L’enquête stagnait bien trop au goût de Bloody. Il n’y avait rien de nouveau. Ce qui avait le don de la mettre dans un état de colère plutôt avancé. Pour le moment, le seul qui subissait son courroux, était ce pauvre sac de frappe, qui encaissait les coups de poings furieux de la jeune femme. Un silence pesant régnait dans la pièce. Seul le bruit de la chaîne du punching ball le brisait. De la bouche de la demoiselle, aucun son ne sortait, aucune plainte, aucune râle, ni même de respiration un peu trop accélérée. Ses lèvres restaient scellées, alors que sur son front perlaient quelques gouttes de sueur, témoins de l’effort intense qu’elle fournissait depuis une bonne heure déjà.

Dans sa tête, des images défilaient. Des voix, qui en boucle, répétaient inlassablement la même chose. Parfois, il s’agissait de la sienne, à d’autre moment, c’était celle des gens qu’elle avait questionné, rencontré, lors de sa quête.

*Tu devrais abandonner…*

*Tu ne les retrouveras jamais.*

*Tu n’es pas faite pour cela.*

*Tout ce que tu vas réussir à faire, c’est de te faire tuer toi aussi*

*...*

“LA FERME !!!”


Le pauvre sac, tomba au sol dans un fracas, déversant son contenu au sol. Ces voix, elle voulait les faire taire… À jamais, mais elles prenaient un malin plaisir à la tourmenter. A chaque instant, dès qu’elle avait le malheur de mettre son cerveau au repos. Elle revenait. Encore… et encore.

Mercy passait une main dans ses cheveux de jais, en attrapant une bouteille d’eau qu’elle vida en quelques longues gorgées. Elle attrapait ensuite son portable, et comme dans un geste machinal, elle parcourait les sites d’annonces de faits divers. Elle le faisait tous les jours, parfois même plusieurs fois par jour, à la recherche d’un indice. D’une information. De n’importe quoi, qui la mettrait sur la piste. Jusqu’alors, tout n’était que vain. Mais aujourd’hui, le Destin semblait en avoir décidé autrement. Un article retenu son attention. La ville de Seattle, semblait avoir une nouvelle héroïne étrange, dotée de facultés comparables à celle d’une araignée. Mais aucune photo n’accompagnait les quelques rares lignes sur le site. Au vu du peu de piste qu’elle avait … Mercy n’avait d’autre choix, que de suivre celle-ci.


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Quelques heures plus tard, elle était au hublot d’un avion qui s’apprêtait à décoller. Des écouteurs dans ses oreilles, elle se coupait totalement du monde qui l’entourait, grâce à une musique bruyante, qui reflétait parfaitement son état psychologique chaotique du moment. Un groupe de métal violent, criant les misères et la souffrance de la vie, accompagné par le hurlement des guitares électriques, des coups de batterie et des vibrations discrètes mais indispensables des basses. Parfois, le scintillement d’un piano agrémentait cette cacophonie, comme pour l’adoucir, avant qu’elle ne reparte de plus belle.

Paradoxalement, cela eut un effet soporifique sur Mercy, qui se laissait, plusieurs heures durant, emportée dans un sommeil, réduisant le temps de trajet considérablement.
Elle ne se réveilla que quelques minutes avant l'atterrissage à Seattle. Elle n’avait jamais mis les pieds dans cette ville, mais elle n’était pas perdue pour autant. Être fortunée procurait pas mal d'avantages. A sa sortie de l’aéroport, une voiture l’attendait. Un gentilhomme attrapait ses minces bagages qu’il rangeait dans le coffre et emmenait sa cliente, a un hôtel luxueux.

Elle prit ses aises dans sa ch ambre, qui à l’image de l’hôtel, offrait tout le confort, que la plupart des mortels ne pouvaient même pas rêver de posséder. Pourtant, Mercy ne s’y attardait pas, reprenant son enquête. Un sauvetage avait eu lieu il y a peu, une héroïne araignée avait sorti des décombres, une dizaine de personnes suite à explosion. Dans un premier temps, un alter araignée, ne pouvait avoir de lien avec les Jones … Mais Mercy savait que l’une des têtes du mouvement de rébellion dans sa famille, avait une fille qui avait par malheur hérité de l’alter de sa mère, qui elle, avait un alter lui donnant quelques capacités d’une arachnide. Si elle trouvait la fille, elle trouvait la mère et le père.

La jeune fortunée quitta les luxueux quartiers, pour se faufiler dans les rues les plus malfamées de la ville. Vêtue d’une robe blanche, plutôt neutre, dissimulée sous un long manteau noire, elle se faufilait dans les magasins non loin des lieux où avaient eu lieu l’attentat.

Elle se dit que si cette fille était bel et bien une Jones, elle était tombée bien bas pour flâner dans ces ruelles misérables… Plongée dans ses pensées, elle fut pourtant sortie de ses songes, par des voix, qui s’élevaient dans un échos. Des abrutis semblaient s’en prendre à une jeune femme. A trois. Contre un. Mais Mercy n’était pas une héroïne. Elle n’avait pas de temps à perdre avec ces sornettes. Mais les agresseurs ne semblaient pas l’entendre de cette oreille, puisque lorsqu’ils virent qu’il y avait un témoin, ils avaient eu la brillante idée de l'interpeller, déclarant qu’elle avait bien trop vu.

Grave erreur. Le long de sa main, un filet de sang se faufilait sur sa peau, alors qu’ils s’approchaient d’elle et qu’aucun d’eux ne l’avaient encore touchée.

“Elle est déjà blessée ! Ce sera un jeu d’enfant ! Attrapez la !!”

Un léger sourire se dessine sur les lèvres de Mercy, alors que le liquide écarlate commençaient à se cristaliser, pour au final former une lame qu’elle tenait en main. Cela suffit aux brigands pour prendre peur, et prendre leur jambes à leur cou.

“Pathétique …”

D’un pas lourd, Mercy s’approchait de l’araignée au corps difforme. Elle l’observait, en penchant la tête et jura intérieurement. Ce n’était pas la personne qu’elle cherchait bon sang ! Elle se retenu d’envoyer un coup de poing à la poubelle la plus proche et se contenta de se détourner de la misérable créature à huit pattes, totalement dépitée d’avoir fait tant de kilomètres pour absolument rien trouver, une fois de plus.