« Issue 1 ; Le garçon de café. »

Slash & Irina

Le bruit des vagues. C'est ça que j'ai toujours adoré écouter quand je passais des nuits horribles et que ma mère avait littéralement utilisée tout ce qu'elle avait sous la main pour me calmer. J'ai jamais été un enfant très compliqué à coucher, pour preuve, je suis toujours une grosse marmotte. Mais dans ces nuits-là où le monde est silencieux, sombre et inquiétant, c'est là où j'ai ma place. Du moins, c'est l'impression que j'avais à cette époque.

Ça fait quelques mois qu'on a tous absolument tout perdu. Foyer, amis, idoles, parents... Certains ont su rebondir pour se trouver un logement, une fonction et surtout une place. Mais comme cette nuit-là, ça m'arrivait souvent de m'asseoir dans cette chambre vide que je loue depuis quelque temps, a me demander si j'avais bien fait de faire l'effort de me tirer de New York, quitte à y laisser la vie. Peut-être pour aider les héros qui sont morts dans l'espoir d'en finir tout de suite, mais non, ma mère a fait ce qu'elle a pu pour aider les gens sur place, dont moi, m'ordonnant de quitter les lieux, guitare dans le dos. Je ne l'ai pas souvent revu depuis New York, sans doute à cause de mon égoïsme. Je n'aimais pas passer de longues minutes silencieuses et lourdes avec elle. 

Toutes ces informations tournaient dans ma tête. J'avais beau fermer les yeux, mettre mes écouteurs pour écouter le bruit des vagues qui me rappelait Rockaway Beach dans mon quartier. Mon téléphone n'avait pas arrêté de vibrer toute la soirée précédente, pour me rappeler qu'il fallait absolument que je répète le lendemain avec les filles, seulement, j'en avais même pas envie. Je serrais les dents, attrapant mon oreiller pour hurler dedans et terminer de me relever. Il était à peine cinq heures du matin, mais c'était le moment où jamais pour commencer cette foutue première journée dans ce bar pour richou. Et puis encore ce foutu téléphone qui vibre ! J'allais pour péter mon plomb, le noyer sous de l'eau bien froide et...! Oh, un message de Lucy.


Ok, j'attrapais simplement ma brosse à dent, me débarbouillant la tronche pour avoir juste le temps de vous expliquer la situation. Quand j'étais gosse, j'étais le genre a être super chiant. Je quémandais à ma mère, malgré tout enthousiaste de m'emmener aux quatre coins de New York pour voir tous les héros que la ville abritait. Je commençais mon petit road trip à travers la ville où les rêves se réalisent à partir de neuf heures, faisant le tour du Queens pour voir les collègues de ma mère assommer des petits criminels. Vers midi, on s'arrêtait au centre de New York pour manger un morceau et être témoins des plus incroyables spectacles des héros survolant la ville pour empêcher les plus grosses catastrophes et on terminait enfin la journée devant un couché de soleil et une glace en haut des gratte-ciels en compagnie de ses apprentis pour apprendre tout un tas de choses sur le métier. Si j'avais de la chance, je pouvais me balancer dans le vide pour me laisser rattraper par l'un d'eux qui volait littéralement toute la journée au-dessus des passants... C'était le pied, vraiment la meilleure époque de ma vie. 

Quand j'étais gosse, j'avais qu'une envie, c'était de devenir un super-héros comme eux et surtout comme le monde entier possédant un alter aussi cool que le mien, du moins c'est ce que je pensais à l'époque. J'ai passé mes journées à m'entraîner avec ma mère même si j'étais clairement en retard vis-à-vis des autres. Je voulais montrer au monde comme n'importe quel autre gosse que j'allais devenir le prochain numéro un, montrer que j'étais fort et surtout faire plaisir à ma mère pour être le fameux duo incroyable : Hack n Slash. Oui, ma mère a choisi le nom, fan de jeux vidéos... Tout se passait si bien pour moi ! Les semaines passaient et plus j'avais hâte de dessiner les premiers croquis de mes futurs costumes, des techniques que j'allais élaborer et surtout de mes premiers jours en tant qu'apprentis ! Mais alors après un échec bien trop humiliant pour mon minable ego, j'ai tout lâché, tout abandonné à la grande déception de ma mère. On se voit plus à cause de ça en partie.

Plus je réfléchissais à mon avenir après cet événement me rongeant, plus je passais mon temps dans la musique et particulièrement dans une vielle guitare que ma mère avait rangée au placard depuis bien longtemps. J'ai appris tout seul les premiers accords, j'ai continué et j'ai pu me sauver de justesse grâce à ça. J'enviais les autres apprentis héros au point même d'en devenir jaloux maladivement, mais au cours d'une soirée de taf ennuyante, j'ai rencontré mon groupe, les Queens. Grâce à moi, on est devenu les Punk for Queens, apportant ma touche rock véner.

Tout ça pour vous expliquer pourquoi j'étais quelques instants en train de courir dans les ruelles du centre-ville de Starfish ! Lucy est la plus jeune d'entre-nous, de quelques mois, mais c'est aussi le leader de notre groupe ! Elle chante, je l'accompagne aussi à la voix et avec elle, c'est entraînement sur entraînement... J'avais complètement oublié que je devais répéter avec elle et un seul petit retard pour elle et c'est la fin du monde ! Elle était très enfantine à nos débuts sur Starfish, mais heureusement, Sam et moi, on était là pour la canaliser un peu. Oh Sam, c'est notre batteuse... Ahh.. C'est un vrai bordel, il faudrait vous expliquer le pourquoi du comment tout le monde est là et clairement, cette histoire est aussi pour une autre fois. Mine de rien, j'ai pas mal de choses a vous raconter. 

Promis, un jour, je m'y arrêterais, mais Lucy et les filles habitent un petit appartement à quinze minutes du mien. J'aime pas mal cet endroit et même si elles m'ont proposées d'habiter avec elles, j'ai préféré entretenir cette vieille coutume de mâle alpha pour leur montrer que je peux me débrouiller seul et qu'en plus je n'ai pas à habiter avec des filles, même si ce sont mes meilleures amies. Je ralentis la cadence en manquant de percuter BJ, leur locataire. Il est extrêmement grand, des muscles saillants et un regard qui te demander d'aller te faire voir à chaque coups d'œil qu'il te jette. Je déglutissais discrètement pour garder pour moi le fait qu'il m'effrayait à chaque minute de ma vie quand il était dans les parages pour grimper les marches deux par deux pour enfin arriver à ce foutu quatrième étage pour toquer à la porte des filles et m'écrouler dans leur canapé à la seconde où cette fichue porte s'ouvrait.

"Bonjour à toi aussi, Slash, je t'en prie, prend tes aises et- ah. C'est déjà fait."

J'avais clairement pas le temps ni le souffle de m'excuser auprès de Catty. Ah, elle c'est la bassiste et la seconde voix. Je suis la troisième. Elle est plutôt cool et assez calme, comme moi, mais derrière ses airs de méditation extrême, il se cache une sorte de monstre... Alors que l'appartement était plongé dans le silence le plus total à mon arrivée, ses grandes oreilles de chat s'agitèrent. Elle attrapa son katana qui était confortablement rangé auprès de sa basse pour qu'elle sorte, m'adressant un regard froid avant de me dire ce qu'elle comptait faire...

"J'entends des micro-bruits venant du voisin du cinquième. Je vais lui proposer de lui couper la tête s'il continue de faire du bruit de cette façon. Les cookies sont là où tu les a laissés hier."

Ouais, carrément flippant, mais plutôt comme moi. M'enfin, il était temps de passer à la guillotine. Je prenais une grande inspiration, la boîte de cookie sous le bras en gage d'excuses, car Lucy allait me défoncer... Je m'engageais dans le couloir extrêmement sombre de l'appartement. J'esquivais la porte de Jane qui devait l'avoir piégé pour que quiconque la touche soit collé, manquant de tomber, mais une gigantesque main crochue m'attrapa pour m'éviter le pire ! C'était une main digne des plus horribles monstres de science-fiction existant, une main du démon prêt à me dévorer... Avec une jolie couleur sur les ongles. Je sifflais d'admiration, me retournant pour lever la tête vers le gigantesque sourire effroyable et figée de Sam, la batteuse de notre groupe. Son alter changeait son apparence physique du tout au tout. Elle était très grande, très fine et avec un visage extrêmement effrayant. Avec le temps, je m'y suis fait, je prenais alors sa main, la laissant rougir pour admirer son travail.

"Hey, Sam, tu as enfin réussi ! Je savais que tu pouvais le faire en suivant simplement des tutos sur Yap!Tube."

"Oh... Merci Slash, bon courage avec Lu', elle est d'humeur assez massacrante. Oh et ne lui fait pas remarquer ses cheveux, ok ?"

Elle repartait dans sa chambre qui ressemblait à un monde à part fait de ténèbres, de magie occultes et de fantasy. J'arquais un sourcil pour me demander ce qu'il pouvait bien y avoir d'étrange avec les cheveux de Lucy jusqu'au moment où la porte de celle-ci s'ouvrit lentement, laissant une anormale chevelure verte dépasser de la chambre, des yeux totalement paniqués me fixant pour enfin m'attraper par le col pour m'aspirer littéralement dans sa chambre, laissant pour preuve de mon passage, la boîte de cookie devant la porte.

Je fixais alors ses yeux, essayant de ne pas loucher sur sa ridicule couleur raté. Elle était aux larmes et vint alors se blottir contre moi, presque hurlant contre mon torse.

"JE SAIS. JE SAIS."

Après quelques secondes à se reprendre, elle enfila ses longs cheveux volumineux et verdâtre sous un bonnet la journée pouvait enfin reprendre son cours normal... Elle dégaina un petit ukulele pour que je puisse commencer l'entraînement avec elle. On avait un nouveau morceau composé rien que tous les deux a proposer au groupe pour le week-end prochain et on était clairement pas prêt... Une heure passa, une deuxième puis une troisième avec quelques rayons de soleil transperçant les rideaux de sa chambre. Le temps passait à une vitesse assez folle quand je me plongeais dans la musique pour aider les filles. On rejoignait alors tout le monde dans le salon pour faire ce qu'on savait faire le mieux tous ensemble : rien foutre de la journée. C'était donc ça mon quotidien à présent. Adieu les matinées d'entraînements difficiles avec ma mère, bonjour les entraînements à la cool avec Lucy.

Le silence se réinstallait après les quelques moqueries des filles vis-à-vis des cheveux de Lucy. Jane commençait déjà a nous faire connaître sur ukato en tant que Punk for Queens, Sam s'occupait déjà de faire a manger pour le quartier entier, Lucy s'amusait à dessiner Catty qui elle s'émerveillait devant des animés romantiques. Tout était parfait pour moi, c'était ma famille et j'en étais fier... Seulement, vous vous demandez sans doute quel était ma fonction ce matin-là ? Rien de plus simple...

"Aller ! Tu vas pouvoir lui demander ! Je suis sûr qu'il t'adore déjà ! Même si c'est un stage, tu dois pouvoir lui demander de nous donner le bar pendant une petite heure ou deux !"

"Quoi ?! Je croyais que tu m'avais une demie-heure, Lucy !"

"Steuplé, steuplé, steuplé, steuplé ! "

Et elle ne s'arrêtait jamais... Ouais, moi, j'étais le type qui devait repérer les lieux des concerts. Malgré que Lucy ait une famille plutôt aisée, celle-ci n'a pas réellement aimé la voir arrêter les cours aussi tôt que nous. Lucy travaille avec Catty dans un fast-food pas très loin de chez nous. C'est pas le rêve, mais à toutes les quatre elle arrive a s'en tirer grâce à la bourse de l'école de dessin de Sam. C'est aussi pour ça que je ne voulais pas vivre avec elle, car j'allais dépendre totalement de mes amies et ça, vous le comprendrez rapidement, c'est ce que je déteste au plus haut point. Du coup, vers la fin de journée juste avant de partir au boulot...

"Oui, bon ok ! Je te promets rien !"

J'appuyais ma main sur sa tête pour l'empêcher de m'enlacer avec la délicatesse dont elle n'a jamais fait preuve. Pour m'aider; Sam l'attrapa avec son long bras pour la réquisitionner en cuisine. J'affichais un petit sourire avant de fermer la porte, me dépêcher pour mon premier jour en tant que stagiaire dans ce bar que je détestais déjà... Il fallait que je garde ce job pour que mon groupe puisse s'y produire, ça n'allait pas être simple, mais j'aurais tout fais pour elles. 



Ma vie était clairement bien remplie. Le temps passait et du haut de mes vingt-six piges que je comprenais enfin le véritable sens de la liberté. Tout n'était pas rose, notamment entre moi et ma mère, mais ces filles étaient absolument tout ce que j'avais de plus beaux au monde. On passait nôtre temps à être des gosses, à s'engueuler pour un rien pour mieux se réconcilier. J'avais réellement l'impression d'avoir ma place auprès d'elle et que leur bonheur était tout ce qui comptait pour moi. Je n'allais pas passer la meilleure soirée de ma vie, c'était sûr. Je me rapprochais du bar de luxe dans lequel j'avais une chance inouïe de pouvoir y trouver un travail, du moins un stage... Mais c'était encourageant ! New York était tombé de façon si terrible que j'avais l'impression de ne plus avoir de raison d'être. Le Queens me manque encore terriblement, mais il fallait l'avouer, Starfish n'était pas si terrible que ça en fin de compte. 

Il faisait déjà assez sombre, mais la ville n'en était que plus belle et romantique aux abords de ce bar à cause des lumières de la ville. Je retirais ma capuche, me précipitant dans la cuisine pour me changer et mettre ma tenue spéciale "serveur pour riche". Malheureusement, ayant imaginé que je puisse m'infiltrer tranquillement sans voir le patron déjà sur mes épaules étaient bien trop beau. Je grimaçais déjà, embêté, car je savais que j'avais fait que traîner en ville sur la route. J'aimais bien me promener assez tard à Starfish pour observer les new-yorkais se remettre de la plus grosse crise qu'on ai jamais connu. Néanmoins, l'heure n'était plus à la rêverie malheureusement et je devais déjà encaisser les reproches de ce patron que je n'avais vu qu'une seule fois et qui était sans douter déjà dégoûté de m'avoir embauché. Il me colla une étiquette avec marqué "stagiaire" sur le torse au lieu de mon nom et un minuscule calepin sur lequel je devais sans doute prendre les commandes. Une tape dans le dos et slashh, me voilà déjà dans cette grande salle tamisée aux chandelles. Je prenais une grande inspiration, essayant de trouver au fond de moi la force d'au moins sortir un sourire à moitié sincère.

Je slalomais littéralement entre toutes les tables. Certaines étaient garnies d'appétissants plats que j'aurais pu me payer en déboursant la totalité d'un mois de salaire à New York. D'autres avec de surprenants, mais fascinants cocktails et d'autres servaient de support pour que les mains des amoureux se rejoignent. Je soupirais, sachant que j'allais littéralement tenir la chandelle pour une trentaine de tables. Je secouais ma tête de gauche à droite, continuant ma route prenant les commandes de tout le monde, essayant de couvrir les cris de mon patron en cuisine. J'arrivais alors à cette fameuse table où était présente, seule une jeune femme aux traits si fins, à la chevelure brune et aux yeux d'un rouge si différent de mon bleu. Je plissais les yeux, surpris de voir une femme comme celle-ci seule. Je m'approchais alors de la table, essayant de sortir le plus confortablement possible au moins un petit sourire.

"Bonsoir, madame, je suis... Stagiaire et je prendrais votre com- Je veux dire, je suis Sla- Peter. Vous pouvez m'appeler Peter, je serais votre serveur pour la soirée. Vous avez décidé de ce que vous voudriez boire ? Aussi, est-ce que vous attendez quelqu'un ?"

Le traque. Je lui avais dit de m'appeler Peter... Je détestais qu'on m'appelle par mon prénom ! La soirée allait être particulièrement longue, surtout que je sentais le regard du patron m'examiner dans mon travail. Dans tous les cas, c'était pour le groupe, je devais tenir bon...

Fiche par Sánsa ; sur Never-Utopia

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Slash & Irina

 La soirée commençait si bien... Ou pas. Je passais pour un abruti devant tout le monde et mes chances de demander le bar au patron se réduisait de minutes en minutes. Je me voyais déjà acheter des kilos et des kilos de glace à la vanille à Lucy pour me faire pardonner. Néanmoins, dans tout ce merdier me laissant déjà un goût amer d'avoir accepté de bosser ici, j'avais ce sourire angélique et ce clin d'œil pour me faire revenir à la réalité. J'aurais pu mal le prendre, mais le regard de cette femme que j'étais en train de servir me paraissait plus bienveillant qu'autre chose. Je prenais un regard un peu désolé, me passant une main dans les cheveux en m'éclipsant, un sourire gêné sur les lèvres. J'avais tout un tas de verres à délivrer à droite et à gauche dans la salle, mais j'avais surtout envie de rester traîner près de ma précédente cliente. Elle avait l'air beaucoup moins coincée que la plupart des autres viocs' du coin.

Je passais donc en cuisine, préparant les cocktails sans très grandes difficultés, avec aisance devant les yeux surpris du patron. Je ne pouvais m'empêcher de lui adresser au moins un sourire ou deux, prêt a changer mes habitudes personnelles pour lui plaire en tant qu'ancien barman du Queens. Il avait l'air plutôt impressionné et ça me faisait plutôt du bien à l'ego. J'avais passé tellement de temps pour chercher mon appartement, me chercher une boîte voulant bien m'aider a trouver un travail... Tous ces efforts avaient terminés par miraculeusement payer. Je préparais les dernières rondelles de citron pour certains cocktails, gardant précieusement sous les yeux l'eau pétillante. Au moment de repartir, une main se posa sur mon épaule, c'était le patron, il avait l'air extrêmement sérieux cette fois...

"Gamin. La petite en robe rouge, tu y fais attention."

"Une raison particulière chef ?"

"Ouvre les yeux biglouch! Tu vois bien que c'est la seule jeune femme parmi tant de viocs'. Tu sais ce que ça veut dire ?"

"Qu'elle a moins de chance d'avoir la tremblote que l'ensemble des gens présents ?"

Une tape sur la tête, un rire des collègues autour et un ronchonnement du patron et c'était reparti...

"Non, ça veut dire qu'elle parlera à ses amis autour d'elle et donc elle nous ferra de la pub pour les futurs viocs' qui viendront ici, bêta."

Je repartais en salle, tout fier de ma blague. Mine de rien, la soirée allait bien se passer, j'en étais presque sûr, jusqu'à croiser le fameux rencard de la dame. On s'est simplement échangé un seul regard et mon inconscient a fait le reste. Beau, grand, musclé, charmeur, plein aux as... Ouais, clairement tout ce que j'étais pas, très loin de là. Je tirais une moue boudeuse, partant à la recherche des tables à qui j'avais pris la commande pour enfin revenir à la gente dame qui était maintenant accompagnée par ce même homme. Mon sourire restait toujours actif, avec une pointe d'agacement tout de même. Je déposais délicatement le verre d'eau pétillante devant les yeux rubis de la demoiselle, me concentrant pour rester professionnel en souriant à mon nouveau client.

"Hum. Bonsoir monsieur, je m'appelle... Peter."

J'avais plus le choix...

"Je serais votre serveur pendant la soirée, que désiri-"

Je n'avais même pas eu le temps de terminer ma phrase, que son manteau se posa sur mon plateau à verre. J'allais tout noter, mais lui me confiait son manteau comme si j'étais son... ! Ah oui. J'étais en effet son serveur. Il commanda, charmant au possible un simple whisky. Je plissais les yeux nerveusement... C'est exactement ce qu'un type dans son genre pourrait commander ! Je déposais soigneusement et professionnellement son manteau dans la gigantesque armoire à l'entrée du bar, avec les autres manteaux. Un léger coup d'oeil aux deux gorilles avec qui il était rentré, qui eux avait décidé de prendre place sur les tabourets, directement au bar. Ils avaient simplement commandé deux mousses, mais avaient l'air si chelous... Je les gardais à l'œil, revenant dans la cuisine pour faire ce qu'un stagiaire doit faire... Être l'esclave éternel des vrais employés.

Ces deux types me revenaient à l'esprit. Bien que la soirée devait être sans doute délicieuse pour tout le monde grâce aux délicieuses odeurs sortant de la cuisine, à la température ambiante confortable et surtout aux brins de musiques passant dans la salle pour enchanter le tout. Je buvais à mon tour un peu d'eau après m'être tué à la tâche pour la plonge et sortir les poubelles. Cette soirée n'était finalement pas ce que j'espérais. Travailler dans mon vieux bar dans le Queens était si relax par rapport à toutes ces manœuvres en cuisine. Je soufflais un peu, regardant dans la direction de madame robe rouge pour voir si sa soirée se passait déjà bien mieux que la mienne, malheureusement mon simple coup d'œil ne dura pas si longtemps. Des assiettes se posèrent devant moi. Je souriais, m'imaginant déjà une blague pour me faire stopper par le patron...

"Si tu me sors que tu n'as pas très faim, mais que c'est gentil de t'avoir apporté une assiette ou deux, je te coupe en morceaux, le bleu. Maintenant va servir ça à la table dix-sept, tu serais un adorable stagiaire."

J'emportais alors le plateau, les assiettes dessus pour me rendre directement vers cette fameuse table 17, mais bien entendu, moi grande tête en l'air... Ça s'est passé en quelques secondes. Je passais encore mon regard dans la direction de la table où la jeune femme passait sans doute la meilleure soirée de sa vie pour finalement trébucher sur la moquette, les assiettes volèrent, prêtes à s'écraser sur les deux gros gorilles au bar ! C'était le moment d'utiliser mes réflexes les plus poussés ! Je tirais alors deux fils pour rattraper d'un seul coup les assiettes ! J'avais réussi à sauver la soirée... Mais je m'apercevais qu'au contraire venait de propulser encore plus vite le contenu qui n'était autre que de délicieuses spaghettis bolognaise dans le dos des deux tas de muscles qui se retournèrent relativement énerver. J'écarquillais les yeux, reprenant mes assiettes, le plateau pour filer en cuisine avant de finir en bouillie !

Le patron m'attrapa par le col, me hurlant dessus comme jamais et m'équipant violemment d'essuie-tout et d'une serpillière pour m'envoyer de nouveau en salle avec une force incroyable. Les plus vieux étaient choqués, les plus jeunes se moquaient. Ma réputation était ruinée et je pouvais dire adieu à la salle pour le concert... Extrêmement gêné, je passais la serpillière, m'excusant sans m'arrêter auprès des deux hommes qui n'avaient pas l'air de se marrer du tout, enlevant leur veste. Ils avaient l'air de deux gros mafieux à qui il ne fallait pas chatouiller les narines et devinez qui est arrivé avec le plus gros chatouilleur de narines juste sous leur nez ? Slash ! Le meilleur guitariste du Queens essayant d'avoir désespérément un job pour manger autre chose que des pâtes au beurre matin et soir.

Après quelques minutes à m'efforcer de faire oublier à tout le monde ce qu'il venait de se passer, je repassais dans les rangs pour prendre une nouvelle commande, arrivant de nouveau devant celle de la jeune femme...

"Ehh.. Slash pour vous servir, le meilleur serveur de tout Starfish, un petit raffraichissement et une prière pour que vous oubliez que j'ai gâché votre soirée romantique ?"

Un peu d'humour. La soirée était gâchée, j'allais perdre mon emploi dès le premier jour. Il me fallait de l'humour.

Fiche par Sánsa ; sur Never-Utopia

« Issue 1 ; Le garçon de café. »

Slash & Irina

  La soirée se passait trop bien, en effet. Je voulais simplement proposer un nouveau verre dans lequel j'aurais craché dedans à la tête de nœud, il était finalement chaud pour commander lui aussi des spaghettis dans lequel j'aurais aussi craché, mais nan... La demoiselle assise à la table était bien plus féroce que je le pensais. J'écarquillais mes yeux, voyant le contenu de son verre voler à la face de son bel et tendre qui ne manqua pas à montrer littéralement son vrai visage... Une goutte de sueur perla sur mon front, pendant que je lâchais mon calepin à la minute où les deux idiots pleins de sauce et je devais être l'un des premiers à me mettre à genoux. C'était une des techniques de sécurité que j'avais appris avec ma mère quand j'étais dans ma période où j'avais lâchement décidé d'abandonner mes pouvoirs. Genoux à terre, mains sur la tête, celle-ci baissée pour ne pas croiser le moindre regard d'un des méchants sur place. J'avais honte. J'avais l'air d'un lâche alors que j'étais sans doute l'un des moins vulnérables.

« Soit tu acceptes de venir avec nous et tu limites les dégâts, soit tu te bats et tu prends le risque de blesser des innocents. »

L'idiot continua de menacer la salle avec les deux autres gorilles vers le bar. J'étais paralysé... Je ne pouvais plus bouger, mes yeux se mouillaient de larmes. Je n'avais qu'une envie, c'était d'appeler à l'aide ou de la convaincre qu'elle s'en aille pour nous laisser en sécurité... Plutôt pour me laisser en sécurité ! Je gardais la tête baissé, ne voyant pas ce qui était en train de se passer. Un léger coup d'œil sur ma gauche, voyant des fils foncer vers l'un des criminels puis d'un coup, une onde de choc ! La jeune femme vola à plusieurs mètres plus loin, traversant la salle. Ma bouche s'ouvrit, essayant de crier de peur, mais ma gorge était si nouée... Je posais mes mains au sol, m'excusant, encore, encore et encore. Je cherchais une façon de le calmer, mais ce type avait une idée derrière la tête. De l'autre côté du bar, le criminel touché avec maintenant un œil crevé m'attrapa par le col, me forçant a regarder ce "Josh" qui était devenu un vieillard. D'une voix posée, mais terrifiante, il ordonna à son gorille de se débarrasser de moi à l'arrière et à l'autre de contrôler tout le monde pour qu'ils évitent d'appeler la police. L'énorme gars me souleva d'un seul coup, me portant comme un sac à patates. Je passais à côté de la demoiselle que je servais, lui tendant la main, n'ayant qu'une chose à supplier...

"Sauve moi ! Aide moi !"


Mon regard, terrifié, avait du rencontrer le sien, mais peu importe, il était bien trop tard pour qui que ce soit de me venir en aide. Je n'avais plus qu'une chose à faire, c'est de dire mes dernières prières, mais encore, qui prier ? Le dieu unique ? Celui des milkshakes ? Celui de l'alter des alters ?! Je me débattais une fois dehors, sous la pluie battante. L'homme m'envoyait avec une force incroyable contre une benne, pendant que je sentais mon dos craquer. Je n'avais rien de cassé, mais j'étais conscient que je n'allais pas rester ici très longtemps... Je posais ma tête contre l'énorme poubelle, fixant le ciel noir. C'était donc là que ça s'arrêtait pour moi ? Je n'allais même pas pouvoir rentrer pour me faire disputer par Lucy jusqu'à ce que je cède pour lui acheter une glace. Je n'allais plus pouvoir faire de longues balades avec Sam en forêt. Je n'allais plus pouvoir écouter les incessantes histoires d'amour de Jane. Je n'allais plus pouvoir regarder des films d'horreur et me planquer à côté de Catty. Je n'allais même plus pouvoir me prouver que je suis digne d'être un héros. Ma vie était terminée, foutue. Le yakuza learderprice pointa vers son doigt comme une arme à feu, le bout de celui-ci se mettant à briller. Je fermais alors mes yeux, prêt à dire adieu à tout le monde.

"Faites vite, je vous en supplie."

Mon téléphone vibrait encore au même instant. L'homme regarda ma poche, plissant les yeux. Je dégainais mon téléphone, lui jetant un coup d'œil effrayé.

"Je.. Je peux regarder mon téléphone une dernière fois ?"

Il soupira et de pitié m'accorda un dernier regard sur mon téléphone. J'avais reçu deux messages de Lucy. C'était mon téléphone qui avait vibré dans la salle et qui avait pu permettre de justesse à la demoiselle de donner un seul coup. Je serrais les dents, regardan les messages...


"Coucou. Désolée de t'avoir mis la pression toute à l'heure. Je sais que c'est pas simple pour toi de vivre ici plutôt que dans le Queens. A vrai dire, pour moi aussi... J'espère que ta soirée se passe bien. De toute façon si tu lis ça là tout de suite, c'est que tu glandes en cuisine pendant que tu piques des chips. Retournes bosser! Oh, Catty ma dit que tu voulais mater un vieux film avec nous ce soir. Oublie pas de rentrer avec de la glace. A la vanille bien sûr."

Ce message m'a tout de suite brisé le coeur... J'allais vraiment finir ici, comme ça, de cette façon face à un criminel de bas étage...? J'avais passé ma vie entière a fuir, a m'enfermer sur moi-même pour ne pas m'ouvrir à ma mère et voir qu'elle avait pondue un gosse aussi pitoyable que moi. Je lâchais mon téléphone sur le sol, sentant à présent toute la pression que je m'étais mis sur moi s'estomper petit à petit. Les fils parcourait tout mon corps à l'interieur, croisant le chemin de mes veines pour rejoindre mon coeur. Je le sentais se serrer... On m'attendait quelque part, on avait besoin de moi quelque part. Je pouvais le faire, je pouvais au moins rentrer et acheter cette fichue glace pour Lucy... ! Elle avait un rêve ! Elle avait un futur ! Elle avait le droit d'avoir ce futur, nan... Je ne devais pas abandonner. Non. J'avais besoin de...

"Time's up, gamin. Navré. Tu étais au mauvais endroit, au mauvais moment."

Mon regard paniqué figé dans le sol venait à se redresser peu à peu vers le doigt brillant de ce gorille. Il était prêt à me tuer pour son foutu patron ? Ce criminel ne savait pas qui il avait attaqué. J'étais Slash, guitariste des Punk for Queens. J'avais pas le temps pour ce demeuré !

"Nan, mon gars, c'est toi qui est arrivé ici au mauvais endroit, au mauvais moment."

Un bruit assez surprenant venait du bar ! J'en profitais pour le faire tomber avec un coup de pied ! Il tombait alors sur le dos, juste le temps pour moi pour rattraper mon téléphone et me cacher derrière la poubelle pour m'abriter de quelques tirs venant du type. Je devais m'en sortir, me relever pour faire ce que j'avais à faire : acheter de la glace de Lucy et rentrer à temps pour le film de Catty. Ma famille m'attendait, je ne comptais pas décevoir une fois de plus ceux que j'aimais ! Je serais alors les dents, posant mes deux mains sur la grosse benne à ordure pour tirer six fils et balancer celle-ci sur le type et l'écraser ! Je ne l'avais pas tué, loin de là, mais il allait rester bloquer pendant quelques temps. J'avais simplement réussi a la déplacer uniquement grâce à la force de mon alter, mais rien d'autre. Je venais à sa hauteur, prenant conscience qu'il soit dans les vappes. Malheureusement il n'avait rien d'incroyable sur lui, sinon je lui aurais bien emprunté de l'argent pour la glace.

Je soupirais, rassuré que ma soirée se termine ici pour moi. Je prenais la route pour sortir de la ruelle en entendant encore une fois un choc à l'interieur du restaurant. Je déglutissais, jetant un oeil sur la porte du restaurant, puis vers la ruelle. Je n'avais que quelques pas pour m'en sortir... Je devais m'en sortir pour les filles... Mais cette jeune femme avait besoin de renfort. Je serrais les dents, appelant la police, leur hurlant de se dépêcher avant de raccrocher sèchement. Est-ce qu'ils allaient arriver assez vite...? Je ne pouvais pas en être sûr. C'est pour ça que ce soir-là, j'ai fais le choix le plus compliqué pour moi : jouer le petit héros.

Fiche par Sánsa ; sur Never-Utopia

« Issue 1 ; Le garçon de café. »

Slash & Irina

   Ça faisait un gros problème en moins qui pouvait se transformer en arme à feu à lui tout seul. Je respirais si fort dans cette pluie glaciale que mon souffle en devenait un léger nuage. Je respirais fort une dernière fois avant de me calmer et de me conditionner pour ce que j'allais faire. Je n'avais jamais eu de cours pour mon alter, seulement des entraînements venant de ma mère. Je n'avais jamais vu une seule opération de super-héros, seulement les plus grands combats à la télé. C'était maintenant à mon tour de tester les fruits de mes anciens entraînements et de montrer tout ce que j'ai retenu des combats sur Internet et à la télé. Je serrais les poings, poussant la porte arrière du restaurant pour découvrir un massacre. Les tables étaient détruites, tout le monde était en train de fuir d'ici. La jeune femme que je servais avait disparu et l'un des gros gars se battait contre un super-héros. Ma place n'était peut-être pas ici. Le boulot était fait, je n'avais plus qu'à m'en aller ! Du moins, c'est ce que je voulais croire... Je balayais une dernière fois mon regard dans le restaurant jusqu'à voir une image qui m'a terrifié encore aujourd'hui.

J'étais là, moi aussi dans le restaurant, tout en étant spectateur finalement. J'étais en train d'avancer vers ce super-héros, prêt à l'assassiner en dissimulant un couteau dans mon dos ?! Mes yeux s'écarquillèrent, mes dents grinçaient, mon cœur se serrait... Non ! Je ne pouvais pas laisser faire ça ! Sans le moindre indice sur ce que j'allais pouvoir faire, je me suis lancé à corps perdu dans le combat ! Je n'allais pas laisser ce héros y laisser sa peau comme un abruti !

"BASTON !"

On repassera clairement sur le cri de guerre, mais tout était si intense en moi. Je sentais mes fils s'exciter dans mes mains, prêt à combattre pour anéantir cette mascarade ! Ce type n'avait pas le droit d'être moi ! Je n'avais pas le droit d'être un méchant, moi le fils de Hack, l'une des plus grandes héroïnes que ce foutu pays ait porté ! Je venais plaquer à toute vitesse et avec le plus de violence possible mon double. Tout était bien réel, c'était pas un rêve, ce n'était pas une farce, j'allais vraiment aider ces types au costard mal fichu ? Je me battais contre moi-même, donnant un coup-de-poing, puis un autre, puis un autre ! Mon moi-même me repoussa avec un coup de pied pour m'envoyer valser à l'autre bout de la pièce. Une fois à terre, il s'empressa de foncer sur le héros avec le costume noir, mais nan ! Il était à moi. Je tirais alors deux fils avec ma main dans sa direction pour l'attraper par le bras et le tirer vers moi aussi fort que possible, lui tombant à plat ventre devenant moi.

"Bats-toi héros !"

Je me relevais, criant de toutes mes forces pour l'encourager, pendant que l'autre moi se releva aussi, faisant barrage entre moi et ce qui semblait être mon seul espoir de m'en sortir en vie aujourd'hui. Je serrais les dents, grimaçant et me reculant le plus possible. J'étais littéralement dos au mur, ce type continuant d'avancer vers moi. Je n'avais pas beaucoup le temps de réfléchir. Il se mettait maintenant a courir vers moi avec son couteau de cuisine qu'il avait préparé spécialement pour le héros. Je brisais alors un bout de chaise pour m'en servir comme bâton, directement en position défensive du sabre. Je tapais avec conviction le sol de mon pied droit pour être prêt recevoir son coup. J'avais passé tout mon temps gamin avec un sabre en bois dans les mains, c'était plus ou moins la même chose, nan ? Il sauta littéralement dans les airs, couteau assassin. J'exécutais quelques mouvements, parant sa lame sur l'extérieur et le faisant s'écraser.

"Tu feras attention, y a un mur là."

Je voulais l'agacer, faire en sorte qu'il se concentre sur moi le temps qu'il fallait. Ma mère m'avait déjà tout expliqué. Quand on est en situation de crise et qu'on ne fait clairement pas le poids, il faut gagner du temps, du terrain, tout ça pour laisser aux grands héros sauver la partie. Je plissais les yeux. C'est ce que je comptais faire !

Il avait l'air de plus en plus en colère. Il fonça une nouvelle fois vers moi, j'en faisais autant ! Je courais aussi vite que possible, prêt à ridiculiser cette autre version de moi. Je frappais alors avec mon bâton, lui avec son couteau, mais au moment de l'impact, je me faisais simplement propulser bien plus loin, mon bâton complètement détruit et mon double souriant de plus belle. Je me redressais légèrement, n'ayant pas du tout le temps de jeter un coup d'œil à mon allié pour le coup. Je visais mon ennemi avec ma main, criant un bout coup, laissant quatre fils s'agiter dans la direction de cet imposteur, mais il attrapa les fils sans grande difficulté, me faisant venir à lui comme un sac. Je le regardais alors préparer le couteau, voyant presque ma fin arriver, mais c'était sans compter sur un autre fil qui se dégagea de cette même main pour frapper dans son couteau le désarmant. En arrivant sur lui à toute vitesse, j'encaissais alors un coup-de-poing à la place, un autre et encore un me faisant tomber à terre lourdement. Mes fils se rembobinaient à ma main, me laissant sur le sol, le nez et la bouche en sang.

Je gardais faiblement un œil ouvert, l'observant lui, ce monstre. Peut-être finalement, que j'étais en train de rêver et comme je le pensais, tout ce qu'il y avait de mal en moi prenait largement le dessus sur tout ce qu'il y avait de bien. J'étais une raclure, pas fichu de retourner chez soi pour s'occuper de sa famille. Tout comme ma mère.

Mon autre moi se pencha sur... moi, m'agrippant par ma chemise, me souriant à la tronche. Je souriais faiblement, prêt à me prendre un autre coup.

"Qu'est-ce qu'il y a ? J'ai un truc entre les dents ?"

Je fermais les yeux prenant un énorme coup dans le ventre, mon second moi, me balançant à l'autre bout de la pièce. Mon dos percuta un des piliers de la salle, celui-ci craquant lourdement encore, je lâchais un soupir de douleur avant de m'étaler sur le ventre, n'ayant d'yeux que pour le combat suivant. Mon second moi en revanche commençait a voir sa peau presque fondre. Les traits du vieux qui devaient être leur chef se découvraient de plus en plus. J'avais perdu contre un vieux ? Super. Il marchait maintenant vers le héros. Il pouvait gérer ça, j'allais pas faire tout le boulot. Je fermais un œil, puis un autre. J'avais si mal dormi la nuit dernière, il me fallait du repos. Je prenais du repos.

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Slash & Irina

  "Debout petit ange."

Cette voix si douce. Cette odeur de pancake en train de chauffer. Ces rayons si chauds sur ma peau. Je m'en souviens. C'est mon souvenir préféré. C'était simplement un dimanche comme les autres où ses longs cheveux bleus chatouillait mes joues d'enfants. Je raffolais de ces dimanches où elle restait auprès de moi une grande partie de la journée. On jouait aux jeux vidéo, je jouais de la guitare pour elle, je me confiais sur mes soucis avec les filles de mon école. Tout était parfait. Cette époque me manque... Je me lève alors, posant mes deux pieds sur le sol pour observer cette chambre du Queens dans laquelle je passais la plupart de mes journées. Je vois cette silhouette aux cheveux de la couleur du ciel adossée à la porte. Je pouvais imaginer un léger sourire se dessiner sur ses lèvres.

"Aller, debout petit ange, tu ne vas pas faire attendre Lucy pour manger cette grosse glace, hein ?"

Un œil s'ouvre, le second aussi bleu que le précédent. Nan. Je ne devais pas faire attendre Lucy. Elle m'attendait pour manger cette fichue glace ! Je serrais les dents aussi fort que possible, prêt a me les briser pour contrôler la douleur dans mon dos. Je retrouvais de nouveau à cette soirée froide et inquiétante où un héros se battait pour moi. Elle se leva, plaçant ses mains devant elle, hurlant sur ce gros monstre qu'était ce vilain. Il était prêt a me supprimer, elle avec. Qu'est-ce qu'allait penser Lucy de tout ça ? Comment est-ce qu'elle allait pouvoir gérer mon absence ? Nan. C'était clair, je devais simplement me remettre sur pied, gagner assez de temps avec le héros pour... Et trop tard. Je voyais ma sauveuse passer à toute vitesse à côté de moi, comme frappée. Elle emportait avec elle mes derniers espoirs de m'en sortir. Je me redressais lentement, dans la douleur, fixant l'ennemi devant moi.

C'est dans ces moments-là, où l'espoir se meurt, où la paix est menacée, où le bien est à genoux que les vrais héros se lèvent. C'est toujours ce que m'a raconté ma mère. Je baissais la tête, sachant déjà quel était l'issue de toute cette histoire. Je n'était pas celui qui défendait l'espoir, je n'étais pas celui qui protégeait la paix, je n'étais pas le héros qui allait se lever. Je n'étais rien, à part un enfant perdu. Je me laissais aller, pensant que ma vie était arrivée à terme.

"Alors comme ça, on s'attaque à des innocents ? Pas cool mec."

Une onde choc toucha le vilain dans le ventre, dans le visage et dans le dos, le faisant voler à l'autre bout de la pièce sous mon regard choqué, les larmes sur les joues. Qu'est-ce qu'il s'était passé ?! Une jeune héroïne à la chevelure noire se posa devant moi en me tapotant la tête.

"Aller, aller, pleure pas. Silhouette est là."

Les héros, les voici, encore eux ?! La jeune femme passa à toute vitesse entre les tables, continuant de frapper le vilain, un autre type extrêmement baraqué passa une nouvelle fois à côté de moi. La situation était sous contrôle ? Je n'avais pas eu besoin de me battre. Je n'avais pas eu besoin de me lever... Je souriais alors légèrement, laissant tomber mon corps sur le sol, la fatigue m'emportait.

Les bips de la machine me réveillaient. J'étais dans une ambulance à quelques mètres du restaurant et j'entendais les policiers parler avec les infirmiers juste devant la camionnette dans laquelle j'étais étendu. J'ouvrais un œil, puis un autre pour observer que la situation était plus que sous-contrôle. J'avais réussi a survivre à cette comédie par miracle. J'avais plus qu'une chose à faire, rentrer chez moi. C'est ce que j'avais en tête du moins, c'est en me redressant voyant la jeune femme que j'avais servis pendant la soirée dans une ambulance, elle aussi étendue. Je devais au moins m'assurer qu'elle aille bien. J'enlevais la perfusion, mon capteur, repoussant les infirmiers essayant de me réinstaller avec mon agressivité naturelle. L'un d'eux m'aida a marcher jusqu'à l'ambulance, je posais alors une main sur celle de la jeune femme, les yeux à peine ouverts. Elle devait avoir besoin d'être tout autant rassurée que moi après cette catastrophe. J'ouvrais la bouche sans réfléchir.

"Désolé, mais je crains qu'on ait plus d'eau gazeuse, est-ce que je peux vous rapporter autre chose ?"

Je souriais à ma bêtise, espérant de l'avoir au moins amusé tout en reculant de force, l'un des infirmiers me disait qu'elle avait besoin de se reposer pour le moment et qu'elle devait encore être examinée. Je fronçais les sourcils sans riposter. Je tournais la tête vers les héros qui prenaient les questions des journalistes présents avec tant d'aisance... Je baissais la tête me sentant toujours autant idiot de ne pas avoir été meilleur. De ne pas avoir été utile un seul instant. Je laissais faire les infirmiers me donner les premiers soins, me donnant un rendez-vous à l'hôpital pour quelques égratignures. Je prenais l'ordonnance, partant de mon premier et dernier jour de travail dans cet Enfer de restaurant.

La route jusqu'à chez moi était bien plus longue qu'à l'aller bizarrement. Je m'arrêtais bien entendu dans le premier magasin disponible, ressortant d'ici avec un bac gelé de glace à la vanille que je tenais contre ma joue pour les coups que j'avais reçu. Je continuais ma route où à chaque pas je me demandais si finalement, je n'avais pas gêné l'héroïne qui était sur place et si finalement, c'était si important que je sois encore en vie. Je baissais ma tête, me présentant à l'appartement des filles, frappant à celle-ci, le cœur lourd. Je souriais, dissimulant à quel point, j'avais eu peur d'y rester, à quel point ce traumatisme des attentats était encore présent pour m'avoir terrifié au point d'avoir été inutile. Je souriais alors à la porte qui s'ouvrit. C'était Lucy, elle avait les larmes aux yeux en me voyant, car les informations parlaient de ce qui s'était passé. Je pleurais alors, portant la glace à la vanille par la poignée.

"On s'fait un milkshake ?"

Elle sauta dans mes bras, hurlant dans ma chemise défoncée. Jane vint en faire autant, chialant tout fort. Catty vint à mon dos pour m'enlacer aussi fort qu'elle ne l'avait jamais fait. Sam nous entoura de ses longs bras, si heureuse. Je laissais mes larmes couler, mon sourire se figer. Je prenais cette soirée comme une défaite, mais à cet instant précis, c'est là que j'ai compris que la victoire importait peu et que ma famille était tout ce que j'avais de plus précieux.

Cool pour une première journée de taf à Starfish.

Fiche par Sánsa ; sur Never-Utopia