Demoiselle en détresse

« Elle est passée par ici ! » s'écria un premier homme.
« Non, elle est partie par là ! » rétorqua ensuite un second.

Comme vous l'aurez sans doute compris, tous deux étaient actuellement en train de poursuivre notre chère demoiselle Waldorf qui avait eu le malheur de mettre les pieds dans un des quartiers les plus malfamés qui soient. Comment était-elle arrivée là ? On se le demande bien. Au contraire, ce qui pouvait être sûr et certain, c'est qu'elle n'en était clairement pas ravie.

Irina se déplaçait par l'intermédiaire de ses fils verts, ayant comme particularité d'être extrêmement collants, tel un célèbre héros de bandes dessinées : l'homme-araignée. Elle fuyait donc, de cette façon, les deux hommes qui la poursuivaient, passant d'une rue à l'autre en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire. Malheureusement, la brune était suivie de très près.

En effet, ses assaillants semblaient impossibles à semer, tous deux faisant preuve d'une grande agilité durant cette course folle. Par chance, elle parvint tout de même à les distancer et à leur échapper par la même occasion. De ce fait, elle exécuta un atterrissage en beauté dans une ruelle un peu sombre, le claquement de ses chaussures à talons sur le sol provoquant une légère résonance à travers celle-ci. L'étudiante soupira. Sa tenue du jour n'était vraiment pas adéquat pour ce genre de situation.

« Enfin, la voie est libre... » marmonna-t-elle en passant discrètement sa petite tête sur le côté du mur contre lequel elle était appuyée, observant si les deux hommes étaient parvenus à la suivre jusqu'ici. Personne. Elle soupira de nouveau, rassurée, puis recula de quelques pas afin de rester cacher dans l'ombre de cette même ruelle où elle avait précédemment atterrit.

Quand soudainement, un cercle lumineux fit son apparition sous ses pieds. « Qu'est-ce que... !? » s'interrogea-t-elle, prête à bondir pour échapper à un quelconque piège. « Je te déconseille de bouger. » s'exclama une voix grave et peu rassurante. Aussitôt, ses deux assaillants firent irruption dans la ruelle, sortant de l'ombre en ricanant d'un air machiavélique.

L'un était à sa gauche, l'autre était à sa droite : elle était coincée. « Si tu bouges ne serait-ce qu'un pied... BOOM ! » expliqua l'un des deux hommes en affichant un sourire digne des plus grands psychopathes. « Mon alter me permet de créer des mines explosives partout où je pose mes mains, héhéhéhé ! » ajouta-t-il ensuite. « Tu es prise au piège ma jolie. » Les deux hommes se mirent à rire bêtement suite à cette remarque aussi évidente que le nez en plein milieu de la figure.

Elle avait beau y réfléchir, la demoiselle ne savait aucunement comment se tirer d'affaire cette fois-ci. « Au moindre mouvement, ton corps se retrouvera en morceaux, éparpillé aux quatre coins de cette ruelle. » Disait-il vrai ou était-ce un mensonge ? Pour Irina, c'était clairement du bluff. Si la puissance de l'explosion était si importante qu'il voulait le faire croire, ils ne prendraient pas le risque de rester aussi proche.

Cela dit, elle ne doutait pas de finir mal en point si elle tentait de s'extirper du cercle. Que pouvait-elle bien faire ? « Que voulez-vous au juste ? De l'argent ? » demanda-t-elle dans l'espoir de gagner un peu de temps. « Oui, mais si c'est toi qui le propose ce n'est pas amusant. » répondit alors l'un des deux hommes. « D'autant plus que t'es certainement une petite bourge. C'est toi qui apparaît sur la couverture, pas vrai ? » L'homme jeta un magazine aux pieds de la jeune fille.

« En effet. » confirma-t-elle sans exprimer la moindre émotion. « Intéressant. C'est que t'es plutôt bien gaulée pour une gamine. » fit-il remarquer en s'approchant légèrement. « Et si tu nous montrais ce qui se cache là-dessous ? » À ses mots, il arracha d'un mouvement de main un large morceau de sa robe, au niveau de sa poitrine, et tout cela à une vitesse fulgurante. Irina écarquilla les yeux, ayant comme premier réflexe de croiser ses deux bras devant la partie de son corps presque nue.

Rien ne se passait comme prévu. Ces deux hommes étaient encore bien pires que ce qu'elle avait pu imaginer. Vivement, elle arracha à son tour un large morceau de tissu bleu, provenant de sa robe, qu'elle vint alors attacher au niveau de sa poitrine afin de la recouvrir. « Je crois que tu n'as pas bien compris » fit-il en s'avançant de nouveau. « Stop ! Fais encore un seul pas et je t'assure que je n'hésiterais pas à nous faire sauter tous les trois s'il le faut. » La situation était plus ou moins critique. Comment allait-elle bien pouvoir s'en sortir ?

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Demoiselle en détresse

Face à ses agresseurs sans pitié, Irina n'eut finalement d'autre choix que de mettre sa menace à exécution. En effet, en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, elle vint bondir hors du cercle lumineux qui était en réalité une mine explosive créée par l'alter de l'un des deux hommes. L'explosion ne fut pas aussi redoutable que prévue. Cependant, le puissant souffle dégagé par celle-ci propulsa violemment la demoiselle contre un mur de la ruelle, la laissant ensuite plus ou moins sonnée sur le sol.

De leur côté, ils étaient parvenus à s'éloigner suffisamment pour se retrouver hors de portée du souffle ainsi que de l'explosion en elle-même. Par la suite, ils s'avancèrent de nouveau vers l'étudiante plutôt confuse pour le moment. Un long silence vint s'installer dans la zone, créant une atmosphère lourde et pesante à la fois. Que comptaient-ils bien faire d'elle à présent ? Cela allait probablement rester une question sans réponse puisqu'une énième personne fit soudainement son entrée dans la ruelle.

La chute de la température fit reprendre ses esprits à la brune, lentement mais sûrement. Voulant se faire discrète, cette dernière prit soin d'analyser la situation tout en restant allongée sur le sol. De ce fait, entrouvrant ses trois yeux, elle observa les moindres faits et gestes des trois hommes. Le nouveau venu n'était nullement un de leurs acolytes, bien au contraire. Il semblait être de son côté. Au passage, elle put également constater l'état désastreux de sa précieuse robe haute couture.

Devant ce terrible affront, la colère de la jeune fille s'éveilla subitement. « Ils vont me le payer ! » s'emporta-t-elle intérieurement. Ainsi, pendant que le combat faisait rage, Irina en profita pour se redresser pleinement sur ses jambes, prête à se jeter dans la bataille à son tour. Puis, alors que le duo s'apprêtait à se ruer sur le garçon solitaire, elle fit aussitôt usage de son alter : libérant du bout des doigts de sa main gauche une multitude de fils blancs qui vinrent rapidement s'enrouler autour du cou, des bras, des cuisses, des jambes et du torse de l'homme étant capable de créer des mines explosives.

« Qu'est-ce que- ?! » s'étonna-t-il, prit au dépourvu. « Toi, je vais m'occuper de ton cas ! » s'écria la demoiselle, tout en attirant vivement son adversaire vers elle grâce à ses nombreux fils. Une fois devant elle, il se tourna afin de lui faire face. Irina relâcha alors son emprise, serra son poing droit de toutes ses forces avant de l'écraser brutalement contre le nez de l'homme qui ne semblait pas s'être préparé à cette éventualité. « Ça, c'est pour ma robe ! » déclara-t-elle, satisfaite de son coup.

Les deux mains sur son visage, il prit ses distances, reculant de quelques pas par prudence, probablement le temps de comprendre ce qu'il venait de lui arriver. « Espèce de... Espèce de... » grogna-t-il avec rage. Il écarta les mains de son visage. Le nez en sang, le regard noir, l'homme ne semblait pas digérer cette offense. « ESPÈCE DE PETITE MERDE ! » hurla-t-il à plein poumons. « Je t'assure que ça, tu vas le regretter, sale garce ! » menaça-t-il, prêt à lui rendre la monnaie de sa pièce.

« *gloups* » L'étudiante avala lentement sa salive, peu rassurée face à cette lourde intimidation. Cependant, elle se devait de faire face à son adversaire quoi qu'il arrive. Elle ne savait pas si le mystérieux garçon maîtrisant la glace avait l'avantage de son côté, mais ce n'était guère le moment de prendre ses jambes à son cou. Après tout, le combat ne faisait que commencer.

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« CRÈÈÈVE ! » hurla l'homme à l'alter explosif en fonçant sur Irina, prêt à lui asséner un coup de poing des plus brutales. Heureusement, agile comme un chat, la jeune fille vint exécuter un bond acrobatique impressionnant, atteignant ainsi l'échelle d'un escalier de secours qui se trouvait tout juste à sa portée. Elle s'y agrippa, commençant donc à grimper pour fuir son agresseur. Mais le précédent coup de ce dernier s'étant fini tout droit dans le mur du bâtiment, une mine explosive y fit aussitôt son apparition, prête à exploser au moment opportun.

Ce n'était aucunement une bonne nouvelle pour l'adolescente qui ne pensait plus qu'à gagner du temps. « Redescend poupée ! Je n'en ai pas fini avec toi ! » s'écria-t-il. À ses mots, l'explosion eut lieu, faisant s'écrouler une partie du mur et les escaliers de secours avec lui. L'adolescente eut l'impression d'être dans un véritable cauchemar, chutant dans le vide avant de dégringoler sur un tas de gravas qui s'était accumulés. Cela lui fit éviter d'autres projectiles qui manquèrent de peu de lui exploser le crâne. Elle pouvait remercier sa bonne étoile. Enfin, je crois...

Puis alors qu'elle reprenait lentement, mais sûrement ses esprits, elle remarqua l'autre homme revenir avec celui qui lui était venu en aide quelques minutes plus tôt. Il le tenait par le col, le traînant par terre sans la moindre considération, avant de le jeter violemment devant lui. « Pas très féroce ton chien de garde... Il ne m'a pas diverti suffisamment. » grogna-t-il de sa grosse voix de barbare. « Il est temps de te rendre maintenant, tu ne crois pas ma jolie ? » poursuivit-il ensuite.

« Dans... tes rêves... » lui répondit-elle faiblement, commençant à ramper tant bien que mal, ne s'étant pas encore tout à fait remise de sa chute. « Oh, je ne crois pas, non. Tu n'iras nulle part ! » s'écria l'homme aux mines, tout en s'élançant vers la demoiselle. Paniquée, elle tenta d'accélérer en entendant ses pas se rapprochaient de plus en plus près. Il n'était plus très loin. C'était fini pour elle. Puis subitement, plus rien. L'agresseur venait de s'écrouler sur le sol, totalement inactif, comme s'il venait de sombrer dans l'inconscience.

Suite à cela, une énième voix inconnue vint attirer son attention, celle-ci lui demandant si elle avait besoin d'un coup de main. S'agrippant à un muret pour parvenir à se redresser, toute tremblante, Irina vint le mettre en garde. « Faites attention... Ils sont d-dangereux... » Aussitôt, le second agresseur encore debout vint réagir. « Hé toi ! Qu'est-ce que t'as fait à mon pote ? » interrogea-t-il sur un ton des plus agressifs. « T'as intérêt à me le dire tout de suite, sinon... » Tournant la tête à gauche puis à droite, l'homme semblait chercher une façon de rendre sa menace crédible d'une quelconque façon que ce soit.

« Sinon... » Puis son regard se posa sur la brune, titubant faiblement comme pour se rapprocher de la personne qui venait de faire son apparition. Un sourire narquois fit irruption sur son visage. Aussitôt, ses dix doigts devinrent de fines lames aiguisées qu'il manipula avec vivacité, créant de puissants slash lumineux qui, en plus de projeter l'étudiante dans un mur, vinrent l'écorcher de toutes parts. Poussant un cri de douleur fort audible, Irina se retrouva de nouveau à terre, contre un mur, dans un état des plus déplorables. « Sinon je lui fais la peau. » Tout fier, il venait enfin de trouver une conclusion à sa menace.

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Demoiselle en détresse

Adossée contre le mur sur lequel elle avait précédemment été éjectée, Irina reprenait ses esprits, lentement mais sûrement. Elle n'avait pas subi tant de dégâts que cela, ni même trop combattu, mais le mélange d'adrénaline et de peur semblait lui avoir comme absorbé son énergie. La brune profita d'ailleurs de l'intervention de son mystérieux preux chevalier pour souffler un peu, bien qu'elle restait prête à intervenir à la moindre seconde au cas où la situation finissait par dégénérer totalement.

Au début, l'homme à la chevelure blanche ne semblait prendre aucun risque, l'agresseur aux doigts tranchants ayant menacé d'ôter la vie de la jeune demoiselle, ce qu'il ne manqua pas de rappeler aussitôt en remarquant que ce dernier tentait discrètement de se rapprocher de lui. Heureusement, ou pas, pour l'adolescente, celui qui avait été assommé un peu plus tôt se releva avant même que son acolyte ne tente de s'en prendre à elle de nouveau. Son sauveur allait donc devoir faire face aux deux hommes, seul, ou du moins, avec l'aide plus ou moins utile et efficace que pourra lui apporter Irina, si besoin est.

Fronçant ses sourcils toujours soigneusement épilés, l'apprentie héroïne imaginait déjà la suite de cet affreux cauchemar : ils finiraient tous deux en miettes, tôt ou tard. Mais elle n'avait pas pris en compte un point important : elle ne connaissait ni d'Eve, ni d'Adam, l'homme qui lui était venu en aide et de ce fait, elle l'avait probablement sous-estimé, ne le pensant pas capable de leur tenir tête. En effet, aussi étonnant que cela puisse paraître, il provoqua même celui à l'alter explosif dont la réaction ne se fit pas attendre, ce dernier le chargeant à toute allure avant de... se retrouver mystérieusement à terre, une seconde fois.

L'étudiante ne parvenait pas à comprendre comment il faisait cela. Elle se doutait bien qu'il devait y avoir un rapport avec son alter, mais comment celui-ci fonctionnait-il ? Intriguée, elle resta tout de même attentive à la situation, du mieux qu'elle le put. Quoiqu'il arrive, il fallait qu'elle se reprenne en mains. L'homme à la chevelure blanche ne pourrait pas gérer tout seul indéfiniment. Le temps était venu pour elle d'agir et vite. Mais alors qu'il s'en prenait maintenant au second agresseur encore debout, il s'écria à l'attention d'Irina, dans un élan de courage chevaleresque. « Éloigne-toi ! Vite ! Je m’occupe d’eux. »

Surprise, elle resta immobile un moment avant de se redresser, s'aidant -quelque peu- du mur derrière elle. Tandis que, de son côté, le vilain semblait immobilisé, incapable d'agir d'une quelconque façon que ce soit. « Euh... Je... Euh... » bégaya-t-elle d'une toute petite voix, hésitante. « Je ne peux pas. » parvint-elle finalement à aligner. « Ils sont trop dangereux, ce n'est pas une bonne idée de vous laisser seul. » poursuivit-elle simplement. Même si elle n'était pas une alliée de taille et qu'elle pouvait potentiellement le gêner, la brune ne pouvait se résigner à fuir en laissant une vie derrière elle. Il en était hors de question. Imprudence ou folie ? Et pourquoi pas les deux...

Au même moment, la demoiselle vint placer ses deux mains sur le sol, libérant ainsi d'épais fils verdoyants du bout de ses doigts, ces derniers jonchant le sol jusqu'à leurs cibles : les deux agresseurs. Petit à petit, les fils aux particularités extrêmement collantes vinrent les ligoter de la tête aux pieds, ne laissant à l'air libre que leur nez et leur bouche afin qu'ils puissent tout de même respirer. « Vu mon état, je doute que cela ne tienne très longtemps. » informa-t-elle en se rapprochant. « Surtout face à des alters comme les leurs. » ajouta-t-elle ensuite. « Qu'est-ce que vous proposez ? » interrogea-t-elle finalement.

Irina se tenait là, aux côtés de l'homme à la chevelure blanche. Elle n'était clairement pas sous son meilleur jour : cheveux plus ou moins décoiffés dû à l'agitation, vêtements en lambeaux, blessures et égratignures diverses de part et d'autre de son corps... Rien ne pouvait la mettre plus en rogne que de s'être autant apprêtée pour finir dans un état aussi pitoyable. Mais actuellement, elle n'avait plus la force d'exprimer sa colère.

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« Pour tout vous dire, je doute qu'ils m'auraient laissé le temps d'exécuter ma technique. » lui répondit-elle simplement. « Et puis, même dans le cas contraire, je pense qu'ils auraient été en mesure de l'esquiver ou de la contrer sans le moindre problème. » ajouta-t-elle ensuite. « Même s'ils ont l'air rustre et un peu idiot, je ne pense pas qu'il s'agisse de simples débutants. » constata-t-elle finalement.

Au passage, la demoiselle arracha sèchement un énième morceau de sa robe haute couture ou, du moins, ce qu'il en restait, afin de s'attacher les cheveux en une vulgaire queue-de-cheval très peu soignée. Elle n'avait ni le temps, ni l'envie de s'appliquer. De toute façon, elle n'était plus à un détail près. Sa tenue, autant que son apparence, n'était plus très présentable à présent. « Vous ne voulez pas que l'on prévienne les forces de l'ordre ? » proposa-t-elle lorsque l'homme rapporta qu'il comptait bien rester ici pour leur poser quelques questions. « Pour ce qui est de les attacher, mon alter me permet d'invoquer des fils à effets divers et variés. » expliqua-t-elle brièvement. « Je peux donc les ligoter assez facilement. » vint-elle donc en déduire.

« Cependant, l'efficacité de mes entraves dépendent aussi de mon énergie et, actuellement, je ne suis plus en grande forme. » précisa-t-elle également. « Désolé. » La brune baissa les yeux, quelque peu gênée de ne pas pouvoir lui apporter une aide aussi utile que la sienne. Par chance, il ne semblait pas manquer de ressources puisqu'il improvisa aussitôt un plan qui leur permettrait de les neutraliser plus longtemps. « Euh... Oui. D'accord. » fit-elle en attrapant nonchalamment le yo-yo qu'il venait tout juste de lui lancer. Après tout, elle lui devait bien ça, non ? Son intervention lui avait, tout de même, sauvé la vie.

De ce fait, l'apprentie héroïne s'avança vers l'un des deux agresseurs : celui ayant la capacité de transformer ses doigts en lames aiguisées. Mais alors qu'elle se concentrait pour annuler l'effet de son alter, ce dernier parvint à se libérer en quelques secondes, se retrouvant instantanément debout, face à elle. Surprise, cette action vint lui couper le souffle, ne s'attendant guère à une contre-attaque de la sorte. Il était donc encore en état de se battre ? Impressionnant. Heureusement, tandis qu'il allait lui infliger un coup au visage, ses lames se stoppèrent nettes devant les yeux de la jeune femme. Cela était certainement dû à l'alter mystérieux de l'homme à la chevelure blanche dont elle ne connaissait toujours pas l'identité.

Soupirant longuement, elle ne perdit pas plus de temps avant d'élancer parfaitement le yo-yo afin qu'il ligote solidement le malfrat immobile. Cependant, alors qu'elle prenait soin de vérifier qu'il ne parviendrait pas à se libérer une seconde fois, une soudaine explosion vint retentir dans la ruelle. « Qu'est-ce qu- ?! » Le deuxième malfrat, qui était étrangement parvenu à se sortir de son étreinte, venait de se faire sauter la tête. Les yeux écarquillaient, Irina ne cessait de se demander : pourquoi venait-il de faire cela ? Elle lança un regard plein d'incompréhension à son acolyte, dans l'espoir d'une réponse, mais comment pouvait-il bien le savoir ? Avait-il pris peur en entendant qu'il comptait les interroger ? Avait-il des choses à cacher ou des personnes à protéger ? L'intervention de l'homme aux doigts tranchants n'avait donc été qu'une simple diversion ?

Quoi qu'il en soit, ce dernier était encore en état d'être interrogé. Il fallait donc espérer que cela suffise. De toute façon, il n'allait pas vraiment avoir d'autres choix disponibles. De plus que... Une goutte, deux gouttes, trois gouttes : il se mit subitement à pleuvoir à seaux. « Oh non, la pluie ! Il ne manquait plus que ça. » grogna-t-elle, tandis que quelques mèches de cheveux mouillées vinrent s'étaler sur son visage.

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Tandis que de fines gouttes de pluie perlaient sans cesse le long de ses cheveux et de son visage, Irina se tenait à un mur, tentant de reprendre ses esprits suite au drame qui venait tout juste de se produire au sein de la petite ruelle où ils se situaient. La demoiselle avait déjà côtoyé la mort une fois, suite à un évènement dramatique qui s'était produit par le passé et qu'elle essayait d'oublier par tous les moyens possibles. Malheureusement, Sarina n'était jamais bien loin pour le lui rappeler. Forcément, comme elle est dans sa tête, cela facilite un peu les choses.

« C'est pas joli joli tout ça, dis-moi. » constata son antipathique sœur jumelle. « Tais-toi ! Ne commence pas ! » répliqua-t-elle aussitôt. « Ça me rappellerait presque ta dernière fête d'anniversaire, tu te souviens ? » provoqua-t-elle sans le moindre scrupule, en appuyant parfaitement là où ça fait mal. Bien sûr qu'elle s'en souvenait. Comment pouvait-elle l'oublier ? Quand parviendra-t-elle à l'oublier ? Probablement jamais. « Ce n'est pas le moment. Fiche-moi la paix ! » grogna-t-elle intérieurement, dans l'espoir que son démon finisse par la boucler. « Oh, mais bien évidemment ! Ça serait dommage que tu massacres encore quelqu'un comme tu l'as fait avec notre chère marâtre. » insista-t-elle avant de pousser un rire des plus effroyables, digne de Satan en personne. « ÇA SUFFIT ! » hurla-t-elle, chassant ainsi une bonne fois pour toute son élément perturbateur interne.

D'un point de vue extérieur, seule Irina était bel et bien présente physiquement. D'une main, elle se tenait à un mur, tandis que de l'autre, elle se tenait la tête, comme si un vilain mal de crâne était en train de la ronger. Quelque peu essoufflée, les sourcils froncés, sa respiration s'était accélérée sans même qu'elle s'en soit rendu compte. Instinctivement, elle prit donc du recul sur la situation, s'éloignant de la scène où l'homme à la chevelure blanche venait tout juste de démarrer son interrogatoire improvisé. Elle n'en pouvait plus. Il fallait qu'elle se reprenne au plus vite, profitant de la distance pour souffler un petit peu.

Au passage, elle se rapprocha de la seule sortie donnant sur l'extérieur de la ruelle, observant les alentours avec une discrétion irréprochable. Il n'y avait personne : pas un seul passant à la ronde. Les bruits causés par les quelques explosions et la pluie devaient sans doute les avoir chassés, les obligeant - d'une certaine façon - à se réfugier chez eux. Comprenant cela, l'adolescente fit aussitôt demi-tour, retournant auprès de l'inconnu qui lui était venu en aide dans cette situation des plus désespérées. Profitant d'un moment de silence, elle vint soulever un point assez intéressant. « Excusez-moi de vous interrompre, mais je ne pense pas que l'on devrait rester là trop longtemps. » débuta-t-elle, tout en évitant plusieurs fois du regard le cadavre qui gisait actuellement sur le sol.

Elle marqua une courte pause, puis reprit. « Les explosions ainsi que les destructions qu'elles ont causées, même les plus minimes, doivent certainement avoir alertés les habitants du quartier. » poursuivit-elle en gardant un œil sur le malfrat parfaitement ligoté. « J'imagine qu'il ne reste plus beaucoup de temps avant qu'une escouade de police soit envoyée pour venir patrouiller dans les parages. » supposa-t-elle simplement, bien que cela soit hautement probable. Elle reposa ensuite son regard sur l'homme qui semblait vouloir à tout prix leur soutirer des informations. « Et je ne voudrais pas que vous ayez des ennuis par ma faute. » déclara-t-elle, quelque peu gênée en imaginant que cela puisse arriver.

Soudainement, Irina vint se taire, son visage se tournant instantanément vers l'unique issue de la ruelle après avoir cru entendre une sirène de police. Mais cela ne se révéla être que le fruit de son imagination. Il ne fallait pas qu'elle commence à paniquer. Elle n'avait rien à se reprocher. Après tout, c'était elle la victime dans cette affaire. Puis, se retournant à nouveau vers son sauveur, elle reprit la parole une énième fois. « Qu'est-ce que cette histoire de mafia ? Et de quel tatouage parlez-vous ? » interrogea-t-elle, intriguée, pour en revenir aux paroles qu'elle avait précédemment entendues. Par la suite, tout en restant attentive à la potentielle réponse de l'homme, elle se rapprocha prudemment de l'agresseur toujours ligoté, s'accroupissant aussitôt avant de se mettre à chercher une quelconque marque sur sa peau qui pourrait confirmer ses dires.

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