Bon ben voilà, je venais de gagner mon premier vrai salaire en 2 ans.

Mon contrat pour bosser avec les flics n'était si mauvaise que ça. Légalement parlant, j'étais considérée comme une mercenaire, ce qui était ironique considéré que c'était justement une des raisons pour laquelle j'avais été mise derrière les barreaux en premier lieu. Je me demandais encore aujourd'hui qui était le plus désespéré, la police qui devait faire appel à ses criminels, ou moi en acceptant.
Enfin bref, être mercenaire signifie aussi qu'on est payée au "petit boulot", et moi, je venais d'attraper sur le fait l'une des petites frappes qu'ils recherchaient. Un super criminel de bas étage doté d'une capacité à allonger ses ongles au points d'en faire une poignée de petites dagues aiguisées comme des lames de rasoir. Ce type m'avait donné du fil à retordre, mais mon plan que j'intitulerais désormais "le coup de la poubelle" fonctionna à la perfection. Au lourd prix d'un bleu au visage ainsi d'une belle écorchure sur l'avant bras que je masquais derrière un épais manteau, et qui allait me faire grandement souffrir pendant les deux prochaines semaines.

Mais bon...
Cha-ching babyyyy.

En plus de bénéficier d'un statut de mercenaire, on me faisait bénéficier d'une petite chambre de concierge sans que je n'ai besoin de payer quoi que ce soit. Bon c'était quatre murs, une chambre qui fait cuisine, salon, boudoir et garde-robe, un plancher moisissant et une salle de bain extérieure, certes, mais tout ça était gracieusement offert. En échange de quoi, je devais pointer une fois par jour au commissariat sous peine d'envoyer une patrouille à l'emplacement de mon GPS.
Ce qui voulait dire que cette fois-ci, je pouvais dépenser mon argent comme bon me semblait.

C'était peut être la fatigue, l'adrénaline qui n'était pas encore descendue ou un mix des deux, mais marcher à nouveau dans les rues d'une ville me faisait encore.. Bizarre. Comme redécouvrir ce que ça fait d'être libre. Si je n'avais toujours pas cette sensation bizarre qui pulsait dans mon cou tel un battement de cœur, je me sentirais même complètement indépendante.

- Je mangerais bien quelque chose.

Manger autre chose que les en cas du distributeur. Retrouver l'usage du goût après ce qui équivalait à plus de 7 ans de bouffe moyenne, rations militaires et nouilles sèches. Voilà un bon plan. Je n'allais pas être très exigeante étant donnée que toute cette ville m'était encore étrangère. Je décidai alors d'entrer, sans à priori, dans le premier restaurant qui me tombait sous les yeux.

"Chez Jojo". Cette enseigne ne ressemblait pas aux restaurants typiques, me donnant plutôt une vibe de petit Café de quartier. Un écran noir présentant les plats se reflétait sur les nombreuses fenêtres quadrillant le mur opposé au comptoir. A mon entrée, les quelques clients attablés levèrent les yeux dans ma direction avant de se raviser. C'était sans doute à cause de mon habitude de claquer la porte derrière moi.

- Je vais juste prendre une table le plus au calme possible, et autant de ce qu'il y a au menu du jour que cette somme peut couvrir. Lançai-je, posant un billet de 50 sur le comptoir où je m'appuyai.