Sous le ciel gris de cristal file l'embarcation. Elle fend les eaux, glissant avec facilité sur les vagues qui s'enroulent et s'écartent dans son sillon. Et comme elles, les coeurs se gonflent. Après une semaine de tumulte et de préparations hâtives, suivant des mois de lourde attente, le grand moment est enfin là. Toute la matinée, le corps des Aquaforces a accueilli et organisé les volontaires venus se présenter au point de rassemblement, sur le tronçon nord de l'Hydranneau, pour les faire monter sur le navire ultra rapide spécialement apprêté pour l'opération, qui a finalement mis les voiles aux alentours de midi trente. Les héros du jour sont tous rassemblés sur le pont. Ils viennent de tous les horizons, et nul doute que chacun se trouve là aujourd'hui pour ses propres raisons. Mais qu'ils soient guidés par la colère, la peur, ou des intérêts plus personnels, ils se sont tous réunis pour une seule et même mission : reprendre New York. Malgré les préparatifs, les informations sont maigres, et éparpillées. Chacun y va de ses propres convictions, de ses hypothèses, mais au final nul ne sait véritablement ce qui les attend. Ils ne savent qu'une chose : des réponses, quelles qu'elles soient, ne sont plus qu'à quelques lieues. Derrière le brouillard diffus, là où la silhouette sombre de la ville abandonnée se dessine déjà.
Tout à l'avant du bateau, le pied droit posé sur la sobre figure de proue, se dresse la silhouette imposante de Judith Macleod, capitaine des Aquaforces. Dans son uniforme resplendissant, sa figure cauchemardesque est masquée de tous, et tournée vers son objectif. Nul n'ose l'approcher de trop près, mais tous la regardent. Le regard révérend que lui accordent ses hommes, en particulier, force une admiration silencieuse à son égard. Elle est la figure de l'opération, et porte sur ses épaules le sort de tous les esprits téméraires qu'elle mène au combat. Ceux qui la connaissent bien savent qu'elle berce de murmures continus les flots qui les portent, tendre prière maternelle. Sous son influence, la mer est douce. Comme le calme avant la tempête.
Elle coule un regard vers sa montre, dont les aiguilles approchent de treize heures. L'heure du dernier message de Timer. L'heure de leur important rendez-vous. Elle prend une brève inspiration, remplit ses poumons de l'air frais et salin, avant de se tourner prestement vers l'assemblée. Ses bottes à talonnette claquent sur le plancher, et les présents se taisent, sous le regard appuyé des militaires qui les encadrent. Judith prend la parole.
« Ce matin, entame-t-elle d'une voix forte, a vu le plus grand rassemblement de Starfish depuis l'Effondrement. »
Seuls le vent et le grondement du moteur font écho à ses mots.
« Merci à tous d'avoir répondu à l'appel. »
Certains se demandent peut-être, à présent que le moment approche, ce qu'ils font là. Mais le regard perçant de la marine se pose sur tous les présents. Certains ennemis d’hier sont même devenus des alliés, le temps de quelques heures. Tous, à n'en pas douter, ont leur rôle à jouer.
« Ce qui est en jeu aujourd'hui, poursuit-elle en désignant l'horizon d'un geste de la main, est d'une importance capitale pour la ville de Starfish. Pour notre pays. Et, si on en croit l'urgence des mots qui nous ont menés là, pour notre société toute entière. »
Chacun pèse le poids de ses propos. Le criminel le plus recherché des Etats Unis en personne a appelé au soulèvement collectif.
« Nous nous lançons dans l'incertain, avec cette seule conviction que si nous n'agissons pas aujourd'hui, nous risquons de perdre plus que nous l'imaginons. Nous avons dû nous préparer à toute éventualité. Peut-être ne s'agit-il que d'un guet-apens de plus. Mais quelle que soit la réalité que nous affronterons aujourd'hui, nous lui ferons face férocement. »
Quelques membres de l'assemblée approuvent, déterminés.
« Nous débuterons l'opération par la formation de trois groupes distincts. Chacun aura sa propre mission à mener, pour maximiser nos chances de victoire. Le premier groupe, dont je prendrai la tête, tentera d'identifier la cause directe du blocus, et de le faire tomber définitivement, afin de rétablir l'accès à New York au-delà des trente minutes qui nous sont supposément accordées. Quelqu'un, ou quelque chose, doit en être à l'origine, et c'est là l'objectif premier de notre assaut. Nul doute que le dénommé Big Bang, qui qu'il soit, cherchera à nous en empêcher. Aussi, le deuxième groupe, composé de notre meilleure force de frappe et mené par Elaim, annonce-t-elle en désignant le maire de Starfish, aura pour mission de localiser Big Bang aussi rapidement que possible et de lui faire face, afin de faciliter la progression de nos camarades. Idéalement, nous tenterons de le neutraliser, mais la priorité sera avant tout de le retenir. Si la menace est aussi réelle qu'elle y paraît, la tâche ne sera pas aisée. Enfin, le troisième groupe aura pour objectif d'infiltrer le centre d'opérations de Big Bang, que nous pensons avoir identifié sur l'île de Manhattan, afin d’exposer et de contrecarrer ses plans. Loncillus, conclut-elle en désignant cette fois-ci son fils, guidera ce détachement jusqu'aux lieux. »
Des murmures suivent rapidement l'exposition du plan d'attaque.
« Nous allons maintenant organiser les trois formations. Dirigez-vous vers mes hommes et moi-même afin que nous assurions la répartition. Nous atteindrons bientôt les abords de la ville. Faites preuve de réactivité, et surtout, de prudence. Je vous souhaite bonne chance, et espère que nous nous retrouverons pour célébrer le succès de cette ambitieuse opération. Que le 10 novembre 2099 rentre dans notre histoire comme celui de la libération de New York ! »
Un salut marque la fin du discours, et une agitation similaire à celle de la matinée se répand de nouveau sur l'embarcation tandis que chacun s'affaire aux derniers préparatifs. Judith lance un nouveau regard à la ville, en priant intérieurement pour que la barrière qui l'isole depuis plusieurs mois tombe comme annoncé, et que les vies qu'elle entraîne avec elle ne soient pas gâchées en vain.
Informations
L'opération pour libérer New York est officiellement lancée !
Comme vous aurez pu le lire dans le post d'introduction, l'opération est divisée en trois groupes.
— Le premier s'occupera d'identifier la cause directe du blocus et de le faire tomber définitivement pour rétablir l'accès à New York.
— Le deuxième se chargera de localiser le Big Bang et de lui faire face.
— Enfin le dernier groupe devra infiltrer le centre d'opérations de Big Bang pour découvrir et contrecarrer ses plans.
Pour vous inscrire dans un des groupes, il vous suffira de poster dans ce topic. Pour info, chaque groupe pourra comprendre au maximum 6 personnes, premier arrivé, premier servi. Nous lancerons les sujets pour chaque groupe le vendredi 20 mars, donc il faudra vous inscrire entre temps !
En attendant,vous pouvez répondre directement à ce sujet pour raconter comment votre personnage s'est retrouvé dans cette opération, nous partager ses réactions etc.
Pour ceux qui jouent des vilains, plusieurs possibilités s'offrent à vous : — Pour cette opération, une trêve exceptionnelle a été accordée aux Vilains partageant les mêmes objectifs que les forces de l'ordre, peu importe leurs raisons personnelles. Face à cette menace qui dépasse totalement les normes, il faut savoir s'unir. — Vous pouvez aussi avoir embarqué sur le bateau de façon anonyme. — Ceux qui veulent cependant faire bande à part pourront toujours rejoindre un des trois groupes à New York directement, par leurs propres moyens.
Si vous avez la moindre question, n'hésitez pas à contacter le staff !
Bonne chance à tous
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Sam 14 Mar - 16:00
Il y avait des jours où il fallait se lever du bon pied, et cette matinée-ci en faisait définitivement partie. Il était parfois difficile de se résoudre à se lever le matin pour aller en cours ou autre, surtout lorsqu'on voyait certains spécimens de professeurs qu'on pouvait se taper à l'académie... Du moins tout cela était vrai pour l'élève moyen, mais Mana était de base au-dessus de tout ça. Du fait de son haut métabolisme, elle n'avait que peu besoin de dormir et de ce fait, manger un peu plus peut-être comme elle était en train de faire en ce moment-même avec une viennoiserie pour se détendre, mais l'optique de flemmarder encore dans son lit était presque une inconnue pour la petite Oni. Malgré l'attitude qu'on pouvait lui prêter de manière générale, elle avait su être diligente quant à sa participation en classe ou du moins, sur sa présence quotidienne en cours. Mais aujourd'hui l'académie avait été dépourvu de classe pour la journée voire peut-être plus, à raison car plusieurs professeurs manquaient à l'appel. La raison ? Juste la lutte contre le terrorisme international, rien de plus. Et il s'avérait qu'étant bien entendu en cursus héroïque, même des élèves de la Campbell Academy pouvait se porter volontaire pour les accompagner dans l'assaut sur l'île en blocus. Donc fatalement oui, mieux valait se lever du bon pied pour cette journée aux airs apocalyptiques.
Le rassemblement avait eu lieu sur une partie de l'Hydranneau plus tôt dans la journée, où Mana avait pu rejoindre les professeurs affectés à cette mission importante. Elle aurait pu simplement y aller toute seule pour ne pas être gênée par les autres, mais l'union faisait généralement la force et il s'agissait bien plus d'une petite rixe de quartier cette fois-ci. Même si quelque part récupérer New York pouvait s'apparenter à sauver un quartier, l'échelle de la carte ainsi que des enjeux étaient bien trop grands en comparaison. Et puis dernièrement, la petite Oni avait eu quelques évènements pour se rendre compte de sa relative faiblesse face à certains opposants. Pour ces raisons, mieux valait s'appuyer sur autrui pour arriver à faire ses véritables débuts héroïques. Elle n'était plus la leader cette fois-ci, quelque part cela lui ôtait un poids sur les épaules mais il fallait tout de même écouter ce que les autres avaient à dire. La situation était davantage sous leur contrôle et c'était eux qui possédaient les connaissances sur cette opération, aussi la jeune fille écouta bien ce que celle qui semblait être la cheffe des Aquaforces avait à dire. Un bon récapitulatif de la situation, Mana apprit également que le maire de Starfish allait prêter main forte durant ces opérations ? Plutôt inattendu mais de nos jours, comme presque tout le monde possédait un Alter cela n'était pas non plus si étonnant. Juste qu'elle se demandait comment quelqu'un se faisant nommer le Bâtisseur pouvait apporter au combat, il allait construire des murs sur ses ennemis ? La vision d'une telle idée la fit un peu sourire à sa blague, mais il était vrai aussi que tout dépendait de comment on utilisait son Alter de manière inventive, au final. Une notion qu'elle avait évidemment vu en cours pratique, et que la Oni essayait de mieux considérer si elle devait faire face à quelqu'un à combattre. Son propre Alter ne permettait pas beaucoup de diversité ou de subtilité, mais elle avait bien vu qu'apprendre ce qu'était le pouvoir de l'ennemi et ses applications directes étaient importants pour anticiper et vaincre. Le rapport fait, il fallait désormais faire son choix pour s'occuper du sieur Big Bang et ses sbires, sous le couvert de trois opérations différentes. Elle hésita tout de même, le côté 'search and destroy' du premier objectif était intéressant mais combattre le grand chef l'était tout autant, mais qu'en serait-il si ce vilain avait un Alter trop fort, empêchant complètement à Mana de s'exprimer et ne faire d'elle qu'un poids durant le combat ? Une optique qu'elle n'appréciait guère, mais ... Ce n'était pas comme ça qu'elle progresserait après toute cette leçon de première journée qu'elle avait reçu. Qui plus était, ses professeurs ne manquèrent pas l'occasion de se proposer pour combattre Big Bang, du coup ce fut en levant elle-même la main que la petite Oni se décida finalement en annonçant un :
" J'irais combattre Big Bang, moi aussi...! "
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Dim 15 Mar - 1:27
La semaine avait été … intéressante. Suite à l’annonce de timer sur Ukato, une effervescence peu commune s’était emparée de la population, qui s’agitait dans tous les sens. Les médias n’étaient pas en reste, les journalistes se permettant de donner leurs opinions ou théories sur ce qui s’était et allait se passer, alors qu’ils n’avaient fondamentalement aucune information concrète, pour la plupart. La petite tueuse, de son côté, avait passé sa première après-midi à récupérer des informations sur ce fameux « big bang » dont parlait Timer, et s’était doucement motivée à se rendre, elle aussi, à New York pour participer à la libération. Un de ses informateurs avait donné un coup de pouce non négligeable : il l’avait informé que Manhattan hébergeait encore plusieurs … « artisans », particulièrement talentueux, qui se spécialisaient dans la conception d’équipements. Hors, si la démone combattante adorait se salir les mains au figuré comme au propre, elle n’était pas contre l’idée d’obtenir une nouvelle arme. Si possible, une qui soit adaptée aussi bien à ses pouvoirs qu’à sa physionomie. Elle pourrait plus que vraisemblablement se dégotter quelqu’un qui lui fournirait ça, là-bas … Il y avait aussi quelques primes qu’elle pouvait espérer toucher, si elle abattait certaines des personnes qui avaient été emprisonnées dans la cité. Le statut de la plupart de ces cibles était, au mieux, complètement inconnu, mais ce n’était pas bien grave, elle aviserait.
Plutôt que de se compliquer la vie en cherchant à se rendre par ses propres moyens sur « la grosse pomme » comme l’appelaient certains, la criminelle se renseigna sur une potentielle opération publique visant à profiter de l’ouverture de cette brèche. Presque à sa surprise, Starfish organisait bel et bien un rassemblement de volontaire, qui serait supervisé par les aqua-forces, et profiterait de l’occasion pour essayer de libérer la ville. Et les personnes gérant le rassemblement en question ne semblaient pas vouloir faire les fines bouches. Amusée par cet état de fait, la démone se prépara à participer, pour une fois dans sa vie, à un « sauvetage de grande envergure ».
Le jour J, elle se présenta de bon matin au port avec une pochette sous le bras, et s’avança sans crainte vers les aqua-force présents sur les lieux, et le bateau qu’ils avaient visiblement affrété. La petite tueuse avait revêtu un de ses costumes renforcés : une combi-short en fibres de carbones … Qu’elle espérait garder plus ou moins en un seul morceau d’ici à la fin de la journée. Son visage était également encerclé par le support métallique d’un casque, dont elle tenait la partie avant dans sa main : un genre plexi-glace arrondi et noir, fonctionnant comme un miroir sans teint. De quoi cacher son identité et arrêter un petit calibre. Non pas que la première fonction soit vraiment à l’ordre du jour, mais la petite tueuse n’était pas de ces vilains idiots et pompeux qui en font des tonnes pour que tous et toutes connaissent et craignent leurs noms. Cela se reflétait aussi bien dans son manque de théâtralité que dans son équipement, par défaut fait pour ne pas plus que cela attirer l’attention, dans un monde où les justaucorps hauts en couleur étaient légion. Ceci dit, même si elle n’était pas très connue, la petite terreur eut un sourire lorsque trois membres de l’aqua-force eurent comme réflexe, en la voyant, de se saisir de leurs armes. Au moins ils ne poussaient pas le bouchon trop loin côté naïveté et ils avaient un service renseignement correct.
Ceci étant, le fait que la petite tueuse se présente sans chercher à masquer son identité et sans être agressive lui accorda suffisamment de temps pour qu’elle puisse expliquer le but de sa venue. Certains ne furent pas particulièrement contents à l’idée de faire équipe avec une personne comme elle, mais elle fut tout de même acceptée sans souci, et on la laissa patienter non loin du bateau pendant que le reste des volontaires se présentait et que le matériel était chargé sur le navire. Lorsque vint l’heure du départ, elle monta silencieusement, s’installa dans son coin, et se contenta d’observer la ville vers laquelle ils se dirigeaient. Elle prêta une oreille « stratégique » au discours, n’ayant que faire des rappels sur ce qui était en jeu aujourd’hui, mais restant suffisamment attentive pour savoir qui était destiné à remplir quelle mission. Son rôle à elle fut tout trouvé lorsque les mots « meilleur force de frappe » furent prononcés : elle n’était ni moins ni plus qu’une arme vivante, après tout. Un petit sourire amusé sur les lèvres, elle se leva finalement de son siège, mais s’approcha dans un premier temps de Loncillus, à qui elle tendit la pochette qu’elle avait apportée. Cette dernière contenait les photos les plus pertinentes qu’elle avait obtenues plus tôt dans la semaine, les clichés de la base supposée de Big Bang, et ce qui l’entourait.
Je ne vais pas venir avec vous, alors autant vous le remettre tout de suite. J’ai fait plusieurs copies, vous pouvez en distribuer … Deux exemplaires à chaque leader de groupe, il semblerait, mais ce sera visiblement à ceux qui infiltreront la base que ces clichés seront le plus utile.
Sans plus de cérémonie, elle se détourna ensuite pour se placer non loin du maire, et croisa les bras sur son torse. Elle aurait pu prendre la parole … Mais ce n’était pas son style.
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Dim 15 Mar - 12:59
Qu’est-ce que je fais là ?
La foule grouille. Mes oreilles sont redressées, et tournent en tout sens. Les sons abondent et ce brouhaha n’est pas prêt de s’arrêter.
Qu’est-ce que je fais là ?
Là-haut, le ciel est grisâtre. L’obscurité des eaux sur lesquels nous naviguons n’égaye en rien le décor – sans parler de cette ombre qui se dresse dans le lointain, vestiges d’une paix aujourd’hui perdue.
Qu’est-ce que je fais là ?
Partout autour de moi, les cœurs palpitent. Beaucoup d’anxiété, mais aussi, ça et là, de l’excitation, de la peur, de l’intérêt, de l’angoisse. Une cacophonie désagréable et hors norme. Bientôt, sans que je ne m’en rende réellement compte, mes propres battements s’alignent sur cette mélodie discordante et confuse.
Qu’est-ce que je fais là ?
Une silhouette se détache. Elle s’avance, et d’un coup de talonnettes, capte l’attention de l’assemblée. Si tous les regards convergent dans sa direction, le mien s’en détourne rapidement, et continue de scruter les alentours. Cela ne m’empêche pas d’entendre la prise de parole qui survient après le silence général.
Qu’est-ce que je fais là ?
Elle parle. Parle du symbolisme de ce rassemblement, parle de son importance. De ce qu’on ignore, des risques, et des formalités. Mon regard, lui, scrute un à un les visages qui m’entourent. Des faces méconnues, hétéroclites, de différentes tailles, ages et origines. Peu à peu, leur appréhension laisse place à une toute nouvelle expression. Une résolution forte, certaine, et déterminée.
Qu’est-ce que je fais là ?
Qu’est-ce que je fais là ?… Bordel, bordel de merde, putain de bordel de merde, qu’est-ce que je suis venue foutre ici ?
C’est une question que je me suis posée à maintes reprises, depuis l’Effondrement, et ce qu’il a entraîné. Mais jamais au grand jamais elle ne s’est imposée à moi avec autant d’insistance.
Je n’ai rien à faire là. Genre, clairement. Déjà car j’en ai tout sauf l’envie. New York ? Qu’est-ce que j’en ai à foutre de New York ? Et puis, c’est quoi, New York ? Juste une ville, non ? Quelle importance ça a, qu’on la récupère ou non ? Ok, peut-être que pour bon nombre de personnes, elle est capitale, mais… Moi, vraiment, je m’en contrecarre. J’ai toujours vécue sans elle, j’ai continué à vivre sans, et je vivrai sans. Je ne l’ai jamais vue, je ne l’ai jamais connue, et quand bien même, je suis presque certaine que je n’irai pas risquer ma vie pour elle. Je ne ferai même pas ce sacrifice pour la cité où j’ai toujours vécue, alors pourquoi le ferai-je pour cette ville à la con ?
Parlons-en, ça. De risquer sa vie. Se sacrifier. Non mais, quelle idée il a eu, l’autre chef des Repentis ? Il a conscience de ce que je suis ? Une putain d’escort girl. Une putain d’escort girl qui n’a jamais rien fait d’autre que dealer sa came et baiser pour survivre. A quel moment suis-je supposée qualifiée pour ce genre de missions ?
D’accord, je ne nie pas, je sais me démerder. Je peux me servir d’une arme sans problème, crocheter n’importe quoi et démarrer à peu près tous les types de véhicules. Mais ce qui m’a maintenu en vie jusqu’à aujourd’hui, c’est surtout ma capacité à fuir. Entendre le danger, l’évaluer, le localiser, et se carapater en vitesse.
Et justement, là, tous mes sens me hurlent de me barrer.
Cela va très certainement être le chaos, très bientôt. Une trêve accordée aux Vilains ? Non mais, ils se foutent de nous ? Qu’est-ce qui va les empêcher de se déchaîner une fois sur place ? Et quand bien même, cette ville, elle n’est pas sous blocus sans raison, non ?
J’aurai dû refuser. Cela va être la merde. Je le sens. Je le sais. Pourquoi j’ai accepté, déjà ? Merde, c’est vrai. Il paye grassement, cet enfoiré. Et puis, il n’aurait pas apprécié un désistement. Oh, certainement qu’il l’aurait accepté, mais le peu de confiance que je m’efforce d’instaurer depuis mes débuts dans l’organisation serait parti en éclat.
En plus, je ne serai pas au front. Moi, je dois aider à localiser les origines du blocus, et y mettre un terme, pendant que d’autres se chargent de diversions et attaques en tout genre. Tant que je reste bien planquée dans mon groupe, ça devrait bien se passer, non ? Je me contente de repérer à l’ouïe les menaces et potentiellement, notre objectif. Et je laisse les autres faire. Et je me barre en cas de pépin. Ouais, voila. Je n’ai qu’à faire ça.
En fait… Qu’est-ce qui m’empêche de me tirer là, maintenant ? Ma voiture doit toujours être dans les parages… De mémoire, il lui restait encore de l’essence. Et quand bien même elle n’y serait plus, je pense pouvoir facilement m’en trouver une autre. Je la prends, et je me casse. Adieu Vindows, adieu Andrew, adieu Felix. Je me tire de cette île de tarés, et je reprends tout à zéro. Depuis le début. Encore.
Merde… Pourquoi je n’ai pas pris ma thune avec moi ? Bordel. J’ai qu’un seul putain de bien personnel, à savoir, un sac avec toutes mes économies, et je ne l’ai pas avec moi. Si je me tire, je peux vraiment faire une croix dessus ? Combien de temps vais-je tenir, sans argent ?
Au moins, j'ai mon gun. J'ai jugé bon de le planquer sous ma veste, mais j'espère ne pas avoir à m'en servir. Il me restait quelque chose comme... Neuf, dix balles, mais j'ai tout de même pensé à le recharger. J'ignore si c'est bien légal, mais... En tout cas, je l'ai, et personne ne m'a fouillé. Donc...
Ah... Bon sang. Comment ai-je pu croire que j’allais pouvoir couler des jours paisibles sur Starfish ?
Cette île aura ma peau. C’est sûr.
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Lun 16 Mar - 2:16
Une brise saline caressait le visage somnolant de Numéro Un. Ces derniers jours avaient été particulièrement stressants. Le jeune homme avait tiré profits du temps offert par timer pour se préparer efficacement. S’il semblait, sur le moment, plus propice à laisser son esprit vagabondé qu’à prendre pars à un conflit. Mais n’en déplaise à ces détracteurs, ou à ce que semblait dire son apparence, le jeune homme se trouvait sur le bateau et en cet instant plus près que jamais. Son air somnolant n’était dû qu’a la fatigue post-réveil qui refusait pour le moment de le quitter, mais prévoyant que peu de temps morts lui seraient accordé plus tard, les deux derniers jours d’attente avaient presque intégralement été dédié à un break de toutes activités fatigantes ou éprouvantes mentalement et physiquement. Abusant de somnifère pour ne pas rencontrer de problèmes au dernier moment, passant son temps libre à regarder des bêtises abrutissantes à la télévision ou sur Internet… Bref, à sa manière, le jeune homme avait évacuer tout le stress ou la fatigue possible avant son départ.
Son élégance habituelle avait été temporairement mise de côté, et lieu et place de son costar désormais célèbre dans son petit quartier, le jeune homme optait cette fois pour quelques frusques plus confortables et adaptées à un environnement hostile ou salissant. Chaussures de sport, jean large, ainsi qu’un gros sweet à capuche munis d’une large poche au milieu, l’air parfaitement banal du garçon au milieu de ces héros en costumes avait quelque chose de comique, surtout couplé à son air somnolant. Son arsenal ne passait pas inaperçus. En fait, il croulait presque sous le poids de ce dernier. Entre le sabre soigneusement ranger dans son tissu blanc qui accompagnait Numero Un partout, les jambières qui enserraient son pantalon et l’immense fusil de près d’un mètre cinquante à l’allure fantaisiste qui pendait sur le côté de son sac, il aurait été dur de croire même en s’y forçant, qu’il venait ici par hasard dans le but de faire du tourisme.
Ne laissant rien au hasard, il portait aussi un large sac semblable aux modèles militaires, lourd, mais remplis d’incontournables pour ce genre d’escapades. Lampe torches étanches, cordes, provisions, couvertures de survie… Et même un costume qu’il n’avait pu s’empêcher de prendre, juste au cas où il aurait l’occasion de frimer un peu. Être tape à l’œil, il aimait bien ça.
Mais l’heure n’était pas à ces choses-là. Malgré le temps agréable, et la douceur des courants marin, malgré le calme roulis des vagues et la tranquillité du voyage… L’air était lourd. Lourd d’inquiétudes et de questions. Partout, sur l’embarcation, l’on croisait des regards concentrés. Certains semblaient appartenir à cet endroit. A ce moment. Une motivation sans faille, une abnégation sans limite, une détermination telle qu’elle en devenait presque effrayante. D’autre, au contraire, paralysés sur place mais incapable de contenir leurs tremblements, regrettait jusqu’au bout de leurs ongles de s’être présenter a l’embarcation. Perturber par ces regards, par tous ces gens plus engagé ou inquiet que lui, Numero Un, motiver, stresser, mais parvenant à garder son calme. Il ne trépignait ni n’exultait, il ne tremblait ni ne pleurait… Ce matin même, il pensait être investi et déterminer, mais il se sentait pourtant à l’écart de ces gens qui rayonnaient tant d’émotions et de sentiment. Une femme lapin passa devant le jeune homme. Un joli brin de femme, mais l’exemple type de ceux qui étaient tétanisés par leur seule présence sur le bateau. Pendant un instant, Numéro un pensa à venir l’encourager, mais cela aurais pu être tout aussi bien positif que négatif pour l’état d’esprit de la demoiselle, qu’il laissa donc à ses inquiétudes non sans s’en sentir quelque peu coupable. Certaines personnes ici n’avaient rien à faire la, mais il n’y pouvait pas grand-chose.
Judith, capitaine des aquaforce, se lança dans un discours qui fut accueilli, par un silence, grave et solennel. L’espace d’un instant, le cœur du blond se gonfla d’orgueil et de courage, et rapidement, le stress que ses appréhensions provoquaient chez lui le ramenèrent bien vite à son état initial. Il avait trop peur de lui-même pour se laisser aller a la confiance.
Finalement, vient le moment où il dut choisir son groupe. Après un instant, il prit sa décision. Bien qu’en terme de force de frappe, il pouvait se vanter d’être capable de beaucoup, et qu’il s’estimait avoir beaucoup de chance de tenir un moment contre les opposants les plus puissant, son intuition le poussa contre toute attente à rejoindre le troisième groupe, celui de l’exploration de la base du « grand méchant ». À vrais dire, cette idée pouvait être Cohérente. S’il était évident que ce type était dangereux, il devait forcement avoir quelques larbins inamicaux envers les intrus, et suffisamment fort pour poser quelques problèmes aux héros. Et devant l’air chétif et jeunot des quelques membres de ce groupe… Le jeune héros se dit qu’il ferait mieux d’offrir un peu de force de frappe à ces gens. Oui, sur le coup, Le blond jugeait complétement un livre à sa couverture.
Sans dire un mot, il se dirigea vers ledit loncillus, avant de s’interrompre. Il avait failli oublier que tout le monde n’avait pas les informations que lui possédait. Un volte-face et quelques pas plus tard, il se trouvait en face du bâtisseur. Plus près que jamais, sa droiture et son aura solennelle rayonnaient encore plus en cet instant qu’en temps normal. « Monsieur le Maire. » Commença le blond, tachant tant bien que mal d’escamoter son air somnolant. « Je pense que vous êtes assez nombreux pour occuper big bang. De mon côté, je crois qu’il est plus intéressant que je fasse de mon mieux pour que vous n’ayez pas à tenir trop longtemps. En revanche, j’ai un peu bossé de mon côté. » son regard se dirigea un instant vers la ville, et le ton de sa voix baissa légèrement.Simplement au cas où le centenaire préférait éviter de partager cette information, peut-être par peur d’engendrer une inquiétude supplémentaire. « L’alter de big bang. Vous le connaissez déjà ? Je ne voudrais pas vous faire perdre votre temps. » Il marqua une courte pause avant de continuer, vaguement moins assuré. « .. J’dis pas que vous n’avez pas bossé si c’est pas l’cas bien sûr. » « Hésite pas à m'appeler Elaim, surtout que je suis là en tant que héros aujourd'hui. Répondit le maire certes, avec sympathie, mais semblant aussi vouloir se convaincre lui-même. À cette pensée, Numéro un déglutit. Ça ne devait pas être simple pour quelqu’un comme le maire d’enfiler à nouveau le costume. L’espace d’un instant, le blond fut pris d’une certaine forme de pitié, pour le vieux maire. Il n’y avait pas pensé… Mais peut être que cet homme était bien plus las ou fatigué qu’il en avait l’air ? Ou peut-être que le grand blond se faisait simplement des idées. « Toute information est bonne à prendre dans tous les cas » continua-t-il. « En plus, je pense que tu es une source sûre, je t'écoute." Un vague sourire se dessina sur les lèvres de Numero Un, et il reprit ses explications. Dire qu’il n’avait pas grand-chose serait assez malhonnête. Il donna en détail tout ce qu’il savait à propos de Big bang et de son alter. Les deux hommes échangèrent une minute et Samuel salua le maire, puis ils se souhaitèrent tout deux bonnes chances, avant de retourner à leurs préparatifs.
Son devoir accomplis, et le suivant en attente, Numéro un n’eut plus qu’à prendre son mal en patience… Un frisson le parcourut quand il jeta un œil derrière lui. La ville était bien plus proche qu’avant…
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Lun 16 Mar - 5:16
Sortir de l’œil du cyclone
Ce matin-là aurait pu être un matin comme les autres. Mais depuis qu'elle avait été agressée à de nombreuses reprises et au vu des mystérieuses publications de Timer sur Ukato, les associés d'Irina avaient pris une mesure de sécurité particulière : l'étudiante logerait chez eux, à tour de rôle, afin d'éviter un danger quelconque et serait régulièrement escortée, quel que soit sa destination. Elle avait de la chance d'avoir une équipe professionnelle aussi bienveillante et elle s'en rendait compte.
Si bien qu'en se levant du lit, elle se rendit à la fenêtre qu'elle ouvrit aussitôt afin de respirer un grand bol d'air frais. Même si un bol de céréales aurait très probablement été plus nourrissant. Elle resta nostalgique quelques instants. Ses associés étaient, en quelque sorte, sa nouvelle famille maintenant. Pour ne pas dire la seule. Il lui restait bien sa sœur jumelle, mais elle était plus un élément perturbateur dans son esprit, qu'une réelle famille.
« Eh ! Alors c'est vraiment ça que tu penses de moi ?! » s'écria Sarina, sa voix résonnant ainsi indéfiniment dans la tête de la brune. « Baaah... Tu me pousses sans arrêt à bout pour que je finisse par faire les mauvais choix donc... Oui, t'es pas un cadeau. » rétorqua-t-elle avec répartie. « Espèce de p'tite ***** ! » S'en suivit alors une lutte intérieure qui dura quelques courtes minutes avant que Spencer, l'associé chez qui elle avait logé cette nuit, vienne l'interrompre.
« Tout va pour le mieux mademoiselle Waldorf ? » fit-il en sortant de la salle de bain avec une serviette autour de la taille, les abdominaux saillants, laissant derrière lui un nuage de vapeur se dégager de la pièce qu'il venait de quitter. « O- Oui, je suis en pleine f- for- forme. » lui répondit-elle alors, extrêmement gênée de le voir ainsi. « Excusez-moi, ce n'est pas une tenue appropriée. Mais c'est à vous. Allez vous préparer. Il sera bientôt l'heure de partir. » expliqua avec sérieux et professionnalisme l'homme charmant qu'était Spencer.
C'est vrai qu'il était plutôt bel homme. Mais au vu de son âge, il aurait très bien pu être son père. Cela n'empêcha pas l'adolescente d'avoir quelques pensées des plus... déplacées, voire même assez osées, qu'elle chassa immédiatement de son esprit en allumant l'eau de la douche. Quelle idée ! Ayant accès à ses pensées, Sarina ne se priva guère pour la taquiner tout au long de sa toilette. Mais Irina se contenta de l'ignorer.
Assise dans la douche, sous une eau de plus en plus chaude, la brune avait la boule au ventre en repensant à tout ce qui était en train de se préparer. Était-elle réellement prête ? Allait-elle être à la hauteur ? Ou allait-elle déshonorer pour toujours Miss Waldorf, le nom et l'image que ses prédécesseurs ont construit au fil du temps avec un courage et une détermination sans faille.
Mais elle ne pouvait plus reculer : ses associés lui avaient conseillé de confirmer sa participation par l'intermédiaire des médias, dans le but de rassurer un maximum de personnes. Cela devait également permettre à la nouvelle Miss Waldorf de se lancer en tant qu'héroïne et ainsi montrer au public qu'elle est et sera toujours présente, qu'elle existera encore et toujours à travers les années, les décennies, les siècles...
Irina avait surtout l'impression de devoir faire ça pour l'image. Certes, pour un héros ce n'était pas un détail à négliger. Mais, au fond, elle restait une adolescente comme toutes les autres. Les secondes et les minutes passaient. Perdue dans ses pensées, sa douche sembla durer une éternité. Spencer vint même toquer à plusieurs reprises afin de s'assurer que tout allait bien pour elle.
Par la suite, tout s'accéléra. Au moment venu, l'étudiante enfila le célèbre costume de Miss Waldorf, s'équipa de son arc fétiche et de ses flèches, puis se fit escorter en limousine par ses associés de Waldorf&Co jusqu'au lieu prévu pour l'embarcation. Très occupée ces derniers jours, avec les cours et l'entreprise familiale, la demoiselle n'avait guère eu le temps de s'entraîner intensivement pour être au maximum de ses capacités le jour-j.
Au final, elle ne s'était pas investie tant que ça dans cette affaire, mais elle comptait bien faire tout son possible pour combler ses quelques lacunes. Elle ne serait peut-être pas d'une aide précieuse, mais elle avait au moins le mérite d'être présente en chair et en os. Elle pouvait être fière. Même si l'estime qu'elle avait pour elle à l'heure actuelle n'était pas aussi positive.
Heureusement, ses associés étaient là pour elle. Ils la rassuraient tout en lui faisant réaliser la gravité de la situation, qu'il ne s'agissait pas que d'un simple exercice scolaire sans le moindre enjeu, mais bel et bien d'une réelle menace. Plus ils se rapprochaient de la destination, plus le stress prenait de l'ampleur en elle. Il fallait faire quelque chose contre ça et vite.
Puis ils arrivèrent aux abords de l'Hydranneau. La limousine s'arrêta nette. Irina déglutit, serrant discrètement la banquette arrière sur laquelle elle était assise de toutes ses forces. Elle ne savait plus du tout quoi penser. « Cessez donc de paniquer mademoiselle... » fit Spencer, gagnant aussitôt son attention.
« Vous n'êtes plus Irina aujourd'hui. Vous êtes Miss Waldorf. Une héroïne connue pour son courage et sa détermination, qui ne recule devant rien, ni personne. » poursuivit-il avec assurance, la fixant droit dans les yeux. « Le sang de vos prédécesseurs est le même que celui qui coule dans vos veines. Vous n'avez pas de questions à vous poser. Foncez et montrez leur que la nouvelle Miss Waldorf est aussi redoutable que les précédentes. » l'encouragea-t-il.
Reprenant subitement confiance en elle, Irina sourit. Elle se leva brusquement, se cogna contre le plafond de la voiture, puis se retrouva de nouveau assise avec une légère douleur à la tête. Un silence s'installa. Le toit ouvrant, comme son nom l'indique, s'ouvrit. Puis Irina se releva de plus belle, prête à déplacer des montagnes suite à cet incroyable discours d'encouragement.
« Et n'oubliez surtout pas : quand le moment sera venu, vous saurez ce que vous avez à faire. Ayez confiance en vous. Bonne chance. » clôtura-t-il ensuite avec bienveillance. « Merci. Merci pour tout. Je vous promets de ne pas vous décevoir. Ni vous, ni la population américaine. » Puis ce fut d'un bond acrobatique des plus remarquables que Miss Waldorf quitta la limousine par le toit ouvrant, plus que jamais déterminée à honorer la mémoire de ses prédécesseurs.
Ainsi, exécutant un enchaînement d'acrobaties diverses afin de rejoindre ceux qu'elle allait bientôt pouvoir considérer comme ses coéquipiers, l'apprentie héroïne se stoppa une fois qu'elle fut à proximité de ces derniers. Puis d'une démarche assurée et élégante, elle se rapprocha encore, saluant par de simples mouvements de tête ceux dont elle croisait le regard tandis que ses hauts talons dorées claquaient sur le sol à chacun de ses pas.
Le temps passait. Les volontaires se réunissaient, de plus en plus nombreux. La brune se faisait discrète, restant sagement à l'écart. Elle reconnaissait quelques visages qu'elle avait déjà croisés auparavant, mais n'osa guère aller les importuner. Puis l'heure du départ sonna. Il était temps de se mettre en route. Tous prirent place sur le pont, parés à toutes éventualités.
Au cours du trajet, celle qui semblait être à la tête de cette opération périlleuse prit la parole dans le but de résumer la situation dans laquelle ils s'étaient tous engagés. L'adolescente lui accorda donc toute son attention, écoutant attentivement chaque parole et chaque mot. Ils allaient devoir constituer trois groupes. Recherches, combat et infiltration : le choix était varié. Irina ne savait pas vraiment où elle serait le mieux, où elle serait la plus utile. Trouver sa place n'était pas du tout chose facile.
Cela dit, son alter étant plutôt polyvalent, elle aurait forcément une utilité quel que soit le groupe qu'elle déciderait de rejoindre. Mais cette Judie avait une prestance et une assurance qui forçaient l'admiration et qui, indirectement, semblait la rassurer. Après tout, si elle était à la tête de cette opération, ce n'était sans doute pas un hasard. Elle devait probablement être une combattante redoutable, une véritable guerrière. Cette idée l'apaisait de plus en plus : elle se sentirait en sécurité à ses côtés. Et ce fut en voyant un visage familier - et particulièrement coloré - rejoindre ce même groupe qu'Irina alla aussitôt se placer à proximité de la commandante, Judie Macleod.
Kathleen soupira une nouvelle fois, tapotant sur son volant avec ses doigts. Puis, elle tendit le bras sur le côté, et se saisit du sac qu’elle avait posé sur le siège passager, pour le transférer sur ses genoux et l’ouvrir. C’était somme toute un sac des plus classiques, à l’intérieur duquel de nombreuses poches avaient été cousues pour permettre d’y stocker – et surtout d’y ranger – pas mal de choses. Des couvertures de survie, un spray désinfectant renforcé à l’alcool pur, des cotons, sparadraps, bandages, du matériel stérile de suture, une bouteille d’eau, quelques barres de céréales, trois seringues d’adrénaline et d’antidouleurs, pour tout ce qui était du matos « de soin ». Elle possédait déjà un équivalent de tout ce matériel médical dans son costume, mais en avoir le plus possible sous la main ne serait pas du luxe. Et ce n’était pas tout … Elle possédait aussi un certain nombre de « câbles » plastifiés pouvant servir de menottes de fortune, trois petites bombonnes de spray lacrymogène au poivre, des billes de caoutchouc ou de plomb qu’elle pouvait utiliser dans ses flingues, deux briquets pressurisés, deux petits revolvers chargés au cas où son alter lui ferait défaut, et un couteau militaire de la taille d’un avant-bras, qu’elle eut un peu honte de sortir pour en attacher le fourreau autour de sa cuisse. Elle était venue ici pour faire de son mieux et aider à la reprise de la ville … Et elle espérait que cette lame ne servirait qu’à des tâches de nature utilitaire, si elle servait. Ceci dit, elle avait aussi une pince multifonction avec lame, scie, plusieurs tournevis et autres limes, qui serait vraisemblablement plus utile pour ce genre de situations.
Soupirant, elle referma son sac à dos, ouvrit la portière de sa voiture, sortit et l’enfila. La tireuse infernale avait cherché, pour une fois, à se couvrir de façon « décente ». Elle portait toujours la veste tactique de son costume de base (qui contenait à peu près la même chose que son sac, mais dans des quantités moindres), mais pour une fois, c’était – loin – d’être sa seule protection. Elle avait opté pour un pantalon militaire en toile épaisse, ses rangers qu’elle avait pour une fois lacées correctement, un T-shirt épais à manches longues (un des rares qu’elle possédait) et des lunettes de protection légèrement teintées. Elle avait aussi une protection respiratoire adaptée à sa bouche un brin particulière, mais pour l’instant, cette dernière pendait tout simplement dans le vide, accrochée sur le flanc du sac à dos. La tireuse verrouilla sa vieille bagnole en espérant pouvoir rentrer dedans ce soir ou le lendemain, et se dirigea vers le port en accrochant ses mains aux lanières de son sac ou à sa ceinture. Elle appréhendait un peu … Bon, énormément cette opération. Elle n’avait aucune envie de revenir de New York avec une blessure grave, un membre en moins, ou sur un brancard. Et elle savait très bien que les chances que cela arrive étaient loin d’être nulles. Mais elle ne pouvait pas rester là sans rien faire. Elle savait qu’elle pourrait se montrer utile aussi bien durant les combats qu’en cas d’intervention de secours ou autres, elle avait beaucoup plus d’entraînement que l’immense majorité de la population, et elle avait confiance en ses facultés. Après tout, lorsqu’elle étudiait encore à Starwall, un prof lui avait dit que « la vocation d’être un héros, c’est simple : on l’a, ou on ne l’a pas. Et toi, tu l’as. Tout le reste te viendra plus ou moins naturellement lorsque tu en aura besoin ». Jusqu’à présent, elle n’avait pas vu la moindre preuve que cette affirmation était fausse.
Les aqua-forces qui participaient à l’organisation de cette opération ne furent pas durs à repérer, et lorsqu’ils virent la grande tireuse approcher d’un pas plus ou moins confiant, certains lui offrirent un sourire approbateur. La tireuse discuta plus ou moins rapidement avec certains des responsables, puis monta sur le bateau supposé conduire l’équipe d’intervention à destination. Ce dernier semblait moderne, robuste, on-ne-peut plus fiable. Retirant son sac et s’installant sur un des bancs, la tireuse observa les autres visages présents. Il y avait de tout. Des gens concentrés, d’autres terrifiés, et d’autres encore qui ne semblaient pas affectés par la situation. Hommes, femmes … Enfants, semblait-il ? L’ensemble était hétéroclite à tous les niveaux, c’était clair. Et certaines des personnes à bord n’étaient probablement même pas des héros … Ni du bon côté de la loi tout court. Et pourtant, ils étaient tous là pour servir le même objectif … Du moins, il fallait l’espérer. La tireuse reconnut également deux ou trois visages plus ou moins familiers, ce qui la rassura légèrement. Il était toujours plus facile de travailler quand ce n’était pas uniquement avec de parfaits inconnus.
Midi arriva à une vitesse presque surnaturelle, et lorsque la tireuse réalisa que le bateau avait commencé à bouger, ce dernier était bien trop loin du port pour permettre de changer d’avis. Non pas qu’elle ait considéré l’option, ceci dit. Mais la tireuse ne put s’empêcher de repenser à sa mère, et à son père, qu’elle avait eu au téléphone durant la semaine. Le vieil homme était un peu trop âgé et fatigué pour continuer à jouer les héros, et pourtant, il continuait de donner de sa personne. Pour sauver la population de Seattle de l’explosion de criminalité qui y sévissait, comme partout ailleurs sur le continent. Il avait la soixantaine, et pourtant il continuait de faire face à des criminels de toute envergure pour protéger son prochain, quitte à les affronter à mains nues. Dans ce contexte, comment pouvait-elle oser penser à fuir ? Enfin … y penser était une chose. Mais elle ne prenait même pas l’option en considération.
Le discours de Judith, l’actuelle leader des aqua-forces, la sortit de ses pensées et lui offrit la dernière fibre de motivation dont elle avait besoin. Elle lui donna également matière à réfléchir : quel groupe choisir ? Presque d’office, la tireuse s’exclut du groupe voué à retenir Big bang. Qui que soit cet individu, elle ne voulait pas de son sang sur les mains … Et elle avait l’impression que la « force de frappe » ne se battrait pas dans l’unique but de le retenir. Faire cesser le champ de force qui piégeait l’île l’attirait déjà un peu plus … D’autant qu’elle n’était pas spécialiste en matière d’infiltration, et que tout le matériel qu’elle avait apporté n’y serait probablement pas bien utile. Elle se décida donc sans trop d’hésitations à rejoindre le groupe un, s’approchant de Judith pour s’arrêter non loin d’elle. Elle fut – heureusement – surprise en voyant une connaissance récente s’approcher pour les rejoindre, et ne put s’empêcher d’être amusée à la voir avoir un arc à la main.
Eh beh … Entre toi et moi, on dirait qu’on aura toutes les interventions longue-distance couvertes. Faisant un geste de l’avant-bras pour le « projeter » sur le côté, elle fit sortir un de ses pistolets à silex du tatouage correspondant, et fit un moulinet ou deux avec avant de le faire disparaître et réintégrer sa peau rouge sombre. Par contre, quand on s’en sera sorties, il faudra définitivement que je te demande un costume, copine.
Un clin d’œil, accompagné d’un petit ricanement, avant de se tourner une nouvelle fois vers la barrière. Les doutes s’étaient envolés, la peur aussi. La jeune tireuse était entrée dans cet état d’esprit étrange qui la prédisposait au combat … Et maintenant, elle était presque impatiente de débarquer et de passer à l’action.
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Mer 18 Mar - 19:48
Planquée dans son arrière-boutique, Helena finissait de sélection les mélanges dont elle aurait potentiellement l’utilité pour les événements à venir. En effet depuis plusieurs jours, les médias s’affolaient, à juste titre d’ailleurs. Quand l’apothicaire voyait la réaction des gens qu’elle croisait, elle avait l’impression qu’un air d’apocalypse était doucement venu s’installer à Starfish. La demoiselle de son coté n’avait pas peur, enfin disons plutôt qu’elle avait peur, mais pour des raisons largement différentes d’un citoyen lambda. Ce qui l’inquiétait le plus était en effet l’état de l’économie, elle était surement l’une des rares à considérer ce domaine comme une priorité étant donné l’état actuel des choses. L’empoisonneuse était une commerçante avant d’être une vilaine, la dernière chose qu’elle désirait était de devoir fermer boutique si sa clientèle venait à disparaître. Ainsi, c’est tout naturellement qu’elle allait répondre à l’appel lancée tant aux héros qu’aux vilains pour se rendre à New-York et empêcher qu’une catastrophe n’arrive.
Pour cette sortie spéciale, Helena n’avait pas fait dans l’extravagant en ce qui concerne sa tenue vestimentaire. Une veste en cuir par-dessus un T-shirt blanc et un short en jean constituaient la tenue de la demoiselle. Cette dernière n’avait pas de costume et n’en recentrait guère le besoin étant donné qu’elle n’était pas réellement fan des apparitions au grand jour. Contrairement à la tenue, elle accorda une grande importance aux accessoires qu’elle décida d’emmener avec elle. Tout d’abord une sacoche contenant divers fioles qu’elle avait spécialement choisies pour l’occasion. Somnifères, poisons paralysants, psychotropes, elle avait largement de quoi faire si elle rencontrait des ennuis. Elle prit également avec elle une gourde qu’elle avait préalablement remplie d’un alcool maisons qui, disons-le, était assez fort. Cette vieille recette de famille était ce qu’elle comptait privilégier durant sa petite escapade à New-York. Si elle supportait en effet très bien les effets de l’alcool, c’était nettement moins le cas des poisons pour des raisons évidentes.
Une fois ses affaires préparées, l’apothicaire quitta son magasin pour se rendre sur l’Hydranneau, lieu de rassemblement prévu pour embarquer direction New-York. Il y’avait de tout parmi les gens rassemblé sur le bateau : Des héros et des vilains, des célébrités et de parfaits inconnus, des gens calmes et d’autres plus stressés. Helena ne se sentait pas spécialement anxieuse, son goût du risque faisait primer l’adrénaline sur peur. En voyant tout ce monde, Helena espérait bien trouver au moins un ou deux vilains avec qui elle pourrait faire commercer plus tard, les affaires avant tout comme on dit.
L’empoisonneuse écouta de manière distraite le discours qui était adressé à la petite assemblée, seule la mention des groupes et de leurs missions respectives capta réellement son attention. Elle n’était pas une combattante, hors de question pour elle de choisir le front. Non, son choix était déjà tout fait, elle irait avec le groupe d’infiltration. Jouer les espions étant d’avantage en accord avec son gabarie et sa manière d’être. D’autant plus que s’il fallait privilégier la discrétion, l’alter de l’empoisonneuse pourrait se révéler pratique sur bien des points.
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Jeu 19 Mar - 18:57
C'était donc ça, le mieux que Starfish pouvait actuellement rassembler, à savoir essentiellement de l'aquaforce et les quelques héros restant récupérés ça et là. Enfin, à partir du moment où elle avait été mise au courant que même ses propres élèves à peine entrés dans l’académie allaient pouvoir participer, Datura ne s'attendait pas à voir ici une sélection très fine. Dans tous les cas elle était difficilement en position de se plaindre, à leur place elle aurait fait la même chose, il fallait savoir faire feu de tout bois quand on est dos au mur. Enfin de là à faire appel à des vilains qui pourraient aisément trahir Starfish au profit de Big bang...mais bon l'opération ressemblait déjà à un piège de toute façon et de toute façon elle était encore une fois mal placée pour se plaindre d'un tel choix.
La professeur s'était donc équipée plus lourdement qu'à son habitude, deux sacoches remplies de tout ce qui était disponible dans le commerce pouvant être utilisé conjointement avec l'alter de Datura. Fil de fer, feuilles de papier, parapluie, couteaux de diverses tailles, pistolet, grenades. Uniquement des objets de la vie de tous les jours d'un américain moyen donc, surtout dernièrement. En bref elle était parée pour le combat. Forte de ses équipements de basse technologie mais haute efficacité et de sa connaissance de son alter. Maintenant il fallait exploiter ces avantages.
Le discours fut simple et claire, et Datura se demanda quel groupe elle devrait rejoindre. Faire tomber le blocus risquait de demander d'avantage de capacités offensives ou destructives ce qui faisait majoritairement défaut à la professeur. Entre les deux activités restantes en revanche le doute était permit, récupérer des informations secrètes sur le plan de Big Bang semblait tout à fait intriguant, mais gagner du temps face à lui était également une occasion d'en apprendre plus tout en exploitant au maximum les capacités de l'alter de Datura. Finalement c'est grâce à l'aide de Mana, l'une de ses élèves participants à cette opération que l'enseignante pu se décider. Mana voulait aller se frotter directement à Big Bang et Datura aurait été une bien cruelle enseignante de ne pas la suivre pour assurer sa sécurité. Certains rétorqueraient à cela qu'une enseignante qui lance des grenades artisanales sur ses élèves le jour de la rentrée des classes ne serrait pas du genre à se soucier de cruauté, mais ces gens là ne comprennent rien à l'éducation. L'enseignante modèle avança donc vers le groupe d'interception en s'exprimant d'une voix claire et forte.
« Je vais venir avec vous rendre visite à Big Bang. »
Tout en s'avançant et profitant d'un court instant où l'attention générale allait être portée sur elle, Datura considéra qu'il s'agissait probablement du bon moment pour révéler les résultats de sa propre enquête. Et par sa propre enquête elle entendait bien évidement les informations qu'elle avait soutiré à un informaticien insupportable après l'avoir menacé et payé une misère, mais l'important pour être du côté du bien reste le résultat, pas la méthode.
« Tant que je vous tiens, il semble que le fameux Big Bang, en plus de tous les autres éléments mentionnés, soit porteur de l'effet de l'alter d'un héro nommé Symbiote. Pour faire simple, tant que le héro en question sera en vie, l'alter protégera Big Bang des blessures mortelles indéfiniment, en revanche à l'inverse si Symbiote meurt il est probable que Big Bang le suive dans la tombe. »
Datura prit un instant pour laisser l'auditoire apprécier l'ironie de la situation. Après tout ce n'était pas tout les jours que le meilleur moyen de tuer l'un des plus dangereux super vilains de l'époque était de simplement achever un héro. Et encore, elle évita volontairement de préciser les circonstances ayant menés Symbiote à sauver Big Bang pour ne pas encore d'avantage aiguiser la pitié de l'auditoire.
« Faites ce que vous voulez de cette information, sachez juste que si par hasard vous vous retrouviez face à ce dénommé Symbiote, vous aurez une décision quelque peu cruciale à prendre, faites la bonne. Ah pour le reconnaître c'est facile, apparemment il lui manque un bras. »
Ayant transmit ce qu'elle avait à transmettre Datura se mit en position aux côté de son équipe sans perdre le sourire.
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Sam 21 Mar - 0:06
Vers la gueule du loup
Baie de New York, bateau Novembre 2099
Valentine n’était pas prête. Absolument pas prête.
C’était pour elle une véritable opération suicidaire que de se lancer dans cette opération. Pénétrer dans la gueule ouverte d’un New York au contrôle des monstres. Ils avaient si peu de renseignements sur ce qu’il avait bien pu s’y passer pendant ces trois mois. Aucune information n’avait filtré avant les fameux messages de Timer. Rien. Tout ce qu’ils avaient à présent à leur disposition était un simple nom “Big Bang”. Et rien n’indiquait qu’il était la seule menace qu’il devrait affronter sur place…
Tout ceci n’avait aucun sens. Aucune chance.
Et pourtant Valentine se tenait droite sur le pont du navire qui l’amenait probablement aux devants de bien des dangers que toute sa raison lui hurlait d’éviter.
Mais il n’en était pas question.
Car jamais sa soeur n’aurait fui.
Jamais.
Alors elle se tenait là.
Elle se tenait là au milieu de dizaines d’autres volontaires sûrement bien plus qualifiés qu’elle même. Elle reconnaissait quelques camarades de Campbell, notamment Mana un peu plus loin, certains professeurs et des visages tout simplement plus connus. Des aquaforces célèbres, d’anciens héros, le maire de Starfish. Celui qui avait organisé cette mission suicide. Ironique de sa part avait elle pensé sur le moment.
La cheffe des Aquaforces prononçait haut et fort, sans le moindre tremblement dans sa voix et sans le moindre doute, son discours. À la fois pour présenter la situation et encourager les troupes, aussi disparates puissent-elles l’être. Ils allaient donc former trois groupes pour s’occuper de différentes missions. Valentine n’eut pas à hésiter longtemps sur celle qu’elle rejoindrait.
Elle se déplaça donc vers le petit-fils Loncillus. Elle ferait partie de la mission d’infiltration. Car même si sa soeur se serait précipitée pour affronter Big Bang, Valentine n’avait pas les mêmes dispositions au combat. Elle était bien assez intelligente pour être consciente de ses lacunes… Mais aussi de ses forces. Et clairement, son Alter pourrait se révéler des plus utiles dans une mission de cette nature.
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Sam 21 Mar - 0:14
« Ce matin a vu le plus grand rassemblement de Starfish depuis l'Effondrement. Merci à tous d'avoir répondu à l'appel. »
La petite silhouette de Mint se faufilait entre la foule parsemée, à travers des équipements qui s’entrechoquaient, certains massifs, d’autres moins. Son ombre disparaissait sous le ciel gris, derrière les carrures larges des héros les plus costauds. L’atmosphère l’étouffait, elle n’était guère habituée à une telle ambiance, elle qui avait grandi dans un cadre familiale paisible, entourés de camarades bienveillants. Enfin, bienveillants pour la plupart. Comme dans chaque école, il y avait toujours une pimbêche qui se croît supérieurs aux autres ou des imbéciles qui se permettent d’embêter des gens qui ne leur ont rien demandés, mais autrement, la plupart des gens qu’elle eut croisés jusqu’à là s’étaient montrés bienveillants, sa vie de citoyenne n’avait rien d’incroyable, rien de dramatique, à part la disparition des Chillio Seafood… Et c’est bien pour cela qu’elle était bien déterminée à participer à cette excursion ! Elle aussi, elle se devait d’agir pour le bien commun ! Et au passage récupérer quelques éditions new-yorkaises limités des Classic Noodle de BlackMoonNoodle. Le packaging de ceux-ci sont ornés d’une Sera Mun sous les traits de la statue de la liberté afin de célébrer la sortie de la cinquantième réédition de l’anime Sailor Moon. Et tout cela, juste avant l’effondrement de la ville… Quelle tragédie ! Quel gâchis ! Il fallait absolument qu’elle sauve un fragment de l’histoire des nouilles, d’autant plus qu’elle en avait l’occasion !
Enfin, elle trouva un coin de tranquillité où elle put se poser un moment. Elle souffla un bon coup, avant de diriger son regard vers la femme qui poursuivait son discours, devant tous ces héros venus de Starfish. Quoique, en y regardant de plus près, ils n’étaient pas si nombreux que cela. Mint était persuadée qu’ils auraient pu être bien plus que ça. Mais probablement que plusieurs sont restés à Starfish afin de continuer à maintenir l’ordre là-bas ! Mais oui, bien sûr, c’est évident. Si tous les héros de Starfish quittent Starfish pour venir à cette expédition, la ville sombrerait dans le chaos en moins de deux ! Les méchants n’hésiteraient pas à semer la panique. En supposant qu’il y en ait. Effectivement, Mint n’avait jusqu’ici croisé que très peu de méchants. Elle se demandait bien à quoi ils pouvaient ressembler. Avaient-ils forcément des alters de pas-gentils ? Hum… Elle secoua la tête. Toutes ces questions resteront probablement sans réponses pour la lycéenne qu’elle est. Autant y penser le moins possible. Pour se changer les idées, elle sortit alors son téléphone pour relire encore une fois son plan soigneusement élaboré. Il fallait qu’elle se faufile dans une supérette et qu’elle puisse localiser leur entrepôt afin de pouvoir sauver des nouilles encore en état. En effet, nul ne doute que les magasins en eux-mêmes sont probablement dévastés, en revanche, dans les entrepôts, il y avait de fortes chances que les articles soient encore dans un état correct. Les portes principales des supérettes étant généralement en verre, il ne sera pas bien compliqué de les passer. En revanche, pour ce qui est des portes automatiques ou métalliques… Mint avait alors préparé une petite bouteille d’eau salée afin de pouvoir crocheter les éventuelles serrures. Car oui, il allait sûrement falloir qu’elle trouve une supérette dont l’entrepôt est accessible depuis une porte fermée à clé. Elle n’avait pas les moyens de passer une porte blindée ou automatique avec ses capacités. Elle s’était entraînée à plusieurs reprises alors qu’elle se trouvait chez elle. Le crochetage de serrure avec son alter nécessitait une certaine dextérité de sa part, pour réussir, il fallait qu’elle se montre rapide et précise. L’erreur n’était pas permise. Il s’agissait donc d’une étape de haute importance.
« Nous débuterons l'opération par la formation de trois groupes distincts. »
Les oreilles de la jeune fille se redressèrent soudainement. Hein, comment ça, l’expédition était organisée ? Trois groupes ? Mais… Et ses nouilles alors ? Elle allait donc devoir convaincre des… Héros de… Faire un détour par une supérette pour faire le plein de réserves. Oh, mais bien sûr ! Finalement trouver une excuse pour essayer de les convaincre ne s’avérera peut-être pas si compliqué. En effet, il allait de soit qu’avant chaque mission, il faille prévoir des réserves de nourriture. … Ah mais zut, c’est qu’en plus tous les groupes ne s’aventureront pas forcément dans la ville ? Mais… Comment allait-elle faire ? Elle se dressa sur la pointe des pieds pour pouvoir entendre plus précisément ce que la femme expliquait.
« … enfin, le troisième groupe aura pour objectif d'infiltrer le centre d'opérations de Big Bang, que nous pensons avoir identifié sur l'île de Manhattan… »
Manhattan ? Oh, mais s’il fallait passer par Manhattan, c’était d’autant mieux ! Un quartier peuplé, du moins peuplé par le passé, quoi de mieux pour trouver des supérettes ? Il fallait donc qu’elle se dirige vers Loncillus. Hum… Qui était cet homme ? Il lui sembla que la femme désignait un jeune homme à ses côtés. De tout derrière, Mint peinait à distinguer précisément les gestes de la dénommée Judith. Mais bon, l’heure n’était pas à l’hésitation ! Au milieu de tous ces héros, il fallait qu’elle puisse se fondre dans la masse. Elle vérifia que son masque en tissu noir recouvrait bien son nez et sa bouche dans le reflet de son téléphone puis ajusta la capuche de son sweatshirt qui lui retombait devant les yeux. Une paire de leggings de sport et des baskets argentées complétaient son look. Confortable et incognito, n’était-ce pas les mots clés pour tout héro de la catégorie trois ? La catégorie un étant les superhéros exhibant leur puissance impressionnante avec fierté, catégorie deux étant ceux munis d’équipements stylés que personne ne sait manipuler à part eux-mêmes. Bref, n’était-elle pas méconnaissable dans cet accoutrement ? Qui pourrait deviner qu’en réalité, derrière cette silhouette mystérieuse se cache une banale lycéenne ? Elle hocha la tête, visiblement convaincue par elle-même, puis se dirigea d’un pas décidé vers celui qu’elle devina être Loncillus.
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Lun 23 Mar - 20:05
Suite à l'exposition du plan d'attaque, les volontaires présents sur l'embarcation s'organisent rapidement, encadrés par les forces maritimes de Starfish, habituées à ce type de manoeuvre. Chacun fait le point intérieur, en pesant plus ou moins les options présentées, afin de choisir sa propre mission, et Judie surveille du coin de l'oeil la formation des trois détachements qui devient peu à peu à visible sur le pont du bateau. Quelques derniers échanges d'informations, pour le moins cruciales, et les équipes semblent parées à l'assaut. A 13h50, tandis que le navire s'engage dans la New York Lower Bay, de multiples sonneries de notification se font entendre et un nouveau brouhaha saisit l'assemblée, alors qu'une voix s'exclame un peu plus fort que les autres :
« C'est Timer ! »
A l'instar de la majorité des présents, Judie s'empare de son téléphone, ouvre l'application d'Ukato pour y trouver une nouvelle communication, qu'elle s'empresse de lire à voix haute :
« Il est presque l'heure. Dirigez-vous vers Brighton Beach. Dans dix minutes, j'ouvrirai une brèche au niveau de la porte sud de l'Aquarium. »
La marine lance un regard entendu au lieutenant posté au gouvernail, qui entreprend aussitôt d'ajuster leur trajectoire de navigation conformément aux instructions reçues. L'aquarium de New York se trouve tout au sud de Brooklyn, à deux pas de la plage, et constitue une porte d'entrée idéale vers l'île principale.
« Très bien matelots, ramassez vos affaires et préparez-vous, nous accosterons dans quelques minutes. Les trois groupes débarqueront dans leur ordre énoncé, évitez les bousculades et restez sur vos gardes. Nous ne sommes pas à l'abri d'un petit comité d'accueil. »
Les derniers instants de la traversées se passent sous une pression grandissante, l'embarcation accostant à un ponton qui avance sur la plage. L'équipage au complet est aux aguets en descendant pour aller fouler le sol de New York, mais la zone semble dégagée. Les trois groupes se hâtent de traverser la plage et les rues avoisinantes pour se diriger vers la grande structure de l'aquarium. Alors qu'ils approchent, une ombre sort de sa cachette pour les accueillir, et les meneurs des différentes troupes font signes à leurs hommes de se tenir en position.
Finalement, il est là, face à eux, drapé dans des bandages sombres et une longue tunique à capuche bleue marine dont ne se distinguent que deux grosses lentilles réfléchissantes. Timer en personne, ancien Héros plutôt discret, aujourd'hui devenu le criminel le plus recherché du pays. Le visage de l'Effondrement, lui-même.
Si la semaine passée a vu surgir de nombreux débats quant à l'optique de coopérer avec un Vilain d'une telle envergure, une personnalité contre laquelle le pays et ses habitants dirigent tant de haine et de douleur, la menace extraordinaire dont il s'est fait l'annonceur a rapidement calmé l'indignation collective au profit d'un sentiment d'urgence capitale. Mais nul doute que de se retrouver finalement nez à nez avec l'ancien professeur a de quoi raviver des sentiments plus personnels au coeur de l'assemblée. Judie elle-même sent la colère gronder en son sein, mais elle la retient avec sévérité, et se tient prête à en faire de même pour quiconque perdrait de vue leur objectif du jour. Ils doivent dompter leur frustration à l'idée de l'avoir enfin à portée de main : ce jour n'est pas le sien, mais il viendra.
Sans attendre, Timer s'adresse à ses alliés temporaires sans le moindre mot d'introduction, coupant court à toute idée de tergiversations.
« Suivez-moi, vite. »
Il ouvre la porte du bâtiment, et s'y engouffre, intimant à ses interlocuteurs de le suivre. Malgré leurs doutes, les différents leaders obtempèrent, et leurs groupes respectifs s'avancent à leur suite.
Alors qu'il les conduit à-travers les couloirs de l'aquarium fantôme laissé à l'abandon, il entreprend d'exposer rapidement la situation d'une voix éraillée.
« Ma lutte avec Big Bang a failli me coûter la vie, mais cette épreuve m'aura finalement donné les moyens de vous offrir cette chance de parvenir jusqu'ici. La barrière qui isole New York depuis plusieurs mois est l'oeuvre de l'une de ses alliées. Son Alter semble interdire toute interaction extérieure avec sa zone d'influence. J'ai tenté bien des moyens de communication, sans succès... jusqu'à ce que je parvienne à effacer sa barrière, juste le temps de vous transmettre mon message. Je suis heureux de voir qu'il vous est parvenu. »
Ceux qui ne sont pas occupés à lutter contre l'odeur décrépie des lieux murmurent quelques mots en réaction à ses déclarations, mais il enchaîne, pressé.
« Elle a érigé un réseau de... toboggans, à-travers la ville, qu'elle utilise pour se déplacer et se cacher. Vous entrerez sur son terrain de jeu, mais vous devriez pouvoir emprunter ces mêmes tuyaux pour tenter de trouver la jeune fille, et de la neutraliser pour faire tomber la barrière. Je ne suis pas sûr de pouvoir vous créer d'autres ouvertures... Quant à Big Bang, je l'ai repéré plus tôt du côté de Cypress Hills, je peux vous y conduire. Je crois qu'il se prépare à révéler sa présence au reste du monde. Libérer la ville ne suffira pas : si Big Bang s'en échappe, c'est un joug de terreur qui ne manquera pas de s'abattre sur tout le pays. Il a accumulé tellement de puissance et de capacités au cours de ces quelques mois grâce à son Alter... »
Le souffle court, le Vilain lance un regard inquisiteur aux plus proches ses interlocuteurs, mais aux expressions qu'il rencontre, il comprend que ceux-ci mesurent la teneur de ses propos. Ils sont donc déjà au courant de son monstrueux Alter. Cela leur fera gagner du temps sur les explications.
L'homme encapuchonné les conduits à une porte de service, et finalement, de l'autre côté du bâtiment. Il attend que tout le monde se rassemble, et se tourne vers le groupe au complet pour la fin de son discours. Sa voix tremble, mais ce n'est pas de la peur.
« Big Bang s'est emparé de New York, et de ceux qui s'y trouvaient. Ses sbires ont traqué et déniché pour lui les Alters les plus intéressants, capturant de nombreux prisonniers qu'il a enfermés dans sa prison, une sorte de donjon de torture dédié à le rendre toujours plus fort, avec toujours plus d'options à sa disposition. Je n'ai pas pu m'y introduire...
- Nous connaissons l'emplacement de cette planque, le coupe alors Loncilius. Nous avons des plans. On va tenter de l'infiltrer à la recherche d'informations. »
Timer observe un instant le jeune homme, avant de hocher de la tête. Judie intervient à son tour, en s'avançant d'un pas.
« Certains d'entre nous chercheront la jeune femme dont vous nous avez parlé. Pouvez-vous conduire Elaim et le reste des troupes jusqu'à Big Bang lui-même ? »
Timer acquiesce.
« Entendu, répond-elle d'un ton décidé. Alors n'attendons pas davantage. Loncilius, Elaim, guidez vos hommes. Les autres, avec moi ! Et soyez braves, compagnons. »
La marine fait un signe de main, et s'élance dans les rues de la ville en ruines. Timer fait de même, Elaim et son groupe à sa suite, en direction du coeur de l'île. Loncilius, enfin, mène sa propre équipe vers le nord, en direction de Manhattan.
Entre les immeubles et leurs décombres surgissent un peu partout des constructions colorées qui détonnent avec le reste du paysage. Judie devine maintenant qu'il doit s'agir de ces fameux toboggans. Plus qu'à trouver une entrée...
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