Dans la vie, il y a des cactus. Une expression tirée d'une chanson qui signifie tout simplement que la vie n'est pas simple et que l'on se piquera face à des difficultés. Par exemple, avoir une arme à feu, mais pas le droit de le porter ni de l'utiliser. Parce que les alters c'est bien jolis mais d'un individu à l'autre, tout peut devenir en quelques secondes chaotique au possible. Et Yemeng elle n'aime pas ne pas prévoir. Alors dans le cas où elle devait affronter un vilain puissant, l'idée d'avoir comme recours une arme à feu lui a toujours plu. Depuis longtemps maintenant elle les manient, mais cela ne veut pas dire qu'elle soit particulièrement douée avec.

Aujourd'hui elle est allé au poste de police du centre ville et elle a pu rencontrer quelqu'un qui l'a conseillé. C'est le Shérif Moore qui s'occupait de ce genre de chose et il demanderait notamment à la jeune fille un document provenant d'un stand de tir pour évaluer ses résultats. Un « cours de préparation au maniement des armes » disaient-ils, une appellation bien pompeuse d'après la petite. Il s'agit juste de savoir si t'es pas bigleux quand tu tir sur un quelqu'un. Et probablement d'autres trucs comme l'entretien d'une arme. Des choses utiles en soit, et c'est pour cela que Yemeng a cherché sur le net les établissements aptes à lui proposer ce genre de cours, puisque ce n'était pas le genre de l'académie.

C'est ainsi qu'elle trouva une adresse et une promo sur Ukato, une boutique nommée le Friendly fire faisait des promos à cause de l'Effondrement. Sûrement un marketing bien jaugé pour attirer les gens quand ils ont le plus peur. Trouvant l'idée pertinente, la psychiste pensait que les dirigeants d'une telle entreprise devaient être doués et bien connaître le circuit. C'était donc également la bonne occasion pour créer des liens. Elle se dirigea donc proche de la frontière entre le centre-ville et le quartier de Bigtree. Un immeuble classique mais la pancarte au rez-de-chaussée ne laissait pas de place au doute, elle était au bon endroit.

Avant de continuer, il est important de préciser que pour l'occasion, elle aura laissé la main mise à Chiya. Ainsi si le permis sera bien pour elle, en cas de soucis Yemeng n'aura pas à se sentir coupable. C'est donc une rousse qui entra dans l'établissement sans faire trop attention au décor, du moins pas avant d'avoir vu un responsable. Cheveux filandreux, paraissant même métallique et une fière allure, torse bombé comme pas permit.

- Ya quelqu'un ? Je suis venu suite à l'annonce sur Ukato ...

L'intérieur ressemblait à un mélange entre un hall d'entreprise et une salle d'attente pour dépressif. Une voix s'éleva de l'accueil pour répondre à l'entrée en grande pompe de Chiya. La femme exprima pour commencer quelques règles de l'établissement et le besoin de retirer ses armes. Mais Yemeng avait pensé à cela bien avant et n'avait pas jugé bon de prendre les siennes, les laissant dans son armoire ce matin. Mais Chiya elle était plus choquée par l'apparence de son vis-à-vis que par ses paroles.


- Pouah, vous êtes mo... effrayante.

*Putain Chiya ! Sérieusement ! Je te laisse mon corps quelques minutes et déjà tu insultes les gens ?*

*Hé, j'ai essayé de me rattraper déjà, tu devrais me féliciter*

La psychiste avait surtout envie de féliciter sa connerie, hélas elles n'avaient pas le temps de s'engueuler maintenant, ce sera pour ce soir. Heureusement une personne sortant du stand de tir semble-t-il avait élevé la voix pour s'expliquer avec la dame d'accueil. Ainsi peut-être n'avait-elle pas entendu la tirade déplacée de la rousse, ou bien préféra-t-elle rester professionnelle et l'ignorer, peu importait au final. La créature leur faisant face semblait attendre quelqu'un pour un poste à pourvoir, ce qui n'était nullement dans les plans du trio. Chiya sur conseil de son hôte enchaîna donc :

- Ah non, vous vous méprenez. Je n'ai pas d'arme sur moi, je viens pour le code Deputyman, les promos, tout ça. En fait je dois passer un cours pour obtenir un permis de port d'arme, vous connaissez sûrement.

Évidemment qu'elle connaissait, l'officier de police ne leur aurait pas conseillé ce stand sans ça. Passons. Yemeng donna quelques conseils de dialogue à Chiya pour qu'elle puisse rapidement obtenir ce qu'elle voulait. Et Chiya les appliqua … plus ou moins correctement.

- Je suis pas quelqu'un de riche, donc si je pouvais réussir dès la première fois, ça m'arrangerai. Qui est votre meilleur professeur ?

L'idée était d'en apprendre plus sur l'établissement et les gens qui y travaillent tout en cherchant à avoir un professeur convenable et expliquer que c'est grâce à lui qu'elle est si douée, car oui, Chiya avec une arme est très à l'aise, bien meilleure que Yemeng. Son côté cyborg sûrement qui serait prêt de faire pâlir quelques experts du tir.

Ce que l'on pouvait constater, c'était le sérieux de cette dame qui, malgré son apparence, semblait pouvoir garder son calme. Quelques piques et tirades ont bien fait comprendre au trio que Chiya n'était clairement pas discrète. Et cela ne faisait que commencer. Cette fois heureusement, ce ne fut qu'en pensée.

*Pouah, elle aime s'écouter parler celle-là.*

*Oui bah on a besoin d'elle, alors tu fais comme tout le monde et tu prends sur toi.*

Face à la paperasse, la cyborg hochait la tête machinalement aux paroles de la conseillère. En vérité elle n'était plus depuis longtemps, trop chiant pour elle qui est une femme d'action. Yemeng pour sa part suivait la conversation et soufflait à la rousse quoi répondre.


- Euh, ah oui l'argent, tout ça. Euh, pas de soucis, je suis pas à 20 balles près, héhé, humour. Tant que ça va pas chercher dans les 100 dollars, ça me convient. Et puis si ça me permet de revenir m’entraîner de temps à autres, c'est bien aussi. Oh et je suis apprentie héros, mais j'ai besoin d'équipement de qualité pour dissuader ou arrêter les vilains. Je compte porter un Desert Eagle.

Sur les papiers, Chiya nota son propre nom pour des raisons qui éviterait de relier d'éventuels soucis avec Yemeng directement. L'adresse était également fausse, la psychiste lui soufflant une boite postale qu'elle avait prise à son arrivée en ville pour recevoir le courrier et les colis potentiels de Yukimura. C'était important de ne pas faire trop de lien entre Yemeng et la pègre, aussi agissait-elle sous l'influence de la rousse pour toutes ces choses, alors que la jeune californienne, elle, jouerait les héros.

Mais passons à la suite, Chiya était impatiente de pouvoir tirer sur des trucs, quand bien même ce seraient de vulgaires cibles immobiles et sans danger. Trop longtemps elle ne s'était pas défoulée, elle comptait bien en profiter. Tout était en règle, elle avait répondu aux questions et remplis les formulaire, il était grand temps.

- J'ai vraiment hâte de tester de quoi je suis capable avec vos conseils, professeur. Alors on y va ? Je vous suis.

Et c'est ainsi qu’emboîtant le pas de son interlocutrice elle se dirigerait bientôt vers les stands où elle pourrait enfin déglinguer quelques trucs.

A l'accueil, on ne se pressait pas. La femme prit le temps de lire les documents présentement signés. Vraiment le temps, dans le détail même. En effet elle entreprit de discuter de l'arme mentionnée sur le registre. Yemeng ne s'attendait pas à ce que le sujet arrive aussi vite et surtout de cette manière, mais elle avait déjà préparé quelques réponses. Alors, contant à la rousse les bons mots, le dialogue reprit.

- Oui, mais il a une réputation ! Pour un héros c'est important que les gens puissent s'identifier. Un Desert Eagle c'est connu, et pas mal de monde en a, du coup j'espère promouvoir la profession en me servant de l'objet comme accessoire de pub, ce genre de chose. Et puis je connais déjà l'arme pour l'avoir un peu touché avec mon père à l'époque.

Au moins elle ne devrait plus avoir à redire sur le choix. Elle s'occupa quelques instants sur l'ordinateur d'entrer quelques données puis récupéra un appareil photo, voici la raison pour laquelle la psychiste avait demandé à Chiya de prendre le relais. Ce serait bien plus simple si c'était elle qui se faisait prendre pour la faire sortir, que l'inverse. De plus l'école ne saurait bannir quelqu'un qui n'a rien commit, après tout elles sont deux personnes différentes. La rousse jouant les pimbêches jusqu'au fond de son âme fit un V de la victoire avec ses doigts devant son regard tout en offrant son plus beau sourire et un clin d'oeil à l'appareil.

Une minute plus tard une carte sous plastique fut déposée devant la jeune femme, avec l'explication de son utilisation. S'ensuivit une marche vers le fun, comme dirait Chiya. Sur le chemin elle obéit aux instructions jusqu'à descendre dans une salle qui s'illumine pour offrir à ses yeux un cour de tir bien plus long qu'elle ne l'aurait pensé. Yemeng n'avait jamais pu s’entraîner à tirer à cette distance, dans les locaux de Yukimura c'était au mieux quinze mètres. Et la seule fois où elle aura tiré à longue distance, c'était avec une lunette, rien à voir avec une arme de poing.

Quelques explications plus tard, ainsi qu'un rappel des règles simplement affichées sur un mur, la créature aux dents extraverties se mit à déblatérer tout un tas de détails dont Chiya n'avait pas écouté le moindre mot. Yemeng avait tout de même tenu la partie sur le Desert Eagle, et avait ainsi trouvé une nouvelle raison de préférer un DE, comme elle l'appelle. Mary par contre, toujours à l'affût de connaissances, assimilait les informations telle une sténographe dans une cour de justice. Une fois le silence revenu, la rousse qui s'était « éteinte » secoua un peu la tête attendant les ordres de son hôte pour la suite.

- Euh, je devrais m'en sortir avec un Desert Eagle, je testerai les autres après.

Ainsi attrapa-t-elle à son tour l'arme par le canon avant de se placer devant les cibles. Elle remplit le chargeur avant de l'intégrer à l'arme, canon toujours vers la zone de tir. Elle prit une posture adéquat, jambes écartées de sorte à avoir un aplomb plus puissant. Puis elle leva sa main unique et commença un tir une fois alignée. Le coup partit, le projectile touchant la pancarte, mais pas sur une des cibles tracées en cercle. Ce que pouvait déjà remarquer l'instructrice c'est que Chiya ne subissait aucun recule lors de ses tirs. Elle corrigea d'ailleurs un peu sa précision et se rapprocha lors du second tir du centre. Corrigeant une dernière fois la trajectoire, elle vida en quelques secondes seulement le reste du chargeur. Les balles avait toutes prisent la même trajectoire et un unique gros trou résultait de cette dernière action. Elle posa alors l'arme sur l'établi et retira le chargeur en se tournant vers la femme.

- Il est parfait. Comme je suis une cyborg, ce genre de petit recul ne m'affecte pas, ma constitution est trop solide ou résistante, je connais pas les termes exacts. En tout cas j'adore. Ce sera moins bien avec des cibles en mouvement cela dit, héhé.

Elle la gratifia alors d'un sourire entendeur. Puis elle s'éloigna du stand et reprit avec air sérieux.

Par contre je ne connais pas les autres armes, et quitte à être là autant apprendre, alors je veux bien une démonstration.

A première vue la dame ne semblait pas plus déboussolée que cela de savoir que la rousse ne subissait pas l'effet du recul. Yemeng était même déçue, elle qui aurait apprécié voir un peu de jalousie. L'air ambiant était devenu agréablement chaud, peut-être à cause de la poudre chauffée qui devait traîner dans l'espace. Chiya prit une inspiration, humant la bonne odeur l'aissée par les tirs. Puis elle répondit.

- Ne vous en faites pas, ni pour mon corps ni pour mes oreilles, comme je suis bionique je ne crains rien. Et quand bien même j'aurais des soucis il me suffirait de changer les pièces défectueuses. Un alter bien utile n'est-ce pas.

Tout n'était pas vrai, mais ça devrait suffire à noyer le poisson, il n'y avait aucune raison pour qu'elle cherche à en savoir davantage. S'ensuivit tout d'abord des conseils et des reproches concernant l'application des tirs de Chiya, qu'elle écouta d'une oreille peu attentive encore une fois. Puis l'instructrice rouge décida de faire sa démonstration en profitant pour réexpliquer encore les avantages et désavantages de chaque armes, ce qui commençait à être redondant pour Yemeng. D'autant qu'elle semblait vouloir récupérer son ego perdu face à la rousse en prouvant à qui cela intéressait qu'elle pouvait utiliser deux armes à la fois. La cyborg joua le jeu en regardant la scène avec une fausse expression d'intérêt.

- Wow, c'était super. Pour ma part cela dit, je ne pense pas que la mitrailleuse soit mon style, le recul sera trop fort pour me plaire de toute façon. Quant au pistolet moche, ça m'intéresse pas. Le dernier je veux bien le tester.

Elle ne se rappelait pas des noms des armes puisque ça ne l'intéressait pas, mais elle pointait du doigt le petit calibre derrière la femme aux quatre membres. Elle s'empressa alors de préparer l'arme, remplir le chargeur désormais vide, puis de mettre du cœur à l'ouvrage. Comme pour la session précédente, il lui fallut deux tirs d'essais avant de pouvoir tirer en rafale au centre de la cible. Elle déposa l'appareil après avoir fait toutes les vérifications qu'avait pu réprimander la dame aux dents déformées plus tôt. Chiya se demanda d'ailleurs un moment comment pouvait bien manger cette créature ? Puis imaginant des scènes plus horribles les unes que les autres, elle arrêta, non sans avoir fait peur à Mary en passant.

- Bon et bien, elle est cool. Bien, ça m'a rassasié. J'en ai fini ici personnellement.

Maintenant elle attendait que son vis-à-vis propose de remonter et de clore le dossier, après quoi elle pourrait partir et aller grignoter un truc car mine de rien, ça donnait faim d'imaginer les autres manger ...