Alix, d’un bon mètre soixante-six, a la silhouette fine aux formes standard. Cette jeune femme est dans la norme, sa peau beige tranche avec la chevelure blanche et sauvage. Dans la norme, et déjà belle pour son âge. Alix avait tout pour entamer une carrière dans la mode, le mannequinat, quelque chose qui la montre physiquement.

Ses cheveux sont longs et doux, d’un blanc neige parsemés d’une pointe de rouge au niveau de son visage. Nul ne saurait dire si elle est naturelle, ou artificielle. Les prunelles d’Alix sont d’un tout autre genre. Si leur couleur est vraisemblablement d’un mauve aussi pâle que perçant, interprétez ça comme vous voulez, la pupille ne va pas vous laisser de marbre. La plupart du temps, Alix arbore la fente d’un reptile plutôt qu’une pupille humaine, pour une simple préférence personnelle… Hélas, cela lui donne un air un peu plus perfide qu’on ne pourrait le penser. Ajoutez à cela ses petites oreilles pointues, et une langue souvent fourchue, et vous obtenez la personnification d’une vipère.

Ce n’est pas tout. Souvent déguisé en bois rouge sang, les cornes d’Alix ne sont ni plus ni moins que de l’os coloré de naissance. Enfin, il semblerait, car même elle a oublié à quoi elles ressemblaient à sa naissance. Ajouté à cela une queue écailleuse se terminant souvent par un plumeau rouge et blanc, et Alix vous semblera être une sorte de Kirin venu d’un temps ancien, à la fois d’un blanc pur et d’un rouge sanglant qui ne présage que la violence sur son passage. Et cela accorde un peu plus de charme à Alix.

Le tour est presque terminé. Alix arbore souvent des bras rouges, et colorés. Si cela peut ressembler à un tatouage, il s’agit là d’une altération physique légèrement modifiable par Alix, grâce à son alter, couplé, pour les couleurs, d’un tatouage. Le mélange du rouge et des couleurs a donné un ensemble un peu étrange. En cas de transformation, le tatouage se fond dans la masse écailleuse et disparaît alors que les couleurs des écailles prennent le dessus. Mais si Alix ne mute que ses bras pour obtenir des écailles, le tatouage semble se refléter sous les écailles, et bien qu’il soit flou, il reste visible. Le phénomène est compliqué à expliquer, mais c’est une scientifique histoire de derme, de chromatophore et d’épiderme.
Nous voilà enfin au dernier point. Si vous regardez la cuisse gauche d’Alix, vous y verrez un étrange tatouage rouge. Ce tatouage n’est autre que son “emblème familial”. Si sa soeur en possède un en bas du dos, celui d’Alix lui a été apposé sur sa cuisse, tel un sceau lui rappelant son appartenance à sa famille. Pour vous le décrire rapidement, il s’agit d’un anneau épais rouge, avec des symboles géométriques, en spirales anguleuses.

Petit aparté pour les vêtements d’Alix. Elle porte de tout, sauf des robes. La féminité, c’est à la poubelle. Elle affectionne les shorts et les hauts courts, le blanc, le noir, et le rouge. Je peux déjà vous dire que son “costume” d’héroïne est un short blanc avec une ceinture noire, et un bandeau rouge en guise de haut, accompagné parfois d’un kimono court, blanc aux motifs rouges sur le col. Bah quoi, il lui fallait une tenue “simple et non contraignante et de quoi se couvrir pour ne pas choquer les plus jeunes”. Avoir un Alter qui modifie son physique, c’est contraignant.

Bien, passons au caractère d’Alix maintenant. Je vais faire simple : à don de serpent, caractère de vipère. Alix est très peu descriptible, car le panel de son caractère frôle tout ce qui existe en ce monde. Si elle peut être sympathique et enjouée, avec un esprit d’équipe fort développé, sachez qu’au lendemain d’une soirée lambda, elle vendrait volontier vos pires secrets et vous laisserait en plan dans un lac rempli de piranhas. La raison ? Une simple envie, une information de son cerveau, un sombre déclic de “Eh, si je faisais ça ?”. Alix est impulsive, horriblement impulsive. Elle a des excès de violence, une douce envie de planter ses crocs dans qui l’emmerde un peu trop, et un désir insatiable de vous comparer à une balle de Baseball et réaliser un Home Run après vous avoir donné un coup de queue à pleine puissance, telle une batte de baseball face à sa balle. Vous avez compris…

Mais je vous rassure, Alix est une personne magnifique et de très bonne compagnie quand elle veut ! Il faut juste se méfier un peu si elle change de comportement… Et la recadrer au besoin, car mademoiselle est une rebelle, et l’autorité, elle l’a toujours défiée, malheureusement… A terme, une fois diplômée, Alix devrait se montrer plus enjouée et plus présentable dans sa carrière d’héroïne, et cela dans son propre intérêt. Peut-être arrivera-t-elle à trouver un catalyseur pour ces sauts d’humeurs, probablement liés à son Alter, et se montrera plus droite et plus loyale envers ses congénères ?

Alix, c’est le fruit de la longue histoire des Silesia, moitié européen, moitié japonais. Née en 2080, elle est la descendante d’une famille d’expatriés européens du côté de sa mère, et de Yakuzas depuis tant de générations qu’on a cessé de les compter, du côté de son père.

L’histoire d’Alix ne sera pas longue, car ma volonté est de maintenir son passé en grande partie mystérieux. Les points importants seront présentés, et vous pourriez bien avoir un peu de mal à comprendre certaines choses, c’est normal.

Alix a toujours eu une relation très fusionnelle avec sa grande soeur Adelaïde. Chouchoutée par son aînée, elle n’a jamais manqué de rien, et Adelaïde a toujours agit comme une mère de substitution, alors que leurs parents travaillaient beaucoup. Le monde des Yakuzas a toujours fait partie de la vie des deux soeurs, et la présence de gardes et de personnages peu fréquentables n’a jamais choqué les deux enfants. Alix portait une admiration toute particulière à Adelaïde car elle possédait une queue semblable à celle de sa mère, de reptile, alors qu’Alix n’avait pas eu cette chance. Les gènes avaient joué contre elle et le peu qu’elle avait eu n’était pas intéressant.

Lorsque Alix avait trois ans, sa soeur Adelaïde en avait huit. Son père l’a emmené à l’une de ses réunions dont Alix ne connaissait ni l’existence, ni le but. Pendant ces neuf longues heures sans sa soeur, Alix dû faire face à la possibilité de vivre sans sa soeur. Etait-ce là le but de son père ? Elle ne savait pas, et ne saurait jamais. Pendant neuf longues heures Alix s’est plongée dans la première chose qu’elle vit : la collection de serpents de son père. Il y en avait de toutes tailles et de toutes couleurs. C’était comme voir une oeuvre d’art, qui bougeait dans le temps. Mais ce qui attirait Alix, c’était les murmures qu’elle entendait maintenant clairement, au travers de ces vitres épaisses.

Sa mère possédant un Alter lié aux reptiles, il semblait logique qu’Alix en hérite, elle ne fut donc pas étonnée lorsqu’elle commença à converser avec les serpents comme avec des amis. Mais bien plus que simplement discuter avec les serpents, lorsque Alix toucha l’un des petits chouchous de la collection de son père, quelque chose d’unique se passa.

Alix ressentit une légère douleur, semblable à un picotement, à la tête. Quelques secondes plus tard, le picotement s’arrêta, et au terme d’un court instant de pause, la douleur se propagea à tout son corps, et l’enfant en hurla.
Alertée par ses cris, la mère d’Alix retrouva sa fille, pleurant toutes les larmes de son corps, recroquevillée sur elle-même, alors qu’une longue queue commençait à se former en bas de son dos.
La mère prit sa fille dans ses bras, et tenta de l’apaiser dans sa douleur. Alix venait d’éveiller son Alter et s’en payer une conséquence. Elle ne le contrôlait pas encore, et la contrepartie des mutations qu’elle pouvait avoir s’avéraient insupportable pour une enfant de trois ans.

Les huit heures passèrent ensuite rapidement. La douleur de ce nouveau “jouet” étant passée, Alix commença à apprendre à utiliser sa queue, avec l’aide de sa mère. Lorsque Adelaïde revint, Alix ne remarqua pas l’état de fatigue et léthargique dans lequel elle était. La petite était totalement obnubilée par son Alter et elle montra à sa soeur sa nouvelle acquisition. Bien entendu, Adelaïde ne montra sa joie que faiblement, avant d’aller se coucher.
Les jours qui suivirent redevinrent peu à peu comme avant. Plus tard, Alix comprit que ce jour avait été le jour où Adelaïde avait été désigné héritière du groupe Yakuzas de son père, et qu’elle avait été tatoué pour “marquer la propriété” des Yakuzas, selon les mots de son aînée.

La vie d’Alix continua dans sa lancée, normale et inintéressante, peuplée de Yakuzas, jusqu’à ses huit ans. C'est cette année que sa passion pour la mode, et le stylisme, naquit. Sa mère aimait beaucoup les beaux vêtements, et en dessinait parfois. Adelaïde aussi avait un certain intérêt, et à trois, elles commencèrent à s'initier à la couture et au stylisme. Alix accrocha totalement.

Au courant de sa huitième année, Alix demanda à revoir la collection vivante de son père. Accompagnée de sa mère, elle y retourna. Les faibles murmures des serpents étaient devenus des vraies paroles pour Alix, et elle discuta pendant des heures avec les reptiles. Au terme de ces discussions, elle se risqua à toucher l’un d’entre eux. Problème hélas… Après le picotement, il n’y eut plus rien. Attristée que son Alter n’ait pas eu d’effet visible cette fois, et ne sachant pas comment cela fonctionnait, elle abandonna l’idée d’avoir un Alter incroyable…

Lorsque Alix avait treize ans, Adelaïde quitta la famille du jour au lendemain. Pour la jeune majeur, impossible de rester dans une famille si cruelle et mauvaise, elle voulait une vie de justice et de droiture. Contre l’avis familial, elle quitta le Japon pour s’installer aux Etats-Unis, et devenir policière. Suite à cette fuite de l’aînée de la famille, Alix fut désignée pour prendre sa place. Seulement voilà, les responsabilités étaient différentes, et Alix ne voulait pas. Quoi de plus emmerdant que de devoir apprendre le droit, les moeurs, les relations entre les familles ? Elle voulait avoir la paix et faire sa vie, pas devenir la baronne d’une famille de taré qui se complaisait dans la violence.
Alix entama une crise d’adolescence des plus violentes. Elle reniait toute autorité et toute considération pour les autres. Il n’y avait pas à dire, elle était bornée. Elle fut néanmoins forcée de suivre une réunion, “une seule” selon les mots de sa mère. Alix était contrainte d’accepter, ce fut là le pire choix de sa vie.

Profitant d’un instant de faiblesse, l’adolescente fut sédatée, et tatoué du sceau de la famille, la marquant comme possession de son propre père, appartenant à la famille à jamais.

Hélas, le sédatif n’était pas correctement dosé pour le métabolisme d’Alix, qui ralentissait si la température n’était pas optimale. Elle eut du mal à s’endormir, et se réveilla dans la salle, entourée de personnes qu’elle ne connaissait pas, une douleur vive à une cuisse. Là, elle sut. Son père était à côté, il la fixait, à la fois perplexe et étonné. En réponse à une telle agression, Alix perdit ses moyens, elle se transforma en serpent, la scène fut presque horrifique. Entre les craquements d’os, les douleurs et les cris, il était difficile de croire qu’une enfant de treize ans souffrait de son Alter pour sa survie.
Alix ne savait pas comment elle réussissait à se mouvoir aussi naturellement, c’était comme si son corps savait, tout simplement. Elle réussit à quitter l’étrange pièce, et se réfugia dans les bras de sa mère. Au début, elle ne la reconnut pas, mais les couleurs étaient flagrantes, et ses yeux ne trompaient pas. Un jeune boa blanc et rouge accroché à son bras, elle se rendit là où se trouvait son mari. Savait-elle ce qu’il faisait dans son dos ? Bien entendu. Elle signala simplement qu’elle avait retrouvé Alix, le mari l’ignora presque : le tatouage était terminé, alors il n’avait plus rien à faire. Pour l’adolescente, c’était une trahison de sa mère, qui l’avait toujours soutenue. Elle la mordit avant de prendre la fuite, elle quitta le domaine familial.

Au début, cette fugue avait tout d’un vent de liberté. Alix errait dans les rues avec une nouvelle forme qu’elle ne voulait plus quitter. Hélas, lorsque le soir se montra, la fraîcheur remplaça la chaleur des journées d’été. L’hypothermie guettait Alix et avant de pouvoir réagir, ne sachant pas comment retrouver son propre corps, l’adolescente fut bloquée sous une forme rampante, ralentissant de minutes en minutes, jusqu’à s’immobiliser.

Si un jeune homme ne l’avait pas trouvé ce jour-là, Alix aurait pu terminer sa vie ainsi, étalée sur les dalles d’une rue peu fréquentée, morte de froid. Ce sauveur inconnu blottit le serpent contre lui et le ramena dans sa demeure de fortune : un petit appartement, mal meublé, pauvre, mais suffisant. Sept jours passèrent, jours pendant lesquels Alix retrouva des forces et vécu comme un pauvre animal. Le septième soir, la jeune fille se faufila par une ouverture et fuya la personne qui l’avait sauvé. Elle retourna chez elle et reprit une apparence humaine, dans une douleur qu’elle n’oublierait jamais. Entre les crampes, les courbatures et les douleurs à la poitrine, elle avait l’impression d’avoir été écrasée par un camion. Suite à cette fuite de la part d'Alix, elle fut surveillée, presque 24 heures sur 24. Interdite de sortie et croulant sous les études pour rependre l'oeuvre de son père, Alix dut se résigner à prendre la succession de son père et à ce qu’elle ne puisse rien faire sans sa propre famille, et…

L’idée de fuir comme Adelaïde devint une possibilité, voir une obligation, lorsqu’Alix eut dix-sept ans. Voyant tous les jours de plus en plus d’atrocités du monde des Yakuzas qui, dirons-nous, ne sont pas loin des vilains, Alix commençait à avoir horreur de ce monde. Mais il était le seul qu'elle connaissait... Jusqu'à ce qu'elle découvre, au travers des écrans, les héros, au Japon, aux Etats-Unis, partout. Cette idée de découvrir qui ils étaient arriva lorsqu'un client parla à son père de ces fameuses personnes courageuses, utilisant leur Alter pour le bien. De là, Alix questionna sa mère, qui s'ouvrait peu à peu, et chercha où elle pouvait. C'était un tout nouveau monde qui s'offrait à elle. Son Alter pouvait servir à faire le bien, à sauver des gens ? Elle n'était pas obligée de blesser et tuer les rivaux de sa famille, de les torturer jusqu'à ce qu'ils cèdent...? Le monde ne fonctionnait pas comme ça. Alix le savait. Elle devait fuir, changer de vie, pour devenir ce dont elle rêvait : une héroïne. Mais au Japon, cela semblait impossible, avec la pression de sa famille, et la proximité, elle ne tiendrait pas longtemps. Non. Il lui fallait une nouvelle vie, un nouveau pays.

Le seul moyen qu’elle avait de fuir sa famille pour devenir l'ennemi des Yakuzas, une héroïne, était de rejoindre sa soeur. Mais avait-elle réussi à faire sa vie là-bas ? Alix n’avait pas eu de nouvelles depuis que son aînée était partie. Il fallait espérer.

Alix passa un an à convaincre sa mère qu’elle ne voulait pas faire partie de la famille, d’une mafia, et qu’elle aspirait à devenir héroïne, même si cela signifiait chasser un jour son père, ou même elle, sa mère. Devant tant de conviction, elle finit par céder. Acceptant qu’Alix rejoigne les Etats-Unis et sa soeur Adelaïde, sa mère organisa secrètement ce voyage : fausse autorisation de sortie, prétextes, réservation de billets, contacts aux Etats-Unis et au Japon... Jusqu'à la préparation de la valise. Alix se transforma en serpent, souffrant une dernière fois pour réaliser son rêve. Sa mère demanda à une amie de la transporter, dans une valise avec ses affaires, jusqu’à l’aéroport, prétextant qu'elle devait rendre à cette fameuse amie, des affaires qu'elle avait empruntées il y a longtemps. Une fois là-bas, Alix reprit une forme humaine et se rhabilla. Billet en main, elle quitta le Japon pour rejoindre les Etats-Unis.

Arrivée là-bas, Alix prit contact avec Adelaïde. Grâce au travail de sa mère, qui avait secrètement gardé le contact avec sa première fille, il fut aisé pour Alix de la retrouver, malgré le doute et la méfiance que l'aînée avait envers les Silesia. Sa soeur l’hébergea un temps, et l’aida à rejoindre la Campbell Academy. Lorsqu’elle fut acceptée, Alix déménagea du logement de sa soeur pour rejoindre l’académie. Désormais en sécurité et face à son rêve, Alix entame sa propre vie, loin des siens… Mais gardant le contact avec sa mère.