Here comes the rain again
Falling from the stars
Mauvais temps, hein ? Les pensées de ce type affluaient dans l'esprit du jeune homme, tandis qui arpentait les rues de Starfish. C'était une journée pluvieuse, digne de ce début septembre. Le genre à contrarier les gens : inconfortable, mal pratique, la météo venait contrarier leurs plans et annonçait à demi-mot la véritable fin de l'été et de ses beaux jours ensoleillés. L'automne pointait le bout de son manteau gris.
Gris. Pour beaucoup, un ciel gris représentait l'absence de couleurs. Un tableau monochrome qui venait assombrir les paysages, jeter un vent froid et triste sur les corps et les coeurs. C'était l'humidité glaçante de la pluie que l'on ressentait jusqu'aux os, qui paralysait les commerces et appelait à une tombée du jour précoce.
Mais pas pour Sully. Le garçon, lui, avait toujours aimé la pluie. Le « mauvais temps » était pour lui le plus gracile, le plus riche. Quand son regard ambré se levait vers les nuages, il y voyait une multitude de nuances, de textures, un
contraste qui semblait doter son univers de plus de consistance et de relief que d'ordinaire. Il y voyait une luminosité nuancée, parfois éblouissante lorsqu'elle parvenait à traverser les nuages et à se réfléchir dessus. Le vent insufflait le mouvement et donnait vie au monde. L'eau de la pluie réfléchissait la lumière, faisait scintiller les surfaces et miroiter les couleurs. Quant à l'automne, il était rempli de couleurs chatoyantes. Les arbres, avant de se décharner pour l'hiver, revêtaient des parures or et fauve, jusqu'au rouge vif. Il aimait ces couleurs terreuses et chaudes qui se détachaient des teintes moins saturées de ces journées couvertes, mais aussi la chaleur d'un vêtement chaud qui bloquait la fraîcheur de l'air. L'automne était la saison des contrastes et des nuances, contenus dans un ensemble qui savait toujours rester harmonieux.
Le mauvais temps avait un autre avantage certain aux yeux du rouquin : les rues étaient plus calmes. Beaucoup préféraient rester au chaud, et ceux qu'il croisait dans les rues avaient tendance à se hâter vers leur destination. Il était si plaisant de se retrouver seul pour marcher et apprécier une journée tranquille. Cet après-midi-là, Sully se lança ainsi dans une longue promenade en solitaire. C'était une excellente façon de découvrir la ville sous un jour nouveau, et de partir en quête de nouveaux coins.
C'est ainsi qu'au détour de ses cheminements le jeune homme s'arrêta face à la devanture de ce qui semblait être un charmant petit salon de thé, étonnamment situé en plein coeur de Starway, le quartier le plus high tech de la ville. Intrigué par ce décalage, il songea qu'il s'agissait là d'un heureux hasard, et poussa la porte du commerce. Sans surprise, l'établissement semblait vide : les passants devaient se faire rare, par ce temps, et la journée tendait déjà vers sa conclusion. Dans la salle se trouvait uniquement un vieux monsieur, l'air affable, qui avait tout du propriétaire des lieux.
« Bonjour ! » s'annonça le garçon d'une voix posée, en retirant la capuche de son imperméable. Il jeta un coup d'oeil aux diverses boîtes de thé exposées, et décida de s'en remettre au commerçant.
« Je ne m'y connais pas très bien en thé, vous auriez quelque chose à me recommander ? »