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42 [solo]
Fighting Demon
42 [solo] Strem311
Dispo pour RP
42 [solo] 4NCNPxO 42 [solo] JXSA09K 42 [solo] FiFGXgt 42 [solo] FCreDHH 42 [solo] Jq1GWpF
222 à 225 ans
Darwinisme cauchemardesque
Super-criminelle, mercenaire
2300
B
1536
73
Vergetelheid (OC)
Marv'
Vermillion
Vergetelheid
Fighting Demon
42 [solo] Strem311
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Info compte
Titre personnalisé : Fighting Demon
42 [solo] Strem311
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Awards : 42 [solo] 4NCNPxO 42 [solo] JXSA09K 42 [solo] FiFGXgt 42 [solo] FCreDHH 42 [solo] Jq1GWpF
Âge Âge : 222 à 225 ans
Alter Alter : Darwinisme cauchemardesque
Occupation Occupation : Super-criminelle, mercenaire
Fame Fame : 2300
Ranking Ranking : B
Skill Point Skill Point : 1536
Messages Messages : 73
Feat Feat : Vergetelheid (OC)
Crédits Crédits : Marv'
Double Compte Double Compte : Vermillion
Awards
Titre personnalisé : Fighting Demon
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Awards : 42 [solo] 4NCNPxO 42 [solo] JXSA09K 42 [solo] FiFGXgt 42 [solo] FCreDHH 42 [solo] Jq1GWpF
Âge Âge : 222 à 225 ans
Alter Alter : Darwinisme cauchemardesque
Occupation Occupation : Super-criminelle, mercenaire
Fame Fame : 2300
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Skill Point Skill Point : 1536
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Feat Feat : Vergetelheid (OC)
Crédits Crédits : Marv'
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Fighting Demon
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222 à 225 ans
Darwinisme cauchemardesque
Super-criminelle, mercenaire
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Vergetelheid (OC)
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Vilain
Vilain
Titre personnalisé : Fighting Demon
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Âge Âge : 222 à 225 ans
Alter Alter : Darwinisme cauchemardesque
Occupation Occupation : Super-criminelle, mercenaire
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Feat Feat : Vergetelheid (OC)
Crédits Crédits : Marv'
Double Compte Double Compte : Vermillion
« New York ». « Manhattan ». « La grosse pomme ». « Gotham ». « La ville qui ne dort jamais ». Tant de noms et surnoms pour un seul et unique endroit, une métropole ultra peuplée et connue de par le monde entier … Qui, à l’heure actuelle, était à peu près aussi vide que les rêves de la petite russe qui marchait dans ses rues.

Bon, la ville n’était pas vraiment vide. Elle avait juste été isolée du reste du monde pendant 3 mois. Et une opération ayant pour but de la libérer avait eu lieu ce midi-même, opération d’ailleurs couronnée de succès, d’un point de vue global. La population locale était … Et bien. Ceux qui n’étaient pas des cadavres dans les rues avaient décidé de se planquer où ils pouvaient. Hors de vue. Hors de portée d’un vilain fou qui aurait éventuellement voulu les éventrer. Ou d’un gang qui aurait voulu les exploiter. Ou de quoi que ce soit d’atroce qu’il aurait pu leur arriver, durant ces 3 mois enfermés avec des tarés comme big bang et autres … Encore que ce dernier ne semblait pas avoir à cœur les massacres inutiles. Plutôt les discours. S’arrêtant à l’angle d’un immeuble, la petite russe s’arrêta de marcher. Elle avait un peu les nerfs.

Pourtant, la ville était libre. Le dôme qui l’isolait avait disparu, comme par enchantement. Et d’ici peu, les forces armées allaient débarquer et « sauver » tous les rats planqués dans cette gigantesque ville fantôme. Ce qui n’arrangeait pas la petite tueuse. Parce qu’elle voulait trouver quelqu’un. De préférence, un criminel. Dans l’absolu, quelqu’un qui aurait pu lui fournir des équipements fiables et résistants. Sauf que, faille d’importance à son plan génial … il n’y avait personne, ici. Depuis presque un quart d’heures qu’elle avait quitté son groupe et le parc où le combat avec Big Bang avait eu lieu, elle n’avait pas croisé âme qui vive. Et ça l’énervait. Presque autant que la fuite du grand méchant du jour, qui s’était contenté de disparaître sans même lâcher de rire maléfique derrière lui. Ça n’aurait pas été moins humiliant s’il y en avait eu un, juste un peu plus risible, et donc quelque part, supportable. Mais sans cette touche de dérision idiote et amusante … Il ne restait qu’un échec. Un échec à le « retenir », de quelque façon que ce soit. A le tuer. A … A n’importe quoi. Peut-être que le combat l’avait empêché de faire quelque chose d’autre qui aurait bloqué la ville, mais dans la mesure où c’était lui qui était venu trouver le groupe, il aurait tout aussi bien pu se contenter d’aller faire autre chose de son temps.

De rage, la petite tueuse shoota dans la tête d’un lampadaire qu’on avait abattu des semaines plus tôt. L’objet métallique tordu se décrocha de son poteau, s’envola, percuta un mur et rebondit contre ce dernier, puis chut et brisa un pare-brise, à une cinquantaine de mètres de là. La petite russe souffla de frustration. Elle venait de rater une mission – de son point de vue -, elle se baladait dans une ville fantôme, le temps lui était compté avant que l’armée ne rende l’exploration de la zone invraisemblable, et elle n’avait aucune idée d’où chercher ce qu’elle voulait … Si tant était qu’il restait un équipementier compétent et vivant à New York.

Elle commençait sérieusement à se demander si elle ne devrait pas juste rentrer à Starfish et considérer sa jounée finie lorsque le sol se mit à trembler autour d’elle. Pas comme un tremblement de terre : le béton agissait de façon étrange … Sur … environs 5 mètres carrés autour d’elle. Elle eut le quasi réflexe de se ramasser sur elle-même pour bondir. Mais alors qu’elle avait à peine décollé du sol, ce dernier se mit à bouger : deux carrés se soulevèrent et se refermèrent comme un livre, au centre duquel elle se trouvait. Elle n’eut pas le temps de monter assez haut que les deux pans de bétons claquaient l’un contre l’autre en se brisant sur son petit corps dans un vacarme étourdissant. La petite tueuse avait beau être résistante, l’attaque la sonna de façon plutôt conséquente, et elle se laissa un peu choir sans rien faire lorsque les deux pans de bétons (qui ressemblaient désormais à un moule destiné à reproduire le corps de la petite tueuse) s’écartèrent. Le cerveau encore un peu perturbé par ce qu’elle venait de subir, la naine plissa les yeux … Et vit un type s’approcher. Un type avec une canne. En le regardant de plus près … Elle pouvait dire qu’il était moche. Mais plus dans le sens « mochement endommagé » : à un point dans son existence, cette personne avait été brûlée à des degrés trop sévères pour qu’on puisse récupérer les tissus atteints. Son visage était défiguré, il boitait à cause d’une jambe de toute évidence non fonctionnelle, et ses vêtements larges cachaient probablement encore plus de cicatrices.

Vergetelheid … Je n’étais pas sûr que c’était bien toi, sur l’espèce de flèche que j’avais vu passer tout à l’heure, avec le reste du groupe … Mais on dirait bien que oui … Tu as laissé le reste de ton groupe se faire tuer ?
La tueuse grogna en se relevant, et se massa la nuque. Elle s’était tordu le poignet dans l’espèce d’étau. En général on pose les questions avant de filer une commotion aux gens, ça évite … Qu’ils perdent connaissance ou répondent n’importe quoi à cause de la confusion. On se connaît, mocheté ?
… Tu ne me reconnais pas ? ça ressemblait à une expression de choc, puis de frustration intense, mais la vieille mutée avait un peu de mal à le déterminer, à 10 mètres de distance. C’était plutôt bon pour elle si cet adversaire était du genre émotif. Ceci dit, son expression changea encore, pour une sorte de … Joie malsaine. Ça c’était moins bon. Ceci dit, j’ai pas mal changé, grâce à toi … Est-ce que « John Grimaldi » te rafraichis la mémoire ?
… Non. Même sans la gueule en vrac …
Tu m’as CHANGE EN CA ! TU AS TUE MA FAMILLE ! Oh, revoilà la colère. Et un motif pour son attaque. La petite tueuse se fit craquer la nuque en penchant la tête sur le côté. Le tintement dans ses oreilles s’affaissait enfin.
ça sonne à peu près aussi précis que « j’habite san francisco » ça mon bon John. Si tu as été une de mes cibles, donnes-moi une année, un mode opératoire …
Très bien, très bien … Il y a 12 ans de cela. Tu t’étais planté en plein milieu du pont de Durdevica Tara alors que ma femme conduisait. Tu as pris ma voiture, et l’a balancé dans le vide.
Ooooh, ça … Et bien tu vois que tu peux faire précis. Et tu as survécu à la chute ? Tu sais que ça n’avait rien de personnel ?
J’ai tout perdu dans l’incendie au bas de ce pont …

La petite tueuse, un peu blasée, songea à répondre qu’elle en l’en avait pas lancé pour qu’il survive, à la base. Mais quelque chose d’autre attira son attention. Pendant qu’elle avait passé ce temps à lui parler pour le distraire, chopper des infos et reprendre petit à petit ses esprits, le béton autour d’elle s’était mis à vibrer. Dans un périmètre bien plus large que la précédente attaque. Elle n’eut que le temps de commencer à bondir vers l’arrière que l’asphalte se regroupait, et formait un genre de pilier qui « poussa » dans sa direction, et la percuta en plein torse avec assez de force pour l’envoyer voler vers l’arrière. Le choc fut suffisant pour lui couper la respiration : elle était presque certaine qu’une personne normale aurait juste vu le contenu de son thorax expulsé par son dos en formant une jolie explosion écarlate. Mais pas elle. Elle allait juste avoir mal aux seins et aux côtes pendant les prochaines heures, voir jours.

Si elle n’eut pas vraiment le temps de voir ce vers quoi elle se dirigeait, elle eut en revanche le réflexe plutôt pertinent de se rouler entièrement en boule, tête à la fois entre les genoux et les bras, et de se préparer à l’impact. Ce dernier ne fut pas aussi court ou violent que ce qu’elle avait anticipé, ceci dit … Dans un premier temps, elle passa à travers le volet électrique d’une baie vitrée, qui se déchira autour d’elle. A travers la baie vitrée qui se trouvait juste derrière aussi, mais le verre offrait beaucoup moins de résistance. Du fait de sa position, elle percuta / roula sur le plancher, rebondissant légèrement … Pour pulvériser une étagère. Laquelle n’était visiblement pas la fin de son trajet, puisqu’après avoir traversé cette dernière, elle dégringola le long d’un escalier, jusqu’à frapper un mur qui se trouvait face au pied de ce dernier. Dans la mesure où elle n’avait pas vu grand-chose, il lui fallut quelques instants pour réaliser quelles étapes son trajet comportait … Qui possédait une étagère devant un escalier ? Genre, juste avant la première marche du haut de l’escalier ? Se dépliant et se relevant lentement en se massant le ventre, elle plissa les yeux, cherchant à comprendre ce que cet escalier couvert de livres faisait là …

N-NE BOUGEZ PAS ! OU JE VAIS TIRER !

Décollant les yeux du trou lumineux situé en haut des marches qu’elle avait provoqué, la petite tueuse tourna lentement la tête vers l’obscurité ambiante dans laquelle était plongée la pièce. Enfin … Il y avait une lumière ici aussi, plusieurs même. Mais les néons n’éclairaient clairement pas aussi bien que le soleil. Il lui fallut quelques secondes pour distinguer ce qui la braquait avec un revolver, à quelques mètres de là. Un homme, en surpoids évident. Probablement d’origine hispanique. Ses tempes étaient grisonnantes, et ses mains tenaient un pistolet qui n’y semblait pas réellement à sa place, vu comment il tremblait … La tueuse grimaça. C’était un coup à ce qu’il la flingue sans faire exprès, juste à être trop crispé sur la détente. Le reste de la pièce était étrangement aseptisé : peu de lumière, un bureau dans un coin avec un ordinateur, une ou deux étagères. Aucune décoration. Et dans un coin, une fontaine / lavabo avec un miroir.

Pas la peine d’en arriver là. Écoutez, j’ai … Pas fait exprès de tomber dans … Peu importe si c’est votre chambre ou je ne sais quoi, je vais ju-
FOUTAISES ! Je … Je sais que vous êtes là pour moi ! Sinon comment vous auriez trouvé l’entrée à cette pièce ?
La grimace de la tueuse miniature se changea en moue exaspérée, accompagnée d’un soupire audible et d’un roulement d’yeux qui ne pouvaient rendre son état d’esprit plus clair. Vous avez vraiment l’impression que j’ai fait exprès ? Je ne sais pas si vous avez remarqué les morceaux de planches et les bouquins sur les marches, mais j’ai pas « trouvé » votre entrée secrète, je suis passé à travers. On m’a fait passer à travers, pour être exact. Et aussi la fenêtre de votre salon.
Hun hun, « o-on » vous a fait traverser tout ça, mhh ? Il va falloir me donner plus convaincant, si vous voulez éviter de p-prendre une balle en pleine tête.
… Je n’ai ni le temps ni les compétences nécessaires pour vous « convaincre », mais par contre je résiste aux balles, et si vous ne détournez pas le canon de ce flingue, je vous assure que vous allez trouver l’idée de traverser des murs beaucoup plus réaliste très rapidement.

L’homme hésita. Blouses, chaussures de sécurité, lunettes de protections autour du cou et des gants de plastique qui dépassaient de la poche … C’était visiblement un scientifique d’un genre quelconque. Ça collait bien avec le fait qu’il tenait son arme à feu comme si cette dernière allait s’enfuir à tout moment. Il eut la présence d’esprit de détourner son arme de la petite tueuse, ce qui était plutôt une bonne chose. Un bruit de déchirement atroce parvint du sommet de l’escalier : visiblement, « quelqu’un » venait de réduire le volet métallique (ou ce qu’il en restait) en charpie pour passer à travers. La petite tueuse avait peu de doute sur qui. Le scientifique, déjà mal à l’aise, eut l’air terrifié : la couche généreusement arrondie de graisse - bleuie par une barbe mal rasée - qui masquait les formes de sa mâchoire et de son menton s’était mise à trembloter.

Que … Qu’est-ce que c’était que ça ?
« on ». Soupirant une énième fois, mais remarquant que l’homme avait finalement abaissé son flingue en regardant dans la direction générale d’où était venue le bruit, elle s’approcha de lui d’une démarche raide et lui arracha le revolver des mains. L’homme sursauta une nouvelle fois et fit un pas en arrière. Les pétoires ça a vraiment pas l’air d’être votre truc. Je garde ça.
Je ne te pensais pas du type à te planquer pendant un combat, Vergetelheid ! Deux coups et tu as déjà besoin d’une pause ?

La petite tueuse se détourna du scientifique pour pivoter vers le haut de l’escalier, d’où venait la voix qui venait de parler. Un instant plus tard, une silhouette anormalement large passa dans la trouée lumineuse, et prit une seconde ou deux pour observer son nouvel environnement, tandis que la petite tueuse essayait de saisir ce qui se passait. John s’était fait un genre de golem … ? Non. Son alter fonctionnant plus ou moins au contact, il s’était tout simplement entouré d’une armure de béton, qu’il faisait bouger en permanence en accord avec ses mouvements. Le défiguré eut un mouvement au niveau du bras, et une pièce de son armure fut propulsée sur la petite tueuse, qui n’eut que le temps de lever les bras pour se protéger le visage. Un projectile ayant la forme de la cognée d’une hache, mais composé de béton, lui percuta les avant-bras, la faisant glisser sur le sol de plusieurs centimètres sous la force de l’impact. Le coup avait été si violent qu’elle avait senti ses os se tordre pour dissiper l’énergie de l’impact, et elle n’était pas certaine que sa peau et ses muscles avaient pu résister au « tranchant » du bloc. Si elle avait touché sa tête directement, cette attaque aurait peut-être été suffisante pour lui faire fermer boutique définitivement … Mais plutôt que de réfléchir à tout ceci, la tueuse leva simplement le bras pour viser, et tira. La première balle du revolver percuta le milieu de la « plaque » de béton qui protégeait le visage du manipulateur de pierre, qui tituba. La seconde trouva une des fentes destinées à ses yeux. La troisième acheva le boulot et traversa la plaque en la fendant totalement.

La silhouette de pierre tituba un instant, puis s’écroula sous son propre poids, dévalant l’escalier en défonçant quelque peu les marches. La petite tueuse patienta un instant, puis s’approcha du corps. Visant la tête, elle tira deux coups supplémentaires, regardant la pierre éclater et, chose peu commune, saigner. Appuyer sur la détente accentuait la douleur dans ses avant-bras … Il fallait espérer que les tendons n’étaient pas trop atteints. Lorsqu’elle fut certaine que son ancienne cible ne serait plus un danger pour personne – et surtout pas elle-même-, elle se tourna de nouveau vers le scientifique. Ce dernier s’était reculé dans la précipitation, et en était tombé sur les fesses.

La puissance de feu de ce revolver est ridicule, vous en êtes conscient ? Je veux dire, il est chambré en calibre 50, mais en sachant ça les tirs ont un de ces reculs … Le barillet fait bien deux ou trois centimètres de plus que la moyenne, d’ailleurs …
Ah, heu … c’est … je … Peut-être, oui … C’est un ami qui me l’a donné … En me disant que dans un monde avec des alters de protection, on était jamais trop puissants en termes d’armes à feu … Je ne sais pas où j’ai rangé les balles, si vous voulez les voir …
Pas vraiment. Purement par paresse, elle tira la dernière balle dans le corps à côté d’elle, puis lança l’arme à son propriétaire. Elle grimaça en regardant le dos de ses avant-bras … Le tissus en fibres de carbones de ses manches avait résisté à l’impact, mais il y avait du sang qui passait un peu à travers. La petite tueuse ne savait pas si c’était assez pour stimuler son alter, mais elle était bonne pour des bandages et un quotidien désagréablement douloureux pour les prochains jours. Bon, sur ce … Je vous souhaite une bonne continuation et tout le bordel. Oh, et New York est libre au passage.
Ah, vraiment ? C’est … comment le savez-vous ? Depuis quand ?
La petite meurtrière se mit à monter les marches avec lassitude, grommelant un « deux heures. » dans sa totale absence de barbe.

Il y eut un instant de silence alors qu’elle montait les escaliers. Ce « combat » n’était ni surprenant, ni particulièrement extraordinaire pour la petite tueuse. Mais il la laissait fatiguée, blessée, et avec une seule envie : rentrer chez elle lécher métaphoriquement ses plaies. Elle ne se sentait même plus la motivation de chercher un équipementier, comme elle en avait le projet à l’origine. Et encore moins de poser des questions sur l’endroit dans lequel elle avait été projetée par inadvertance.

Oh, attendez un instant. Il vous … a appelé Vergetelheid, tout à l’heure, n’est-ce pas ? c’est bien vous ?
Le fait que l’homme avait parfaitement réussi à prononcer son prénom du premier coup fit s’arrêter la petite tueuse. Devant elle, la lumière de l’ouverture, qui conduisait à l’extérieur, la liberté … mais elle s’en détourna pour observer le scientifique. Oui. Et ?
Et bien je … J’ai beaucoup entendu parler de vous. D-dans le cadre de mon travail, je … collabore énormément avec des gens qui officient dans le même milieu que vous.
Oh, vous êtes un criminel. La pièce secrète, le manque d’envie d’être découvert et le flingue m’avaient pas mis la puce à l’oreille.
Il s’agit de mon laboratoire … Je suis plus dans la recherche et développement que « l’action » pure et dure, comme vous.
Encore un point qu’elle avait deviné sans trop de mal … Elle lâcha un léger soupire. écoutez, je suis … Pas vraiment d’humeur à tailler le bout de gras.
Oh, non, bien sûr … c’est juste … J’ai de quoi faire des soins, ici. Vous ne voudriez pas que je vous désinfecte, et que je fasse un ou deux points de suture ? Et si vous permettez, j’aimerais aussi vous faire une … Proposition.


La lumière, la liberté … Ou le labo planqué tout sombre et en bordel. La tueuse soupira une nouvelle fois, et regretta aussitôt de commencer à redescendre les marches. Mais les médecins illégaux ne courraient pas les rues, et tant qu’à faire, vu qu’elle était déjà sur place … Le scientifique se détourna en voyant qu’elle le suivait, et l’invita à passer avec lui dans une autre pièce. S’y trouvait une table d’opération, sur laquelle il tira une large feuille de papier / tissus d’un rouleau qui se trouvait d’un côté. La petite tueuse appuya avec la main sur la surface tiède. C’était recouvert d’un « coussin » étanche mais souple … mais elle testait surtout la solidité de la structure.

Oh, cela devrait soutenir votre poids, ne vous en faites pas … Enfin, tant que vous ne vous mettez pas sur une main, en tout cas.
La petite leva un sourcil. Son expression était à mi-chemin entre l’irritation, l’énervement et la suspicion. Vous avez une idée de combien je pèse ?
De ça, et de nombre d’autres choses. Je dirais dans les deux quintaux, environs ? Ce n’est pas dur à deviner quand on vous voit vous battre sur des enregistrements ou autres : vous avez un momentum terrifiant, quand vous êtes lancée. Enfilant une paire de gants qu’il tira d’une boite, le médecin déposa une valise sur le banc, et attendit que la petite ne se soit assise pour lui prendre les avant-bras, ouvrir ses manches … Et grimacer légèrement en voyant sa peau. Je suis surpris que vous n’ayez pas hurlé de douleur, tout à l’heure.
Si vous en savez un peu sur mes pouvoirs, ça ne devrait pas vous étonner pourtant.
On peut résister à des impacts de balle et avoir des terminaisons nerveuses fonctionnelles … Vous sentez encore la douleur ?
Hm.
Elle vous l’aurait indiqué, mais il va falloir éviter les efforts physiques intenses dans les prochains jours, si vous voulez que vos muscles cicatrisent correctement.
Probablement. La demoiselle russe cherchait à retenir une grimace, alors qu’il nettoyait les plaies, les désinfectait, et s’assurait qu’elle n’avait pas besoin d’une opération lourde. Il se saisit d’une seringue dans sa valide, et piqua directement dans les plaies : la douleur s’atténua très rapidement … Heureusement que les anesthésies locales n’étaient pas des médicaments contre lesquels son alter l’avait immunisée. Donc … C’était quoi cette proposition, monsieur … Monsieur ?
Flores. Dominique Flores … Ou Domingo. Et ma proposition … Bah, parlons d’échange de bons procédés. Je recherche, conçois et développe des solutions à des problèmes de nature physiologique que rencontrent des super criminels, en grande partie grâce à des connaissances dans le domaine de la biologie ou de la robotique, entres autres.
Et en anglais ?
Hmf. Je pratique des opérations chirurgicales plus ou moins lourde sur des super criminels pour les doter de modifications et autres implants qui leur donnent un avantage en combat.
Et bien voilà, c’était pas si compliqué. Mais je ne suis pas intéressée.
Le scientifique, qui avait fini de lui bander le bras gauche, eut un large sourire, se retenant visiblement de rire. Je n’ai pas de doutes : vous êtes déjà largement assez mutée sans avoir besoin de mon aide. Il est d’ailleurs assez exceptionnel pour un alter de provoquer des bouleversements si profonds chez un individu, et d’ensuite les laisser en place de façon définitive.
Je serais curieuse de savoir où vous avez appris tout cela sur moi …

Le ton était si glacial que le scientifique, qui venait de finir le 2nd et dernier bandage, s’arrêta avec les ciseaux ouverts à côté du rouleau. La petite russe lui jetait par ailleurs un regard qui fit rater un battement à son cœur. Il referma cependant les ciseaux avec un son caractéristique de tissus coupé, et termina comme si de rien n’était, montrant une maîtrise de lui surprenante.

Dans notre milieu, n’avons-nous pas tous nos contacts, informateurs, et petits dossiers ? Qui plus est, comme je vous l’ai dit, je me suis grandement intéressé à votre cas : vous êtes un peu la quintessence de ce que mon travail cherche plus ou moins à produire … Sans avoir besoin de mon aide. Mais à part cela, de nombreuses vidéos de vos combats circulent, lorsqu’on sait quoi chercher et où. Plusieurs tentatives d’interpellation des forces de l’ordre montrent que vous n’êtes pas du tout affectée par une suppression temporaire de votre alter … Et à côté de cela, votre apparence n’est pas la même qu’il y a 40, 60, ou même 100 ans, même si les archives deviennent de plus en plus dur à trouver avec l’éloignement. Avec mes capacités … ah, oui. Mon alter à moi m’offre des moyens d’interprétation, de stockage et d’analyse des données totalement unique, totalement au-delà de ce qu’un cerveau humain normal peut faire. Avec mon esprit d’analyse donc, il n’est pas très dur de percer votre … « fonctionnement » à jour. Mais ne vous en faites pas : ce genre d’informations, je préfère le garder pour moi.
Bonne idée. Je n’ai aucune envie qu’on ébruite plus que nécessaire ce que je suis.
La mafia russe m’avait déjà donné un avertissement similaire, lorsque je les avais questionnés à votre propos. Ma proposition était un peu dans cette nature d’ailleurs : j’aurais aimé pouvoir effectuer des tests sur vous et votre organisme.
Je vais faire semblant de ne pas être profondément dégoûtée par l’idée en elle-même. J’y gagne quoi, moi ?
hmm, ça ne m’étonne pas … et potentiellement beaucoup de choses. Je pourrais développer des stéroïdes temporaires adaptés à votre morphologie et à vos capacités déjà hors norme. M’assurer que vos mutations, comme une évolution de votre système immunitaire par exemple, ne sont pas une potentielle bombe à retardement qui vous donne, pour le dire crument, un « ultra-cancer ». Ou juste, connaître un peu mieux votre anatomie histoire de faire fabriquer du matériel médical adapté, si besoin. Car si je ne me trompe pas …

Prenant un scalpel hors de sa trousse, le scientifique posa la lame sur une zone dégagée, mais « saine » du bras de la petite tueuse, qui ne résista pas le moins du monde. Il appuya … Jusqu’à ce que la lame ne soit éjectée du manche en plastique, sans avoir réussi à couper la peau. La petite tueuse la rattrapa au vol afin d’éviter qu’elle n’aille se ficher quelque part ou ne retombe sous un meuble, et soupira … Après tout, elle était venue pour trouver un équipementier, et ce type semblait tout à fait capable de lui fabriquer ce qu’elle désirait, plus ou moins … Elle pouvait toujours négocier certains aspects de leur partenariat plus tard.

écoutez Dominique, je ne peux pas vous promettre que je donnerais mon consentement pour chaque test possible et imaginable … Mais je suppose qu’on pourrait trouver un accord. A côté de ça … Comme je vous l’ai dit, New York a été libérée. La barrière qui bloquait la ville a fait « pouf », et l’armée et de nombreux héros survivants sont en train d’écumer les rues. Pour le moment, ils s’attèlent sûrement majoritairement à démanteler autant que faire se peut le groupe de big bang, ou neutraliser les voyous qui évoluaient en liberté dans les rues, mais une fois que ce sera fait … Si vous étiez d’humeur à changer de paysage après avoir passé 3 mois isolé dans ce trou, j’ai une offre à vous faire. Je vis à Starfish, et j’aurais probablement assez de place pour vous héberger vous et certaines de vos installations. Ce ne sera pas aussi secret, bien équipé ou décoré qu’ici, mais ça vaut sûrement mieux que d’être découvert par l’armée, non ?
ah … Je pensais effectivement quitter New York de toute manière. Peut-être pas pour un lieu aussi proche, mais Starfish n’est pas une mauvaise option en soit … Mais … Je ne peux pas quitter ce laboratoire. Pas tout de suite en tout cas, j’ai un projet en cours.
Vous ne pouvez pas juste … Emporter votre ordinateur et vos dossiers avec vous ?
ça ne suffirait pas. Comme je vous l’ai dit, j’ai un … Projet, très délicat, en cours. Je ne peux déplacer les installations dont il dépend, pas tant qu’elle n’a pas été totalement achevée.
… Elle.
Il. Tant qu’il n’est pas totalement achevé, ma langue a dû –
Vous êtes en train de travailler sur une femme ? Le scientifique marqua une pause, puis eut un rire embarrassé. La petite tueuse haussa les épaules. Vous m’avez dit que vous aviez pour habitude de … « d’augmenter » vos clients ». ça n’aurait rien de surprenant.
Je suppose … Oui. C’est une jeune femme … Actuellement dans une condition stable, mais pour son bien, il vaudrait mieux la laisser ici. Avec moi, bien entendu.
Puis-je la voir ?
Une fois encore, le scientifique accusa un petit silence de stupeur, avant de hocher la tête. Non. Ce ne serait pas très … Enfin …
Quel problème pourrait-il y avoir ? De la nudité ou du sang, si vous étiez en train d’opérer ? Enfin je suppose que vous ne l’étiez pas, si vous avez pris le temps de me faire ce bandage. Quant aux deux éléments mentionnés avant, ils ne me dérangeraient nullement. Oh, et … Je vous promets de ne pas chercher de crosses à une éventuelle rivale, si c’est de cela qu’il s’agit. J’ai tout de même assez de jugeote pour cela. Pas assez pour essayer de voler un concept de prototype ou le reproduire ceci dit, si cet aspect-là vous fait peur.
Et bien, je … Constate bien que vous essayez de vous montrer rassurante.
Disons que je suis curieuse. Je veux dire, je n’invite pas tout le monde à loger dans l’appartement en dessous du mien pour un potentiel partenariat professionnel, j’aimerais savoir ce qui vous retient. D’ailleurs, l’offre n’expirera pas de sitôt, si vous pensez bouger après avoir terminé votre « projet » … Mais en attendant, je peux la voir ?
Bon … mais ne vous attendez pas à pouvoir discuter ou autres.

Ce n’était pas « juste » la curiosité qui poussait la petite tueuse à se montrer aussi pressante : elle avait l’impression qu’il lui cachait quelque chose, ce qui n’était pas une bonne chose. Elle était habituée, en tant que tas de muscles sans cervelle, à ce qu’on ne lui donne pas tous les aspects d’une situation ou d’un plan dans lequel elle était impliquée. Et ça ne la dérangeait pas … Tant que lesdits aspects ou autres ne l’impactaient pas. La façon dont cet homme cherchait maladroitement à lui cacher quelque chose, en revanche, n’inspirait pas confiance. Et elle n’était pas encore assez stupide pour établir un partenariat avec quelqu’un en qui elle n’avait pas confiance. Certes, à la base, elle avait pensé à –forcer- un équipementier à la suivre, pour quelques projets qui seraient rapidement réglés, après quoi elle aurait relâché la personne dans la nature. Mais si c’était fait de bonne grâce de la part de quelqu’un qui était volontaire, c’était mieux … Mais ça venait avec quelques mesures de prudence supplémentaire.

Ils passèrent à une troisième salle, dans laquelle la lumière était à l’origine éteinte, mais qui était pourtant éclairée d’une étrange lueur verte. Mettant fin à cette atmosphère étrange, Dominique poussa l’interrupteur vers le haut du dos d’un doigt, et soupira. L’ancienne source lumineuse n’était pas cette espèce d’énorme tube de plexiglasse qui se trouvait dans un coin de la salle : ce dernier était juste rempli d’un liquide plus ou moins translucide, qui diffusait de façon très uniforme de nombreuses petites diodes vertes qui se trouvaient sur un appareil de mesure, juste derrière. En s’en approchant, la petite tueuse sentit comme une pierre lui tomber dans l’estomac. Un sentiment la nouant aux trippe, du genre dont elle avait oublié l’existence. Traînant un peu des pieds, se laissant aller à sa contemplation, elle ne remarqua même pas qu’elle posait la main sur la surface lisse et transparente, scrutant sans y croire.

C’était effectivement une femme. « Sans nul doute » une femme, vu sa poitrine ample et ses longs cheveux noirs … Et pourtant, la petite russe doutait. Un corps anthropomorphique, que mutation ou alter avaient rapproché du requin. Cette partie-là, Vergetelheid pouvait très bien l’accepter, le comprendre. En revanche … Les membres étaient mécaniques. Tous, de ce qu’elle pouvait voir. Plus un centimètre carré de chaire en dessous des genoux et des coudes. Des tubes, trop nombreux, étaient branchés directement entre ses côtes, dans des orifices qui ne pouvaient être naturels. Un nombre de cicatrice un peu trop élevé parcourait d’ailleurs sa peau, de même que des sortes de marques étranges, rouges, mais pas parce qu’elles étaient couvertes ou même traversées par du sang. Elle avait deux « cornes » dont l’aspect n’avait rien de naturel. Et ses longues mèches noires, légèrement bouclées et flottant de façon inerte dans le liquide, ne parvenaient pas à masquer deux « yeux ». Écarlates. Parfaitement cylindriques. Légèrement brillants. Qui ne cilleraient jamais. Détournant un peu les yeux, la petite rousse tomba sur une pochette, un dossier déposé non loin du tube … Elle s’en saisit et l’ouvrit, y trouvant entres autres des photos. Toutes étaient de la demoiselle qui se trouvait dans ce tube, mais … « avant ». A une époque où elle ne portait pas encore toutes ces augmentations … La plus vielle image montrait à la fois une jeune femme plus jeune, mais surtout, bien vivante … « normale ». La suivante, quelqu’un qu’on avait presque tabassé à mort … La même personne. Une autre … La petite brute n’était pas sensible au sang ou à la violence, mais il lui fallut un instant pour comprendre ce qu’elle observait, et le … « digérer ». Plus de chaire sur les flancs. Tant de tubes, qui rentraient directement dans son corps. De partout. Son visage était branché à une sorte de masque. Elle baignait à l’époque déjà dans la solution dans laquelle elle était actuellement immergée. La tueuse referma le dossier.

Je savais que c’était une erreur de vous la montrer. Elle n’est pas … destinée à sortir de là avant les prochaines semaines, il faut encore … Un peu de travail.
Elle n’a pas été mise dans cet état de son plein gré.
Ce n’était … pas loin d’être un cadavre lorsqu’on me l’a confiée. Une telle barbarie … J’ai presque fait plus pour la sauver que pour l’augmenter.
La tueuse cligna lentement des yeux … Avant de poser la pochette brune, et de pivoter. Son ton resta, étrangement, cordial, plat. Vous … L’augmentez ? Dans quelle … mesure ? Pourquoi ?
Et bien, parce qu’on me l’a demandé. Son corps sera bien loin au-dessus de l’humain lambda, une fois que j’en aurais fini. Et à part cela, et bien. Son alter était intéressant. C’est la seule raison pour laquelle elle n’a pas tout simplement disparu sans laisser de trace … L’histoire de cette fille n’avait pas une fin heureuse. Mais les … modifications qu’elle a subi décupleront son ancien potentiel à un point fantastique. Mon employeur, qui m’a … Me l’a fournie, a payé pour s’en assurer. Je travaille sur elle depuis près de 6 mois désormais … Le blocus m’a bien sûr posé problème, mais j’avais déjà tout le matériel qu’il me fallait, alors … En faisant un peu comme je pouvais pour m’alimenter et survivre, j’ai continué de travailler sur elle. Qui sait, si vous n’aviez pas libéré New York, elle en aurait eu le potentiel … Je pense. Enfin. En attendant, je vais devoir …
Libérez-la.

Le scientifique, qui cherchait une suite à sa phrase d’origine, fronça les sourcils. Il n’en avait clairement aucune intention. Se frottant la mâchoire et grattant un peu son début de barbe, il soupira.

C’est un drôle de moment pour développer une conscience, Vergetelheid. Mais je ne peux pas. Mon employeur serait furieux si je lui fournissais un travail incomplet. Elle n’est pas encore au niveau attendu en termes de résistance, de puissance … à vrai dire, ell-

Dominique n’eut pas le temps de finir sa phrase que la queue de la petite brute, se pliant pour former un crochet, lui tirait les deux chevilles vers l’avant et le faisait lourdement chuter sur le dos. Marchant à côté de lui, la petite tueuse leva le pied, et l’abattit avec violence juste à côté de sa tête. La puissance du choc fit trembler tout l’étage, murs et plafond compris, et laissa un impact profond dans le plancher. Se penchant lentement, la petite tueuse pencha légèrement la tête sur le côté.

Je pense m’être mal fait comprendre. Vous semblez avoir saisi que je vous demandais un service … C’était un ordre. Elle pourrait vivre, si vous la laissiez partir maintenant ?
P-probablement, mais elle-
Je me fous de la puissance que vous voulez lui donner et autres éléments du genre. Encore plus de votre client. Lui n’est pas là, moi, si. Maintenant faites-la immédiatement sortir de cette cuve, ou je vous fait éclater le crâne comme un putain de grain de raisin sous une bétonneuse.
… Si elle ne survit pas, ce sera de votre faute.
Si elle demande à ce qu’on l’achève, ce sera avant tout de la votre.

Dominique n’argumenta pas plus : les deux yeux rouges de la petite tueuse, presque plus que son discours, lui laissaient très bien comprendre qu’elle prendrait toute forme de tergiversation supplémentaire comme un refus. Se relevant avec quelques difficultés, il boita jusqu’à l’ordinateur portable qui était posé sur un bureau, à un mètre ou deux de la cuve. Dans cette dernière, le niveau de liquide baissa progressivement, mettant progressivement à l’air libre le corps de la cobaye … Une fois la cuve vide, le plexi glace pivota pour s’ouvrir. Le scientifique ouvrit une mallette non loin de là, et récupéra quelque chose à l’intérieur, tout en faisant signe à la petite tueuse de s’approcher de la cyborg.

Elle va se réveiller ?
Pas d’elle-même. Transportez-la dans la salle où je viens de vous soigner.

Un instant, la petite tueuse pensa à un piège … Mais en voyant la façon dont le docteur attendait qu’elle s’exécute, elle finit par s’exécuter. Le corps était à peine tiède. Chose qu’elle réalisa seulement en glissant ses mains contre : le dos de la demoiselle était toujours en charpie. Ne commentant pas, elle changea de pièce avec le scientifique, qui lui pointa la table d’opérations en lui demandant de l’installer sur le ventre. Lui s’approcha d’une énorme caisse qui se trouvait dans un coin de la pièce, l’ouvrit, et y inséra l’objet qu’il avait récupéré un peu plus tôt.

Aussitôt, un bruit étrange, métallique, se fit entendre. Une énorme machine qui se mettait en route. Sortant de la caisse, ce qui ressemblait à un requin noir se déplia lentement … Et se mit, tel un serpent colossal, à ramper sur le sol. Un instant, la petite tueuse pensa qu’il avait activé une sorte de système de sécurité pour l’affronter, mais il s’avéra rapidement qu’il n’en était rien : la créature artificielle se rapprocha de la table, et se contenta de « poser » le bout de sa queue sur le dos de la femme requin. Vergetelheid grimaça légèrement. Le bout en question était plat, mais hérissé de pics, de visses et de câbles qu’elle vit très nettement s’enfoncer dans les chaires à vif et dans quelques embouts métalliques prévus à cet effet. Les quelques lumières rouges qui illuminaient le serpent grésillèrent. D’autres s’allumèrent sur le corps de la requine … Puis, la cyborg et le serpent semblèrent tous deux s’éteindre. La petite tueuse fronça les sourcils, et se tourna vers la seule personne qui savait ce qui se passait.

C’était quoi, ça ?
Jonathan. Même s’il ne répond plus à ce nom … C’est un … « composant » indispensable. Il permettra à la fille de mettre en lien ses augmentations et son ancien corps, et utiliser le tout de façon naturelle. Sans lui, elle ne pourrait pas vivre. Et lui vivra à travers elle.
… Le serpent s’appelle Jonathan … donc il s’agit également de quelqu’un.
Il s’agissait.

La petite tueuse baissa les yeux. Non loin d’elle se trouvait un zippo, dont la coque métalllique semblait usée, mais encore résistante. D’un geste, elle s’en saisit. D’un autre, bien plus brutal, elle le lança. Le « briquet » percuta le front de Dominique en son milieu, et s’y enfonça avec un craquement atroce. Le scientifique tituba et chuta, trébuchant sur le rebord de la caisse et tombant à l’intérieur. La petite démone souffla profondément … Et chercha à tout prix à calmer la rage qui bouillonnait en elle.

Où s̶͇̬̦͈͉̋̅͛͐͊̚͝ù̴͕̮̺͕͆̕͜͝ḯ̴̼͔̳̹͙̮̩̣̭̭̃̾̓̾̈́̂s̷̢̱̱̙̱̙̭͂̏͑̏̈́̃͗̒̏-je. Quel est cet endroit.

La voix semblait aussi peu naturelle que possible. Se tournant vers la table d’opération, Vergetelheid vit la cyborg, qui se redressait lentement, observant son environnement avec une expression neutre. La façon dont elle parlait … les mots étaient difficilement compréhensibles. Espacés. Sans intonation. Puis les deux lentilles se posèrent sur la petite tueuse, qui soupira.

Ce … N’est pas très important. On va … te trouver des vêtements, et partir d’ici.

La cyborg ne protesta pas. Alors la petite tueuse prit les choses en mains. Remontant dans l’appartement, elles trouvèrent une tenue de dominique qui pourrait lui aller : un T-shirt, un pull rouge, un vieux jean … Et une blouse, un peu large, mais qui convenait à la femme machine. Cette dernière semblait aussi faible qu’un nouveau-né. Ses gestes manquaient de vivacité, de force, même s’ils restaient précis et minimalistes. Le serpent était en revanche un léger problème : il semblait mort. La petite tueuse dû le porter / trainer, la plupart du temps. Menée par la petite tueuse, le duo insolite parvint à éviter de se faire voir en se dirigeant vers le port de plaisance. Là, plusieurs bateaux attendaient depuis des mois, des propriétaires qui parfois ne reviendraient jamais. L’un d’entre eux n’était ni trop petit, ni trop gros : la rousse le désigna comme la nouvelle demeure de sa … protégée. Elles ne quittèrent le port qu’une fois la nuit bien avancée.

*     *
*

Starfish n’était qu’à quelques centaines de mètres. La petite tueuse ne savait pas s’il était bien malin de jeter l’ancre aussi près, mais elle n’était pas calée en navigation et en lois maritimes … Cependant, elle voyait mal la cyborg se balader en ville pour la rejoindre dans son repaire. Enfin … au moins, elles étaient du côté des racines pourpres de big tree, ce n’était pas comme si on allait les repérer si aisément que cela depuis le rivage. Se frottant le visage dans ses mains, elle souffla profondément, cherchant à régler un problème plus immédiat. Ou plutôt, à cerner clairement une myriade de problèmes … Elle s’était installée sur la table, à l’intérieur du bateau, puisque la requine « augmentée » occupait l’intégralité du lit double à cause de sa gigantesque … queue.

Donc … Tu ne te souviens de rien. Pas de nom, pas de passé, pas … le moindre souvenir antérieur à ton réveil. Un hochement de tête négatif. Rien non plus quand à cette histoire de « Jonathan », mais tu as bel et bien l’impression d’entendre une sorte de voix dans ta tête. Elle est juste … Très faible, et difficile à percevoir. Un oui, cette fois. Quant à ton corps … Il est dans un état catastrophique, parce que tes … Prothèses sont reliées à ton corps, mais ni calibrées, ni parfaitement connectées, ni alimentées comme elles le devraient. C’est d’autant plus vrai pour ta queue, qui aurait besoin d’une source d’alimentation propre. Un autre hochement de tête de haut en bas. Et cerise sur le gâteau, même si c’est risible en comparaison du reste, vu que tu n’as plus de souvenirs … Tu n’as même pas de prénom.

La cyborg resta inexpressive. Comme à son habitude. Mais après une ou deux secondes de pause, elle hocha négativement la tête. Se redressant un peu dans le lit, elle prit une minute pour réfléchir … Avant de parler. De la même voix froide, sans intonation … Glitchée.

J̵̳͙̫̈͆̊̆̈́͗͐̋̈e n'ai plus de souvenirs. Mais j'ai des dossiers. Je suis le sujet numéro 42. être appellée ainsi me c̸̢̢͎̺̎̍̒͐́̀̃͛͘o̷̫͔̤͎͌͛̄̿͑̉̀̂͘n̵͉̞̭̮̫͂̆́v̵̬̒̔͊̕͝i̷̗͚̐͊̔̒͠e̴͎̙̠͔̭̱̅̔͒̿̄̚ņ̷̩̪̰̩̘̏̐͐̽͑̾͋̑̒t̵͕̽̈́͊͌̀̿̉͗. Et toi. Je sais que tu es le sujet numéro 1̵̧̳̰͎̫̭̐̕͝3̵̡̫̣̺̙͍̼̪̹̏̔͛̒͐͒͆͘̚͝.

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