Kyle, c’est le type plutôt sympa que tu croises par hasard au coin de la rue, bien qu’il soit un peu radin sur les sourires. Un mètre quatre-vingt-cinq, cheveux dont les pigments semblent s’être barrés en Sibérie (bien qu’il ait des reflets violets, va savoir pourquoi), yeux violets, une marque bizarre mais élégante lui barrant le côté gauche, autant dire qu’il n’a pas vraiment un physique que l’on oublierait de sitôt -bien qu’il ne soit pas le mec au physique le plus bizarre que tu puisses croiser.
C’est un gars normal, plutôt sociable, confiant -voire un peu trop parfois-, pouvant discuter de tout et de rien si on l’y engage, qui n’hésite pas à venir en aide à ceux qui en ont besoin ; après tout, ça ne coûte rien et ça ne mange pas de pain, et s’il peut avoir quelque chose en retour, c’est encore mieux. A la limite, ce qui peut gâcher ce charmant tableau, c’est son air désintéressé et le fait qu’il a l’air d’en avoir rien à foutre en permanence.
Bien que ces apparences soient fort sympathiques et agréable, il ne faut pas oublier que Kyle a un fort caractère -et il le fait vite savoir. En plus de ne pas être du genre à se laisser marcher sur les pieds sans rien dire, il sait parfaitement ce qu’il veut, et, têtu comme il est, il ne reculera devant rien pour obtenir ce qu’il veut, quitte à utiliser des méthodes assez basses. Impulsif, aussi, il est du genre à agir d’abord, puis de se poser et réfléchir après (surtout si quelqu’un a eu le malheur de le provoquer, et Dieu sait qu’il répond vite aux provocations)… Comment ça, c’est l’inverse qu’il faudrait faire ? Pour ne rien arranger, notre homme est désinvolte… Non, c’est un bien faible mot, il est carrément insolent, n’hésitant pas à répondre à son interlocuteur, quel que soit son statut.
   
 

Il était une fois, un homme partant en voyage dans une contrée lointaine. Il y rencontra une belle jeune femme de ladite contrée ; les deux tombèrent follement amoureux, la femme suivant l’homme dans son pays, se marièrent quelques années plus tard, et eurent un enfant encore quelques années après. C’est donc à la fin de cette belle et courte histoire qu’est né Jung-Kyle, abrégé « Kyle », dans une famille modeste mais heureuse -du moins, en apparence. Son père, un grand passionné d’armes, tenait une petite armurerie comme il y en avait tant aux Etats-Unis, et sa mère était une simple fleuriste tout aussi passionnée.
Kyle eut une enfance bien normale, sans grand événement tragique, ni destinée incroyable, comme il est d’usage dans de telles histoires. Comme beaucoup d’enfants de son âge, Kyle adorait les héros, c’était sa passion : il était le petit garçon qui était scotché des heures devant sa télévision, à regarder la moindre émission sur le héros du moment, la moindre interview, à connaître même le nom des techniques des différents héros et quelques répliques mémorables des plus connues, collectionnant figurines, posters et autres produits dérivés en tous genres ; un petit Midoriya comme il y en a tant -l’Alter en plus. Mais surtout, il y en avait un qu’il adulait par-dessus tout, qu’il voulait rencontrer par-dessus tout : ce héros, il voulait devenir comme lui, il voulait devenir un héros à son tour, sauver des gens et leur apporter de la joie ; il s’y voyait déjà, survolant les côtes à la recherche de naufragés, lançant de redoutables flammes pour mettre en déroute les vilains, ou soulevant d’immenses et lourdes pierres pour sauver les survivant de l’effondrement d’un immeuble.

Les années passèrent.
Les rêves perdurèrent.
Et son Alter ne se montrait pas.
Inquiets, ses parents finirent par lui faire faire quelques examens. Et les examens, comme les médecins, ils étaient formels : Kyle a bel et bien un Alter, comme le montre la radio du pied, là, dans le dossier. Mais il ne veut pas se montrer ; peut-être parce qu’il n’a pas les conditions nécessaires ? Peut-être son Alter est tout simplement si discret que même votre fils ne l’a pas remarqué ? On ne peut pas vraiment savoir de quel Alter il a hérité, à quoi il ressemble, mais peut-être est-il sûrement basé sur celui de ses parents ; quel est donc votre Alter, madame, monsieur ?
Et ce fut l’interrogation totale pendant des mois, des années même, l’inconnue de l’équation qui était décidément difficile à résoudre. Le pauvre Kyle commençait à désespérer : s’il n’avait pas un Alter puissant, ou au moins un minimum utile, jamais il ne serait à la hauteur de son idole, ou pire, jamais il ne serait un héros qui sauve des gens et bat les méchants. Dans le même temps, ses parents l’inquiètent un peu ; il les trouve tendus, mais il ne sait pas ce qu’il se passe, alors il ne dit rien, faisant comme s’il n’avait rien vu. Ses parents, en effet, ont des soucis financiers : le papa commence à avoir du mal à gérer son commerce, et les rentrées d’argent de la maman ne sont pas suffisants pour tout couvrir, alors on se prive, on se débrouille comme on peut, mais surtout, surtout, il ne faut pas en parler au petit, il ne faut pas l’inquiéter, il ne faut pas qu’il se doute de quelque chose.
Et puis un jour, à ses 8 ans, son Alter se révéla enfin, après tant d’années d’incertitudes. Il était avec son père dans son commerce, sa mère étant parti à un rendez-vous quelconque. Son père avait le dos tourné, et, Kyle s’ennuyant fortement, attrapa une arme de petit calibre -heureusement déchargée- traînant sur le comptoir ; et là, inexplicablement, il sut précisément comment s’en servir -alors qu’il n’avait jamais appris auparavant, ses parents tenant à ce qu’il évite d’y toucher à son âge, car bien trop dangereux. Son père, en voyant ce qu’il avait à la main, lui confisqua rapidement l’objet, l’engueulant copieusement, jusqu’à ce que son fils lui dise qu’il s’était passé un truc bizarre lorsqu’il avait touché l’objet en question. Intrigué, le paternel le laissa non seulement expliquer, mais tint à voir ça de lui-même : il finit par remarquer que l’œil gauche de Kyle changeait de couleur lorsque le phénomène qu’il avait décrit se déclenchait. Et là, le père compris enfin pourquoi l’Alter de son fils adoré ne s’était jamais manifesté auparavant.
Il va sans dire que Kyle fut fort déçu de son Alter et le détesta même pendant un moment : jamais il ne l’aiderait à devenir un héros ; il voyait s’éloigner de jours en jours cette ambition. Un jour, l’un de ses rêves les plus chers se réalisa : il put enfin rencontrer son idole après tant d’année à simplement la regarder de loin. Cependant, le mythe qu’il avait créé autour de ce héros se brisa bien vite lorsqu’il vit le vit sous son véritable jour : froid, brutal, méprisant, repoussant ceux qui venaient le voir. Au fond de Kyle, quelque chose se brisa : les héros n’étaient pas ceux qu’ils croyaient, ou pire, peut-être étaient-ils tous comme ça. Ce fut à partir de ce jour-là que le garçon commença à déprécier les héros, et rien, tout au long de son parcours, ne réussit à raviver son ancienne passion pour les héros.

Rien de notable n’arriva ensuite, pendant les années qui suivirent : Kyle suivit sa scolarité normalement, se rendant néanmoins compte de l’élitisme des héros, ce qui finira par le détourner complètement de cette voie, abandonnant ainsi ses rêves d’enfant, gardant une certaine amertume envers eux et ses rêves d’alors. Ce n’est que grâce à son père que Kyle se réconcilia avec son Alter et qu’il commença à s’y intéresser dans le but de tenter de l’améliorer. Dans le même temps, le père transmit sa passion singulière à son fils, lui confiant tous ce qu’il savait sur les secrets des armes, les histoires et anecdotes insolites, tant qu’il en était encore temps : car les problèmes financiers des parents ne s’étaient pas arrangés avec le temps, et, comme si cela ne suffisait pas, son père tomba malade, sa maladie s’aggravant à mesure que le temps passait.
A 20 ans, au vu de sa situation familiale compliquée, Kyle arrêta ses études et commença à travailler, enchaînant les petits boulots, ramenant ainsi un peu d’argent pour ses parents, espérant aussi les soulager un peu et les aider, même si cela semblait insignifiant ; il s’entraînait avec son Alter dès qu’il avait un peu de temps, essayant de l’améliorer comme il le pouvait, sous l’œil attentif de son père malade -qui avait nourrit une certaine fascination pour l’Alter de son fils depuis le temps. Hélas, malgré tous ses efforts, son père finit par décéder à cause de sa maladie un an plus tard, ne léguant quasiment rien à son fils et à sa veuve -puisqu’il n’avait plus grand-chose de toute façon. Resta donc le petit commerce que tenait son père, dont Kyle ne savait que faire ; peut-être valait-il mieux le revendre, histoire que cela fasse un peu d’argent ?

Il ne le fit pas. Kyle avait gardé contact avec plusieurs bons amis avec qui il avait suivi sa scolarité, et après discussion, ils le convainquirent de reprendre le commerce de son père à présent décédé, même si cela devait se faire avec quelques transformations qui ne plurent pas vraiment à notre protagoniste au début ; malgré tout, il finit par céder à l’idée de tourner en partie l’entreprise du côté des équipements pour héros tout en gardant la partie armurerie avec l’aide de ses amis (Kyle ayant insisté pour garder cette partie, seul héritage de son père). Contre toute attente, le commerce fonctionna bien ; ils réussirent même à recruter quelques employés supplémentaires, même s’ils n’étaient pas les plus renommés du marché, très loin de là.
Et un jour, ce ne fut pas un héros ou un civil qui vinrent passer commande, mais un vilain, prêt à payer cher en plus. Cela donna lieu à des discussions bien animées, le groupe d’amis ne sachant s’il fallait céder à la demande -car l’argent n’a pas d’odeur, après tout- ou au contraire, la refuser, puisque à la limite de la légalité. Finalement, Kyle trancha : ils allaient la faire, car après tout, cela leur ouvrait un nouveau marché et de potentiels clients, non ? Bien évidemment tout serait caché au grand public, seuls eux seraient au courant -inutile d’embarquer de simples employés dans ce genre d’affaires-, aucune trace ne serait gardée, ils n’ont jamais fourni quoique ce soit aux vilains (officiellement), ils ne pouvaient être tenus responsables en cas de problème puisque tout serait nié, et ça serait cher, très cher ; il fallait éviter les emmerdes le plus possible.

Pendant un bon moment, les affaires se déroulèrent sans réel accroc, certains vilains pointant parfois le bout de leur nez. Puis un jour, ce fut l’Effondrement ; outre la surprise totale et le choc procuré, ce fut l’angoisse qui gagna le groupe d’amis : qu’allait devenir leur entreprise ? N’allaient-ils pas perdre beaucoup d’argent ? Pire, devaient-ils plus se tourner vers les vilains, quitte à en faire leur activité principale, puisque leur nombre ne cessait de croître ? Ou devraient-ils tout simplement au mieux se reconvertir, au pire mettre la clef sous la porte ? Les premiers temps après l’Effondrement furent quelque peu compliqués, remplis d’incertitudes, une période où l’avenir du petit et modeste commerce était incertaine, floue.
Kyle et ses amis redoublèrent alors d’efforts pour faire survivre leur entreprise. Leurs efforts payèrent : avec l’abondance inattendue des héros, les affaires reprirent de plus belle, accueillant les nouveaux héros comme les anciens -s’il en restait-, leurs clients réguliers, les simples civils venus prendre de quoi se protéger au cas où -les héros n’étant évidemment pas omniscients- ; dans l’ombre, les vilains eux aussi grossissaient leurs rangs, et certains venaient faire un tour dans le modeste commerce pour se faire quelques équipements, ce que Kyle ne refusait pas ; à condition, bien sûr, d’y mettre le prix.

   
 

A part reprendre l’entreprise de son père et la redresser, il n’a pas fait grand-chose de sa vie qui puisse être considéré comme un « haut fait ».Bien qu’il ait une petite réputation, ce n’est clairement pas le plus connu dans l’équipement pour héros. Et puis, il s’en fout, de la célébrité : tant que les affaires tournent et que les clients (re)viennent, ça lui convient parfaitement. Au fond, il préfère même avoir juste sa petite clientèle régulière plutôt sympathique plutôt que de s’emmerder avec les problèmes ambulants que sont les célébrités héroïques.Kyle n’a jamais réussi à « éteindre » son alter et à l’activer quand il le voulait ; fort heureusement, ce dernier n’est pas de type envahissant (de toute façon, ce n’est pas comme s’il pouvait y faire quelque chose). Avec le temps, il a réussi à lui ajouter quelques petites fonctionnalités supplémentaires, mais c’est tout.
(Plus ici)Des vêtements classiques. Quoi, ce n’est pas de ça qu’on parle ? Aucun en particulier, alors.- Son Alter se déclare enfin à ses 8 ans (étant donné qu’avant, il n’avait pas de quoi se manifester), et il en a été fortement déçu.
- Quelques mois après, il rencontre son héros préféré, mais celui-ci le repousse froidement : depuis ce jour, Kyle voit les héros d’un assez mauvais œil -sans pour autant avoir de la sympathie pour les vilains.
- A 20 ans, il est obligé d’arrêter ses études pour aider sa famille et surtout son père, tombé gravement malade. Il enchaîne alors les petits boulots pas très bien payés.
- Son père décède un an plus tard, et Kyle hérite de son commerce, dont il ne sait que faire.
- Avec l’aide d’amis, finit par reprendre le commerce et garde la partie armurerie, tout en ouvrant une partie tournée vers l’équipements de héros -même s’il leur arrive de travailler avec des vilains dans l’ombre depuis que l’un d’eux leur a rendu visite, chose inconnue pour le grand public.
- L’Effondrement a failli faire couler l’entreprise ; fort heureusement, toujours aidés de ses amis, il réussit à reprendre les choses en main.

Les détails les plus croustillants se trouvent évidemment dans l’histoire. ~Faire prospérer son entreprise et la faire tenir le plus longtemps possible avec l’aide de ses précieux amis. Certes, ce n’est pas le projet d’avenir le plus ambitieux de l’univers, mais à part ça, Kyle n’a pas spécialement d’ambitions précises. Bon, en vrai, il se met parfois à caresser le doux rêve d’être le meilleur dans son domaine et d’être connu par tous, mais son positivisme à toute épreuve (non) vient bien vite casser ce petit fantasme.

Il trouvait ça un peu glauque, ces histoires de puces pour tracer les héros ou dieu sait quoi ; et puis cet élitisme à deux balles, à se demander si les héros faisaient ça par passion ou pour donner un sens à leur vie misérable en gonflant leur faible égo grâce à de la célébrité. Mais bon, ce ne sont pas ses affaires, au fond ; il ne va pas se mettre à cracher ouvertement sur une de ses sources de revenus, quand même.La surprise, comme tout le monde, puis l’inquiétude : il a eu peur pour son entreprise, on ne va pas se mentir. Bien qu’il n’apprécie pas particulièrement les héros, il en a quand même besoin pour vivre ; s’ils avaient complètement disparu, il aurait été bien dans la merde.Finalement, la crainte de voir ses affaires s’écrouler passée, ce n’est pas plus mal tous ces changements ; au moins, ça fera moins de connards pétant plus haut que leur cul et plus de gens sérieux intéressés par leur job et non par la gloire. Du moins, c’est ce qu’il pense, et, il le sait, c’est plutôt mignon et naïf : à tout moment, l’ancien système peut revenir en force.Honnêtement ? Ça l’arrange pas mal, ça lui fait plein de potentiels clients -même s’il était un peu méfiant au début ; alors au fond, il s’en fout un peu, de cette école, tant qu’elle lui fait rentrer de l’argent dans les caisses.