … Et bondit une nouvelle fois. Pour elle, c’était la méthode la plus rapide de ressortir de ces canalisations remplies de gaz. Une fois arrivée juste sous la grille, elle ne prit pas le temps de faire dans la délicatesse : d’un coup de poing, elle l’éjecta dans les airs, avant de s’autoriser à inspirer. Erreur : l’appel d’air qu’elle avait elle-même provoqué lui fit respirer une bouffée d’air puant … et potentiellement piégé. Pas assez pour avoir un effet immédiat, mais elle s’en voulut tout de même. Bondissant hors du trou en diagonale pour essayer de se rendre vers un immeuble, la tueuse dû plisser les yeux à cause de la différence de luminosité … Mais parvint à distinguer deux voitures entre lesquelles se jeter.

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