Sérieusement, je n’ai pas un physique que l’on oublie rapidement. Alors, par quoi commencer ? Peut-être par la base. Mon alter a transformé mon corps en un hybride entre une humaine et une araignée. De la tête au bassin, j’ai le corps d’une femme de 22 ans, à quelques exceptions près. Déjà, sous mes cheveux violet clair, se trouve trois paires d’yeux. Alors attention, je ne vois pas mieux qu’un autre humain, seulement, j’ai six yeux. Ma bouche, quant à elle, est remplie de dents pointues et aiguisées. Les doigts de mes mains se terminent par de grandes griffes mauves. Là où aurait dû se trouver mon nombril, se trouve la sortie de ma glande productrice de soie. Et enfin, ce qui aurait pu être de grandes jambes n’est en réalité que deux griffes géantes habillent comme des bras. Ensuite, le reste de mon corps est équivalent à celui d’une araignée géante. Mon abdomen est la partie la plus imposante, pesant à lui seul 60 kg. Soutenu par huit pattes velues et poilues qui portent aussi toute ma masse.

Vestimentairement, je dois modifier les pantalons, shorts et culottes qui se trouvent le marché pour pouvoir les enfiler par mes griffes inférieures. Pour le haut, par contre, je peux plus facilement me tourner vers ce qui se porte par tout le monde. J’ai toujours imaginé ma tenue de super-héros avec de longs gants noirs, un soutien-gorge et une toge en cuir ou en latex. Je ne voudrais pas que l’on cache mon visage, car je souhaite devenir une véritable idole pour les alters monstrueux.

C’est important pour moi que l’on me reconnaisse. Je voudrais vraiment devenir un étendard pour l’égalité entre les alters et pour l’acceptation des handicaps dans l’univers des super-héros. Vous n’imaginez pas, comme je veux que l’on arrête de penser qu’un alter destine des gens aux rôles de vilain ou de héros. Ce sont les valeurs des gens et leurs sentiments qui font d’eux de bons citoyens, pas leurs talents. Pour ma part, j’ai toujours voulu que la justice soit rendue dans les meilleures conditions pour permettre aux gens de vivres sereinement et sans que le chaos ne règne. Je ne comprends pas comment on peut vouloir du mal aux gens, il faut savoir s’aimer les uns, les autres.

Maman, même si tu m’as toujours rejetée et que je te dégoûte, je voulais te dire que je t’aime.   
   

Lorsque vous mettez au monde un monstre, vous avez deux façons de réagir ? Lui promettre une mort certaine, ou le faire vivre dans la haine jusqu’à ce que son cœur soit aussi monstrueux. C’est ce que mes parents ont pensé quand ma mère accoucha. Née un 22 octobre, il n’y aura, ni photo, ni vidéo et peu de visite, mes parents ayant honte d’avoir créé un être abjecte comme moi. Mon alter avait déjà transformé mon corps, pour faire de moi le premier bébé mi-humaine, mi-araignée. Ma mère devait penser que la vie me tuerait et qu’elle pourrait avoir une bonne conscience, mais malheureusement pour elle, au jour d’aujourd’hui, je suis toujours vivante.

On remarqua rapidement que j’étais sourde et que comme les araignées, j’entendais les vibrations via mes pattes. En plus de mon aspect monstrueux, ils durent apprendre comment communiquer avec moi. N’entendant pas les sons, je n’appris pas à parler, mais seulement le langage des signes. Chaque jour, je pouvais voir, le dégoût, la peur et la haine dans le regard d’une mère qui jamais ne me dira qu’elle m’aime. Car elle ne m’aime pas.

Mon père travailla de plus en plus, laissant ma mère seule avec moi quand je rentrais de l’école. Il n’y avait bien entendu, pas d’amis, pas de familles, personne qui ne venait nous voir. Il n’y avait pas de fêtes, pas de Noel, pas d’anniversaire. Il ne fallait pas qu’on me remarque. Ils se demandèrent souvent s’ils devaient aussi me couper de l’école, mais ma mère de ce que je compris, avait toujours refusé de passer plus de temps avec moi. On me changea plusieurs fois d’écoles. Je faisais peur. Des parents se plaignaient. J’ai même failli empoisonner un garçon qui me tirer les pattes arrières. Plutôt que de punir, celui qui me faisait du mal, on préféra me faire opérer pour retirer mes glandes de venins.

Je passais du coup, beaucoup de temps dans ma chambre à lire, regarder des comics, dessiner. Et mon idole fut LightWoman, la super-héroïne. Ce fut pour moi un grand plaisir que de convaincre mes parents d’aller la voir en convention. Il fut dur de ne pas céder devant les regards et les moqueries, mais je voulais avoir une signature d’elle. Lorsqu’elle me vit, elle tenta d’abord de me parler, mais les sons ne venaient pas à mes oreilles. Par contre, son sourire atteignit mon cœur. Lorsqu’elle comprit mon handicap, elle commença à utiliser le langage des signes qu’elle avait appris pour communiquer avec son jeune frère aussi sourd. Elle prit du temps pour le passer avec moi, elle me permit de manger un sandwich avec elle et m’apprit le bonheur que de sauver les gens. Par la suite, nous discutions souvent par mail.

Lorsque j’eu l’âge, je fis ma demande d’inscription pour entrer à l’académie Starwall. Depuis la refonte du système de super-héros, c’était la dernière académie officielle et seul la crème des super-héros en sortait. Je passai l’examen d’entrée et malgré des épreuves physiques, largement, réussit, je perdis beaucoup de points au niveau des examens oraux. Mes résultats étaient globalement médiocres et on refusa mon inscription. LightWoman appuya une seconde chance, en passant par un jury de repêchage, mais ce ne fut pas mieux. Expliquant que mon physique et mon alter étaient très loin de ce que les gens voulaient comme héros, ils brisèrent mes rêves d’être un jour une héroïne. Par défaut, je fis une fac de design et de graphisme.

Déménageant dès que je pus dans un appartement de Seattles, je me lançais comme freelance dans le milieu de l’illustration. Ainsi, pas besoin de sortir, pas besoin de voir du monde, pas besoin de ressentir le dégoût sur moi et possibilité de parler par écrit avec mes clients. Ce n’était que bénéfique pour moi. Vivant mes journées dans mes toiles, je travaillais principalement la nuit, regardant des comics et des séries. Pendant cette période, je perdis le contact avec LightWoman.

Et l’apocalypse commença. Toutes les chaînes n’affichaient que ça. La tentative d’assassinat sur le président, les données des super-héros partagées partout, puis les attentats partout dans le pays. Ils tombèrent tous les uns après les autres. Les figures de la justice sombrèrent. Un chagrin immense s’empara de moi. Mais qui allait sauver les gens, combattre le mal ? Il me fallut beaucoup de volonté pour me sortir de cette angoisse devant ce qui se passait. Et ce fut pour rechercher des informations sur LightWoman. Elle s’appelait Johanna Hamelton, elle avait 41 ans et elle avait été tuée.

Je ne sortis pas pendant une semaine entière, mangeant ce que j’avais dans le congélo quand la faim s’emparait de moi. Je ne dormais pas. J’avais peur. Qu’est-ce qui allait arriver ? Comment le monde allait tourner ? Mais, il fallait quand même que je sorte au bout d’un moment. Alors que je me rendais comme toujours dans mon sweat au magasin le plus proche, je fus soufflé par l’explosion d’un immeuble proche. En premier lieu, sous le choc, je regardais si un héros allait arriver, si le cauchemar allait s’arrêter. Mais personne ne vint. Je ne sais pas ce qui me passa par la tête, mais sur le coup, j’ai foncé vers les débris. J’ai tissé une toile pour retenir les restes du bâtiment. Pour qu’il ne s’effondre pas. Je sentais sous mes pattes les cris de quelques survivants. Soulevant un premier bloc, puis un second, retenant ce que j’enlevais avec une toile, petit à petit, je me frayais un chemin vers le plus proche survivant. Me glissant agilement entre les débris, je pus lui tendre une main. Mais, malgré ses actes quasi-héroïques, il fut apeuré par ma présence, préférant baffer ma main, puis mon bras et me frapper alors que je le remontais à la surface. Deux heures furent nécessaires à sortir de là ceux qui étaient vivants, et pas un seul merci, pas un seul. Seulement la peur et le dégoût de voir un monstre les extirper de ce cercueil de pierre et de métal.

Au fond de moi, je savais que j’avais fait le bien. Je n’avais pas besoin de plus. Alors, lorsque j’ai su qu’on donnait une seconde chance aux candidats recalés, j’ai contacté l’académie pour me proposer. Et, avec quatre ans de retard, je pus commencer ma formation de super-héros.
   

Le seul haut-fait qui pourrait être accordé à Moira pour le moment, c’est le sauvetage de l’immeuble du croisement entre la 94éme et boulevard West Street. Un terroriste avait fait exploser la base du bâtiment qui s’était effondré sur lui-même. Moira qui à ce moment-là sortait pour faire ses courses, était proche. Après le choc du souffle de l’explosion et ne voyant aucun héros venir vers la scène, Moira se rua sur les débris et commença à créer une toile pour consolider ce qui n’était pas encore tombé. Elle utilisa son système auditif basé sur les vibrations pour ressentir les personnes encore vivante et elle se construisit un passage vers eux. S’aidant de ses toiles et de sa force, elle put secourir une dizaine de personne et permis au bâtiment de ne pas faire plus de dégât. Le revers de la médaille, fut la peur, la haine et le rejet pour son apparence malgré ce qu’elle venait de faire.Actuellement, Moira n’est pas connue pour ses actes héroïque et n’a donc pas de réputation ou de renommée dans le milieu des super-héros.La maîtrise des capacités lié à l’alter araignée, n’est pas encore optimal et Moira avec de l’entraînement, pourrait apprendre à en tirer d’avantage. Le détail, se trouve sur ma fiche d’alter.Moira, dans sa tenue de super-héroïne, n’a pas un équipement très poussé. Au contraire, sa tenue est fort légère et elle à besoin d’avoir accès à son abdomen pour pouvoir tirer la soie de sa glande.Par ordre chronologique du plus ancien, au plus récent, il y aurait
* La première fois qu’elle se souvient du regard de dégoût et de peur de sa mère alors qu’elle devait l’habiller pour aller à l’école.
* Puis, la griffure de ce camarade de classe pour se défendre qui décida ses parents à lui faire retirer ses glandes de venins.
* La première fois qu’elle rencontra LightWoman et qu’elle vit enfin quelqu’un la respecter et ne pas la juger sur son physique.
* Plus grande, ce qui la marque, fut son échec pour entrer dans la formation de super-héros, que ce soit pendant les épreuves qu’elle échoua sur le fil, ou la discussion avec le jury de repêchage qui se solda par un refus à cause de son aspect monstrueux et de son handicap.
* Puis l’effondrement bien sûr, avec la mort de toutes ses idoles et la peur de vivre dans un monde apocalyptique.
* Enfin, le plus récent, ce fut la première fois qu’elle usa de ses capacités pour réellement aider. Cet immeuble qui explosa et Moira qui fut la seule à être sur place pour soulever les gravats et sortir les rares rescapés. Malgré ça, elle se souvînt encore des cris des gens et de la peur, lorsqu’elle s’approcha d’eux pour les aider. Comme si, ils voyaient en elle, une chose pire que la mort.Le plus grand rêve de Moira, et le seul, est de devenir une super-héroïne professionnelle, dans le top classement du pays avec son comics et ses films, avoir le même rang que son idole LightWoman. Elle aimerait profiter de la notoriété qu’elle pourrait avoir grâce à ça pour informer et éduquer les futures générations sur les handicaps et la stigmatisation des alters. Pouvoir utiliser son expérience pour permettre à des enfants de mieux-vivre avec leurs alters monstrueux tout en continuant à faire le bien et à secourir ceux qui en ont besoin, voilà ce qui l'anime et qui l'aide à ne pas sombrer dans le rôle que tout le monde disait qu'elle aurait.

Moira a toujours connu la réforme des super-héros et n’a pas d’avis spécialement sur le monde des super avant ça.Lorsqu’elle lut au journal sous-titré les événements qui étaient en train de se passer, Moira resta bouche bée et pleura pendant une grosse journée. Elle qui ne sortait pas habituellement, voulu sur le moment encore moins se mêler aux gens. Lorsqu’elle put prendre sur elle, elle se renseigna sur Ukato pour voir si LightWoman était elle aussi morte. Et la réponse, la plongea encore plus dans une crise de larmes et d’angoisse.Moira est bien entendue choquée par les événements actuels. La peur que les autres ressentent n’est désormais plus tournée uniquement vers elle, mais aussi sur tout ce qui peut arriver. À choisir, elle aurait préféré que l’effondrement n’ait pas eu lieu, et même si cela va changer sa vie. Elle espère faire partie des gens qui vont rétablir l’ordre et la justice.Moira de par son expérience passée avec l’académie qui l’a déjà refusé une fois, vois le changement d’orientation d’un très bon œil. Elle espère que cette ouverture existera toujours sur la durée et qu’il ne s’agit pas simplement d’une exception dû aux événements tragiques.