C’était une période sombre pour Etsuko … Bon, cela l’était pour tout le monde, bien entendu. Mais là où la jeune japonaise avait réussit à remonter la pente durant ce court moment de reconstruction, elle se rendait compte que le but qu’elle essayait d’atteindre était très loin de se réaliser. Se venger était une chose mais la manière qu’elle avait de régler le problème ne pouvait la porter qu’à un certain point. V1z1-on, c’était une alter-égo qui avait de bons sentiments derrière l’étrange interface qu’était sa page Utako. Un détective anonyme qui cherchait à informer les autorités sur les pires vilains ? Même avec le matériel qu’elle avait, Etsuko restait qu’une simple jeune femme ne disposant aucunement des outils que les vrais policiers et héros avaient accès. Jamais elle ne pourrait retrouver les coupables seule mais avait-elle d’autres choix ? Non …

Elle n’était qu’une gamine en âge légal … Ou pas ? Elle l’avait au japon mais elle comprenait qu’elle ne l’avait pas en Amérique ? Peu importe. Même en aidant les autorités, elle ne deviendrait jamais une policière. Même en envoyant des messages aux héros, elle n’en deviendrait jamais une. Elle était sans formation, sans rien, à jouer les justicières passive comme si cela allait changer quelque chose. Cela faisait des semaines qu’elle commençait à se fatiguer de V1z1-on et doutait de l’utilité de ses recherches … Des semaines qu’elle restait totalement inactive, à vivre sa vie « normale »…  Que faire ? Comment le faire ? Abandonner ? Non, elle ne pouvait pas. Il est mort à cause de ça.

C’est pour ça que depuis un moment, Etsuko n’était pas le petit rayon de soleil et le grain de folie du bar où elle travaillait. Elle forçait toujours les sourires et essayait d’être un peu plus active lorsqu’elle était en contacte avec les client mais lorsque l’attention n’était plus sur elle, elle se couchait à moitié sur le sous-comptoir derrière le bar, à geindre et soupirer son âme hors de son corps, à réfléchir, à se lamenter et à ne pas savoir si elle était impatiente de finir son shift ou si elle redoutait le moment où elle pourrait contempler son existence une fois de retour à son appartement miteux en regardant le plafond.

Comme à l’accoutumé, c’est ce qu’elle faisait … Tirant un peu la gueule, elle attendait au bar, les coudes sur le comptoir, se tenant le visage d’une main, l’air un peu amorphe alors qu’elle était dans son stupide costume de maid. Jusqu’à ce qu’une dame n’attire son attention. Elle avait la classe, c’est sûr mais ce qu’elle lui dit eut vite fait de la faire se redresser et l’observer, intriguée et tout ses yeux grands ouverts, oui, même ceux de ses cheveux.

« Vous … M’avez appelé ? … » Elle semblait totalement perdue et resta muette pour ne pas s’exclamer d’avantage et avoir l’air plus idiote qu’elle ne l’était… Elle décida de rentrer dans son jeu, forçant un petit sourire. « Uhm … Oui, bien sur, je finis dans pas longtemps ! Quelques minutes en fait … Faites comme chez vous, je vous apporte votre bière ~ »

Une fois la femme assise à une table, Etsuko fit mine d’aller dans l’arrière boutique pour … Chercher la bière, sans doute ? Mais ce qu’elle voulait surtout faire, c’état vérifier son téléphone. Quelques jours, disait cette fameuse Léonie ? A quoi ressemblait son historique ? Après tout, ce n’est pas comme si elle téléphonait beaucoup. Oh, on aurait cru de la part de cette fofolle qui sort tout droit des quartiers les plus festif du japon que cela serait tout le contraire mais entre la déchéance, son exile en Amérique et son « job » secret, non, Etsuko n’avait plus trop le luxe de glander sur Ukato indéfiniment ou de se faire des amis … Elle trouva finalement un numéro qu’elle n’avait jamais vu. Quand ça ? Il y a trois jours … Et qu’est-ce qu’elle faisait, il y a trois jours ? Ah … Oui … Elle était plus ou moins saoul toute l’après-midi après avoir réussit à choper de l’alcool discréto au boulot. Qu’avait-elle dit ? De quoi avaient-elles parlé ?! Un truc commercial ? Elle n’avait quand même pas acheté dix figurines de singe faisant du surf en porcelaine, quand même ? Faut dire, elle en avait déjà fait, des conneries, lorsqu’elle était bourrée. Apparemment, cela n’avait pas refroidit la dame dans le bar, peut-être qu’elle était polie pour une fois, dans sa folie alcoolisée ? Dans quoi elle s’était embarquée encore ?!

Une petite crise existentielle plus tard, à regarder son téléphone avec de grosses gouttes de sueur perlant sur son visage, la maid apparu à nouveau, toute fraiche et souriante avec une bière sur son plateau.

« Une belle blonde pour une belle blonde ! Voila pour vous, hihi ~ » Elle lui tendit alors la chope et au lieu de repartir, elle se laissa tomber sur la chaise à l’autre bout de la table, gardant son sourire se voulant enjoué. « C’est calme ce soir et la patronne m’a dit qu’il n’y avait pas de problème à ce que je prenne un peu de temps pour moi ~ » Mensonges, mais elle travaillait là depuis assez longtemps pour savoir que oui, ce soir était une soirée calme et qu’elle pourrait s’en sortir même si la patronne la surprenait assise à une table. « Donc, uhm … Vous pouvez me rappeler c’est quoi cette offre ? Désolée, beaucoup chose m’arrive en ce moment, ahah … »