Mercredi, dix heures et quelques. Devant la porte d’un établissement singulier, se trouvait un jeune homme blond, au teint plutôt pâle et a l’air intimidé. Il regardait de temps à autre a l’intérieur, sa main vêtue d’un gant noir venant fréquemment frotter une mâchoire imberbe.
À vrais dire, du noir, l’homme ne portait que cela a première vue. Il était vêtu d’un costard assez large dont même la chemise était noire, et même son crâne, orné de cheveux plutôt long et soignés, d’un blond clair et naturel qu’auraient enviées beaucoup de demoiselles, était pourtant couvert d’un Fedora tout aussi sombre que le reste de sa tenue. En réalité, ce type aurait sans doute eut l’air d’une sorte de mafieux de film noir préparant un mauvais coup si on lui avait retiré son air intimidé et sa cravate blanche décorée de gros points rouges manquant, il fallait le dire, clairement d’élégance.
Pendant une ou deux minutes, l’homme resta là. Ou aux alentours. Faisant des vas et vient d’un coté à l’autre de la rue, ou les cent pas devant l’établissement de tir, la tête mouvant de droite à gauche trahissant une certaine angoisse… Il avait clairement l’air d’avoir une idée derrière la tête, mais de chercher le courage pour la mettre à exécution, comme un jeune adulte qui se sentirais coupable a l’idée d’entrer pour la première fois dans un magasin honteux.

Il fallait bien le dire, le chemin jusqu’ici avait été plutôt difficile pour Nathanaël, ou plutôt Samuel Dubois. Il s’était levé avec beaucoup d’entrain, malgré le ciel morose et l’ambiance quelque peu tendue qui régnais dans les rues depuis quelques jours. La chute des héros ne remontait pas à bien longtemps, beaucoup était traumatiser par cette nouvelle, et même Nathanaël qui n’était pas vraiment du genre très attentif, avait remarqué que dans son quartier, on ne regardait plus les étrangers qu’avec une sorte de méfiance. La police, semblait-il, n’avait pas encore la confiance du peuple, pour protéger les civils sans l’aide des héros, et les gens étaient tendus.

Malgré tout, la bonne humeur parfois quelque peu envahissante de notre ami sans nom n’avait pas disparue longtemps, et à peine une mauvaise étape était passée que déjà, il regardait vers l’avenir. Il fallait bien dire que, malgré le fait que son passé quelque peu malchanceux ne le quitterait jamais, il avait le chic pour trouver le bon coté de chaque situation.
Il avait tout son temps de toute façon. Avec un peu de temps, il pourrait remplacer les héros lui-même !
On ne pouvait pas lui enlever le fait qu’il était confiant à ce sujet.

Pourtant, oui, la route avait été compliquée. Hormis, pour se rendre de l’aéroport a chez lui, -chemin qu’il avait trouver abominable soit-dit en passant- il n’était jamais sortit bien loin de sa maison. Avec une supérette, quelques restaurants, et de quoi acheter des produits ménagers, dans lesquels il avait dépensé une petite fortune après avoir compris qu’on ne viendrait pas vider ses poubelles, il fallait dire que le besoin de trop s’éloigner ne c’était pas fait sentir jusqu’alors.

Pourtant, son job de héros prenant un peu de temps à venir à cause de la catastrophe, le pain allait venir à manquer à son foyer, de fait, il lui fallait un travail. Ce qui tombait plutôt bien, en fait. Il avait toujours voulu voir à quoi pouvait ressembler un travail « ordinaire ». Prudent dans ses choix, il avait trouvé sur Internet, l’annonce du Friendly Fire, et En avait conclus que c’était ce qu’il lui fallait, pour passer le temps, et pour se faire un peu d’argent.
De fait, il dut se rendre en centre-ville. Le trajet à pied était long, et il comptait arriver assez tôt, afin de paraître sérieux. Bien sûr, il était parti de chez lui près des heures de pointes. Les transports en communs étaient bondés, et il n’avait pas beaucoup apprécié.
En fait, le bus avait dû s’arrêter par sa faute : À peine la main d’une personne trop serrée dans le véhicule bondé lui avait-elle effleurée le dos que le jeune homme, déjà tremblant et les larmes aux yeux car compressé avait envoyé dans cette personne innocente un violent coup de tête en hurlant qu’on le laisse sortir, et demandant qu’on s’éloigne de lui. Il n’était pas près pour le transport en commun, c’était un fait établit.

En dehors des combats, les contacts lui étaient globalement, toujours impossible.
Une mésaventure qui se solda par le jeune homme, descendant du bus en hâte alors que la personne, dans les pommes, saignait méchamment, et qu’on lui lançait des regard entre l’étonnement, la surprise, et le dédain.

Et après avoir pris la fuite, paniqué, et s’être remis de ses émotions dans une ruelle, le jeune homme avait pris la décision de faire la route a pied… Sans éviter les grandes rues. L’expérience lui déplut, bien entendus, et il fut plus occupé à éviter les gens qui se bousculaient qu’a regarder autour de lui. En un mot comme en cent, le voyage fut désagréable.

La confiance avec laquelle il s’était levé s’était provisoirement envolée, et ce fut avec une hésitation presque pitoyable, ainsi qu’une bosse sur le front, qu’il passa finalement la porte du Friendly Fire.

*concentre toi, Un. Tu as déjà fait ça en exercice… Tu dois t’imposer… Montrer que tu es confiant, que tu n’as pas peur !
C’est toi l’patron ! *
« Où est le patron de cet établissement ! » s’exclama d’un coup le jeune homme, de sa voix claire, évidemment peu adaptée à ce genre d’interprétations. Bien sûr ; tout était à refaire. Le ton était mauvais, la voix trop aigue, la formulation impolie, et ne parlons pas ici du timing. N’importe quelle personne ayant un minimum de respect pour la dignité d’un Homme aurais fait semblant de ne pas relever le fait que cette phrase grotesque avait été presque criée uniquement deux secondes après que le garçon soit entré dans le bâtiment…

Le garçon déglutit. Il venait d’avoir la pire entrée en matière possible.

* putain ! Tu parles d’un doctorat en psychologie ! En dehors du centre et des types qui y bossent, c’est complétement différent !
Ok. Rattrape toi Numéro Un. Ça va allez.
C’est toi l’patron. *

Le jeune homme se racla la gorge, retirant son chapeau, et s’approchant du comptoir.
« Enfin... Pardon. Je viens voir le patron - la patronne je crois -, de l’éta- »
Il s’interrompit devant la personne qui lui faisait face au comptoir, bouche bée. Il n’avait pas vu beaucoup de « mutants ». Il connaissait leur existence, bien sûr, mais à part quelques personnes avec des queues, des ailes, ou ce genre de choses, il n’en avait pas croisé beaucoup. En réalité, c’était la première personne qu’il croisait à avoir une apparence si singulière. La peau de la personne était sombre et semblait normale, mais pour ce qui était du reste, le jeune homme était littéralement en train de fixer d’une personne dotée de grands yeux semblables a ceux d’insectes vides, et d’une terrifiante rangée de dents longues et acéré qui, il fallait l’admettre, lui firent perdre ses moyens pendant une seconde. Dans un élan de lucidité, le garçon ne recula pas, mais sa pause, et son déglutissement de surprise ne pouvaient tromper personne.

« -blissement… » Acheva-t-il après cette longue seconde.
« J-je suis désolé. » Se sentit-il obliger d’ajouter, se haïssant lui-même pour sa réaction.

Oui p’pa … Oui … Non, je te dis pas que je … Papaaaaa … … Mais c’est ce que j’essaie de te dire depuis 5 minutes, moi. Oui. Non, mais tu ne me laisses pas parler ! … Ce que je voulais dire, c’était que je n’ai rien contre l’idée que « Hellish light » reprenne du service … Mais … Sois prudent, okay ? ça fait 25 ans que tu as arrêté, quand même … Pff, bien sûr que je sais pourquoi, tu me l’as raconté assez souvent. … Moui … Moui, je sais ça, papounet, et moi je ne veux juste pas qu’en reprenant, tu prennes un mauvais coup ou que tu te surmène, c’est tout. Bon … ça marche. Non, j’ai pas vu maman depuis … un bout de temps, et vu l’état actuel je suis pas sûr qu’elle m’ait donné plus de nouvelles qu’à toi. Elle doit en avoir pleins les bras aussi, ha ha … Oui… Oui. Je t’appelle si j’ai des infos, okay ? Okay … bisous p’pa. A plus.

Décrochant le combiné de son oreille pointue et appuyant du pouce sur le petit symbole rouge, Kathleen ne put s’empêcher de remarquer qu’elle venait de passer … 25 minutes avec son père au bout du fil. Et pourtant, elle avait l’impression de pouvoir résumer le contenu de la conversation en 30 secondes. Avec un soupire, elle posa le combiné sur sa base, se dirigea vers la cuisine, et se saisit du bol de céréales – désormais froide – qui l’attendait depuis quelques temps désormais. Vu l’heure … Tant pis, elle le mangerait au friendly fire. La jeune femme finit de s’habiller en se demandant si un de ses voisins avait déjà profité de ses habitudes … « frivoles », lorsqu’elle était dans l’intimité de son appartement, pour se rincer l’œil. Non pas qu’elle en ait grand-chose à faire, cela dit … encore que ? Même si elle ne se l’avouait pas, elle restait assez sensible au regard des autres. Et avoir quelqu’un qui la matait, c’était au moins un signe qu’elle pouvait attirer l’œil, n’est-ce pas ? Enfin … Trouvant elle-même la pensée déprimante, elle enfila un débardeur noir sur son torse auparavant nu, glissa ses pieds dans des chaussettes, puis dans ses rangers dont elle ne fit pas les lacets, et s’assura qu’elle n’oubliait ni clef, ni portemonnaie. Puis, son bol toujours dans une main, ses clefs dans l’autre, elle descendit de chez elle, sortit de l’immeuble, fit 20 mètres, et ouvrit la grille de son stand de tir qu’elle releva. 9h05. Heureusement que sa patronne ne tiendrait pas compte de son retard. Puisque c’était elle, sa patronne.

Finissant ses céréales en accueillant les rares premiers clients du début de journée, elle ne put empêcher son esprit de vagabonder, et de s’attarder sur l’appel de ce matin. Son père, qui vivait toujours dans la ville natale de Billy Jones, Seattle. La tireuse était loin de n’avoir que des mauvais souvenirs de son enfance, mais rétrospectivement … Il aurait pu y avoir mieux. Il aurait pu y avoir pire, ceci dit. Au moins, elle – ou « il », à l’époque – avait eu la chance de grandir élevée par un père très affectueux, et par une mère qui l’était beaucoup moins, mais qui témoignait son attachement par d’autres moyens. Son père l’aimait tellement, d’ailleurs, qu’il avait à l’époque renoncé à sa carrière de héros pour poursuivre une autre carrière, à la fois moins prenante et plus tranquille. Gérant de stand de tir. Ironique, vu l’alter qu’avait développé sa progéniture. Laquelle s’était aussi destinée à devenir héroïne, puis s’était « contenté » d’hériter du Friendly Fire, son stand de tir. Mais là n’était pas le sujet de ses inquiétudes … Ce qui la travaillait, plutôt, c’était le fait qu’on avait sollicité son père pour qu’il reprenne du service et assiste les forces de l’ordre à Seattle. Sauf qu’Erick, le père de Kathleen, n’était plus le fringant trentenaire qui avait à l’époque porté le costume de « Hellish light », son alter-ego masqué. Il avait tout de même accepté de patrouiller en banlieue et d’assister la police lorsque cela lui serait possible, tant qu’il pouvait toujours passer une partie de la semaine à tenir son stand. Non pas que ses quelques employés n’étaient pas en mesure de se débrouiller seuls, mais il tenait à garder le contact avec ses clients et son affaire … Une conduite honorable, pour un homme ayant plus de la soixantaine. La tireuse espérait juste qu’il n’oublierait pas que, justement, il avait plus de la soixantaine.

Quelque chose la sortit de ses pensées, environs une heure et demi après son arrivée. Rien de bien exceptionnel : quelqu’un qui passa devant le stand. Puis revint dans l’autre sens. Marqua un arrêt. Puis reparti. Et ce manège dura … Bien plus longtemps qu’il n’aurait dû. Non pas que la gérante du stand avait une vision extraordinaire de ce qui se trouvait de l’autre côté de sa vitrine, et elle ne passait pas non plus tout son temps à regarder … Mais là, pour le coup, elle était presque sûre que ces longs cheveux blonds appartenaient à la même personne. Sans compter l’uniforme. Ou le fait qu’il semblait vraiment tourner en rond, ce bon monsieur. Bon … Il ne semblait ni causer de problèmes à l’ordre public, ni autres, elle décida donc de l’ignorer pour le moment, et de reprendre la lecture de l’article qu’elle avait déniché sur Ukato … Jusqu’à ce que la petite cloche de la porte ne sonne. Relevant la tête de son bureau, elle allait entamer un très classique « Bonjour et bienvenu au friendly fire ! », mais … N’eut pas le temps que l’individu exigea de voir le patron, en parlant assez fort pour être entendu depuis le fond de la réserve.

C’était … Clairement l’entrée en la matière la plus inattendue à laquelle elle avait eu droit dernièrement. Pas loin derrière ce type – probablement défoncé – qui avait demandé s’il s’agissait du magasin de soupe, histoire qu’il puisse s’acheter des vêtements. Bon. L’histoire du magasin de soupe était vraiment bizarre. Mais cette introduction-là était clairement la dernière chose à laquelle la tireuse s’attendait ce matin. Et le pire, c’était que le jeune blond qui avait sorti ça sembla lui aussi réaliser que quelque chose était totalement à côté de la plaque dans sa façon de demander. Ce qui suivit lorsqu’il se rattrapa, en revanche, était beaucoup moins rare … Mais beaucoup plus décevant. En avisant les yeux noirs et la peau écarlate de la tireuse, il eut une seconde d’hésitation au beau milieu d’un mot, dont il s’excusa peu après. La pistolera infernale resta muette face à cette entrée en la matière si particulière, toujours un peu sous le choc … Mais finit par lâcher un soupire, et hausser les épaules. Au moins, il faisait l’effort de s’excuser pour … Soit son comportement en général, soit sa réaction en voyant la jeune femme. Cette dernière croisa les deux bras supérieurs sur le comptoir devant elle et laissa échapper un soupire presque amusé.

Bah … Ya pas de mal, j’commence à avoir l’habitude. Essaie juste de pas t’étouffer avec ta langue quand j’vais me lever et que tu vas réaliser que j’ai 4 bras, ‘kay ?

Ricanant légèrement, elle lui laissa environ 5 secondes pour bien digérer l’information, avant de se reculer un peu, et de s’appuyer sur son bureau pour se lever. Et comme elle l’avait indiqué, elle possédait 4 membres supérieurs, entièrement visibles vu sa tenue. Deux mains dans les poches de son mini-short en jean, deux autres croisées sur le ventre, elle contourna le comptoir, et s’approcha tranquillement du nouvel arrivant en le toisant. Ce qu’elle avait pris pour un genre d’uniforme n’était en réalité qu’un costume classique – bien que très sombre – qui avait été ponctué d’un brin de folie : une cravate à pois. Elle n’était définitivement pas face à un individu classique … Et pour le coup, c’était plus amusant qu’autre chose, même si elle se demandait un peu qui lui avait appris des manières pareilles.

Et sinon, comme je voulais le dire il y a 30 secondes, Bonjour et bienvenue au Friendly Fire, je suis Kathleen Jones, agent d’accueil, comptable, gérante, unique employée et patronne de l’établissement. En temps normal je demanderais si vous venez pour vous inscrire au stand, mais si vous demandez la chef des lieux, je suppose que vous êtes plutôt là pour … Une histoire de démarchage commercial ? Vous vendez des armes ou munitions et vous voulez faire affaire ? Ou alors vous êtes inspecteur mandaté et vous venez vérifier la sécurité ? À moins que vous ne soyez policier et que vous ne veniez poser des questions parce qu’un malade a tiré sur des gens et qu’il était inscrit ici ?

S’arrêtant dans tous les cas à quelques pas à peine du blond, qu’elle dépassait d’une ou deux têtes, la tireuse lui offrit ce qui s’approchait le plus chez elle d’un sourire –impossible à dire s’il le remarquerait- et lui tendit la main. Qu’elle pivota un instant pour observer ses ongles noirs, avant de ricaner légèrement, mal à l’aise.

Oh, heum … Faites pas gaffe à la couleur. C’est pas une mutation, j’aime juste bien le vernis à ongles noir. Même si celui-là tient mieux que je n’aurais cru …

Un point amusant que la tireuse ne remarquait pas : il ne lui était même pas venu à l’esprit que le jeune homme face à elle aurait pu venir pour une de ses offres d’emploi. En partie à cause de son introduction … « spéciale ». Son look, aussi, sûrement … Elle ne pensait pas spécialement demander à ses employés de venir au travail sur leur 31, mais elle ne s’attendait pas à une tenue de ce style. Et encore moins pour se faire embaucher. En tout cas, ça lui chassait de la tête les inquiétudes qu’elle avait vis-à-vis de son père, c’était toujours ça.

*Bien évidemment, il a fallu que tu foire le plus possible ta putain de première impression. Ok. Bon. Je rattrape ça comment moi ?
« Ouiiii les Français sont distingué et polis… » bon sang, je fais honte à mon pays ! je ne suis même pas lâche ! Même si ça, c’est plutôt une bonne chose.

Numéro Un était resté coi pendant un petit instant après que le malaise eût pris ses aises. Pourtant, ce qui le toucha le plus, c’est que la gérante ne sembla pas s’en offusquer. Au contraire, avec beaucoup d’attention, elle prévint, sur un ton monotone, peut être attristée, qu’elle avait aussi quatre bras (ce qui n’aurait pas autant choquer le blond, mais tout de même). Numéro un se sentit encore plus mal en la voyant si bien prendre sa réaction. A sa rudesse et son indélicatesse avait répondu la patience et la ténacité d’esprit d’une femme que le jeune garçon admirait déjà. Lui-même n’aurait sans doute pas réagi d’une manière aussi belle, et aussi triste.

Sans plus s’en soucier, la jeune femme fis au jeune homme son petit speech de bienvenue, qui sortit le jeune Français de ses pensées. Son esprit repris du poil de la bête immédiatement, et à nouveau sur son visage, l’on put lire une vague détermination, vaguement animée d’un certain stress pourtant savamment camouflé.
« Je… » Commença le blond, hésitant.
Il se racla la gorge, et secoua la tête. À nouveau, il prit la parole sur un ton plus habituel pour lui, l’air surpris par la dernière déclaration de la jeune femme.
« Grands dieux non ! Les gens font vraiment ce genre de chose ? Vous m’di- vous me direz, les gens font des tas de choses idiotes... Et je ne suis pas un commercial non plus. »
Il poussa un soupir. Bon, il devait le dire, sinon, il n’arriverait pas à passer à autre chose.
« Je suis navré, c’est la première fois que j’vois-.. Que je vois une apparence aussi bi… » Il chercha ses mots un instant. « Singulière que la vôtre. J’ai été surpris, et… Genre... Enfin, simplement, j’ai honte de ma réaction. Encore une fois, je suis désolée. »
Il regarda la main que lui tendit la jeune femme, et hésita un instant, frissonnant, pas à cause de l’air effrayant qu’on aurait pu trouver à cette personne, mais plutôt à cause de ses vieux souvenirs. Il avait mis des gants, il s’était préparé mentalement, mais… Serrer une main en dehors du centre stérilisé dans lequel il avait réappris à vivre le dégoûtait un peu. Il déglutit, oubliant un instant de cacher le stress qu’il ressentait. Sa main était à moitié tendue, figée, tremblant légèrement. La voix de la jeune femme, à nouveau, le sortit de ses pensées.
Oh, heum… Faites pas gaffe à la couleur. C’est pas une mutation, j’aime juste bien le vernis à ongles noir. Même si celui-là tient mieux que je n’aurais pas cru…

Numero un leva la tête, horrifié.
« Hein ?! Non-non-non-non-non ! Ce n’est pas ça dut tout ça ! Non ! Je me suis rappelé quelque chose. J’ai oublié… Un filet mignon. Voilà. Sur le feu. Il va forcement brûler. Qu’importe, trop tard. Pardon. »
Et de fait, il serra la main de son interlocutrice. C’était une poigné de main ferme, mais maladroite, et, se retenant tout son possible d’aller se laver les mains, le jeune homme ramena à lui sa main, pour saisir de ses deux membre une serviette qu’il tenait a sa main gauche depuis un moment, pour la poser sur le comptoir avec délicatesse, s’excusant vaguement pour cela aussi. Il y fouilla un instant, révélant l’espace d’un instant à l’intérieur un pistolet doré et gris à l’allure veillotte, puis sortant de la petite mallette un papier – ou plutôt trois papiers agrafés entre eux – qu’il tendis à son interlocutrice.

« Je… Sais que maintenant, c’est un peu mal partis. Mais j’ai vu l’offre d’emplois du magasin sur Internet, et je voulais y passer en personne… Samuel Dubois. Français. Diplômé en psychologie, de l'expérience dans le tir avec des armes en tout genre, gagnant de plusieures petites compétitions dans des stands de tirs par chez moi, connaissant toute sortes d'arts martiaux... Je pense être qualifié pour le poste. J'ai mes diplômes avec moi, s'il vous faut des preuves. »
Il marqua une petite pause, avant d’ajouter.
« C’est la première fois que je viens donner un CV, je suis un peu stressé, bien sûr. Je vous garantis que je ne suis pas dans mon état normal pour le moment. »
Finalement, il se gratta l’arrière de la tête, frottant vaguement ses mains entre elles, par réflexe, quand il eut donné le papier.
« Je… Malgré tout ce qui s’est passer, je ne crois pas que vous puissiez regretter de m’embaucher.
…
C’est très maladroit, comme manière de faire, non ? »
Ajouta-t-il après un instant.
Malgré le fait qu’il n’avait pas vraiment espoir d’être entendus ou pris ici… Le jeune garçon, se balançant très légèrement d’avant en arrière, frottant dans son dos, ses mains l’une contre l’autre, se dit qu’au moins, il pouvait apprendre de ce premier échec… Peut-être.

Ha ! Ouaip …

Cette confirmation, sommaire mais explicite, répondait à la phrase du jeune blond sur l’idiotie des gens en général. Même si de ce qu’en savait la pistolera, ce n’était généralement pas les « idiots » qui prenaient une arme à feu et descendaient une ou plusieurs personnes avec. Ou en tout cas, ce n’était pas le seul facteur qui les motivait à agir ainsi. Ce n’était pas pour rien que les permis de ports d’arme étaient régulés et demandaient un minimum de surveillance … Malgré tout, il y avait toujours un ou deux tarés assoiffés de revanche qui passaient les contrôles. Enfin bon, en tout cas ce type n’était pas flic, ce qui était plutôt une bonne nouvelle en soit. Mais avant qu’il n’explique la raison de sa venue, il se sentit obligé de justifier une fois de plus sa réaction face à l’apparence de la tireuse, qui se contenta d’inspirer lentement avant de tout relâcher. Ne voyant aucun intérêt à le torturer plus avant sur le sujet, elle hocha doucement la tête pour faire savoir qu’elle comprenait, et ne rebondit pas, attendant qu’il lui serre juste la main.

Ceci dit, la façon dont il réagit lorsqu’elle lui parla de son verni lui colla un gros doute. Cette histoire de filet mignon sentait plus le mensonge que le brûlé, mais elle ne voyait pas très bien pourquoi il aurait voulu cacher la vérité sur ce sujet … Elle nota aussi, en lui serrant la pince, qu’il portait de fins gants, et qu’il n’était visiblement pas très habitué à ce geste pourtant banal. Plus ça allait, et plus cet intéressant personnage soulevait de questions … Le suivant en croisant les bras (tous les bras) sur son torse, la tireuse le regarda sortir des documents – non sans noter l’éclat métallique dans sa serviette – et s’en saisit lorsqu’il les lui tendit. Les parcourant rapidement de ses yeux noirs, elle continua cependant de l’écouter expliquer la raison de sa présence ici et résumer son parcours. A sa toute dernière phrase cependant, elle éclata doucement de rire, et hocha la tête positivement en répondant d’un ton léger.

C’est effectivement une des entrées en la matière les plus étranges que j’ai jamais vues, mais hey, je bosse que depuis plus ou moins 8 ans, je suppose que je croiserais pire ~ Mais bon. Samuel Dubois, donc … Enchantée. Kathleen Jones, « Mimi » pour les potes.

A pas lents, elle contourna de nouveau son propre comptoir pour revenir à côté de l’ordinateur, posa les documents sur son clavier, et ouvrit un des tiroirs du meuble juste à côté … Puis un second … Puis un troisième, trouvant enfin le livret qu’elle cherchait. Il ne s’agissait que de quelques dizaines de feuilles A4 reliées ensembles, sur la première desquelles était noté en lettre capitales « Bible du tir allié / amical ». Elle posa le livret – qui semblait à vrai dire un peu ancien – sur le comptoir et reprit la parole.

Bon, pour la première impression effectivement, je suppose que j’ai vu mieux … Mais je vais pas t’en vouloir d’avoir été surpris par mon apparence, surtout si tu n’as jamais rien vu du même acabit. Sans compter que tu t’es excusé tout de suite, ce qui n’est pas le cas de tout le monde, donc on va dire que tu es pardonné. Par contre, deux choses. Primo, une des règles d’or du Friendly Fire, notée en page 1 du livret devant toi. Toute arme à feu qui n’est pas sur le point d’être utilisée, c’est-à-dire aux stands à l’étage du dessous, doit être déchargée.

D’une main, elle tapota doucement la serviette non loin d’elle, faisant comprendre qu’elle avait parfaitement vu son contenu. La règle exacte était consignée de la façon suivante : « Aucune arme à feu, qu’elle appartienne au stand ou à un adhérent, ne doit être chargée dans le Friendly Fire, en dehors des zones réservées au tir. » Mais dans la mesure où Samuel n’était pour l’instant ni adhérent, ni membre du staff, déformer légèrement la vérité ne pouvait pas faire de mal … Et en prime, s’il travaillait ici, autant prendre de bonnes habitudes dès le début. Comme sécuriser ses armes à feu pour éviter tout accident. Ou dire la vérité.

Secondo, si mes souvenirs sont corrects, le filet mignon c’est de la viande, et il est … 10h34. Or, j’ai pas souvenir que les frenchies déjeunent à 11 heures … Donc je vois très mal pourquoi tu aurais mis une viande au four à cette heure-là du matin. Surtout avant de partir passer un entretien d’embauche. Donc j’ai l’impression que tu me caches un truc, et ça effectivement ça fait un peu tâche pour l’entretien … Maiiiis bon. On va dire que je vais passer outre parce que je respecte l’intimité et les petits secrets de tout le monde … et pas du tout parce que j’aurais vraiment besoin de quelqu’un pour m’aider.

Nouveau ricanement. Ce n’était hélas qu’à moitié une plaisanterie, pour le coup : gérer l’intégralité du stand (surtout la logistique et comptabilité) et assurer l’accueil en plus était physiquement et mentalement éreintant … Et dire que Chip arrivait à gérer ça plus ou moins tout seul, à l’époque. Enfin, il ne s’était pas fait prier pour offrir un boulot à Kathleen, à l’époque. Et avec un ou deux employés de plus … Elle pourrait enfin faire des nuits complètes. En théorie.

Bon, ce que je te propose … On va continuer une partie de l’entretien ici, vu qu’il n’y a pas l’air d’y avoir grand-monde, et ensuite on descend au stand. En espérant au passage que les deux types qui s’y trouvent actuellement aient fini leur session d’ici là. C’est pas que j’ai pas envie de les voir, maiiis j’aimerais pouvoir te poser des questions en tête à tête, si ça te déranges pas. Installes toi là-bas, j’arrive.

Par « là-bas », la tireuse désignait un des canapés situés dans la salle où ils se trouvaient, qui était face à une table. Une large banquette était en effet placée face au mur, avec face à cette dernière une table basse sur laquelle étaient présents des journaux et magasines pour tous et toutes. Il y avait aussi bien des revues sur les armes à feu (ce qui était logique) que de l’actualité ou des revues people … Ainsi que des magasins cuisine et jardinage. Bien sûr, elle s’attendait à ce qu’il dégage un peu d’espace, pendant qu’elle retirait son CV de son PC, et cherchait dans ses dossiers … Elle avait un contrat prêt, bien entendu, mais ce dernier n’était pas encore imprimé. Problème auquel elle remédia au bout de deux petites minutes, saisissant les quelques pages d’une main et se relevant à son tour pour le suivre. Saisissant une chaise qui était également posée contre le mur (tout le monde n’aimait pas forcément les banquettes), elle la plaça de l’autre côté de la table basse, et disposa aussi bien le contrat que le CV qu’on lui avait donné face à elle, retournant ce dernier pour pouvoir le lire.

Bon, et bien … Entretien d’embauche classique, je suppose. Non, j’en ai jamais fait passer et j’ai été recrutée sans en avoir, chut. D’abord, tu me fais une présentation rapide, qui est « Samuel Dubois », d’où tu viens, tes études et compétences, ce genre de trucs, et ensuite je te fais un topo sur ce que le Friendly Fire, ce qu’on - Elle souligna ce mot en faisant des guillemets avec deux mains pendant que deux autres tenaient le CV sous son nez - attend de toi pour ce poste, responsabilités, tâches, et tout le tralala. Ensuite on va descendre au stand de tir, histoire que je vérifie que tu risques pas accidentellement de mettre une balle dans le pied d’un client … Et que tu puisses voir les locaux, aussi. Tes diplômes, ça m’intéresse, est-ce que tu as une licence de port d’arme, aussi ? ça peut être utile, pour ce boulot ~ Surtout si tu as une pétoire sur toi.

Numéro un, faisant de son mieux pour éviter de penser au fait qu’il était en contact avec quelqu’un, se força -car de toute manière, c’était la coutume - à regarder droit dans les yeux son interlocutrice, lorsqu’ils s’échangèrent une poigné de main. Contrairement à ce qu’on aurait pu croire, Numero Un, bien que perturbé par sa situation, restait attentif a ce qui l’entourait. Pour ainsi dire, le regard de la patronne était vif, et on y sentait une certaine intelligence. Malgré son regard sympathique, quoiqu’un peu perdu, le blond tiqua légèrement de l’œil. Il parut évident au jeune homme qu’elle avait vu a travers son mensonge, et il lui aurais parus tout aussi évident qu’il allait désormais falloir faire attention a ce qu’il dirait, ou ferait ici.

Les excuses, la serviette, le CV… Puis un éclat de rire, qui provoqua en Numero Un, ou ici, « Samuel », des sentiments contraires. Il n’était pas certain de savoir si c’était le soulagement, ou l’humiliation qu’il avait ressentie, et il n’était pas certain de savoir lequel de ces deux sentiments était le plus a même à diminuer un peu la pression qu’il avait ressentit jusqu’alors. Sans vouloir chercher à répondre à cette question, cela dit, le jeune homme décida de prendre le bon coté des choses. Elle semblait plus amusée que fâcher, et il était un poil moins stressé. Bonne chose, finalement. Sur un ton plus calme, après un court rire, Numéro un fit un beau sourire à la jeune femme.

« Je ne sais pas si je dois espérer que vous croisiez pire, ou bien prier pour que je sois le dernier à me montrer si .. Particulier, dans cette boutique.
Enchanté donc, miss Jones. »

Le garçon suivis des yeux, sans pour autant se montrer insistant, la femme, et l’observa sortir du tiroir une sorte de livret de feuille agrafée entre elles. Curieux, Samuel baissa les yeux pour y lire le titre. Rien que le nom annonçait la couleur. « La bible du tir allié/amical ». Le jeune blond se demanda ironiquement ce que pouvait bien être un tir amical, et après avoir imaginé l’espace d’un instant un fusil a tapé dans le dos, il leva à nouveau les yeux vers Kathleen qui lui expliqua l’utilité du livret.
Cette dernière fit une dernière remarque sur les excuses de Samuel, qui ne répondit pas. De toute façon, même lui savait que continuer sur ce sujet n’apporterais rien de bon. Il hocha la tête en écoutant les consignes, son léger sourire s’élargissant un peu lorsqu’elle tapota sa serviette.
« Oh? C'est compris. Vous avez l’œil. Je ne cherchais pas a le cacher, bien sur. Mais vous avez l’œil. »
Il ouvrit de nouveau sa serviette pour en tirer l’arme à feu. Il s’agissait la d’un joli colt a sept coups d’un modèle qui semblait inédit, ou plutôt, qui avait l’air de regrouper des pièces semblant venir d’à peu près toute sorte de colt. Cela aurait probablement dû donner un aspect inconstant au design de l’arme, mais au contraire, elle tirait de cette étrange asymétrie un charme assez atypique, auquel s’ajoutait de fines gravures parmi lesquelles apparaissaient quelques symboles. Sur la droite du poignet, était inscrit un gros 1, assez gros par rapport au reste. Ensuite, BTH, en doré, était écrit sur le bas de la crosse, CJ sur le barillet, FRB entre le guidon et le cran de mire, et pour finir, sur le canon, long d’ailleurs, était noté en relief « Holy shooter ». A vrais dire, l’arme avait plus l’air d’une sorte de jouet sur mesure fait pour ou pars un amateur d’arme a feu avec un peu d’argent de côté, que d’une véritable arme, faite pour être « utilisée ». Le garçon retira cela dit le barillet avec agilité, et en délogea les balles. Bien sûr, il se doutait bien que l’aspect étrange de l’arme n’échapperais pas à l’œil de la propriétaire du Friendly Fire, aussi crut-il bon d’ajouter après avoir ranger les balles dans une petite pochette de cuir ornée, sur son loquet d’un petit « 1 » ;
« Joli n’est-ce pas ? Ce n’est pas un outil que j’utilise beaucoup à vrais dire, mais c’est une sorte de porte-bonheur. Un vieux cadeau. Il reste chargé constamment. Ce n’est pas prudent en général, mais ça, c’est une arme fiable, je n’ai aucune crainte a son sujet.»
Ce n’était pas totalement faux. Cet objet était en quelque sorte porte bonheur pour son utilisateur, même si ce n’était pas vraiment de la manière dont on aurait pu l’imaginer. De plus, il s’agissait bien d’un cadeau, mais c’était plus un cadeau qui était « utile » sur le moment, qu’autre chose.
Finalement, il rangea négligemment l’arme dans sa serviette malgré son petit discours, puis ramena a lui la petite mallette, a nouveau dans sa main gauche.
« Je consulterais donc ce livret. » Dit-il simplement, avant de remarquer qu’elle l’avait tutoyé.
Tout de suite après, la jeune femme enchaîna.

Secondo, si mes souvenirs sont corrects, le filet mignon, c’est de la viande, et il est … 10h34. Or, j’ai pas souvenir que les frenchies déjeunent à 11 heures… Donc je vois très mal pourquoi tu aurais mis une viande au four à cette heure-là du matin. Surtout avant de partir passer un entretien d’embauche. Donc j’ai l’impression que tu me caches un truc, et ça effectivement ça fait un peu tâche pour l’entretien … Maiiiis bon. On va dire que je vais passer outre parce que je respecte l’intimité et les petits secrets de tout le monde … Et pas du tout parce que j’aurais vraiment besoin de quelqu’un pour m’aider.

A nouveau, L’œil -le gauche- de Samuel tiqua. Évidemment, ce n’était pas un bon mensonge. Il avait d’abord pensé à dire qu’il avait oublié son porte-monnaie, mais il s’était douté en avoir besoin, aussi avait-il dit la première chose qui lui était passée par la tête. Cela dit, il ne montra pas grand-chose de plus, et quand Kathleen eut fini de parler, le garçon se contenta de hocher la tête avec un sourire un peu creux.
« Oh. Vous vous y connaissez en cuisine ? Oui, ce n’était pas un très bon mensonge, j’en suis navré. Ce n’est pas contre vous qu’il a été prononcé, cependant. »
La phrase, ainsi que le sourire très commercial qu’avait eut Numéro Un à ce moment-là était clair, sans être menaçant. Il n’en dirait pas plus à ce sujet, du moins, pas pour l’instant. Cette femme était intelligente ; elle comprendrait. Il reprit un sourire moins artificiel finalement. Maintenant que le malaise du début était à peu près passé chez lui - il avait tendance à oublier ces choses la assez vite -, il semblait à nouveau à peu près en confiance, et plutôt enthousiaste, en plus de cela. Cette dame avait besoin d’aide, il avait besoin de lui en apporter, comment le reste aurait-il pu mal se passer mh ?... Avec d’autres bourdes, probablement.

La femme invita Numéro un à s’installer au fond du magasin avec elle, tandis qu’elle cherchait quelque chose. Des papiers, sans doute. Numero Un s’y dirigea à pas tranquilles, remarquant les revues posées sur une table. Il prit place dans un fauteuil en jetant un coup d’œil distrait aux titres des livres devant lui, et fronça les sourcils. Elles étaient bien mal organisées, ces revues !
En temps normal, le garçon n’aurait pas eu la présence d’esprit de faire de la place, mais sur le coup, voir ce léger désordre juste devant lui le gênas suffisamment pour qu’il décide de prendre des mesure. Lorsque Kathleen revint, un papier et le CV de Numero un en main, les revues étaient soigneusement empilées dans un coin de la table, classée par genre, puis par date de publication. (pour certaines, du moins, le garçon n’ayant pas eut le temps de toute les triée.)
Samuel empila sur un autre coin de la table les revues qu’il n’avait pas encore triées, par réflexe plus qu’autre chose, avant de regarder le contrat, puis l’employeuse.

Bon, et bien … Entretien d’embauche classique, je suppose. Non, j’en ai jamais fait passer et j’ai été recrutée sans en avoir, chut. D’abord, tu me fais une présentation rapide, qui est « Samuel Dubois », d’où tu viens, tes études et compétences, ce genre de trucs, et ensuite je te fais un topo sur ce que le Friendly Fire, ce qu’on ‘’attend’’ de toi pour ce poste, responsabilités, tâches, et tout le tralala. Ensuite, on va descendre au stand de tir, histoire que je vérifie que tu risques pas accidentellement de mettre une balle dans le pied d’un client … Et que tu puisses voir les locaux, aussi. Tes diplômes, ça m’intéresse, est-ce que tu as une licence de port d’arme, aussi ? ça peut être utile, pour ce boulot ~ Surtout si tu as une pétoire sur toi.

Samuel joignit les mains, posant ses dernières sur la table tout en croisant les jambes, le tout lui donnant un air sérieux qui lui allait plutôt bien. Il commença rapidement. Ça, au moins, il l’avait en partie préparé.

« Et bien, je vais vous faire la version courte, vous avez l’autre en trois pages sous les yeux. Deux d’entre elles sont des pages génériques, qui passent un peu partout, la dernière relatent mes compétences directement liées à l’emploi.
Donc. Mon nom est Samuel Dubois. Je suis Français du côté de mon père, Américain de celui de ma mère. J’ai un doctorat de la plus grande école de psychologie d’Europe, mais j’ai toujours voulu faire dans l’héroïsme, donc j’ai préféré m’orienter vers cette voie. Suite à quelques affaires privées, je me suis retrouvé aux états unis où j’ai emménagé. Je devais entrer dans une période de stage avec un héros, pour obtenir une licence officielle, comme je suis un étranger, mais à cause de l’effondrement, ça ne se fera pas tout de suite. Pour les prochains mois voire années à venir, je ne serais que Hero a mi-temps. J’ai cherché un travail qui me permettrais de m’exercer tout en m’adonnant à quelque chose que je connais bien, et celui-ci m’a semblé bon.

Au niveau du tir, j’ai gagné quelques petites compétitions lorsque j’étais plus jeune. J’étais dans un club, et j’ai été parmis les premiers de ma division lors de mon service militaire, donc je pense avoir encore suffisamment de compétences en tir pour pratiquer dans un milieu plus professionnel.
Cela mit à part je suis bilingue ; je parle couramment le français, et l’anglais. Je connais aussi quelques mots d’Allemands. »
Finalement, il ajouta après une petite pause.
« Mh, c’est une question que l’on pose souvent, il parait, alors je vais y répondre maintenant. En principale qualité, je dirais, je suis souvent quelqu’un de motiver, et toujours prêt à apprendre. Pour principal défaut… Je pense que je manque encore d’expérience avec le relationnel. Ironique, pour un doctorat en psychologie. Mais j’apprendrais. C’est simplement le manque d’habitude. »
À nouveau, une petite pause.
« Et bien sûr, j’ai une licence de port d’arme. Juste avant mon entrée sur le territoire, j’ai rempli les papiers indiquant que j’étais un héros apprenti, et mon chef d’armée m’a soutenus dans l’obtention »
Il montra rapidement une carte dans son portefeuille, sans la sortir entièrement pour autant et la rangeant rapidement. Le fait qu’un type comme lui ait une licence de port d’arme lui autorisant aussi bien les armes civiles que militaires aurait pu être louche.

Il se racla la gorge, se demandant un peu s’il en avait trop fait, ou au contraire, pas assez. Bien sûr, pas une seconde il ne se dit que cela pouvait être juste suffisant, bien qu’il eût beaucoup préparé ce petit speech.

Si elle n’était pas – encore – une encyclopédie universelle des armes à feu sur pattes, Kathleen pouvait prétendre avoir de solides connaissances dans ce domaine, pour la majeure partie des armes de poing du moins. Les colts n’étaient en rien une exception à la règle, même si elle s’était plus renseigné sur leurs prédécesseurs … Pourtant, lorsqu’elle vit l’arme à feu personnalisée du blond face à elle, elle ne la reconnut pas du tout. Et les gravures personnalisées ou les motifs dorés n’y étaient pour rien … Elle ne parvenait pas à mettre le doigt sur un modèle ou un autre. Et lorsqu’il expliqua qu’il s’agissait d’un cadeau, elle renonça à demander où il avait pu se procurer un tel joujou … aussi bien par curiosité que par intérêt, il fallait le dire. Elle poursuivit donc plutôt sur l’histoire de plat dans le four, et haussa les épaules à sa réponse.

Pfff, je souhaiterais … Mais l’histoire du « il faut pas laisser une viande dans le four trop longtemps », c’est plus l’expérience qui parle qu’autre chose. Ça, et les émissions de Julia Child. Elle aurait pu appeler son show « la cuisine française et au beurre pour les nuls », ha ha …

Lui désignant ensuite le canapé en lui demandant de s’installer, elle prépara son contrat, et se déplaça pour s’installer. Elle l’avait dit elle-même : elle n’avait pas pour objectif d’éventrer chacun des petits secrets de Samuël, et si ce dernier avait quelque chose qu’il ne voulait pas confier, elle n’allait pas l’y obliger. Il détailla donc de façon concise et efficace qui il était, tandis que la tireuse suivait son CV des yeux pour retrouver les informations qu’il évoquait. Bien sûr, ce n’était pas très poli de ne pas regarder quelqu’un en train de vous parler … Mais l’avantage avec des yeux entièrement noirs, c’est qu’il était difficile de voir où ils regardaient vraiment. Et elle prenait soin d’avoir le visage tourné vers lui plutôt que la feuille. Sans parler du fait qu’elle tenait presque le CV à bout de bras, ce qui n’était pas forcément des plus agréables ou intuitif pour lire. Lorsqu’il mentionna son permis de port d’arme, elle fronça cependant les sourcils, tendant une main vers l’avant, paume vers le ciel.

Une seconde, je peux regarder ? J’ai cru voir un truc … Se saisissant de la carte et l’approchant, elle plissa les yeux un instant … Puis soupira, posant le CV sur la table et se relevant. Une seconde, je vais chercher mes lunettes.

Faisant quelques pas, elle se pencha par-dessus le comptoir sans le contourner, s’appuyant sur 2 bras et fouillant avec 2 autres, ses bottes se décollant légèrement du sol. Certains auraient pu commenter qu’elle devait à la fois avoir un bon sens de l’équilibre, des abdos solides contre lesquels appuyaient ses coudes, et une bonne force dans les membres supérieurs … D’autres auraient pu remarquer que le short en jean qu’elle portait était peut-être un peu court et moulant pour effectuer ce genre de pratiques devant un ou des spectateurs. Au bout de quelques instants de lutte à retourner ses papiers et à déplacer ses fournitures, elle finit par dénicher ce qu’elle cherchait. Un étui à lunettes, dont elle sortit une paire de lunettes à verres rectangulaires et dont la monture était légèrement tordue. Les perchant sur son nez et ses oreilles pointues, la tireuse observa de nouveau la carte, hochant la tête avec un air satisfait. Elle se saisit également d’un cahier et d’un stylo qui traînait, sans vraiment cesser d’étudier le permis.

Ah, c’est bien ce qu’il me semblait … Tu as une licence qui ressemble beaucoup plus à celle de ma mère qu’à la mienne, tant dans le style que pour les accréditations. Revenant s’installer sur sa chaise et croisant les jambes devant elle, elle continua d’étudier le morceau de papier plastifié avant de le rendre. Elle est militaire, et fait partie des forces spéciales, du coup elle est autorisée à transporter du matos interdit aux civils. Et ça tombe bien, parce que certains des fusils qu’on a ici sont un peu gros pour monsieur tout le monde. On va pas au-delà du calibre 50, mais ça fait déjà de quoi faire de gros trous … Enfin je t’en parlerais un peu plus après.

Prenant quelques notes dans son carnet pendant qu’elle parlait, la tireuse tapota un instant le bout de son stylo sur une de ses dents, semblant réfléchir à ce qu’elle allait ajouter ensuite. Elle finit par rayer une phrase, se remettant à noter en reprenant la parole.

Pour le reste, contente de savoir que tu voulais te lancer dans le milieu héroïque aussi et que l’effondrement t’as pas dégoûté. Personnellement j’ai fait Starwall, anciennement la seule académie héroïque « légitime » du continent, et même si j’ai pas terminé le cursus héroïque, j’ai encore de bonnes notions, si tu as besoin d’un coup de pouce ici et là, hésites pas à me poser des questions.

Mais plutôt que de parler de moi … Le Friendly Fire. C’est un stand de tir qui a presque 30 ans maintenant, dont j’ai hérité il y a environ 5 ans après y avoir travaillé quelques années. On a une clientèle plutôt fidèle et régulière, le stand de tir le plus profond de la ville et p’têt même de l’état, et dernièrement j’ai mis en place un parcours d’entraînement au combat au second sous-sol. Pour le moment, il a pas trop de succès, mais il faut dire que … Ma seule autre employée a démissionné ya quelques semaines suites à la mort de son paternel, et du coup, j’ai pas encore eu le temps de faire masse de pub ou de démarcher. D’où le fait que j’ai besoin de monde pour tenir la boutique pendant que je m’occupe de chopper des clients. Pour être franche avec toi, j’aimerais avoir un partenariat avec la Campbell accademy, l’école de super-héros. Un lieu d’entraînement comme ici, ça pourrait sûrement leur être utile, et vu les fonds qu’ils touchent en ce moment, ça serait profitable aux deux partis. Mais pour ça, il faut du monde.

En tant qu’agent d’accueil, t’as pas une montagne de tâches à effectuer, c’est plus une question d’assurer la permanence qu’autre chose, mais bon. Grosso-modo, tu fournis aux nouveaux clients des formulaires d’inscriptions et tu leur enseignes les règles de la maison. Pour les réguliers, on vend des munitions, et on loue des armes à feu pour ceux qui n’apportent pas les leurs. Le stand repose sur un système de badges et de crédits. Tu achètes une heure de crédit, et ton badge te débloque l’accès au stand pour cette durée. Une heure de location d’une arme, et tu peux déverrouiller un des casiers à l’étage du dessous. Tu dois être présent lorsque les clients remettent les armes en place, récupérer les munitions qu’ils n’ont pas tiré pour les stocker ici, et veiller à la sécurité de tous et toutes.

Ayant déjà cessé de prendre des notes depuis un petit moment déjà, elle posa son cahier et son crayon devant elle, sortit son téléphone de sa poche, vérifia l’heure, puis le posa également sur la table. Selon son estimation, les clients dans le stand de tir en avaient encore pour un petit bout de temps … Elle n’avait donc pas spécialement besoin de les faire descendre tout de suite. Au lieu de ça, elle leva ses deux bras supérieurs. Les tatouages qui s’y trouvaient s’illuminèrent, et se « vidèrent » dans ses mains, où deux pistolets à silex d’un modèle totalement inexistant se formèrent. Avec un sourire, la tireuse recroisa les bras et posa ses coudes sur ses genoux en se penchant vers l’avant.

Petit cas pratique surprise. Je suis une potentielle cliente, mais je n’ai pas encore de carte d’adhérent au Friendly Fire, et je demande à tirer avec mes propres armes, mais lorsque tu me fais signe de les décharger et de présenter mon permis, je deviens hostile. C’est mes flingues, oui j’ai un permis, je sais m’en servir, et t’es pas ma mère pour me dire quoi faire avec. Qu’est-ce que tu fais ?

Alors qu’elle parlait, elle balançait légèrement ses armes ici et là, les canons changeant régulièrement de direction … Sans se pointer directement sur le blond, pour l’instant.

Samuel laissa un petit rire discret lui échappé lorsque son interlocutrice laissa miroitée une mésaventure en cuisine, a laquelle il répondit avec un vague embarras enrobé d’un enthousiasme chaleureux.
« Pour tout vous dire, j’suis- mh. Je ne suis pas le meilleur cuisinier du monde. J’ai quelques recettes françaises dans un coin de la tête au cas où, mais je reste assez mauvais. Je n’ai commencé que récemment. »

La conversation poursuivit son train un moment avant que Kathleen n’interrompe le blond, lui demandant de voir son permis de port d’arme. Cela ennuya quelque peu le jeune homme. Tout le monde n’avait pas un permis comme le sien, et celui-ci était assez remarquable. Pourtant, il s’exécuta d’un geste fluide et sans hésitation. Il n’aurait pas pu le cacher bien longtemps de toute façon, alors à quoi bon. Il lui tendit la carte, et alors que la métissée quittait la table pour chercher ses lunettes, en équilibre sur le comptoir pour ne pas avoir à contourner ce dernier, Numéro Un l’observa d’un œil discret. Malgré le fait que le séant de la femme était bien mis en évidence devant son regard, il ne se focalisa pas dessus. Tout pour lui, plutôt que de penser à ce genre d’immondice. Ce sur quoi il porta plutôt son attention était le fait qu’effectivement, cette posture, loin d’être pratique qu’elle tenait pourtant sans difficulté apparente, laissait à penser que la femme ne manquait pas d’entraînement. Ne cherchant pas vraiment à détacher son regard de la femme lorsqu’elle revint s’installer, Samuel suivis des yeux cette dernière, observant avec attention les muscles de ses bras ou le balancement de son corps, plus pour des questions de curiosité ou d’intérêt envers cette morphologie hors du commun qu’autre chose.
Lorsqu’elle s’installa à nouveau, Samuel s’interrogea sur l’origine de la mauvaise vue de la femme. Pouvait-elle provenir de son alter ? N’était-ce pas assez peu pratique pour tirer ?

Gardant les questions dans un coin de la tête, le garçon fit légèrement tourner son chapeau entre ses mains, récupérant par la suite sa licence pour la fourrer dans son portefeuille.
« Oh ? J’imagine que vous avez le droit de vendre des armes que vous n’avez pas le droit de porter. Cela dit, votre mère doit avoir une vie mouvementée, il parait que c’est pas-.. Que ce n’est pas de tout repos, militaire aux états unis, et particulièrement dans les forces spéciales, j’imagine.
Je n’ai pas tiré depuis quelques mois, déménagement oblige, mais je devrais être en mesure de manier les armes du magasin.»

Cette fois, Samuel se sentait à peu près en confiance. Son débit de parole était normal et bien maîtrise, il ne cherchait pas ses mots… Ça lui avait pris un moment, mais il était parvenu à se confectionner sa petite carapace de confort, bien que quelques formulations familières lui revenaient parfois sur la langue. Il demanderait plus tard l’autorisation pour se conduire de manière plus décontractée, mais pour le moment, il n’allait pas gâcher ses chances d’être embauché, qui était un peu remontées, de son point de vue. Il hocha la tête, l’air enjouer, aux déclarations de Kathleen.

« Vous avez fait une école d’héroïsme ? Nous n’en avons pas beaucoup en France, et les diplômes sont moins reconnus ailleurs, donc je n’en ai pas faite, c’est pour ça qu’il me faut un tuteur d’ailleurs. J’vous.. Je vous demanderais peut-être quelques petites choses, si c’est si gentiment proposé ! »

Il fit durer un court instant la dernière syllabe de sa phrase, avec une voix enthousiaste. L’héroïsme lui plaisait, et quoi qu’il en dise, une personne ayant fait une école d’héroïsme ne pouvait être mauvaise, mh ?
Oui, Numéro Un était ce genre de personne, un peu naïve, a accorder une grande confiance aux héros. Il fallait dire que pour le moment, il ne connaissait pas la part sombre de ce milieu, imaginant bêtement qu’il était le seul ne comportant que de la lumière.
S’en suivis un topo sur le friendly fire, et le poste qu’allais occuper le garçon, qui hochait de temps à autre la tête. Ce dernier garda le silence un moment, le temps de tout assimiler, puis hocha la tête.

« Je vous. Ce n’est pas n’importe où ici hein ? Je n’ai encore jamais fait tout ça, mais je saurais m’adapter d’ici peu, rassurez-vous.
Par cont- Mh. Cela dit, je pensais plutôt occuper le poste de moniteur de tir ou de combat ; j’ai plus de compétences dans ses domaines, au moins celui du tir en tout cas. Pour ce qui est du combat, je ne fais pas trop dans la self-défense. Mais… Bah. Agent d’accueil me permettrais de travailler sur mon capitale sympathie. Quand je serais un grand héros, ça sera sans doute utile. »
Après s’être vaguement amusé de sa propre blague, il poussa un soupir tranquille, son air souriant remplacé par de la surprise et accompagné d’un timide mouvement de recul lorsque Kathleen retira ses armes… De plus ou moins nulle part. Il regarda les armes avec une certaines attention… Il n’arrivait pas vraiment à les identifier.

« Hein ?! »

Lâcha t-il, pris de court par l'éxercice, le sortant par la même occasion de ses pensées. Il déglutit, se racla la gorge, et s’excusa d’une petite voix avant de renforcer son regard et de se redresser, affichant un genre de sourire commercial. Chassant de son esprit les réflexes d’auto-défense qu’il s’était empêchés d’appliquer lorsque les armes avaient surgi, il répondit au personnage de Kathleen sur un ton vaguement mielleux.

« Je suis désolé madame. Mais au Friendly Fire, les règles sont faites pour assurer le confort des clients et éviter tout accident. Je me doute que vous savez vous servir de vos armes, mais ces règles doivent s’appliquer à tout le monde pour éviter que des gens moins expérimentés ne fassent des bêtises. Et je ne peux pas non plus vous laisser tirer ici sans avoir vus votre Permis, ou le magasin risque d’avoir des problèmes avec la loi. »
Ce n’était rien de plus qu’un peu de psychologie du dimanche. Pas besoin d'étude pour savoir comment gérer ça. Un peu de calme, une flatterie discrète, et finir sur un argument d’autorité. Très simple, mais un bon début, sans doute.

La réaction du français fut loin d’être décevante. Certes, elle l’avait un peu pris au dépourvu avec son histoire de cas pratique, mais il avait été loin de perdre ses moyens, même en faisant face à quelqu’un qui avait sorti deux armes à feu de nulle part. Ce qui était un excellent point, vu l’environnement dans lequel il allait être amené à travailler. Se grattant la tempe avec le canon d’une de ses armes, la grande démone se laissa aller en arrière sur sa chaise en hochant doucement la tête de haut en bas.

Heeey, c’est pas mal, c’est pas mal ... Même si la dernière phrase n’est pas tout à fait exacte : si quelqu’un refuse de te montrer un permis de port d’arme alors qu’elle a une arme chargée dans les mains, tu as le droit de contacter immédiatement les autorités. Déjà que les procédures à effectuer pour chopper un flingues sont pas folles folles, on va pas en plus encourager les gens à pas être réglos. Autre chose : en tant qu’employé du stand, tu le représentes, donc garde à l’esprit que si quelqu’un ne te revient vraiment pas côté comportemental, tu peux tout à fait le virer et l’empêcher d’adhérer au stand, ou annuler son adhésion en cours. Bien sûr, si je vois que ma clientèle est divisée par deux en une semaine, je vais te poser des questions, mais un ou une tarée éjecté de temps à autres, ça fait pas de mal. Tu as ce pouvoir-là ~ Entres autres.

Une petite alarme se mit à sonner, et la tireuse se tourna vers son comptoir. Ses deux pistolets à silex disparurent immédiatement, se changeant en halos lumineux qui virent « couler » dans les tatouages dans ses avant-bras et les remplir, les rendant à nouveau entièrement noirs. Se levant de sa chaise avec une moue, elle passa une nouvelle fois le torse par-dessus la surface polie pour saisir l’écran de son ordinateur portable et le pivoter un peu, avant d’appuyer sur son clavier. Baillant un peu, elle laissa ensuite ses pieds retomber sur le sol, pivotant pour se diriger vers la porte non loin de l’entrée du stand.

Tiens, une de tes futures tâches. Viens voir.

Plaquant son badge contre le détecteur non loin de la poignée, elle ouvrit le battant, qui donnait sur un escalier en colimaçon. Le descendant en glissant une paire de mains dans ses poches, elle s’assura simplement d’être suivie avant d’arriver dans « le stand » à proprement parler. S’y trouvaient deux frères qui poursuivirent un instant leur discussion – qui avait vraisemblablement pour thème la « paire de loche » d’une de leurs connaissances communes – avant que le plus vieux ne se tourne vers les nouveaux arrivants.

On a épuisé le temps qu’on avait d’alloué ?
Seulement toi Jeffrey, il reste environs 5 minutes à ton frère ~ Mais pour pas vous mentir les mecs, j’aimerais bien que vous nous laissiez un peu seul, moi et ma potentielle recrue.
Oh ! Bienvenu au Friendly Fire alors, j’suppose, le nouveau.

Tandis que l’un des frères ouvrait le barillet de son revolver pour montrer que ce dernier était bien vide avant de le ranger dans son holster, l’autre éjectait le chargeur du gloc qu’il avait dans les mains, et posait aussi bien l’arme que le chargeur en question à côté de lui, tout en rappelant sa cible. Cette dernière, accrochée au plafond par une sorte d’attache placée sur un rail, se rapprocha doucement. La tireuse se plaça à côté de l’arme, et se tourna vers Samuel tout en désignant les casiers blindés qui se trouvaient contre le mur.

Jeffrey ici présent est l’heureux propriétaire d’un revolver calibre .44, qu’il amène ici lorsqu’il veut tirer. Je dois juste m’assurer que son arme n’est pas chargée pour le laisser partir, mais en générale cette règle est appliquée à la lettre. Son frère, Joey, n’a pas d’arme à lui pour le moment, et a donc emprunté un de nos glocs 17. Au début de la séance de tir, si besoin, un client paye pour différentes choses. Du temps dans le stand de tir, histoire de payer pour les cibles, le matos, l’électricité et tout ça. Si besoin, la location d’une arme, comme dans le cas de Joey ici. Et enfin, des munitions. On peut pas fournir dans tous les calibres, mais on couvre une assez large plage. Les munitions qui sont achetées au FF doivent y rester par contre. Donc s’il vous reste des balles messieurs, j’aimerais les récupérer. Les deux clients hochèrent négativement de la tête, ce qui tira un ricanement à la tireuse. Parfait. Donc, vu que cette arme appartient au stand, je vais la remettre à sa place. Vous pouvez y aller les mecs, merci d’être passés !
A la prochaine.

Tandis que les deux hommes remontaient dans l’escalier, la tireuse se rapprocha des casiers après avoir vérifier que le gloc et son chargeur étaient vides. Rouvrant totalement un qui n’était qu’entre-ouvert, elle y plaça l’arme, et le referma avant de plaquer son badge sur la porte. Cette dernière émit un bip satisfaisant et se verrouilla.

S’ils avaient acheté 40 balles et n’en avaient tiré que la moitié, le stand aurait conservé leurs munitions à l’étage du dessus, dans la réserve. Pour les armes en revanches, elles sont pour la plupart ici, dans des casiers blindés. Tout pour éviter que qui que ce soit utilise un flingue là où il n’est pas sensé, en gros ~ Et comme tu peux le voir au nombre de casiers, pour l’instant, on a presque une centaine de feux différents disponibles.

Croisant les bras – tous – sur son ventre et s’adossant aux casiers métalliques, la grande tireuse souffla une mèche qui lui tombait sur l’oeil, avant de reprendre. Ce n’était pas grand chose, mais le ton de sa voix était un brin plus embarrassé.

Pour l’histoire d’instructeur de tir malheureusement, 2 ans à l’armée c’est bien, maiiiis un peu short. J’ai pas des critères « ultra » précis, mais j’aimerais vraiment quelqu’un qui ait passé peut-être une petite dizaine d’armée dans la police ou l’armée, au moins ... Ou qui a déjà eu les rôles d’instructeurs dans une de ces deux structures. Bien sûr, si tu veux apprendre à un client un peu néophyte comment on manie un flingue, quelles sont les règles élémentaires de sécurité et comment bien tirer, tu en as tout à fait le droit : perso je le fais assez régulièrement. Mais pour l’instructeur de combat, j’aimerais quelqu’un avec un peu plus de bouteille. J’espère que ça ne te déçoit pas trop ?

Lorsque la femme aux quatre bras « rangea » ses armes, un très vague changement d’attitude, presque imperceptible, put être observé chez le jeune blond. Ses muscles se déraidirent doucement, son regard perdit une dureté adoptée quelques instants auparavant, perceptible uniquement par les observateurs avertit, et il poussa un petit soupir soulagé une fois la surprise passée, se félicitant intérieurement d’avoir su garder son calme. Ce genre de choses arrivaient-elles souvent ? l’inquiétude le prit malgré les explications de la femme, et bien qu’il les nota dans un coin de sa tête, il ne put s’empêcher de poser la question.
« Je vois. J’suppose qu’c’-.. Je suppose que c’est plus prudent pour l’établissement de refuser certaines personnes. J’avais jamais pensé qu’on pouvait faire c’genre de choses. »
Le jeune homme regarda son interlocutrice se pencher à nouveau au-dessus du comptoir. Ce n’était pas vraiment les manières auxquelles il avait été habitué, et il ne s’en plaindrait pas vraiment. Au moins, il n’était pas tombé sur quelqu’un de coincer. Rangeant les mains dans ses poches, le poing droit fermé, il suivit sans plus de cérémonie la femme jusqu’à la cave du bâtiment.
Réprimant quelques histoires désagréables, il regarda autour de lui, à moitié concentrer sur la descente, et à moitié sur les crépis des murs formant des angles abrupt aux redondances chaotique. Malgré le début, cet entretien d’embauche ne semblait pas si mal engagé. Samuel suivit distraitement la gérante du magasin, regardant un peu partout les petits détails environnants, plus dans une optique de remarquer quelque chose d’intéressant ou non de tout mémoriser. Il faisait un peu gamin, comme ça, a regarder partout autour de lui et portant son attention sur la moindre araignée, mais les escaliers passer, et la sale de tir atteinte, il put se focaliser à nouveau sur les consignes.
Kathleen s’approcha de deux hommes aux physiques sans spécificité particulière, discutant d’un sujet banal que le blond n’apprécia guerre, sans leurs en tenir rigueur. Ce genre de chose était normal, semblait-il.
Après une courte présentation, encourageante pour Samuel, ce dernier leva une main d’un air tranquille.
« Bonjour, merci. »
Répondit-il d’une façon professionnelle, contrastant avec son geste de salutation, plus détendu. Il n'était pas certain de savoir comment parler a des clients, et avait réagis peut être un peu froidement... Ou de manière un peu coincée, en fonction du point de vue.

La gérante repris sur un discours qui sembla ébranler un peu Samuel un cours instant, jusqu’à ce que son visage reprennent peu à peu de l’assurance. Il semblait assez facile de lire en Samuel, et en règle générale, quand il ne se concentrais pas suffisamment, ça l’était.
Le garçon écouta finalement les instructions qui lui étaient présenter, hochant la tête de temps en temps. Globalement, tout était à sa portée, et mit à part répondre « je comprends » ou « très bien… » ou encore « je vois » lorsque la femme lui demandait s’il arrivait à suivre, il ne trouva pas grand-chose a ajouter. Il se risqua tout de même à poser une question.
« Mhh, j’aimerais juste savoir. Je dois compter les douilles au sol pour vérifier que les clients n’emportent pas des balles dans leurs poches, ou je me contente de regarder les chargeurs ?... »
Kathleen s’excusa auprès de Samuel de ne pouvoir le laisser être instructeur. Ce dernier ne c’était pas attendus à ce qu’elle se retrouve embarrasser, même si légèrement, pour un simple refus. Il se racla la gorge alors qu’une pensée rassurante lui traversait l’esprit. Elle ne semblait pas non plus très habituer à ce genre de chose. Sans doute, serait-elle aussi perdue que Samuel dans la même situation que lui.
Le jeune homme répondit en faisant non de la tête, un sourire légèrement crispé, signe de son stress toujours présent malgré tout, sur le visage.

« Non, j’comprends... Enfin, je comprends pardon. C’est normal, ce n’est pas un travail à la portée du premier venu.
Location d’armes, comptages de munitions, aide des clients… Je devrais être capable de faire tout ça sans m’emmêler les pinceaux… Enfin, pas les premiers jours, mais après un petit moment d’adaptation, tout devrait bien se passer ! »
Répondit-il avec un enthousiasme volontaire presque attendrissant, avant de tourner la tête autour de lui, examinant le sous-terrain. L’endroit était spacieux et bien entretenu, et bien que le blond se questionna un peu sur les responsables du ménage, qui devaient avoir un sacré travail, il ne perdit pas le nord. Ce travail avait l’air plutôt simple, même s’il demandait beaucoup de gestion. Il savait faire ce genre de choses !

« Mh.. Vous m’avez emmené ici pour voir ce que j’sais faire, j’imagine ? Ou vous avez peut-être des consignes supplémentaires ? »

Et bien, je tiendrais un stand de lancer de couteaux à beurre, je dis pas, mais des pétoires … La sécurité des clients est en jeu, et la tienne aussi. Donc ‘faut pas hésiter à se montrer ferme. Sans te mettre trop en danger, bien sûr.

Expliquant rapidement ce point au jeune blond alors qu’elle se rendait à la porte qui permettait d’accéder à la zone de tir, la grande tireuse fit un clin d’œil à Samuel. Elle n’était pas experte en comportement ou en langage corporel, mais elle avait remarqué que l’apparition soudaine de deux armes à feu l’avait tendu, de la même manière que leur disparition avait soulagé le jeune homme. Et après tout, quoi de plus normal ? Elle ne s’attendait pas vraiment à ce qu’il prenne la chose comme un vétéran dur à cuir et incapable de ressentir le moindre émoi face à quelqu’un qui pouvait gravement le blesser, voire pire. D’un autre côté, il n’avait pas laissé la panique l’emporté et il avait improvisé une réaction tout à fait correcte : on pouvait donc dire qu’il passait le « test » haut la main. Restait à voir si pour le reste, il serait aussi efficace.

Quelques explications un peu plus détaillées sur le fonctionnement du stand plus tard, la jeune femme se réjouit d’entendre une question. Non pas qu’elle n’aimait pas parler sans être interrompue, mais elle préférait savoir que le jeune homme s’intéressait à ce qu’elle disait, et demander des précisions de cette façon était une façon de prouver que c’était le cas. Hochant négativement la tête avec un petit ricanement, elle pointa plusieurs emplacements au plafond, où de discrets demi-globes de couleur noire abritaient des caméras de sécurité de petite taille.

Le stand enregistre beaucoup de choses, et on a quelques règles comportementales. Par exemple, si un client achète des munitions, c’est à toi de lui en fournir le nombre exact et de les apporter avec lui jusqu’au stand. Normalement, à part pour remplir les chargeurs, les clients n’ont pas trop à manipuler les boites de cartouches, vu qu’on les rapporte aussi. Et en plus des caméras, il y a quelques micros spéciaux prévus pour enregistrer le nombre de bruits de coup de feu. En clair, on peut surveiller à tout moment que les gens jouent le jeu, et ils le savent. La plupart sont des habitués, donc même si je fais des rappels réguliers, au final j’ai eu très peu de fraudeur. Ceci dit, si tu as un doute, tu peux demander à quelqu’un de sautiller sur place pour t’assurer qu’il ne fasse pas « cling cling ». La jeune femme ricana doucement, laissant planer un doute sur si elle était sérieuse ou pas. Ou fouiller ses poches, au besoin. Mais bon, normalement, tu ne devrais pas trop avoir à t’en faire pour ça. Oh, et aussi : il y a un nombre « maximum » de balles que tu peux apporter au stand d’un seul coup, même si le client en achète beaucoup plus que ça. Généralement, on ne fournit pas plus de trois boites de munitions à la fois, avec quelques exceptions … Et s’ils veulent continuer à tirer, tu peux descendre leur fournir de quoi recharger après avoir vérifié vite-fait que tout était en ordre. M’enfin te prends pas trop la tête avec ça tout de suite, je te rencarderais sur les détails un peu plus tard.

La discussion passa assez vite à un autre sujet : le « refus » d’embaucher Samuel en tant qu’instructeur de tir. Bien sûr, son manque d’expérience pratique (ou théorique) pour un tel poste était en partie responsable, et justifiait à lui-seul cette décision … Mais il y avait aussi le fait que pour le moment, la tireuse démoniaque avait vraiment besoin de quelqu’un d’autre qui l’aiderait à faire tourner la boutique, histoire qu’elle-même puisse avoir un emploi du temps moins chargé. Hors, un instructeur de tir, pour elle … C’était surtout du boulot en plus. Mais ça, elle n’était pas certaine que ce soit très agréable à entendre pour le jeune homme, et elle se sentait déjà assez mal à l’aise comme ça de mal avoir compris ce qu’il désirait d’une part, et de le lui refuser comme ça d’une autre. Il semblait d’accord pour se contenter du poste d’agent d’accueil ceci dit, ce qui était une assez bonne nouvelle. Voyant qu’il semblait retrouver rapidement une certaine bonne humeur, la tireuse se décolla des casiers, marchant vers lui et lui tapant doucement sur l’épaule en lui passant à côté.

Tout juste coco ! Aussi bien pour les consignes que les premiers jours et voir ce que tu sais faire. Maiiiiis, pour procéder par ordre chronologique, on va commencer par voir comment tu te débrouilles avec une cible. S’accroupissant à côté d’une petite malle située dans un coin de la pièce, elle l’ouvrit, farfouilla un instant, avant de sortir une plaque métallique en forme de silhouette sur laquelle des zones avaient été gravées et numérotées. Enfin. Avec une arme, plutôt, la cible je vais m’en charger pour toi.

Revenant au niveau d’un des comptoirs sur lesquels les clients devaient poser leurs armes et munitions, la démone appuya sur le gros bouton rouge, fixé sur la paroi de bois qui séparait (en théorie) le tireur situé ici de son voisin de droite. Le mécanisme fixé au plafond juste au-dessus de Kathleen s’ébranla, et une sorte d’attache se mit à bouger le long d’un monorail qui partait du comptoir vers le fond du stand. Lorsque l’attache fut à portée, la tireuse se mit sur la pointe des pieds, et accrocha la plaque de métal au plafond. Elle régla ensuite une distance sur le compteur à côté du gros bouton rouge … Puis rappuya sur ce même bouton rouge, la cible commençant tout de suite à s’éloigner pour s’arrêter à une vingtaine de mètres de là. La tireuse ne sembla cependant pas s’y intéresser, se dirigeant plutôt vers les casiers à nouveau. Les comptant rapidement à voix basse en les pointant d’une main, elle s’arrêta à une des portes renforcées, et l’ouvrit avec son badge pour en sortir un pistolet semi-automatique basique, ainsi qu’une boite de munitions entourée de scotch rouge.

Par-fait. On va faire les tests en question avec ça : un CZ75b, et une boite de munitions 9mm à impact réduits. Parce que oui, si tu tires à balles réelles sur une cible métallique, elle va très rapidement commencer à tirer la gueule, même si t’y vas pas à l’anti-matériel. Or, cette cible-là, c’est celle que moi j’utilise, duuuu couuuuup j’y tiens un peu. Bref bref bref.

Posant l’arme et la boite de munitions sur le comptoir, elle retourna rapidement du côté des casiers, se saisit rapidement de deux objets, puis retourna à côté de Samuel … Pour lui tendre un gros casque blanc. Clairement, pas le style avec lequel il pourrait écouter de la musique, même si ça avait une apparence similaire.

Tiens, histoire de t’épargner les oreilles. A partir de là, je te laisses faire : tu me charges ce feu, tu tires sur la cible, et une fois que tu as terminé tu me remet l’arme et le chargeur sur la table … Le tout en respectant le maximum de règles de sécurité possible, et pas juste celles qui sont écrites sur le mur là-bas.

Du pouce, la tireuse à 4 bras pointa une section de mur sur laquelle, effectivement, étaient écrites plusieurs phrases :
« Rappel des 4 grandes règles d’utilisation des armes à feu :
Règle N°1. Une arme doit toujours être considérée comme chargée.
Règle N°2. Ne jamais pointer ou laisser pointer une arme vers quelque chose que l'on ne veut pas détruire.
Règle N°3. L'index est hors du pontet tant que les organes de visée, le canon de l’arme et la cible ne sont pas alignés.
Règle N°4. Être sûr de sa cible et de son environnement. »

Bien sûr, elle n’allait pas lui dire que ces règles – ou en tout cas, des règles très similaires – étaient le plus souvent enseignées aux personnels policiers et militaires de différents pays afin de s’assurer qu’ils maniaient leurs armes avec toute la prudence nécessaire. Surtout que vu son CV, il était probablement déjà au courant de leur existence. Après tout, il avait servi dans l’armée française pendant deux ans, non ?

Samuel laissa échapper un rire discrèt suite au petit trait d’humour de son interlocutrice. Non pas que ce fut hilarant, mais c’est vrai que dit comme ça, ce genre de détails tombaient sous le sens.
Le garçon ne sus pas vraiment comment réagir au clin d’œil de la femme. À vrais dire, il n’était pas certain de savoir comment l’interpréter non plus. Finalement, sans plus épilogué sur ce sujet, les deux atypiques personnages descendirent dans la cave du magasin. Il avait pris un bon moment à se préparer à la vie en société, et bénissait fièrement l’abnégation qui l’avait mené à pouvoir se maîtriser ainsi. Dans les cas d’agression, un Samuel en colère, ou pire, en état de panique était un Samuel dangereux, même sans ses armes. Il avait pris un bon moment à se préparer à la vie en société, et bénissait fièrement l’abnégation qui l’avait mené à pouvoir se maîtriser ainsi.

La conversation qui s’en suivit, entre les clients et la gérante ne dura pas, Pas plus que l’introduction aux règles que le grand blond écouta avec attention. Ce dernier leva un regard concentré vers les caméras. Le fait de ce savoir filmer…
Il aurait été mentir de dire que ça ne lui rappelait pas d’autres mauvais souvenirs. D’un autre côté, il devait pourtant admettre se sentir légèrement rassurer en présence de camera de sécurité, aussi sa position quand à l’objet était neutre. Il hocha la tête en écoutant la brève parenthèse sur les camera et leurs micros.
Le système était simple, surtout avec la technologie actuelle, mais il fallait tout de même y penser, et le jeune homme, aussi curieux qu’il était méfiant, ressentit cet agréable sentiment atteint lorsque l’on apprend quelque chose dans un contexte qui peut être pratique dans bien d’autre sans pour autant changer notre vie. Un petit élément de savoir sans grande importance était, pour lui du moins, toujours très satisfaisant à obtenir.

« Hoho~ C’est tout bête, mais il fallait y penser. » Commenta-t-il, plus pour lui-même qu’autre chose, avant d’enchaîner, un petit sourire détendu aux lèvres.
« Je saurais me débrouiller. Ça n’a pas l’air bien dur pourvus qu’on reste attentif dit comme ça. » Il marqua une courte pause, pensif. « Ouais, ça vas pass- » il se racla à nouveau la gorge avant de rectifier sa dernière phrase. « Oui, ce devrait être faisable. »
Malgré le fait qu’il avait été entraîné à garder un même « masque » longtemps, il devait bien admettre que ce n’était pas si facile en condition réelle… À cela s’ajoutait le bon déroulement de l’entretien malgré un début chaotique, une nuit reposante, suffisamment rares chez lui pour être soulignées… Quoi qu’on en dise, Numéro un était en grande forme, et son esprit était trop vif pour qu’il puisse parfaitement se cacher derrière son visage de bons garçons.

La conversation continua un moment, oscillant entre les règles et les raisons qui avaient pousser Kathleen a refuser le poste d’instructeur. Percevant son désarroi, Samuel lui répondit à nouveau humblement qu’il comprenait, et qu’il était déjà très content d’avoir une petite chance de dégoter son premier travail.
Il la vis ensuite se décaler des casier et la suivis du regard, s’écartant nonchalamment de son chemin. La main de Kathleen approcha Samuel, qui ne réalisa qu’au dernier moment sa position. Il eut un violent tressaillement quand la main vint se poser sur son épaule, et d’un pas souple, mais brusque, il recula vivement, le regard à la fois inquiet et dur, les genoux légèrement pliés et les mains sur le coté gauche de sa taille, posées la ou aurait été Portemort, s’il l’avais pris avec lui.
Cette posture dura un peu moins d’une seconde au total avant qu’il ne reprenne une attitude normale, et il était peu probable qu’elle l’ait remarqué bien que son recul puisse avoir été étrange. itIl faudrait qu’il soit plus attentif a ça a l’avenir, ou bien il risquait bien de coller son poing dans le visage de sa potentielle patronne par réflexe.
Cette dernière avait le visage tourné vers lui, mais ne dit rien, aussi Samuel fis comme si rien n’était arriver, enchaînant sur le fait qu’il allait sans doute devoir tirer.

Tandis que Kathleen préparait la cible, Samuel, qui avait rangé ses mains dans ses poches.
« Je… Peut vous demander rapidement ou ce trouve les toilettes avant de tirer ? »
La jeune femme lui répondit en lui envoyant les clefs que Numéro un saisis au vol, avant de s’en aller en trottinant, légèrement nerveux, vers les escaliers menant au rez de chaussé.

Une fois dans la petite pièce, il ferma la porte derrière lui, et sortit les mains de ses poches pour se les passer sur le visage. Elles tremblaient légèrement et les cuisses du garçon étaient dans le même état. Son épaule le démangeait atrocement. Il devait calmer ça. Tout allait bien… Elle n’avait rien fait. Elle n’avait jamais eu l’intention de faire quoi que ce soit.
« c'est un putain d' mouvement amical. Les gens font ça. Elle a fait ça. Elle ne te veut pas de mal… Tu ne dois pas avoir peur… »
Numéro un répéta ces phrases dans un murmure semblable à un simple souffle, mais les démangeaisons ne s’en allèrent pas, ou du moins, pas beaucoup. Le blond serra les dents, et retira doucement ses gants pour découvrir des mains abîmées. Il alluma le robinet, les enduisit de savons, et les frotta partout avec une certaine frénésie sous le jet. Ce faisant, il se mit à inspirer et expirer bien fort, et une fois ses mains brûlante et douloureuse d’avoir étés tant frottés, il ouvrit sa chemise en décalant sa cravate, pour poser une main sur son épaule, avec hésitation et douceur comme s’il craignait que quelque chose n’arrivât.
Sa main était froide, et rugueuse. Ce faisant, il se mit à inspirer et expirer bien fort, et une fois ses mains brûlantes et douloureuses d’avoir étés tant frottés, il ouvrit sa chemise en décalant sa cravate, pour poser une main sur son épaule, avec hésitation et douceur comme s’il craignait que quelque chose n’arrivât. Il pouvait se sentir lui-même. Il pouvait se toucher. Se palper, et il ressentait tout ça. Cette épaule. C’était la sienne. Elle était une partie de lui, et n’appartenait à personne d’autre.
Un instant, il se regarda dans la glace, frissonna, et reboutonna hâtivement sa chemise. Ce corps était à lui. Il devait le cacher. Tout allait bien.
Le jeune homme laissa échapper un soupir, la main droite séré contre sa côte gauche, et la main gauche, contre la côte droite.
Les contacts durant les combats ne gênaient pas beaucoup Samuel. Pas bien plus que n’importe qui en tout cas. En général, dans un combat, il savait ce qu’on lui voulait, et la douleur ne lui permettait pas de l’interpréter autrement. Pourtant, il n’avait jamais vraiment pu s’habituer aux autres genres de contacts. Ceux de ces six années mis à pars, il n’avait jamais eu l’occasion de se reformer aux contacts normaux. Pour le moment… Il avait besoin de temps.
Il poussa un soupir, et remit ses gants, puis sa cravate. La prochaine fois, il essayerait de tenir un peu plus longtemps.
Pendant un instant, il s'observa dans le miroir avec un air a la fois dépitée et désabuser. Vraiment… Il en faisait trop non ?

Tout ceci fait, le jeune homme revint voir la tireuse qui l’attendait en bas. La cible était prête, et après l’avoir salué de nouveau, elle lui tendit une arme qu’il reconnut.
« Oui, je connais celui-ci ! Il est plutôt léger dans mes souvenirs. » S’exclama-il, l’air satisfait. Ne vous en faites pas, je connais les termes techniques.
Se saisissant du casque, le blond prit l’arme entre ses mains, et eut un petit sourire en regardant les règles. Bien qu’il les reparcourut rapidement, il connaissait déjà ces dernières, et y faisait généralement attention. Ne pas tirer sur le personnel du centre de recherche avait, surprise, aussi été dans les consignes qui lui avaient été donné à l’époque.
Finalement, le casque sur les oreilles, la sécurité de l’arme levée, et cette dernière, prête a l’emplois, le bras du jeune homme se leva, son doigt se mis sur la détente, et il pris une inspiration. Il prit un petit instant, pas bien plus d’une ou deux secondes, avant de tirer une première fois, ses mains reculant un peu.
« Merde ! » Murmura-t-il pour lui-même, lorsque la balle passa l’épaule de la cible.
« Je vais en tirer une ou deux de plus tout de même, ça fait longtemps que je n’ai pas fait ça. » Annonça Samuel, un peu plus fort qu’il ne l’aurait dû à cause du casque.
A nouveau, il répéta l’opération, tirant cette fois deux munitions. La première balle finit dans le « coude » de la cible, et la seconde dans l’épaule de l’autre côté. Numéro un poussa un soupir. Il lui avait fallu du temps pour récupérer. Au moins, c’était fait.
« Je crois que c’est bon ! »
S’exclama-t-il en se remettant en joue. Le reste fut bref, mais cette fois, il en fut satisfait. Il tira à trois reprises. La première balle se logea parfaitement dans le cœur de la cible, la seconde effleura le niveau de la glotte de cette dernière, tandis que la troisième balle transperça le côté droit de la tête. Sur les trois balles, les trois auraient sans doute causé des dommages graves voir mortels à un humain. Ceci fait, il réenclencha la sécurité de l’arme, et la posa sur la table – canon vers la cible- avec le chargeur à coté. Ceci fait, il vérifia rapidement qu'il ne restait aucune balle dans la chambre, puis retira son casque, un sourire un peu enfantin sur les lèvres. Si ses premières salves n’étaient pas fameuses, la troisième lui apporta satisfaction.

« Alors ? Je suis un peu rouillé, vu que je n’avais pas tirer depuis un bout d’temps. Mais maintenant, j’pense être suffisamment échauffé ! »
Samuel posa les mains sur ses hanches en regardant la cible.
« Sans me vanter, je suis meilleur d’habitude, mais ça reste satisfaisant. Je pense que je vais être à la fois employé et client, ça pourra me servir… »
Son regard se posa sur Kathleen, et il reprit une posture moins fière, sans pour autant sembler vouloir s’effacer. Cette partie était celle qu’il avait craint le plus. Il était parfaitement au courant que sans son alter, il pouvait lui arriver de très mal tirer lorsque le stress s’imposait a lui, mais finalement, ce petit passage aux toilettes lui avait aussi permis de s’en débarrasser.
Les tatouages de la femme lui revinrent en tête. Si cette fille avait ce genre de choses en tant qu’alter, elle devait être bonne tireuse non ?

Lorsque le jeune blond avait réagi de façon légèrement trop défensive à sa tape sur l’épaule, Kathleen n’avait pu s’empêcher de le noter. Elle-même n’avait pas serré les poings ou autre, mais la crispation subite du jeune homme était loin de lui avoir échappé, et s’ils avaient dû en venir aux mains, elle n’aurait pas totalement été prise au dépourvu. Heureusement, la situation se désamorça d’elle-même sans plus de conséquences … Mais la tireuse ne put s’empêcher de la noter dans un coin de sa tête. En revanche, lorsque le jeune homme lui demanda pour les toilettes, elle ne put s’empêcher de sourire.

Nan. Interdit de demander. C’est en page 3 du règlement que je t’ai passé.

Ne prolongeant pas la plaisanterie plus que nécessaire, elle lui lança son badge avec un petit sourire, avant de pointer le plafond d’un doigt.

au rez-de-chaussée, juste en face de la porte de l’escalier. Donc tout droit quand tu seras remonté.

Croisant ses bras supérieurs, et passant les pouces de ceux inférieurs dans les poches de son minishort, la tireuse le regarda remonter sans commenter … Pourquoi avait-il à ce point été surpris par une petite tape amicale ? Elle se jura de lui poser la question ultérieurement, mais il n’y avait pas besoin de le brusquer dès qu’il reviendrait. Au lieu de ça, elle le regarda se saisir de l’arme avec un air relativement confiant, et mit son propre casque sur ses oreilles.

En soit, elle ne jugeait pas sa performance de tir, même si elle observa tout de même la cible pour s’assurer qu’il ne risquait pas de tirer au plafond et d’endommager les rails qui y couraient. Mais ce qui attirait le plus son attention, c’était la posture du tireur, ses gestes, sa façon de tenir et de manier une arme. Elle voulait être certaine qu’il ne donnerait pas de mauvais conseils à sa clientèle, si ladite clientèle lui en demandait. Et en soit, les gestes du jeune homme n’avaient besoin d’aucune correction particulière. Par contre, elle n’avait absolument rien entendu de ce qu’il lui disait entre deux tirs : son casque à elle brouillait un peu trop bien les sons. Délogeant ce dernier de son crâne lorsqu’elle constata que Samuel en avait fini avec sa leçon de tir, elle se rapprocha de ce dernier, et hocha lentement la tête.

C’est pas mal en effet. Et à vrai dire … Les employés ont libre accès au stand. Tu dois toujours payer pour les munitions que tu consommes, bien sûr, mais bon … On peut t’acheter une cible « durable » comme la mienne et te permettre de t’entraîner régulièrement plus ou moins à l’œil. Les bonus du métier ~ Ceci dit, un petit truc, Sam.

Prenant le pistolet de la table et le soulevant, elle visa la cible, remit un peu le casque anti-bruit en place pour couvrir ses oreilles, et … Tira une unique balle. Dans le ventre de la cible. Ce n’était pas la peine de lui démontrer qu’elle tirait plus régulièrement que lui en mettant directement un tir à la tête.

Avec une arme semi-auto, si tu tires alors que le chargeur est enclenché et qu’il reste des munitions, tu vas toujours avoir une balle dans la chambre. C’est bien de faire le geste de vérification, mais il vaut mieux passer une ou deux petites secondes et être sûr. Mais bon, comme tu l’as dit toi-même, ça fait un bout de temps que tu n’as pas tiré, et puis une ou deux petites inattentions comme ça ça peut arriver à tout le monde.

Haussant les épaules avec un sourire, la tireuse ne sembla pas spécialement vouloir « gronder » ou faire la leçon à son nouvel employé plus que ça, et reposa l’arme sur le comptoir à côté d’elle, le canon toujours en direction de la cible.

Mais à part ce petit détail, franchement, c’est tout bon. Je veux dire, tu ne tires pas trop mal, bien sûr, mais tu as aussi un comportement relativement responsable avec les armes, tes gestes sont corrects et tu me donnes pas l’impression d’être dans un jeu vidéo de guerre. Donc, je dirais que pour la partie tir, normalement yaura pas trop besoin de te former, ce qui est une bonne chose. A vrai dire, j’aurais presque envie qu’on remonte tous les deux, que j’imprime ton contrat et que je te le fasse signer tout de suite. Sauf que … Il me reste un dernier … Doute, disons.

Relevant une main, la tireuse se tapota légèrement le côté de la mâchoire, cherchant comment formuler ce qu’elle cherchait à dire. Elle décida finalement d’y aller franchement … Passer par 4 chemins pour aborder un sujet problématique n’allait pas vraiment aider. On va pas se mentir : entre ta première arrivée ce matin, le fait que tu portes des gants et que tu révèles pas 1 centimètre carré de peau, et ta réaction à une tape sur l’épaule … Je peux pas m’empêcher de me demander si tu as pas des TOCs ou quelque chose. Elle leva les 4 mains à la fois, en signe de paix. Ce qui est cool, va pas croire. J’ai pas de souci avec ça. Ma mère est un peu … « différente » elle aussi, et moi-même j’ai eu une chiée de raisons d’aller chez le psy quand j’étais gosse. Et de continuer d’y aller, en fait. On pourra même en discuter un peu plus si t’es curieux, histoire de faire connaissance et tout, c’est pas reluisant mais ça me dérange pas d’en parler. Par contre, j’aimerais juste que tu me dises … Disons, si tu as un problème « grave ». Si tu veux qu’on aménage un peu l’espace de travail, que tu as besoin de bosser à certaines heures ou que certains jours, tu feras des nuits trop courtes pour venir au boulot, je peux comprendre, et on peut trouver des solutions. Par contre, je veux pas débarquer un jour et apprendre que tu as fait une crise de panique et descendu un client. J’ai pas l’impression que ça pourrait arriver, maiiis … C’est toujours pas un stand de lancer de couteaux à beurre, tu vois ce que je veux dire ?

La dernière petite blague était supposée signifier que même si le sujet était important, ce n’était pas la peine de le prendre de façon trop « grave ». Et puis, son inquiétude était tout à fait légitime : si Samuel voulait pouvoir s’épanouir sur son nouveau lieu de travail, il valait mieux que ce genre de détail soit réglé le plus vite possible. Ceci dit, il pouvait probablement s’estimer chanceux … Kathleen pouvait se montrer intransigeante, mais en ce qui concernait l’ouverture d’esprit, elle n’était clairement pas la pire patronne sur laquelle qui que ce soit puisse tomber.

Numero Un répondit à la boutade de Kathleen par un sourire, avant de la remercier et de rapidement disparaître. Bien sûr, il aurait voulu passer inaperçus. Mais il n’était pas dupe ; même un idiot aurait deviné qu’il avait un problème.

Quelques tirs plus tard, durant lesquels il parla plus ou moins tout seul, le jeune homme posait l’arme, le cœur battant. Tirer ne lui procurait pas spécialement de stress ou de plaisir, mais le faire dans une telle circonstance était nouveau pour lui. Peut-être que c’était d’ailleurs la raison pour laquelle la base du tir a l’arme semi-automatique, base qui lui fut vite rappelée par la tireuse, après qu’elle se fut emparée de l’arme que le blond avait crus vide, pour en vider la dernière balle en plein milieux de la cible. Évidemment ! Il n’avait pas vidé l’arme ! Erreur de débutant. Le jeune homme fit mine de remettre ses lunettes, qu’il n’avait pas sur le nez, avant de se racler la gorge, quelque peu embarrassé.

« Ouais désoler, ça m’est sortit de la tête. J’y penserais les prochaines fois. »
La demoiselle semblait assez conciliante. En effet, elle se contenta d’un rapide rappel à l’ordre avec un certain calme. Samuel n’avait pas rencontré beaucoup de gens, ou plutôt, il n’avait pas parlé sérieusement avec la plupart d’entre eux. Cependant, il était évident qu’il était devant une personne de, non seulement conciliante, mais aussi terriblement patiente. Il soupira doucement. Il avait eut une sacré chance de tomber sur ce genre de personne dés son premier entretient… Et se demandait s’il n’allait pas gâcher sa meilleure occasion maintenant ? Un frisson le parcourut, qui fut interrompus par le sourire de la jeune femme. Définitivement, son physique était parfaitement aux antipodes de son comportement. Ce contraste saugrenu avait bizarrement quelque chose de rassurant.

Mais à part ce petit détail, franchement, c’est tout bon. Je veux dire, tu ne tires pas trop mal, bien sûr, mais tu as aussi un comportement relativement responsable avec les armes, tes gestes sont corrects et tu me donnes pas l’impression d’être dans un jeu vidéo de guerre. Donc, je dirais que pour la partie tir, normalement yaura pas trop besoin de te former, ce qui est une bonne chose. A vrai dire, j’aurais presque envie qu’on remonte tous les deux, que j’imprime ton contrat et que je te le fasse signer tout de suite. Sauf que … Il me reste un dernier … Doute, disons.

Samuel déglutit sans pour autant paraître trop inquiet. Une lueur de doute luisait dans son regard, mais son visage tentant de rester sérieux et professionnel malgré la joie que l’annonce de la tireuse déclenchait en lui était suffisamment amusant pour éclipser le reste. Cette expression particulièrement spécifique ne tint pas longtemps, car la mine pensive de la jeune femme, ainsi que ses premières phrases ramenèrent Samuel à la réalité. Il ne perdit pas tout espoirs cela dit, étant donné qu’il avait compris que Kathleen faisait partie de ces gens dont on peut attendre de la compréhension ou de la sympathie, ce qui plaisait au garçon. Pourtant, ce dernier écouta avec un sérieux quelque peu angoissé les suspicions de la jeune femme.
Comme il l’avait espéré, Kathleen eut tôt fait de démolir avec soin les restes, s’il y avait encore, des aprioris qu’avait eut Samuel a son entrée au magasin. Cette femme faisait peur, mais Samuel voulait travailler avec elle. La perspective de travailler avec quelqu’un d’agréable sans être pour autant coincé réjouissait grandement le blond, mais ce désir d’être pris pour le poste anima un nouveau dilemme en lui. Devait-il minimiser les conséquence de ses TOCs ? Où peut être dire tout de suite ce qui cloche pourrait instaurer plus facilement une relation de confiance ? Après avoir passé un petit instant à se poser cette question, Samuel soupira, rangeant ses mains dans ses poches.

« Vous avez l’œil.. Ou je suis pas encore bon pour le cacher. Les deux peut-être. Oua-… Oui, j’ai quelques soucis de ce genre. Je n’ai pas vraiment eu une vie facile, et j’ai quelques séquelles. Je voyais un psy en France, je dois en trouver un aux US. D’ailleurs, si vous avez une bonne adresse… »
Il se racla la gorge, et les mots qui suivirent sortirent rapidement, sans le filtre trop poli qu’il s’imposait depuis un moment.
« En gros, j’aime pas vraiment être touché. Pi, j’ai souvent des réflexes violents quand on me touche sans que je m’y attende. Genre, vaut mieux éviter de me surprendre tout en étant a porté de mains, en règle générales. En revanche, j’essaye de faire des p’tits pas en avant. Des poignés de mains, des p’tites concessions… Pas facile, mais ça viendra. Des nuits blanches, ça m’arrive, mais en général ça me gêne pas trop… En vrais, tout ce dont j’ai vraiment besoin, c’est d’faire moi-même gaffe a mon environnement. Mais… Genre, merci, c’est super sympa de le prendre comme ça. Quant au fait d’en parler… Autant, ça me plairais d’apprendre à vous connaître. Si j’peux me permettre, vous avez l’air d’une personne assez cool, autant c’est pas quelque chose dont je veux parler comme ça de mon côté. »
Un type qui n’aime pas être touché avec une vie pas facile, Kathleen n’était pas idiote ; elle avait sans doute compris. Appréhendant la réaction de la jeune femme, et regrettant déjà un peu le fait d’avoir plus ou moins tout dit, le garçon ajouta pour tenter à son tour de détendre l’atmosphère.
« Et pis vous en faites pas. J’ai tué personne depuis au moins quoi… Deux jours ? Je progresse bien ! »
Il marqua une pause, prêt a préciser qu’il plaisantait au cas où la tireuse le prendrait au sérieux, avant de conclure qu’il avait quelques soucis, mais qu’il n’était pas fous a lié.

Le jeune blond sembla avoir besoin d’un instant de réflexion avant d’offrir une réponse, ce qui était compréhensible. Ne cherchant pas à lui mettre la pression, la tireuse d’élite se tourna vers la table, et saisit le pistolet avec lequel la séance de tir venait de se faire. Faisant jouer les mécanismes un instant, elle l’observa sous plusieurs angles, et jugea qu’elle le mettrait à l’entretien plus tard. Elle se saisit ensuite du chargeur, dans lequel elle fit glisser les balles en les comptant mentalement. C’était toujours ça de moins à faire plus tard. Lorsque le blond se mit à parler, il tira un petit ricanement à sa grande interlocutrice, qui profita de la pause dans son discours pour répondre.

E’yup, ya rien qui échappe à ces deux vicieuses, rétorqua-t-elle en se pointant les yeux d’un pouce. Son enthousiasme se modéra tout de suite de lui-même, ceci-dit. Enfin, rien qui soit à plus d’un mètre. Et pour la psy … On verra, mais pas la mienne. Sauf si t’as des soucis d’identité de genre.

Ne l’interrompant pas plus, elle le laissa poursuivre ses explications … Et les débiter à un rythme qui trahissait clairement son manque d’aisance. Même s’il n’avait pas terminé sa tirade par un « je ne veux pas en parler comme ça de mon côté », la pistolera l’aurait parfaitement compris. Pour le reste, il restait évasif sur les causes, mais pas sur les effets et conséquences de ses troubles. Levant une main, la tireuse se frotta le menton en hochant doucement la tête … Avant de lâcher un soufflement de nez à sa boutade.

Ha. Petit joueur. Dégageant sa main de son visage pour faire mine d’observer ses ongles, elle prit légèrement la pose. Une semaine sans manger d’enfant. Pouffant légèrement en faisant un clin d’œil, elle se saisit de tout ce qui traînait encore sur la table, et se dirigea vers les casiers. Allez viens, on remonte.

La propriétaire du stand rangea ses affaires sans se presser – pas question de laisser la moindre balle ou un pistolet fonctionnel traîner derrière elle – puis remonta l’escalier en colimaçon pour retourner au niveau du comptoir. Remettant ses lunettes sur son nez, elle s’installa à l’ordinateur, et passa un instant à pianoter, lançant une impression. A côté de cela, elle nota également quelques informations sur un post-it, qu’elle décrocha de la pile pour le donner à Samuel.

Tiens. Je connais pas une foule de professionnels de la santé mentale à Starfish, vu que je suis pas du coin, mais normalement si tu appelles à ce numéro ils devraient pouvoir t’orienter un peu. Oh, heu … J’espère que tu t’es pris une mutuelle, au passage. Sinon je peux en rajouter une à ton contrat, mais ça va un peu diminuer ta paie. La santé ici, dans tous les cas c’est pas gratuit … à part ça, pour ce qui nous concerne. Déjà, deux choses. Elle leva une main, et le pouce. Premièrement, pour ce qui est de te toucher, je peux t’assurer que je vais faire attention, mais je suis pas infaillible. Et puis, il y a les clients, aussi … Je peux pas te promettre qu’il n’y en aura aucun qui voudra te serrer la main ici et là, ou te mettre une tape sur l’épaule comme moi tout à l’heure, ça arrive. Donc bon, tout ça pour dire que … Bah, tu vas sûrement pouvoir t’exercer à adoucir un peu tes réflexes, disons. Et secondo, tu peux arrêter de me vouvoyer, et m’appeler comme tu le sens. Après tout, on va bosser ensemble et se voir assez souvent, donc autant passer outre ce style de barrières, okay ?

Elle lui décocha un nouveau clin d’œil – accompagné d’un sourire, même si ce dernier était difficile à identifier clairement. La tireuse retira ensuite ses lunettes, et les rangea dans son étui, qu’elle laissa sur le comptoir, à un endroit invisible difficile d’accès pour les clients. Du moins, pour ceux qui ne se penchaient pas par-dessus, en tout cas. Se relevant, elle saisit les quelques feuilles qui étaient sorties de l’imprimante,  fit le tour du comptoir pour revenir à côté de Samuel, et les étala à plat devant lui.

Voilà la paperasse. En théorie, tu es supposé faire une vingtaine d’heure par semaines ici, à environ 10$ par heure faite, mais il est possible que je te demande de venir d’urgence, ou au contraire qu’ici et là j’ai moins besoin de toi. De ton côté tu peux aussi me solliciter pour changer tes horaires, en faire un peu plus, ou prendre un jour de congé ici ou là. Comme tu m’as dit que tu cherchais un stage de héros à côté, je t’ai pas mis un plein temps mais ça peut s’arranger. A côté de ça, on est en territoire américain, donc je t’embauche sans trop faire de chichis, mais on peut l’un comme l’autre mettre fin au contrat sans préavis et sans forcément fournir de justification. Elle marqua une pause, et haussa les épaules. Non pas que j’ai l’intention de t’embaucher pour te mettre à la porte comme un malpropre, mais je sais que c’est pas partout pareil, donc autant que tu sois au jus que c’est possible. Et de ton côté bien sûr tu as le droit de me claquer la porte au nez si tu trouves que je suis une patronne abusive ou que tu trouves un truc qui paie mieux ailleurs. Je risque de t’écorcher vif, mais tu peux le faire. Nouvelle pause, cette-fois ci marquée par un ricanement. Pour le reste, je pense pas qu’il y ait grand-chose à discuter : tout ce qu’il y a de légal est là-dedans, et pour ce qui est des règles du stand, c’est le livret que je t’ai montré tout à l’heure. Bien sûr, les premiers jours tu feras tes heures en ma compagnie, histoire que je t’explique les cas de figure, que je t’assiste si tu as des questions ou des soucis avec un client, ect. Ect., mais je pense que d’ici deux semaines tu te débrouilleras comme un chef en solo, voir même avant.

Faisant quelques pas, elle revint de l’autre côté du comptoir et se laissa de nouveau tomber dans le siège, croisant les jambes. Sortant un stylo du pot à crayons devant elle, elle le posa à côté du contrat, puis pointa la petite table où ils avaient discuté du CV du jeune homme, un peu plus tôt.

Si ça te déranges pas, est-ce que tu pourrais aller bouquiner tout ça là-bas, du coup ? Histoire que je puisse voir s’il y a un client qui arrive ou quoi que ce soit. T’inquiètes pas, généralement les matinées sont calmes, donc normalement tu devrais pas être trop dérangé dans ta lecture. Et bien sûr, si t’as des questions ou soucis, je ne bouge pas. Sauf … Peut-être pour aller au p’tit coin, en fait. Comme, genre … maintenant. Je revieeeeens ~

Ricanant une fois de plus, elle se saisit de son badge, et se releva (une fois encore) de son siège pour disparaître aux W.C., dont elle ressortirait vraisemblablement quelques instants plus tards.

la patience de la jeune femme n’échappa pas à Samuel, malgré la concentration qu’il mettait dans la recherche de termes appropriés. Cela dit, le blond avait déjà remarqué la belle maturité dont faisait preuve la jeune femme. Une fois ces quelques mots échangés, son regard s’attarda un moment sur les yeux de Kathleen quand cette dernière les pointa fièrement. Malgré leur étrangeté, ils n’avaient pas l’air aveugle, mais la difficulté que rencontrait le blond pour savoir ou ils regardaient le perturbait quelque peu. Malgré tout, il croisa les bras, intrigué par ce qui venait d’être dit.
Il continua cela dit ses explications, attendant le moment pour poser ses questions. Le blond haussa un sourcil, prenant un air a la fois méfiant et respectueus.
“Hoho? Une semaine ? En effet, c’est impressionnant…”
Il regarda en silence Kathleen ranger quelques affaires, puis la suivit dans les escaliers. tout en Tachant de regarder ailleurs que droit devant lui ce qui n’était pas évident dans un environnement si cloisonné, il se demandait si c’était vraiment pertinent, ou même convenable, dans cette situation, de poser une question à propos des problèmes de genre que la tireuse avait évoqué plus tôt.
Bien qu’elle était celle qui avait abordé le sujet, le blond ne se sentit pas de poser tout de suite la question.

Samuel ne suivit pas la jeune femme du regard quand elle se dirigea vers le comptoir. Bien qu’il lui emboîta le pas, sa concentration était plutôt dirigée vers les présentoirs et ce qu’ils contenaient. Non pas qu’il y ai grand chose a en tirer, mais autant que faire se peut, le jeune homme se familiariser avec l’environnement. Il attrapa le post-it avec un hochement de tête reconnaissant adresser à Kathleen, et glissa le morceau de papier dans sa poche après y avoir jeter un bref coup d’œil.
Son visage s’illumina en entendant ce qui suivis, et il répondit rapidement.

“Ah, cool merci. J'étais pas vraiment sur de comment j’devais te parler. Mais ça se voyait hein ? Bref, merci pour les adresses. J’y jetterais un œil en rentrant.”
Bien que la fluidité des paroles de Numéro un ne changea guère, son ton sembla plus naturel, peut être un peu moins pompeux qu’auparavant. De plus, son corps se déraidit légèrement. La nuance dans sa posture était mince, et il se tenait tout de même plutôt droit et gardait voire gagnais une certaine prestance, mais il semblait déjà bien moins coincé que quelques instants plus tôt.

“J’suis aussi venu dans un lieu de ce genre pour ça. Il faut que je m’habitue au contact avec des gens, et mon psy en france m’avait conseiller quelque chose comme ça. Fin, il m’a dit de faire une liste de choses que je me sens pas de faire, et de la compléter au fur et à mesure que je passe des étapes dans ma guérison… L’haptophobie, c’est pas facile, mais je travaille beaucoup la dessus. Je n'vais pas poser de problèmes la dessus.” *en tout cas, j'espère..* termina t-il, pour lui-même.
“Merci de m'accompagner pour le début. J’apprends vite, pas de soucis à se faire à ce sujet.” Il se saisit du livre, et l'emmena dans un coin pour l’ouvrir.
Ressortant de sa tête une question de tantôt, il décida de prendre le risque d’être indiscret, et peu après que Kathleen soit sortie des toilettes, il s’adressa à elle.


“Tu as ce genre de problèmes ? Enfin, des problèmes de genre, je veux dire. Tu l’as mentionné un peu plus tôt. Tu les as dans quel sens ? ‘Fin si ce n’est pas indiscret de demander. T’es la première personne que je rencontre qui connais ça. Enfin, il y a des groupes sur Ukato, et pas mal de gens qui ne les aiment pas, aussi. Mais même si j'étais curieux je n’y ai jamais vraiment porté beaucoup d’attention… Sans vouloir te vexer.”

Après avoir remis son short en place et s’être lavé les mains – celles dont elle s’était servie en tout cas – la tireuse ferma les poings et les posa contre les bords de l’évier, levant deux yeux noirs vers le miroir devant elle. Elle n’était pas hypermétrope au point de ne pas pouvoir se voir dans la glace, mais on commençait sérieusement à se rapprocher de la « distance limite » à partir de laquelle elle ne parvenait plus à faire le point. Malgré cela, elle percevait plutôt bien le reflet renvoyé par la pellicule de métal sous la vitre. Et elle savait lire dans ses propres traits mieux que n’importe qui. Elle avait le regard las … Fatigué. Ses dents, si facilement « courbées » pour former l’équivalent d’un sourire joueur, étaient ici légèrement redescendu, trahissant un air un peu plus maussade qu’à l’accoutumée. D’un côté, il y avait le fait d’avoir tenu le stand seule, d’avoir fait les travaux, qui avait provoqué la fatigue … Et de l’autre, il y avait l’inquiétude. L’effondrement, et ses conséquences. La vie à Starfish était restée relativement douce, par rapport au reste du continent. Avoir un père héros, c’est un rêve pour les enfants, mais une source d’inquiétude pour les adultes. Surtout quand le père en question n’est plus tout jeune. Et la tireuse avait non seulement ce problème-là, mais également sa mère, qui elle était dans l’armée. Elle rouvrit l’eau, et en prit un peu dans ses mains libres pour s’éclabousser le visage avec. Déjà, elle avait retrouvé un employé qui semblait gentil et plein de bonne volonté … Les choses allaient s’arranger.

Elle renfila ses mitaines noires, et ressortit des toilettes pour retourner à son poste d’une démarche dynamique. Même si elle n’en avait pas l’air – elle ressemblait plutôt à une mangeuse d’enfants – Kathleen restait une jeune femme optimiste, et qui était loin de se laisser abattre par quelques tracas. Elle jeta un coup d’œil à Samuel, mais ne le dérangea pas pendant qu’il lisait les documents qu’elle lui avait donnés. Elle retourna plutôt à sa lecture de l’article Ukato qu’elle avait laissé en plan lorsqu’il était entré dans le stand, quelques dizaines de minutes plus tôt. Cependant, elle n’eut pas le temps de parcourir plus d’un ou deux paragraphes qu’elle entendit sa voix s’élever pour lui poser une nouvelle question. La façon qu’eut le blond d’intervertir « genre de problème » et « problème de genre » donna à la rousse très envie de pouffer, mais elle s’en abstint par respect pour sa question, qui était des plus sérieuse. Elle fut même presque touchée par le simple fait qu’il s’y intéresse, mais prenne autant de précautions pour ne pas la froisser … Et ça ne lui faisait définitivement pas regretter son choix de l’embaucher.

Indiscret, non, pas vraiment … Si tu me demandais ce que je fais au lit avec mes partenaires, là par contre oui, par exemple ~ Mais on en est loin. Se souvenant de la dernière personne qui avait eu le culot de se montrer ouvertement curieuse à ce sujet, la tireuse lâcha un petit soupire, avant de reprendre en haussant les épaules. Et sinon … « Problème », pas vraiment. Je veux dire … C’est-

La tireuse s’interrompu lorsque la cloche au-dessus de la porte sonna, signifiant l’entrée d’un client. Ce dernier avait l’air un peu embarrassé, ce qui s’expliqua lorsqu’il arriva au comptoir : il raconta comment il avait confié son pantalon à sa mère pour la lessive sans vider les poches … Et sortit une carte en carton en piteux état. La tireuse ricana doucement, revérifia plusieurs informations avec le jeune homme, et lui réimprima une nouvelle carte qui était facturée, mais disposait toujours des crédits qu’il avait acheté avant que son ancien titre d’adhésion ne soit lessivé. Puis, dans la mesure où il venait tirer avec sa propre arme et ses propres cartouches, elle le laissa descendre en lui souhaitant de bien s’amuser, et se tourna vers Samuel.

Bon, et bien au moins ça t’aura fait un exemple pratique de comment on imprime une nouvelle carte et comment on gère les pertes ou les destructions de carte de membre. C’est pour ça que mon badge à moi est en plastoc, d’ailleurs. Et sinon, où on en était … Ah, oui, le genre. En fait, pour moi l’explication est plutôt simple. Dans ma tête, et dans mon cœur, je sais que je suis une fille … Mais je suis née dans un corps de garçon. Et comme ça me rendait malheureux quand j’étais petit, j’en ai parlé à mes parents, on a dû faire une chiééééé de procédures qui incluaient de voir un psy, aller à la mairie, faire des tests médicaux, ect. Ect. … Mais au final, on m’a permis de faire une thérapie de réalignement hormonal, de changer mon genre et mon nom sur mes papiers officiels, et voilà ~ Maintenant je suis une jeune femme épanouie dans un corps relativement féminin - Elle baissa un instant les yeux vers sa poitrine, sous laquelle elle passa ses deux bras inférieurs pour la faire remonter un peu (ce n’était pas dur sans soutien-gorge) avant de redresser le visage. - Et … C’est aussi simple que ça. J’ai encore un ou deux médoc’ à prendre, et je reste un peu suivie pour des raisons diverses … Mais on ne peut pas vraiment dire qu’il me reste des « problèmes de genre » à l’heure actuelle. Peut-être un peu de mal à me mettre en couple, maiiiis ça au pire je pourrais toujours t’en dire plus plus tard, si tu tiens à en savoir plus sur ma vie sentimentale.

Bien sûr, elle aurait pu bien plus détailler nombre d’éléments : la différence entre « genre » et « sexe », une nuance que ne saisissaient pas beaucoup de gens, ou la complexité des démarches qu’elle avait mentionné, qui étaient un vrai parcours du combattant … Elle aurait aussi pu être un peu plus précise sur le fait qu’elle n’avait pas cherché à subir d’opération chirurgicale, ou ce que les hormones avaient vraiment changé, en plus de ce qu’elle avait elle-même mis en valeur. Mais après tout, ils venaient tout juste de se rencontrer, et Samuel n’avait peut-être pas envie de passer la fin de sa première matinée de salarié à apprendre ce genre d’infos. Déjà que le livre de règles qu’elle lui avait passé était barbant … Claquant des doigts, la tireuse eut une idée, et lui fit signe de venir la rejoindre de l’autre côté du comptoir.

Tiens, si tu as du mal avec ton gros livret indigeste, viens épicer ta lecture avec un peu d’exercice pratique ! J’vais te montrer comment fonctionne le logiciel de gestion des adhérents. C’est pas super complexe, il faut juste se familiariser avec l’interface et les commandes. Mais une fois que tu seras formé, j’suis sûr que tu pourras t’en servir avec trois mains dans le dos. Enfin, presque ~

Samuel, ou plutôt Nathanaël, n’avait probablement aucune idée d’avec qui il allait s’engager à travailler lorsqu’il avait choisi de répondre à la petite annonce de Vermillion … Avec quelqu’un de sérieux ? Rarement. De sévère ? Pas vraiment. De passionné ? Pas par la comptabilité ou la communication client, mais sinon on pouvait dire ça … Mais surtout, il allait devoir supporter quelqu’un qui ne savait. Pas. Arrêter. De blaguer.

A moins qu’on ne lui demande, bien sûr, la tireuse n’était pas non plus totalement incapable de rester sérieuse deux minutes. Ce n’était juste vraiment pas dans ses habitudes.

Numero un feuilleta rapidement, mais avec attention les feuilles que lui avait donnée Kathleen. Le fait d’être excité par la perspective d’un nouveau travail n’empêcha pas le blond de s’interroger sur chaque ligne sur laquelle il s’attardait. La prudence était quelque chose d’important, et il ne signait jamais rien sans savoir exactement ce dans quoi il s’engageait. C’était assez simple de faire faire n’importe quoi à n’importe qui a l’aide de contrats abusif, et il ne voulait être le dindon d’aucune farce.
Malgré tout ce qu’on pouvait dire de cet endroit ou de son propriétaire, il fallait bien se dire que ce contracté était on ne peut plus ennuyeux : tout y était normal et bien organiser, rien d’amusant, de farfelus, ou de louche… Exactement ce que le héros cherchait, en somme. Il pensa à demander une clause lui permettant de quitter le travail en cas d’urgence à proximité, aussi attendit-il avait d’apposer une signature, et se perdis dans ses pensées en attendant que sa future patronne ne sorte des petits coins.

Il lui fit pars de ses interrogations auxquelles il obtint une réponse dont le début le fit frissonner malgré lui. Bien sûr, Samuel n’était pas à l’aise avec ces choses-là, mais il ne le laissa pas paraître au-delà de ce petit détail.
C’est quand il lui sembla que Kathleen allait se lancer dans la partie importante de l’explication qu’un client entra dans le magasin. L’échange entre le nouveau venu et la Pistolera fut cela dit intéressant pour Samuel, qui n’en perdit pas une miette. En effet, il allait travailler et passer du temps ici, et ce genre de choses, devaient être maîtrisée le plus tôt possible. Non pas que ça sembla compliqué au jeune homme, mais il faisait partie de ces personnes sérieuses au travail, ce qui, vu son cas, se comprenait assez bien.

La jeune femme aux quatre bras se tourna de nouveau vers Samuel. Elle n’avait pas perdu le fil, et après une brève explication que Samuel lui indiqua d’un hochement de tête, avoir assimilé, elle reprit là ou ils s’étaient interrompus.
Le hero suivis le résumer de Kathleen, hochant occasionnellement la tête. Il aurait été mentir de dire qu’il comprenait ce genre de chose. Le problème était, il s’en doutait, plus complexe à décrire précisément, mais une fois qu’elle eut terminer son petit discours, le blond haussa les épaules, tachant d’ignorer la poitrine ou les formes maintenant plus ou moins flagrante de la demoiselle. Après un bref instant de réflexion, il hocha la tête.

« Ouais. J’imagine que c’est le genre de sentiment qu’on ne peut pas s’imaginer sans les vivre. J’peut pas dire que je comprends. J’veux dire, se sentir femme et tout. Je ne connais pas ce genre de problématiques... Enfin, je connais un peu la théorie tout de même, mais dire que j’comprends serais hypocrite. Mais si ça t’a rendu plus heureuse, c’est super cool. »
Il se gratta l’arrière du crâne, pensif. Il n’avait rien dit d’offensant ? Non, elle ne semblait pas vraiment vexée…
Rapidement, cette part de la conversation se clôtura, et ils revinrent sur l’entretien d’embauche du blond. Ce dernier se leva lorsqu’il fut invité à se servir des logiciels. Il était plutôt à l’aise avec l’informatique. On avait tenté de lui donner des cours pour connaître quelques bases en hacking. Cours qu’il avait assimilé. Mais il était si lent à taper au clavier, et à naviguer dans des interfaces simples que c’en était exaspérant. Il savait se servir de son téléphone, mais ça se limitait a ça.

« Ouais, j’devrais pouvoir faire ça. Fin, avec moins de mains dans l’dos quand même ! »
Et la journée continua plutôt calmement. Samuel, c’était très vite décoincer en présence de la jeune femme et bien qu’il eût semblé peu à l’aise avec la sexualité y compris sous forme de blagues, il était plutôt bon public, voire bon partenaire de plaisanterie.
De fait, le duo nouvellement formé semblait plutôt bien parti pour durer un peu.