Une journée comme une autre, levée au petit matin, avant même le chant du coq même s'il n'y en avait pas pour le moment sur le campus. Un peu d'exercices, elle fait sa toilette prends un repas un peu copieux pour tenir et a à peine le temps de faire un pas hors de sa chambre qu'elle finit au sol les quatre fers en l'air.

La responsable ? Une petite fille portant une robe simple, mais surtout des cornes, une queue et un air trop familier.

"Bonjour professeur Allen."

 Alors qu'elle est encore au sol, la petite fille lui tire l'oreille l'air contrarié et commence à se plaindre qu'on ne la voit que comme une professeur et pas une demoiselle et tout un tas d'aberrations au milieu d'un chouinage gênant. L'alter de cette personne est parfois une nuisance, mais pas que pour elle-même. Enfin soit, la demoiselle se relève, portant ce qui se rapproche le plus d'un uniforme et d'une tenue normale dans sa garde-robe et à un air étrangement calme au vu de son apparence un peu... Excentrique ?

C'est en tenant par la main une adulte qui a pris un corps d'enfant, enfin une partie d'elle ? C'est compliqué. Que Shea se rend vers le bureau des professeurs pour y lâcher la petite auprès d'une autre partie d'elle-même et voir si elle aurait des travaux particuliers à faire en plus de ses cours aussi. La matinée a été globalement calme, sortant d'une classe en suivant une professeur en tailleur et aux traits démoniaques tout en tenant par la main celle qui est venue presque l'agresser bien plus tôt et qui ne l'a pas lâchée du matin avant de disparaître d'un coup après s'être fait tirer l'oreille.

"Désolé, je peux être infernale parfois."
"Ce n’est rien professeur Allen."

Elles repassent dans les couloirs, faisant des saluts ou donnant des informations aux élèves et autres professeurs qui passent et allant tout droit vers l'administration. C'est sur place qu'on informe la demoiselle aux yeux artificiels qu'une élève arrivée le jour même avait oubliée une partie de ses affaires et surtout son passe d'entrer pour sa chambre.

Laissant la professeur à ses préparatifs pour son prochain cours, Shea par à la recherche d'une certaine Moira Odunson et demandes à ceux qu'elle croise où les trouver. Étant d'un physique remarquable, celle-ci n'est pas trop dure à suivre pour peu qu'elle ne cherche pas à se cacher en tout cas. Elle finira par la retrouver, en étant à bout de souffle puisqu'elle a couru tout le long ou presque, en fin de matinée au dortoir.

Elle s'est arrêtée près de l'élève en question, se tenant le côté et le mur de son autre main en tentant de reprendre son souffle. Une instant plus tard, quand finalement elle peut réaligner des mots sans risquer de tousser, elle inspire fort et observe la demoiselle. Shea à son regard qui vagabonde de bas en haut comme si ses optiques voulaient sonder la moindre parcelle de son corps visible. Elle a un sourire qui transpire son manque de confiance en elle, gênée, mais elle n'a eu aucun mouvement de recul ou donnée l'impression d'être incommodé par l'apparence de la personne en face d'elle.

"Mademoiselle Odunson ?"

Elle se rappelle alors ce qu'on lui a indiqué quand on lui a remis le badge, elle met sa main contre son visage dépité par sa propre bêtise. Elle inspire, expire, refait un exercice de respiration pour se calmer et observe sa consœur après s'être assurée d'avoir son attention. Elle commence alors à parler en articulant au maximum pour qu'elle puisse éventuellement lire sur ses lèvres et commence à essayer de communiquer dans un langage des signes... Au mieux bancale, mais très très approximatif. C'est un peu l'équivalente d'un enfant qui balbutie d'un air incertain, ce qui indique sans l'ombre d'un doute qu'elle à commencer à apprendre celle-ci que depuis peu de temps et c'est le cas. Le professeur Allen lui a ouvert les yeux sur beaucoup de manque qu'elle a, de carence, une de celles-ci est d'essayer de comprendre et essayer de rendre ses futures cours accessibles au maximum et ça comprend les sourds et muets.

Par contre... Elle ne se rappelle pas comment on signe un nom propre, est-ce qu'elle a lu ce chapitre au moins pour le moment ? Elle va devoir improviser...

"Bonjour."

Dans des signes affreux qui feraient honte à un enfant. Enfin, il faut bien commencer quelque part ! Elle prend les documents qu'elle n'a pas eus, ainsi que son badge et le lui tend avec un sourire plus amical, toujours manquant de force, mais plus ouvert.

"Désolé, je ne pratique que depuis peu. Je suis..."

Haha... Comment elle va se présenter... Peut-être un bon vieux carnet avec un crayon ou un stylo ? Perplexe face à son propre manque de réactivité, elle se gratte nerveusement la nuque. Proches comme elle l'est, ses lentilles ne cachent plus la nature de ses yeux, remplacés par des optiques dignes d'un android ou un cyborg de science-fiction visible à travers des lentilles rouges et noirs prévu pour les dissimuler au maximum. Pas plus que le haut de certains tatouages et cache-misère sur sa peau à l'apparence de plastique plus que d'encre rendant le tout un peu étrange.

La rencontre semblait des plus positives, en fait la plupart du temps les rencontres sont au pire tendues, mais plus généralement plus positive. Ce fut un des changements de son cadre de vie des plus agréable, il y avait, même pour d'excellentes raisons en général, bien plus de négativités et plus encore quand elle travaillait à l'hôpital. Même si c'était par nécessité en des temps horribles, si on avait dit des décennies avant qu'un hôpital emploierait une enfant de douze ans, aussi bien cadrée soit-elle, ça aurait fait un scandale.

Mais c'est derrière elle maintenant, même si pas tant dans sa tête et cette expérience lui aura au moins donnée de quoi faire ses premières armes et surtout assez d'échange divers avec d'autres personnes pour ne pas être complètement démuni même dans des cas plus... Unique ? À tort ou à raison, le fait qu'elle semble si émue, apprécier autant une personne qui ait fait un minimum d'effort pour aller vers elle et lui tendre métaphoriquement la main lui fait un pincement au cœur. Cela montre indirectement que c'est rare et en cette époque moderne et avec quatre-vingts pourcent de la population ayant des alter, dont une certaine partie de mutations ne devrait plus rendre des personnes aux physiques des plus uniques au banc de la société. Mais les problèmes d'antant n'ont pas fini sous le paillasson pour autant, ils ont juste mutés eux aussi et encore...

Bon, par contre il faut avouer qu'une fois droite elle est quand même grande la bougresse, genre plus qu'une grande majorité de toutes les personnes qu'elle a croisées depuis toujours. Ce n'est pas pour autant qu'elle a le moindre mouvement de recul, elle reste gênée, légèrement crispée, mais ça n'a rien à voir avec le physique et encore moins avec le handicape de l'autre demoiselle. Invitée à entrer, elle n'hésita pas un instant, c'était la première fois qu'une camarade l'invitée dans sa chambre et cette idée la fait légèrement glousser avant qu'elle ne se reprenne en espérant que cela soit resté assez discret.  

Moira allait ensuite faire un pas vers elle, lui tendre la main à son tour en utilisant un programme particulier via sa tablette. Adoucissant son sourire, Shea continue néanmoins de bien articuler, la regarder dans les yeux, enfin autant que sa taille plus modeste le lui permet, et de signer, mal, mais tout de même. Elle commence par se présenter puisqu’on le lui demande et qu'elle souhaite être polie.

"Enchantée."

Et elle l'est, mais pour des raisons qui n'ont pas tant d'importance au final. Ne sachant pas comment signer son nom et n'ayant pas eu la présence d'esprit de sortir un appareil électronique pour vérifier son manuel des signes, elle prend un cahier et écrit en gros sur une page en lettre capitale avant de lui tendre.

"Shea Wilson."

Il y a encore des trous, des étourderies et des mots qui manquent, mais elle a réellement les bases, mais au milieu de ses propres études, fonctions et apprentissages elle jongle entre trop de chapeaux pour une seule tête.

"Je suis aussi une élève depuis relativement peu de temps, la rentrée est déstabilisante de bien des manières, c'est une académie assez unique en son genre sur bien des points."

Les cours à la carte, le personnel, l'académie elle-même et ainsi de suite.

"Vu que tu es nouvelle, je vais t'indiquer comment rejoindre ma chambre et te donner toutes mes coordonnées."

Elle va chercher dans une poche une carte de visites avec toutes les coordonnées possible et imaginable, de son adresse à son numéro de téléphone en passant par son mail, comment la joindre sur Ukato et tout ce qui va bien.

"N'hésite surtout pas à me joindre à toute heure, de jour comme de nuit si tu as le moindre besoin, souci ou même simplement besoin de discuter."

Comme il y a des élèves de tout âge, le côté administratif peut-être parfois abrupt surtout quand on n'y es pas habituée, sans parler de tout le reste d'ailleurs. Il y a quelque temps, les rôles étaient inversés et c'est elle qui était nouvelle et perdue. Elle sombre un instant dans ses pensées, si bien qu'au moment de lui tendre la carte elle ne réfléchit pas trop. Elle s'approche et repensant à sa rencontre avec le professeur Allen est sur le point de faire comme elle. Si Moira n'a aucun mouvement de recul ou aucun comportement hostile à son approche, elle lui placera celle-ci dans la main... Si elle peut l'atteindre, avant de lui prendre celle-ci dans les siennes pour lui apporter un peu de chaleur et de réconfort, même si cette proximité pourrait être plus vue comme une intrusion. Dans tous les cas, même si elle n'est pas forcément totalement confiante, elle lui refera un grand sourire avant de dire sans pouvoir signer pour le coup...

"Bienvenue Moira, dans ton nouveau chez toi."

Tête de linotte qu'elle est parfois.

Shea reste patiente, elle-même est un peu maladroite et lente en signant, alors écrire surtout au vu des particularités physiques de sa camarade doit être une gageure et elle ne souhaite pas la brusquer. Ce n'est pas comme si elle avait la moindre raison d'être pressée en plus ,elle n'a rien de réellement prévu avant un bon moment et il est plus important de se soucier et guider une nouvelle élève quoi qu'il arrive !

L pauvre, Shea la trouve adorable, mais d'un autre cotée il y a tellement d'indice qui semble montrer que la pauvre a dû en voir des vertes et des pas mures qu'elle ne peut s'empêcher d'avoir un peu de peine dans le fond. Si c'est le cas, alors c'est à elle de tendre la main vers elle et s'assurer qu'elle se sente dans cette académie, chez elle ? Enfin, un chez soit agréable, lui permettant de s'épanouir en se sentant en sécurité, pas le genre de chez soi comme certaine peuvent le vivre dans divers endroit, New York par exemple...

Des larmes à la fois magnifique et malheureuse, qu'a-t-elle vécu pour être aussi émue ? Forcement, elle n'a pas pu manquer cela, mais aussi le fait que cela gêne sa grande amie, il y a toujours des gens qui ont du mal à afficher leurs émotions, elle ne peut pas vraiment lu ien vouloir elle est aussi ainsi. Décidément, à bien des égards elles se sont bien trouvées.

Finalement, la suite n'a fait que confirmer les craintes de l'apprentie professeur. Elle la laisse faire, puis la voyant pleurer, elle se place devant elle. Elle se met sur la pointe des pieds pour lui tapoter et lui caresser l'épaule. Elle attend qu'elle la remarque, en restant tout de même vigilantes, dans un état émotionnel comme le sien et avec un si gros corps, on n'est jamais à l'abri d'un accident malheureux et elle ne veut pas que le premier souvenir de Moira dans cette école soit de blesser une camarade. Tout en restant vigilantes, elle attire son attention, si elle y arrive, elle lui fait un sourire un peu gêné, mais amical et ouvre ses bras, tendus dans sa direction. Une manière de l'inviter sans un mot, à venir lui faire un câlin. Cela peut paraître idiot, mais parfois une simple éteinte peu être agréable.

Si Moira ne vient pas d'elle même et si elle ne fait pas signe de refuser cela, c'est Shea qui initiera celle-ci, la blottissant contre elle, la lovant contre son torse et son cou pour la garder contre elle tout en lui caressant les cheveux. Sans un mot pour des raisons assez évidentes, elle sait bien qu'elle ne l'entendra pas.

Quand elle sera calmée, au moins un peu, si elle l'est, elle veut lui montrer que ce qu'elle a vécu, ce que l'on peut deviner sur cette photographie en deux teintes ne se reproduira plus ou plutôt, que ça ne sera pas l'entièreté de sa nouvelle vie. Elle s'assure à nouveau qu'elle l'observe, quand elle sera calmée, et tout en lui sourient, elle vient lui toucher, lui caresser ses pattes. Une manière de lui démontrer qu'elle ne la dégoute pas, pas un instant. De la même manière, elle prend la main de Moira et pose ses griffes sur sa joue, insistant sans un mot sur le fait qu'elle est pour elle une personne comme une autre, pas une qui créer la peur, le dégout ou le rejet.

La demoiselle est assurément au meilleur endroit possible, avec tous les apprentis héros de cet établissement, il y a certainement un plus grand taux de personne ouverte d'esprit et consciente des barrières et difficultés des personnes ayant des handicapes ou des alter particuliers. Forcement, il y aura aussi des idiots, des imbéciles qui agiront mal, mais c'est aussi son rôle d'essayer d'aider au mieux cette nouvelle élève à s'intégrer dans son nouvel environnement.

Elle s'assure de pouvoir lui signer, lui dire en articulant bien dans son champ de vision quand elle reprend.

"Si tu as des soucis ou des difficultés, n'hésite pas à nous le signaler, à me le dire. Pas simplement parce que c'est la bonne chose à faire, mais parce que tu mérites autant de respect, d'égard et d'attention que n'importe qui d'autre."

Et il ne sera pas question qu'elle ne s'assure pas personnellement qu'elle puisse avoir accès aux cours qu'elle souhaitera et sera traité avec ni plus, ni moins de bonnes manières que n'importe qui. Si elle n'est pas encore professeur, c'est en tant que personne qu'elle le doit !

"Si tu veux pleurer, te plaindre ou simplement parler, je serais là pour toi."

Elle a évité de peu de dire qu'elle trouverait une oreille attentive, parfois, elle ne réfléchit pas assez...